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EAN : 9782330056933
240 pages
Actes Sud (06/01/2016)
4/5   4 notes
Résumé :
Une même noirceur inquiétante traverse les douze nouvelles qui composent Trop rouge du romancier et psychanalyste Gustavo Dessal. La mort, le rêve et la folie y planent autour des personnages dont la vie bascule, fragiles papillons épinglés par l’incongruité du sort.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Gustavo Dessal est un auteur et psychanalyste argentin dont j'ai découvert ce recueil il y a un bon moment dans une de mes descentes en librairie. Ma curiosité a payé 😊!

Jour de grâce pour Marcial avant le départ final,
Milonga du destin pour Beltram , « peintre en meubles de pharmacie pour salle de bains » , dont l'obsession pour le blanc le fera succomber aux lèvres trop rouge de la Gardel,
Raticides et matricide pour Adelina, morceau de matière brute, informe et pur sur lequel aucune forme humaine ne s'était inscrite, sans autre loi que la primitive et aveugle nature du corps vivant,
Insomnie pour Lui, «  c'est curieux qu'une chose invisible soit si difficile à porter »……
La force de la conscience qui se reproche et dialogue avec elle-même la nuit, dans les rêves et les cauchemars, la marche continue d'invisibles mais efficaces barrières qui nous séparent du monde réel… font le suc de ces treize histoires sombres et subtiles , à l'humour douteux 😁, qui se condensent autour d'une rencontre impossible ou fatale, tango de la vie ,tango de la mort. Comme dans un film muet à plusieurs séquences, dans le silence et la solitude , avec l'Inconscient aux commandes, les êtres se déchirent entre eux , s'entretuent, rarement s'aiment, alors que la trappe du destin se referme lentement sur eux. Des sujets intéressants et originals , une langue simple pour parler du complexe, bref des récits terribles, excellent !


« L'inconscient est structuré comme un langage »
Jacques Lacan
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L'écrivain et psychanalyste Gustavo Dessal traque les failles où notre perception du monde se dérobe. Ce moment, « là mais où, comment » (pour reprendre la formule de maître Cortazar) où se soulève brièvement le voile que notre psyché projette sur la réalité, où se dénouent les illusions d'amour et d'indifférence, de triomphe et de défaite.

L'influence de l'auteur d'Axolotl se fait sentir non seulement sur le plan thématique mais aussi narratif, par un emploi systématique du discours indirect libre, qui contribue au flottement de la réalité. Avec « le refuge », Dessal va même jusqu'à pasticher « Tous les feux le feu » ou « La nuit face au ciel », en reprenant à son compte la technique narrative consistant à superposer deux récits très différents, qui convergent en un point de collision fatal.

On est plus dans le psychologique que dans le fantastique, mais le macabre et le grotesque sont rarement très loin des abîmes qui s'ouvrent en des chutes parfois très brutales, qui me semblent constituer la touche Dessal. On atteint par ce biais des sommets d'humour noir corrosif avec la nouvelle éponyme et « Adelina », chronique pince-sans-rire de haine entre une mère et sa fille attardée mentale.

Mais Dessal est également un poète, qui maîtrise l'art du leitmotiv comme le prouve « Nous sommes restés seuls », à mon sens la pièce maîtresse du recueil, un piège temporel qui cherche à capturer le passé au rythme d'une mémoire concentrique, voire à abolir le temps comme la musique peut parfois en donner l'impression. La mort y apparaît de façon symbolique comme un vieil homme chutant d'une bicyclette. Au sens psychanalytique, cette image de la bicyclette fait office de signifiant chez Dessal, car elle occupe également une place déterminante dans la dernière nouvelle, virée enthousiasmante dans une science-fiction post-apocalyptique et transhumaniste, jolie pirouette qui voit l'auteur s'affranchir des univers cortazariens et voler de ses propres ailes… à bicyclette.
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Ce recueil de douze nouvelles, seule oeuvre traduite en français de l'argentin Gustavo Dessal, dessine tout un monde, ordinaire et extraordinaire, de sentiments humains ; l'amour, conjugué sous toutes ses déclinaisons, en est sans doute le dénominateur commun : l'amour haine, l'amour admiration, l'amour dévoration, le premier amour, l'amour jusqu'au meurtre, l'amour parental ou filial, et aussi l'amitié, la solidarité, la vie qui continue malgré tout et ce qui reste d'humanité dans l'horreur des guerres...

L'un des textes échappe à l'expression des sentiments qui relient les êtres pour privilégier les sensations et une réflexion sur le temps qui s'écoule : il constitue une très belle méditation sur la nature du passé et son détachement presque simultané du présent, comme un vécu qui se dédouble immédiatement pour rejoindre une autre dimension... laquelle ?

Certaines de ces nouvelles m'ont plu davantage que d'autres, mais tout dépend du lecteur, forcément : une danseuse de Milonga qui aime les hommes cruels rencontre un jour l'amant idéal ; un homme réussit à voir le passé ; un jeune garçon est enfin approuvé par son père ; un soldat rencontre l'amour sur un champ de bataille.

Anne Goalabré a assuré la traduction de ces textes tendres dans un style simple aux puissantes évocations.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Garibaldi.
Un jour quelqu’un lui avait donné ce nom qui ne figurait nulle part, mais le désignait depuis toujours. Il était grande et très maigre, presque squelettique, sa tête était coiffée d’un casque bosselé de motocycliste qu’il ne quittait jamais, même pour dormir. Il portait une espèce de cotte bleue, comme celle d’un mécanicien, et un large ceinturon de cuir usé d’où pendaient toutes sortes d’objets difficile à identifier. Son pied-droit était chaussé d’une botte de plastique et le gauche d’un tennis de cuir dont la semelle avait été remplacée par un morceau de vieux pneu.
( L’âme des byciclettes )
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On disait la Gardela, mais elle s’appelait Haydée et elle était la reine de la milonga de Villa Luro. De partout on venait la voir danser, avec ses fesses de roc et ses chaussures à talons fins, qui reflétaient les pauvres lumières de ce sanctuaire où les couples, joue contre joue, glissaient au rythme d’un tango.

Elle avait un papillon écarlate tatoué sur sa croupe, que seuls de rares élus pouvaient voir voler dans la pénombre en sueur d’une chambre, quand la musique s’était éteinte et que les derniers danseurs se fondaient dans les ombres de l’aube. Alors seulement, enfin dépouillée de tous ces regards qui acclamaient le dandinement de ses cuisses, elle laissait s’ouvrir les ailes de son papillon pour que l’heureux du jour le poursuive au ciel éphémère des corps.
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Il n’y a pas d’étape plus intolérante que l’enfance, ni plus impitoyable envers qui défie l’uniformité des préjugés.
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Quand la faim est à la porte, l'amour s'en va par la fenêtre.
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