Ce livre parle d'un sujet que l'on n'aborde pas tant que cela dans la littérature jeunesse : la difficulté, pour une mère, d'élever un enfant seule, alors que la société ne lui donne pas le droit de se plaindre. Etre mère, ce n'est que du bonheur (oui, je parodie le slogan d'une émission de télé-réalité qui fête aujourd'hui ses vingt ans). Or, Ursule a beaucoup de difficultés à élever
Verte sa fille unique.
Pardon ? On me souffle dans l'oreillette que les difficultés proviennent principalement des difficultés à concilier tradition familiale, profession et éducation de sa fille unique. En effet, Ursule est sorcière, comme sa mère avant elle, et comme
Verte sera amenée à le devenir – enfin, dès qu'elle aura manifesté un tantinet de pouvoirs, ce qui n'est pas le cas en ce moment ! Pourquoi
Verte ? Parce qu'Ursule a fait ce que mes parents n'ont pas fait : choisir un prénom en fonction du futur métier de leur fille. (Note : cette mention pour expliquer que l'on m'a dit que mes parents n'auraient pas dû appeler une future professeur de français par le prénom que je porte. Bizarrement, mes parents ont plutôt pensé à me donner un joli prénom qui leur plaisait à tous les deux plutôt que d'imaginer la future carrière de leur fille). Son père voulait Rose, c'est banal et pas du tout adapté à sa future profession. Principe de précaution : Ursule n'a eu qu'un enfant (seule la fille aînée peut devenir sorcière), inutile d'en avoir d'autres, c'est suffisamment de soucis comme cela. Et encore, si elle savait tout ce qui l'attend !
Oui, Ursule a pris une grande décision : demander l'aide de sa mère Anastabotte pour qu'elle lui montre toute la joie d'être une sorcière. Ce n'est pas tant qu'Anastabotte soit douée, c'est plutôt que les circonstances s'y sont prêtées.
Verte est avant tout une pré-adolescence comme les autres, qui doit faire avec une famille un peu différente, une famille folle de joie quand toute la vaisselle se retrouve cassée par les pouvoirs de la toute jeune fille. Anastabotte est folle de joie, Ursule, aussi. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si les deux femmes pouvaient, comme le lecteur, savoir ce que pense vraiment
Verte de tout cela, si elles avaient pu aussi anticiper ce que
Verte ferait. Après tout, elle avait parfaitement le droit de sauter sur les occasions qui lui étaient offertes, non ? Si elle ne peut plus profiter des cours de sa grand-mère pour voir les effets des sortilèges et autres objets magiques, où allons-nous ?
Soufi, lui, va à l'autre bout du terrain à cause du sortilège. Soufi, c'est LE garçon que toutes les filles, dont
Verte, ont remarqué, le garçon qui, malgré lui, se retrouve au beau milieu de cette histoire de famille. Lui aussi aura des choses à nous dire.
Verte est un roman charmant, à partager.