L'incinéré
Mon ami, mon ami, sur un gazon trop vert
J'ai vu semer tes cendres grises.
Nous ne pesons pas plus aux doigts de l'univers
Qu'une cigarette, une prise.
Le dense gaillard qu'on aimait
Inadmissiblement se disperse en fumée
Et sa vie au souffle de mai
Fut sous nos yeux, par trois volutes, résumée.
Un être chaleureux, valeureux et savant,
Soudain, babiole, s'envole.
Les dieux sont des ingrats gaspilleurs et frivoles,
Aussi sauvages que le vent.
La rebelle, poème de Lucienne Desnoues