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3,3

sur 2691 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le roman épistolaire 2.0 : les lettres, c'est ringard à l'ère du numérique. Cet échange de mails entre Rebecca, une actrice de cinquante ans qui n'a plus autant de succès qu'avant, et Oscar, un auteur, propulsé au coeur d'un scandale #Metoo, est assez improbable au début tant les réparties sont virulentes. (Sinon je n'aurai pas tenu plus de 300 pages avec des insultes et autres attaques du même acabit). L'échange s'adoucit, la discussion se fait d'abord autour du harcèlement qu'il a fait subir à son attachée de presse de l'époque puis on part sur le confinement et autres confidences. La discussion s'apesantit sur certains sujets mais on n'échappe pas à quelques banalités sur la vie quotidienne. Cependant, on sent le changement d'état d'esprit de chacun suite à leurs décisions qui vont les fraire grandir. S'insèrent également quelques extraits du blog de Zoé Katana, l'attachée de presse en question pour mettre en exergue son état d'esprit et contrebalancent leurs réflexions sur le sujet en fil rouge. Un roman d'actualité (#MeToo, covid, confinement etc) qui met en lumière beaucoup de problèmes de la société d'aujourd'hui : comment être féministe, le harcèlement sur le web, la drogue... j'ai été un peu déconcertée par la position prise autour du scandale entre Oscar et de Zoé, on a l'impression que cette dernière exagère les faits de l'auteur, qu'il n'est qu'un gentil auteur dont on abuse de la bienveillance... On reconnait quelques impressions de la période de confinement, le nouveau comportement des autres.
Pour mon premier Virginie Despentes, j'ai été agréablement surprise par ce roman au titre surprenant. Il n'est exempt de quelques défauts : les échanges sont un peu quelconques, peu de chamboulements même si le sujet s'y prête. Malgré tout, j'ai aimé cette histoire autour d'une amitié improbable, un humour corrosif, la réflexion sur la société actuelle. A voir, peut-être me tourner vers un autre de ses titres ?
#cherconnarddespentes #NetGalleyFrance
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Cher connard,

Ainsi s'ouvre le message incendiaire que Rebecca Latté, actrice quinquagénaire encore sublime, envoie à Oscar, écrivaillon sur le retour, alors qu'il vient de critiquer son physique sur les réseaux sociaux.

C'est le début d'un grand échange par mails interposés entre Rebecca et Oscar. Rebecca, c'est un peu la Béatrice Dalle du livre. Elle crame la vie par les deux bouts, est accroc à la came et méprisante. Oscar est un écrivain moyen en manque d'inspiration, addict, et qui se retrouve pris dans la vague #meetoo, pour avoir harcelé son attachée de presse, Zoé Katana, blogueuse féministe.

Très vite, la pandémie de covid 19 et le confinement s'installent. L'échange entre les deux personnages s'intensifie, se confiant sur l'état du monde, la célébrité, les réseaux sociaux, le féminisme et leur addiction aux produits, qui semble les souder.

Chacun change au contact de l'autre et c'est une réelle amitié femme-homme qui se dessine sous nos yeux, par touches pudiques. Oscar revoit sa copie, son rapport au féminisme et à sa propre masculinité nous surprend. Rebecca s'assagit et tente de devenir sobre.

Ce texte a ses défauts... le style épistolaire empêche toute action et les personnages en sortent un peu plaqués, artificiels. de même, il n'y a pas vraiment de réponses d'un mail à l'autre, ni de fil conducteur. Chacun lance son avis sur le monde et le roman prend parfois la forme d'un essai brouillon. Beaucoup de sujets sont traités et le sont forcément de manière peu approfondie.

Mais ça reste un beau roman et le lien entre les personnages est touchant, ainsi que leur combat pour devenir sobre. Les réunions Narcotiques Anonymes m'ont fait chaud au coeur. Tant de bienveillance...

La verve de Despentes n'est pas en reste. Ce livre est bourrée de punchlines qu'on aimerait ressortir au bon moment. Ultra-contemporain, ce texte est une photographie du monde du début de la pandémie. Virginie Despentes a le don pour cerner son époque et en saisir les tendances.

J'ai largement préféré Vernon Subutex, mais je retrouve ici des personnages abîmés et grande gueule qui m'ont émue.
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Wow ! Au début repoussée par le titre, je ne m'attendais pas à apprécier autant ce livre ! Il s'agit d'échanges de courriels entre trois protagonistes (deux femmes, un homme) et à mon avis cela permet à Virginie Despentes d'explorer différentes facettes de sa personnalité sous le masque des personnages, de s'exprimer sur des thèmes multiples (féminisme, désir, addictions...). C'est facile à lire, très actuel (écrit pendant le Covid et déjà certains éléments de cette période nous paraissent maintenant à peine croyables...) C'est pour moi comme un témoignage sur l'époque, ça dépote, il y a de l'humour et des phrases percutantes toutes les deux lignes...Et puis, au bout du compte, ce n'est pas si pessimiste. Plutôt porteur d'espoir. Ce fut donc une bonne surprise.
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Le livre de la rentrée sur lequel j'ai lu les plus mauvaises critiques. Mal écrit, mal construit, etc… le hic c'est que moi, ce nouveau Despentes, je le trouve très bon.

Voici la correspondance entre Rebecca Latté, star du cinéma qui a dépassé la cinquantaine, maintenant boudée par l'industrie, et Oscar Jayack, écrivain à succès quadragénaire. Cet échange débute suite à un post d'Oscar, peu flatteur pour l'actrice. En fait, les deux se connaissent depuis l'enfance. Ils sont originaires de l'Est de la France, tous deux sont ce que l'on appelle des transfuges de classe, tous deux sont des polytoxicomanes. Au milieu de leurs lettres, on trouve celles de Zoé Katana qui accuse Jayack de l'avoir harcelé quand elle était une jeune attachée de presse.

Par la voix de ces 3 personnages, Despentes aborde toutes les questions de ses livres précédents, des questions de sociétés ou des questions plus intimes. Sauf que elle, contrairement à d'autres écrivains et à ses personnages, n'est pas restée coincée dans les années 90/2000. Elle saisit notre époque et ses mutations. Certaines vérités qu'elle fait entendre par l'entremise de Rebecca, d'Oscar ou de Zoé sont stupéfiantes de clairvoyance. Là où Despentes me surprend, c'est que je la trouve ici plus nuancée, moins radicale (mais pas moins décapante). Car s'il est question de #MeToo, de féminisme, de masculinité, de drogue, de lesbianisme, de lutte des classes, de lutte des femmes, ce livre est avant tout une histoire d'amitié et une grande bouffée d'optimisme. Elle nous parle de dépasser la guerre des sexes, de s'accompagner pour comprendre l'autre, pour changer. Et elle termine dans la tendresse.

En fait le seul truc raté de ce livre, c'est le titre. Un peu trop tapageur et pas à la hauteur de l'intelligence foudroyante des propos.
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Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'y va pas avec le dos de la cuillère, l'amie Virginie(que j'assimile à Rebecca dans le roman). Car lorsque Oscar, écrivain, publie un post la concernant sur les réseaux, sa réponse est cinglante : « Cher connard,
J'ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m'aurait chié sur l'épaule en passant. C'est salissant, et très désagréable ».
Autant dire qu'entre ces deux, ce n'est pas l'amour fou. Pourtant…
Lui vient de se faire meetooïser par la jeune Zoé sur son blog, j'aime bien au passage le terme qui a selon moi quelques chances de figurer un jour dans le dictionnaire. Alors Rebecca, se gausse, le ridiculise, lui envoie quelques vérités à la figure, sans mettre de gants, et lui accuse le coup puis se relève, explique, tente de convaincre, se remet enfin en question, un véritable dialogue s'installe sous forme épistolaire, entrecoupé des billets de blog de la victime Zoé.
On y aborde différents sujets très actuels comme les questions de violences sexuelles, de toxicomanie, les réseaux dits sociaux sont également très présents ainsi que les mondes de l'édition et du cinéma, la célébrité ou encore la période du confinement et les différents courants du féminisme.
J'ai bien aimé le style décoiffant et le talent d'écriture de Virginie Despentes, j'ai préféré ce roman à Vernon Subutex ou à King Kong Théorie, cela dit c'est un peu une génération de bobos qui se regarde le nombril et qui aime bien couper les cheveux en quatre alors quand le personnage de Rebecca dit « plutôt crever que de faire du yoga », moi qui suis un adepte de cette discipline depuis vingt-cinq ans, j'ai envie de lui répondre que l'ego est soluble dans le yoga !!
Mais soyons honnête, j'ai passé de bons moments de lecture avec ces deux-là.

Challenge Multi-Défis 2023.
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Cette lecture m'a assez surprise. Je m'apprêtais à lire quelque chose de provocant, subversif, à être mal à l'aise ou choquée. Et en réalité non.
Cela commence par des insultes, de la violence. Comme sur les réseaux sociaux finalement, où à part de l'invective, de la violence et de la fermeté sur ses positions initiales, j'ai l'impression qu'il n'y a pas grand chose d'autre. Un dialogue de sourds (et pas les plus fins). Mais finalement s'amorce ici une forme de dialogue, entre ses personnages qui sont loin d'être dans le même camp initialement.
Alors pas forcément un dialogue au sens conventionnel. Parce qu'il faut avouer que parfois les correspondants n'échangent plus vraiment. Au début oui, mais plus le temps avance, plus l'échange de lettres devient surtout une excuse pour se parler à soi, pour faire cheminer sa propre pensée, sans réellement répondre à l'autre. Chacun auto alimente sa propre réflexion, amorcée par l'échange.
Rebecca avance sur le sujet de la sobriété, amorcée par Oscar, qui n'y répond plus finalement. Et Oscar avance sur le harcèlement, sa position de bourreau réel plus que de victime qu'il s'était désigné, réflexion amorcée par Rebecca, mais abandonnée par elle.
Clairement, ce ne sera pas le livre de l'année pour moi, mais j'ai été contente de suivre Oscar et Rebecca (j'ai moins accroché à Zoé), malgré leurs imperfections, de voir leurs positions évoluer.
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Je n'ai pas pu résister.
Après avoir beaucoup aimé la trilogie Vernon Subutex et bien que d'autres titres de cette autrice soient encore dans ma PAL, j'ai cédé à l'actualité et j'ai entrepris de lire ce roman épistolaire.
Ça commence très fort, par une réaction à un post d'insultes sur les réseaux sociaux. de cet échange de noms d'oiseaux va naître une correspondance qui va mener les épistoliers à mieux se connaître.
C'est sur la base de cette construction narrative que l'autrice aborde l'actualité des thèmes qui lui sont chers : le féminisme, la condition sociale, la toxicomanie, le sexe, le poids des traumatismes.
Si le langage utilisé est loin d'être châtié, il m'a semblé que le texte est davantage modéré que ce que j'ai pu lire en interview de Virginie Despentes il y a plusieurs années et en tout cas de Vernon Subutex.
Pour autant, c'est un point de vue non filtré sur notre époque et c'est souvent réjouissant
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La rentrée littéraire n'est pas ma tasse de thé. Virginie Despentes oui. Ayant apprécié Vernon Subutex, il me fallait lire ce roman épistolaire au plus vite.
Les premières pages ? Agréablement surprenantes. Choix judicieux que de partir sur l'épistolaire lorsque l'on veut critiquer la verve facile des gens de ce siècle. Quant aux trois personnages types, ce fut assez fascinant, pour une fois, de ne pas s'arrêter à cette coquille qui entoure le précieux égo. Il m'a donc été très agréable de découvrir ces trois citoyens se « destéréotypant » à travers des sujets de société : la drogue, le covid, les réseaux, le harcèlement, le féminisme…
Le milieu du roman ? Parfois lassant. Qu'il est délicat de tenir en haleine le lecteur dans un roman épistolaire… On s'y ennuie parfois, scrutant la nouveauté et l'on frise un tantinet la dimension moralisatrice. Heureusement, la construction en « trois voix » et l'intrigue ont vite permis de rattraper le coup.
Ce qui laisse une fin plutôt agréable… Je vous laisse évidemment en juger. Pour ma part, c'était ma première lecture qui évoquait de si près le confinement et les choix qui en ont découlé. C'est aussi pour moi la meilleure des façons de clore ce chapitre 2020, et ça fait du bien !
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Oeuvre découverte dans la version audio proposée par Audiolib, un vrai bijou d'adaptation qui m'a plongée au coeur des états d'âme des personnages. Les sujets abordés (harcèlement sexuel et sur les réseaux sociaux, addiction, amitié, féminisme) donnent lieu à des réflexions intéressantes sur la justice, le pardon, la reconstruction, la solidarité. La plume de Despentes est bienveillante et nuancée, aucunement moralisatrice ou sentencieuse. J'en ressors avec un sourire et avec l'espoir qu'on peut grandir en tant que société, à coups d'acceptation et d'envies de se relever et d'être meilleurs.
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Comme toujours, Virginie Despentes frappe fort ! Elle est la seule à oser un titre aussi provocateur. La seule encore à faire un roman sans aucune histoire. Et, surtout, encore la seule à rassembler trois personnages complétement opposés reliés par un procédé littéraire un peu désuet, la relation épistolaire.

Après la révolution MeToo, Virginie Despentes livre ses réflexions mais aussi analyse notre société relevant ses aberrations, ses archaïsmes, ses avancées et affirme encore et encore ce qui fait le sel de son lien aux autres, l'amitié.

Son titre Cher Connard mêle tendresse et intransigeance à la fois. Imaginez Oscar Jayack, un écrivain plutôt malgré les succès de ses précédentes parutions, qui injurie sur Instagram Rebecca Latté. Elle était une actrice adulée dans sa jeunesse, image de la séduction féminine accomplie, qui à cinquante ans est en sommeil. Oscar, prototype du mâle la quarantaine avancée, charge son physique. Ça vous fait penser à certains ! Oui, ils sont encore nombreux à oser encore s'exprimer de la sorte! Et la réponse qu'elle lui fait commence par Cher Connard

En fait, Oscar et Rebecca se connaissent et vont entretenir une correspondance, dont on ne sait rien du procédé, email ou courrier, durant plusieurs années. Un autre personnage vient se glisser dans ces échanges. Lorsqu'elle était attachée de presse d'oscar, Zoé Katana a accusé Oscar de harcèlement. Devenue blogueuse et féministe, ses articles viennent s'intercaler de temps en temps, rappelant aussi les impacts délétères des réseaux sociaux.

Comme Virginie Despentes ne rangent personne dans des cases binaires peu vraisemblables, Cher Connard est à la fois un essai, avec ses nombreux argumentaires développant les raisonnements, soupesant les arguments, les contredisant, en bref discutant un certain nombre de sujets sociaux d'actualité ou d'idées en vogue en ce moment.

Mais aussi, Cher Connard est un roman. Virginie Despentes crée trois personnages qui vont, au fil des échanges, non seulement être crédibles dans leur personnalité, mais aussi évoluer au contact de l'autre, de son soutien et même de son amitié.

Comme un cri, comme un tag, sa langue oscille entre brutalité et empathie pour parler du féminisme, des addictions de formes diverses, de viols y compris ceux que subissent les hommes, du pouvoir, de la paternité, des enfants, de la domination, de la séduction, du corps des femmes, des rapports entre les hommes et les femmes, mais aussi des femmes entre elles, du harcèlement et aussi de la discussion, de l'écoute et de l'échange qui fonde cette amitié capable de dire son désaccord tout en continuant à échanger.

Ses réflexions sont énoncées et souvent, ça tape juste, précisément, où ça fait avancer ! Quelque fois c'est redondant, répétitif et même lassant, puis ça claque de justesse ! Ces personnages analysent le magma d'influences de leurs idées plus ou moins précisées, plus ou moins énoncées, qui vont former comme un substrat la base de l'analyse sociologique de notre société.

Ici, rien à voir avec le diktat des réseaux sociaux qui en quelques signes énoncent un jugement, une opinion, poussent la vindicte populaire sur un objet, débloquent la haine et la colère si prompt à harceler, à agresser pour détruire et surtout forcer à se taire.

Cher connard est un texte fort qui ne se laisse pas découvrir facilement. Il est exigeant par l'attention qu'il demande. Il va à contre-courant des opinions admises, du politiquement correct et de l'attendu dominant.

Virginie Despentes, avec les kilos qui la narguent et les rides qui s'affichent, a assoupli son style mais sa pensée est toujours aussi affutée, si libre et intransigeante contre tous les pouvoirs, y compris ceux des féministes qui reproduisent les comportements masculins.

Ah, ce dernier article de Zoé, à la presque fin du roman ! Cher Connard est un hymne à penser par soi-même. Cette omniprésence de la réflexion et son respect à étudier toutes nuances sans autre intérêt que de discuter l'idée, quelle bouffée d'air ! Quel réveil ! Non pas pour suivre bêtement le cours du flux des hargneux et même des sans-scrupule, de ceux qui font du refus de la libre pensée leur marque de fabrique, ceux ou celles qui scalpent, ceux ou celles qui harcèlent …

Non ! Pour ceux ou celles qui acceptent de douter, de s'en foutent d'avoir raison ou non, qui cherchent pour le plaisir, jamais assouvi, d'aller à la rencontre de l'autre ! Alors, et seulement pour ceux-là, ce livre est pour vous !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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