Céline Denjean fait partie de mes auteures préférées, j'ai lu tous ces livres, je suis fan,
le Cheptel a été pour moi une très grande claque, une lecture pleine d'émotions, l'une de mes toutes premières lectures polar/thriller depuis que j'ai commencé à en lire il y a maintenant un peu plus d'une année, donc forcément ça marque. Il ne manquait plus que "
Matrices" que je viens tout juste de terminer.
Pour "
Précipice" qui est sorti en début d'année, j'attendrai la version Pocket l'année prochaine, mes bibliothèques n'ayant plus assez de place pour les gros livres :-) !
Bref vous l'aurez compris, je suis fan mais je n'ai malheureusement pas accroché autant avec cette lecture-là; Comment me l'expliquer? Car le sujet était pourtant grandement intéressant et très prometteur: la traite de femmes nigérianes. Elles sont vendues par leurs familles pour ensuite subir de nombreuses violences et devenir un "ventre", une "matrice" qui accueillent les bébés de ceux qui ne peuvent pas avoir d'enfants, on parle de GPA, de Gestation Pour Autrui, pratique interdite en France. Bien entendu on ne leur demande pas leur avis et on leur promet la liberté une fois "leur mission achevée". Mais la réalité est bien différente et ces pauvres femmes ont un destin effrayant.
Ce qui m'a peut-être ébranlée est le fait que je n'ai pas trouvé que ce roman était aussi "poussé" que
le Cheptel, qu'il n'allait peut-être pas assez loin dans la description du destin de ces jeunes femmes; en effet, connaître leurs vies en détail, nous mettre nous lecteurs "en immersion totale" si j'ose dire au Nigeria m'aurait personnellement permis de plus m'imprégner de la vie de ces jeunes femmes et de mieux ressentir leur destin.
Je n'ai également pas particulièrement apprécié l'équipe policière de cette enquête non plus; encore une fois, pas assez sans doute d'introspection, pas assez 'd'immersion' dans leur tête cette fois-ci, dans leurs tourments ou en tous les cas, pas suffisamment pour moi quant à leurs ressentis, leurs réflexions sur l'enquête, leurs relations, bref il m'en aurait fallu sans aucun doute beaucoup plus.
Suis-je devenue trop exigeante? Sans doute mais avec de telles plumes (
Minier,
Thilliez,
Giebel, Favan etc.), la barre est haute et j'estime qu'il faut l'être car ces plumes-là peuvent nous donner tellement et forcément quand on a l'impression qu'elles nous donnent moins, on est déçus, on est frustrés, on sait que ça aurait pu être tellement mais tellement mieux!
Certains autres personnages m'ont par contre beaucoup plu, comme par exemple celui du Directeur de la clinique de la fertilité Geneticae, M. Auguste Schwarzenberg qui n'assume pas qui il est fondamentalement. J'ai aimé son personnage même si J'aurais apprécié plus d'infos là-aussi sur son parcours personnel avec plus de descriptions sur ses réussites mais aussi sur ses doutes.
Le personnage de Temperville est aussi intéressant, un homme dangereux prêt à tout pour arriver à ses fins et qui souhaite accéder aux hautes sphères du monde politique en se présentant en tant que Candidat à la Députation Européenne; un homme ambigu que nous aimons détester et qui, lui-même, hait son propre fils qu'il n'estime pas à la hauteur de sa lignée. La lignée, qui est la valeur essentielle de cet homme, et dont son fils est loin d'en être digne, car il est trop sensible, trop empathique, trop tout ce que lui n'est pas.
Alors quand il apprend que son fils Philippe a eu recours à une GPA et que son petit-fils est apparemment un bâtard, sa déception envers son fils ne fait que grandir jusqu'à devenir colère et haine.
Pour conclure, c'est un bon roman avec l'écriture de
Céline Denjean qui me plait tant, qui sait me transporter mais pour moi il aurait vraiment pu être fabuleux si elle avait rajouté 200 pages de plus, décrivant ainsi ses personnages plus en profondeur, que ce soit plus de profondeur dans leurs histoires personnelles que plus de profondeur dans leurs émotions, leurs angoisses, leurs doutes, leurs fêlures, tout ce qui fait la grandeur de sa plume.