Violette est une sauvageonne qui se cache au fond des bois. Elle vit de ce qu'elle cueille et revend au village. Elle gagne juste assez pour acheter du vin et parfois un petit caprice. La jeune femme est libre, sensuelle, gourmande, un peu sorcière. Sous sa folle tignasse blonde, elle a la descente facile, la cuisse légère, la langue bien pendue, mais elle n'est pas méchante. Elle aime vite, elle aime fort, elle aime beaucoup. Elle aime surtout le plaisir et refuse la contrainte. Elle ne se laissera pas enfermer. Il y a bien le baron Julien des Croisettes qui voudrait l'épouser, mais Violette ne supporte pas l'étroitesse des maisons et des esprits bourgeois. « Les oiseaux de la forêt chantent peut-être mieux que les oiseaux du château. » (p. 18)
Forcément, une nature aussi rebelle suscite les ragots et les médisances. « Curieux ! Dans ce pays perdu, il ne se passe jamais rien ! Mais au moindre évènement, il faut que cette chère Violette y soit mêlée ! » (p. 190) Les femmes sont jalouses, les hommes sont fous de désir, mais Violette s'échappe sans cesse. « Un joli coquillage, mais l'intérieur semble pourri. […] Une paysanne ! Elle vit d'herbes sauvages comme une chèvre ! » (p. 49) Violette n'est fidèle qu'à sa liberté et à son chat sauvage, Percevent. Tant qu'elle peut courir pieds nus dans les bois et les champs, et tant qu'elle a une bouteille de vin dans sa besace, elle n'en demande pas beaucoup plus.
Ce roman graphique offre un charmant portrait de femme. Violette est un personnage complexe, pétri d'égoïsme salvateur et de générosité hors norme. J'ai trouvé la fin un peu abrupte, de même que la disparition de son bébé au bout de quelques pages. Toutefois, c'est une oeuvre très réussie d'un point de vue graphique : les corps sont très travaillés, entre sensualité et liberté. le noir et blanc concentre le regard sur le trait et évite une dispersion. La ligne va à l'essentiel, mais elle n'oublie aucun détail. Si la peinture et la critique d'un microcosme campagnard vous intéressent, n'hésitez pas !
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De cette série de bédé lue durant mon adolescence, je garde le souvenir d'un joli portrait d'une femme libre, un peu sauvageonne, sensuelle et provocatrice, qui braconne et picole. Si je ne me souviens plus des histoires, je me rappelle des magnifiques illustrations de Servais qui font beaucoup pour l'intérêt de ces livres. Des traits précis, un noir et blanc soigné, j'aime beaucoup son travail.
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Violette mène sa vie dans une petite maison en forêt. C'est drôle pour une jolie fille comme ça de se tenir ainsi à l'écart, mais il faut dire qu'elle ne respecte pas trop les règles ni la pudeur, Violette, et qu'au début de notre siècle ça pouvait coûter cher... de très beaux tableaux de la vie à cette époque et une critique sociale très présente.
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Le portait d'une sauvageonne qui vit dans les bois au travers de dix récits la mettant en scène dans diverses situations, allant de sa vie vagabonde aux marches de l'église pour un mariage hypothétique. Les dialogues reflètent bien l'esprit des campagnes et le graphisme est des plus soigné. L'ensemble se déguste en quelques jours
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La campagne est un endroit mystérieux. Elle présente une riche mythologie de figures dont la personnalité importe souvent moins que la fonction.
Par exemple le facteur. On attend de lui honnêteté, serviabilité, humeur égale...mais on espère aussi de menues délations, car notre homme est omniscient. Dès lors, il est tout-puissant et on le traite avec un respect infini ("Une petite goutte, Albert ?").
« Un joli coquillage, mais l’intérieur semble pourri. […] Une paysanne ! Elle vit d’herbes sauvages comme une chèvre ! » (p. 49)
« Les oiseaux de la forêt chantent peut-être mieux que les oiseaux du château. » (p. 18)
« Curieux ! Dans ce pays perdu, il ne se passe jamais rien ! Mais au moindre évènement, il faut que cette chère Violette y soit mêlée ! » (p. 190)
Vidéo de Jean-Claude Servais