Jules Mazarin, 1602-1661, est Romain…Giulio Mazarini, fils de l'intendant d'un padrino d'une grande famille romaine : les Colonna. Son frère impulsif et ses soeurs bien mariées, ou religieuses, meurent relativement tôt. Pietro, le père, veuf, essaye de perpétuer le nom avec une jeune épousée, mais n'y parvient pas.
Giulio fait ses classes militaires avec le fils Colonna en Catalogne, devient capitaine. de retour à Rome, il reçoit la protection de plusieurs familles, dont les Barbini, Francesco et Antonio, tous deux cardinaux. Il a la protection du pape Urbain VIII, qui souhaite réconcilier ses deux états catholiques principaux : la France et l'Espagne. Nommé légat du pape, il passe de militaire à diplomate de Rome, sans jamais avoir appris la prêtrise. Dès 1630, Mazarin a de nombreux contacts avec la France ; il est impressionné par la prestance de Richelieu, à Pignerol.
Basé à Avignon, puis Rome, il revoit plusieurs fois Richelieu, qui finit, avec
Louis XIII, par l'appeler auprès de lui à
Paris en 1639.
Le caractère de Giulio est chaleureux, il aime les gens et vit allègrement, il parle clair, il est actif, et fidèle en amitié.
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Le style d'écriture de
Georges Dethan est, au début, horrible pour moi : j'ai du mal à m'y retrouver. On dirait des notes rassemblées, dont la synthèse n'est pas effectuée. Cependant, le contenu, basé sur la grosse correspondance de Mazarin, est très intéressant, surtout pour moi, qui aime ce XVIIè siècle.
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Arrivé en France en mission dès 1630, il réclame la paix. Déjà à Casal, il s'était interposé physiquement entre Espagnols et Français qui se lançaient les uns à l'assaut des autres. de 1630 à 1636, il a des missions temporaires en France. Il est séduit par l'esprit « fonceur » et aventurier des Français. Il est séduit aussi par Richelieu, bien qu'il soit un va-t-en guerre, mais il comprend que
Louis XIII et Richelieu ne veulent pas être entourés d'Espagnols. Comme nonce du Pape, il a en 1634-35 une triple mission auprès de Richelieu : faire rendre la Lorraine à son duc, faire accepter le mariage lorrain de Gaston, frère du roi, empêcher la guerre ouverte contre les Habsbourg. Mais c'est impossible, et en 1636, les Espagnols arrivent aux portes de Compiègne.
Entre 1636 et 1638/39, Mazarin soutient une forte relation épistolaire avec les « créatures » de Richelieu : l'obscur Père Joseph, éminence grise, et Chavigny, fils du surintendant des finances Bouthiller, bombardé diplomate à 24 ans.
La conférence de Cologne, capitale pour la paix, est annulée….
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Georges Dethan est archiviste, et à ce titre, il a fait un travail colossal, afin de rétablir la vérité sur le ministre cardinal. Et quoi de plus vrai que les lettres ? Il a lu des centaines de lettres écrites par Mazarin, par ses proches, par les Barberini, par Richelieu, Anne d'Autriche, Chavigny, la duchesse Chréstienne, l'aventurière Chevreuse, Spinola, Philippe d'Aglié, Walter Montagu. Les mauvaises langues et les jaloux de l'ascension d'un nonce de Rome, qui impressionna Richelieu (pas facile ), sont connus. A la mort de
Louis XIII, Anne d'Autriche choisit Mazarin, le parrain et tuteur de Louis Dieudonné. Richelieu, mort un an avant, l'avait prédit, dans son humour bien à lui : « Il vous plaira, il a un air de Buckingham ». On sait qu'en 1625, la reine avait failli succomber au charme du duc de Buckingham. Dès lors, c'est un échange à trois qu'instaure Mazarin, associant toujours le petit roi ( 5 ans ) aux décisions qu'il prend avec elle. Ce lien devient si fort avec « le confident » que lors de la Fronde ( 1648-1652 ), Louis a 10 à 14 ans, Mazarin, éloigné deux fois pour calmer le peuple, d'Allemagne, écrit à la reine de le remplacer par Gondi ( son principal adversaire avec Condé ), donnez-lui tout ce qu'il désire, même la calotte. Cela lui donne le temps de rassembler une petite armée pour, avec Turenne, battre Condé devant
Paris…Pour mettre la France en paix.
Mazarin a toujours été un homme de paix, d'abord en Italie, Cavour avant l'heure, il voulait aussi la paix en Europe,
Victor Hugo, et
Robert Schuman avant l'heure, pour éventuellement contrer, avec toute la chrétienté, les Turcs menaçants. Mais il avait compris que
Louis XIII et Richelieu s'étaient engagés auprès des protestants du nord contre les Habsbourg. En effet, ils étaient menacés d'encerclement avec les idées de grandeur d'Olivares, ministre de Philippe IV. En 1559, après avoir signé, ou poussé à beaucoup de traités de paix depuis 1630, il arrive enfin à une paix générale entre les Bourbon et les Habsbourg, laissant au jeune roi une Europe en paix.
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Bref, je m'arrête, car je vous ai tout révélé sans rien vous révéler, et aussi parce que vous sentez que je suis passionné par ce siècle ( qui est aussi celui d'Amélie ). C'est un livre dense, à déguster lentement 😊