Le mot crime est habituellement mal entendu de nos contemporains. Il se trouve pourtant défini par l’article premier du Code pénal français et explicité par les articles sept et huit du même Code. Nemo censetur ignorare legem : Nul n’est censé ignorer la loi. Je renvoie donc chaque bon citoyen à la lecture de ces lois qui le régissent. Sachons seulement que le meurtre et l’assassinat sont qualifiés de « crimes », mais aussi la trahison et l’espionnage, le rapt et le viol, le vol armé et l’extorsion par la violence, l’association de malfaiteurs, la contrefaçon des monnaies, le dépôt d’engins explosifs et le détournement d’aéronef… Pour n’en citer que quelques-uns.
Il y a donc des crimes de sang et d’autres qui ne le sont pas.
Lorsque l’on parle de crimes parfaits, c’est surtout à ces premiers que l’on songe, car ils sont justement la forme suprême du crime. Dans la locution : crime parfait, le substantif crime est donc utilisé synecdoquetiquement. Qu’on ne l’oublie pas !
La perfection n’est bien souvent que le fruit du hasard : crimes bâclés marqués au sceau d’une chance insolente ou bénéficiant largement de l’incurie des pouvoirs publics ; ils ne nous intéressent pas. Seul subsiste un contingent étroit de crimes vraiment parfaits, de par la volonté efficiente de leurs auteurs.
Tout le monde a entendu parler de crimes parfaits… ou réputés parfaits. Car, s’il est bien vrai que le crime parfait existe, sa première perfection n’est-elle pas de rester à tout jamais inconnu ? Ces crimes parfaits, dont on parle, ne sont que des crimes ayant failli être parfaits. Comme toujours, les choses ont mal tourné à cause de ce fichu grain de sable dans l’engrenage.
Le crime gratuit n’a d’autre motif que sa propre réalisation. Il apparaît comme l’assouvissement d’un besoin pervers de tuer et s’accommode de victimes de rencontre et de circonstances fortuites. Il peut être également l’aboutissement d’une réflexion philosophique dans laquelle se mélangent, habituellement, le désir d’être un surhomme (pour s’élever au-dessus des lois humaines et divines) et de troubles composantes psychanalytiques.
Notre morale rassurante exige que le criminel soit puni. L’habileté de l’auteur en même temps que la sagacité du lecteur exigent pareillement que ce châtiment intervienne à la toute dernière minute, et de façon très subtile. Car le criminel parfait n’est pas un imbécile ; le policier qui cherche à le mettre en défaut, encore moins...
Alain Demouzon :
MelchiorOlivier BARROT a lu "
Melchior", d'
Alain DEMOUZON, où il est question de la Poterne des peupliers et d'utérus musclé (CALMAN-LEVY).