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Une histoire d'île tome 2 sur 2

Alfred Depeyrat (Traducteur)
EAN : 9782070734818
624 pages
Gallimard (25/11/2010)
4/5   9 notes
Résumé :

L'île Fourmi, sur la mer Égée, est un îlot paradisiaque, mais désert depuis que la population grecque en a été chassée après la Première Guerre mondiale.

Peu à peu, de nouveaux arrivants débarquent, groupes bigarrés venus de tous les coins de l'ancien Empire ottoman. Tous ces migrants portent en eux le goût pour l'aventure, mais aussi les traumatismes et les cauchemars engendrés par les conflits armés.

Chacun d'eux tente d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
J'ai reçu ce livre parce que la photo de couverture représente l'îlot du Bourtzi de Nauplie et que par ailleurs, la personne qui me l'a offert sait que j'avais apprécié, il y a longtemps déjà, la série des "Mémed " qui avait rendu célèbre Yachar Kemal, auteur turc, d'origine kurde, né en 1923.

Yachar Kemal
J'ai vite compris que le roman n'a aucun lien avec Nauplie, même si cette ville a également été dominée par l'empire ottoman. En plus, s'agissant du deuxième volet d'une saga qui devrait en compter certainement un troisième encore, j'ai eu de la peine à y entrer. N'ayant pas lu le premier, Regarde donc l'Euphrate charrier le sang, je me suis perdue, au début, parmi tous les personnages. Par ailleurs, la lenteur du récit, l'impossibilité de situer cette île de "Fourmi" sur une carte... du côté des Dardanelles, en Mer Egée, ne m'ont pas aidée non plus. Moi qui me rappelle avoir dévoré 5 ou 6 romans de cet auteur, j'ai eu toutes les peines du monde à progresser dans celui-ci.

Et pourtant, le thème m'intéressait au plus haut point, puisqu'il s'agit des conséquences du Traité de Lausanne, signé en 1923 et qui "réglait" notamment, l'échange de population entre la Grèce et la Turquie. En Grèce, le sujet est encore très vif et même douloureux parfois, et on feint d'ignorer, en tout cas on ne l'enseigne pas dans les écoles, que les Turcs installés en Grèce, même si c'est dans des proportions nettement moindres, ont subit, eux aussi, l'exil.

La Tempête des gazelles (je n'ai pas compris le titre ???) raconte le repeuplement de l'île de Fourmi, vidée de sa population grecque (seul l'un d'entre eux y est resté), repeuplement donc, par des Turcs, victimes des décisions prises par les grandes puissances et provenant de toutes les provinces de l'ancien empire. Chaque nouvelle arrivée donne lieu au récit des malheurs vécus, des horreurs de la guerre et des séparations, un peu comme une litanie obsessionnelle.

"Pendant qu'il parlait, Kazin Agha gardait toujours à l'esprit la participation de Poyraz au massacre des Yézidis. Et en particulier, l'image horrible des seins coupés des femmes qui remuaient sur le sable brûlant... Pouvait-on faire confiance à un tel homme ? Il s'en voulut de cette dernière pensée. Quand Poyraz lui avait raconté le massacre, il avait manifesté un immense chagrin, sa voix était sanglotante sans que lui-même ait versé la moindre larme, ce qui montrait qu'à l'évidence il souffrait. Accablé de honte, il avait voulu interrompre son récit mais par fierté s'était senti obligé d'aller jusqu'au bout. Lorsqu'il avait eu fini de raconter les faits , plus graves à ses yeux que la mort, il s'était accoté au mur, épuisé, le visage blanc comme un linge. Bien sûr qu'on pouvait accorder sa confiance à un homme qui souffrait autant."

L'île est présentée comme un paradis sur terre qui offre à ses quelques habitants un havre de paix, où l'accueil est chaleureux et où tout est mis en commun, où tout est redistribué et où le "A chacun selon ses besoins" est appliqué dans un grand élan de générosité et de solidarité.

"- Vas-y, dame Melek, donne-leur un peu de soupe que tu prélèveras sur notre ration quotidienne... Et moi je pêcherai pour ce garçon des poissons comme il n'en a jamais rêvé, des poissons rouges de la mer Rouge. Chez moi, on m'appelle le maître des pêcheurs de la mer Noire. Si tu ne me laisses pas mourir de faim, je pêcherai pour toi des tonnes de poissons".
Poyraz tendit l'assiette qu'il tenait à la main et dame Melek la remplit.
Quand tout le monde fut rassasié, il se leva.
"Allons-y, dit-il, installons nos amis pour la nuit. Laissons-les prendre tout leur content de sommeil. D'ici deux ou trois jours ils seront de nouveau sur pied."

Le style aussi - est-ce dû à une traduction trop littérale ? -m'a paru vieillot, collant de trop près aux expressions typiquement turques, dans des dialogues alourdis par tous les titres et les politesses que les protagonistes s'adressent les uns aux autres.

Le seul passage que j'ai lu d'une traite, sans me lasser, est celui du récit d'une légende, qu'un "barde" kurde arrivé récemment dans l'île, conte lors d'une veillée réunissant toute la communauté sous les platanes de la place du village.

Un avis mitigé donc, mais peut-être est-ce également dû au fait que je n'étais pas très disponible tous ces temps derniers.

Lien : http://meslecturesintantanee..
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Une histoire d'île, Tome 2 : La tempête des gazelles, est le début de repeuplement de l'île Fourmi. L'île devient un refuge pour toutes les populations déplacées... Tous ont erré longtemps, sans pouvoir s'installer... et tous pensent pouvoir un jour retrouver leurs anciennes terres...

l'Accueil de Poyraz Musa et Vassili, dans le coin de paradis, les réconfortent et leur permet, pensent-ils de reprendre des forces en attendant des jours meilleurs, des jours qui verront la fin de leur exil.

Et tous sont accueillis comme des amis attendus de longue date, et chacun de raconter leur ancienne vie, leur espoirs et désespoirs au long des repas pris en commun autour d'un feu et de plats de poissons. Les amitiés se nouent, la vie s'organise suivant les aptitudes de chacun, et une romance se profile.

La vie sur l'île Fourmi semble être le jardin d'Eden, mais un tel jardin ne pourrait exister sans son serpent... et celui-ci a pour traits ceux de Kavlakzade Remsi, un déserteur revenu juste à temps de la montagne pour la libération... il a fait si bien qu'il est le futur chef du parti dans la région, soit un personnage intouchable.

Et Kavlakzade Remsi décide de devenir riche et puissant... il rachète les terres et les maisons des exilés pour les détruire et récupérer les matériaux et alimenter son commerce. Et, gare à qui lui résiste ! tous les moyens lui sont bons pour obtenir ce qu'il veut...

Il rachètent donc les riches villas de l'île et l'Eglise, qu'il met en pièces sous les yeux horrifiés des îliens. Heureusement, Pyraz Musa et son ami le pêcheur, vont si bien lui faire peur, que plus jamais il ne remettra les pieds sur l'ïle Fourmi. Mais, prudents et échaudés, les amis vont racheter les boutiques et les logements des enseignants.

mon appréciation : un roman luxuriant, qui nous fait découvrir des paysages magiques, c'est une longue épopée à travers l'Histoire de populations ballottées entre les horreurs des guerres, l'exil, le déracinement, la perte des siens et de sa terre, et l'envie de vivre, de survivre, de recommencer un nouveau monde fait de paix et d'humanisme.

A la lecture du premier volume, j'ai crains de me lasser de la lenteur du texte et surtout de la répétition des mêmes actes de barbaries. et puis, j'ai compris que les personnages étaient la proie de leurs cauchemars, et que ces souvenirs reviendraient de nouveau au cours du récit. Et c'est bien ainsi que ça se passe... à chaque nouvel arrivant, chacun raconte sa guerre... choque ses souvenirs à ceux des autres.

Reste maintenant que j'attends avec impatience le tome 3... car le secret de Poiraz est toujours à venir. Qui sont ses gens qui veulent le tuer ? pourquoi viennent-ils jusqu'à son île pour le défier du regard ?
Lien : http://mazel-annie.blogspot...
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Ma rencontre avec Yachar Kemal est toute récente et chance j'ai démarré par une trilogie ce qui me garantit un plaisir prolongé.
Dans le premier tome de cette Histoire d'île, Regarde donc l'Euphrate charrier le sang, Kemal nous installait sur les lieux, l'île Fourmi en pleine mer Egée, un petit paradis qui sert de havre de paix à tout une série personnages en recherche d'un lieu où vivre après avoir été chassé de chez eux par la guerre et les terribles décisions de modifier les frontières et de déplacer des populations prisent en 1920 après la défaite de l'Empire Ottoman.

Dans ce deuxième volet cette petit île voit se multiplier sa population, les réfugiés affluent par familles entières, elles sont de provenance différentes, les croyances ne sont pas les mêmes, les traditions vont se rencontrer.
Tous les nouveaux arrivants ont une histoire à nous conter, ils ont laissé derrière eux toute leur vie passée. Tous ne sont pas animés de bonnes intentions mais tous sont habités d'une formidable envie de vivre

J'ai aimé la lenteur même du récit, on vit au jour le jour avec la population, les repas partagés, la pêche pour nourrir tout le monde, tous ces gestes quotidiens viennent nous dire que la vie s'est réinstallée avec ce qu'elle a de banal et de répétitif. On trouve, parmi les réfugiés, des hommes de la mer, des dresseurs de chevaux, des gens des montagnes, ceux qui élèvent les abeilles.

Cette vie est entrecoupée de récits durs, violents, des souvenirs qui affleurent et qui se racontent. Les ravages de la guerre sont toujours évoqués car ils sont ancrés chez tous les personnages " Toute personne ayant vécu une telle catastrophe porte en elle une blessure inguérissable" et les histoires individuelles tissent un vaste histoire collective.
Kemal dévoile ce besoin de liens, de fraternité et nous dit que le coeur de l'homme est assez grand pour pardonner, pour rêver, pour aimer même après l'indicible, ce que Boris Cyrulnik a appelé la résilience.

Je suis totalement sous le charme de Yachar Kemal : j'ai tout aimé, ses personnages, ses descriptions de la nature magnifiques, son amour pour sa terre d'Anatolie, cette capacité à nous rendre présent à la fois la beauté de sa terre et les horreurs de son histoire.
Je ne vous dirai rien du style car je me suis laissé porté par le récit, par les rencontres, par la beauté de cette terre et cela signe le talent du conteur.
Le premier tome a été publié en 2004 le second en 2010 j'espère ne pas attendre 6 ans pour avoir le bonheur de lire le dernier.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Suite à la guerre gréco-turque, le traité de Lausanne, signé en 1923, dessine les frontières de la nouvelle Turquie. Outre qu'il annhile l'espoir d'un Kurdistan indépendant et réduit le territoire de l'Arménie à ce qu'il est aujourd'hui, il autorise le premier nettoyage ethnique du XXe siècle. Exception faite pour les ressortissants d'Istambul et de la ville grecque de Komotini, 1 300 000 Grecs se voient forcés de quitter la Turquie. La Grèce expulse à son tour 300 000 Turcs. La république laïque de Moustapha Kemal est née.

S'en suit, sur les deux territoires, un chaos de désespoir et d'errance, quand ce n'est pas de misère et de faim, pour ceux qui doivent abandonner tout ce qui faisait leur vie. Ballotés au gré des hasards et des haltes certains s'échouent en mer Egée, sur la petite île Fourmi. Désertée par la population grecque n'y résident plus que cinq habitants, Grecs et Turcs y vivant en bonne intelligence, et un chat.

Telle une épopée, ce livre nous entraîne en de subtils allers et retours dans L Histoire et les légendes fondatrices. de Gengis Khan et Süleyman Pacha aux cendres de l'Empire Ottoman, en passant par la Pemière Guerre mondiale - la funeste bataille des Dardanelles - et par la Guerre d'Indépendance gréco-turque qui suivit, de 1919 à 1922 et vit l'avénement de Moustapha Kemal, nous traversons avec des héros ordinaires les tourments de peuples aux origines multiples forcés de cohabiter tels les morceaux d'un puzzle qui constitueront la Turquie moderne.

Ode à la tolérance, les pages s'enchaînent comme les mains des hommes, qu'ils soient Turkmènes, Kurdes, Caucasiens, Azéris, Géorgiens ou Crétois, tous réunis par l'auteur dans ce décor à la fois si simple et cependant somptueux. Laissez-vous envoûter par le rythme lancinant du récit. Parfums de mille fleurs, couleurs flamboyantes des grenadiers, bourdonnements des abeilles, bruissement du ressac, sons des flûtes et chants des dengbej vous embarquent pour un merveilleux dépaysement...




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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La mer toute blanche étincellait à travers les branches des arbres. Il entra dans le moulin à vent. Une araignée avait tissé sa toile et se tenait tapie à l'une de ses extrémités. Trois grains de blé avaient formé un parfait triangle sur la meule. Ses pas l'emmenèrent ensuite vers l'oliveraie. En chemin son regard fut attiré par deux coccinelles posées sur une grande feuille verte, un défilé de fourmis, des scarabées et des fleurs de verveine bleues d'une espèce inconnue de lui
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p.241
- Arracher quelqu'un à sa terre est bien pire que lui arracher son coeur.
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Et à présent cette île avec son poirier géant chargé de toutes les fleurs du monde et cette mer ridée de fines vaguelettes une fois de plus m'ont envoûté
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p.271
- On meurt le jour où l'on renonce à ses rêves.
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