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sur 1289 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je continue ma découverte (ou parfois relecture) de classiques de la littérature : livres que j'ai lus il y a très longtemps, livres que je n'ai jamais lus, livres qui me paraissaient inaccessibles ou qui ne se sont jamais trouvés à passer sous mes yeux ou entre mes mains.....

La Religieuse de Denis Diderot : celui-ci n'a jamais croisé ma route en tant que livre ou en tant qu'auteur. Le titre ne m'était pas inconnu, bien sûr, le sujet non plus, mais un livre d'un écrivain philosophe, encyclopédiste, il y a des cartes de visite qui peuvent effrayer. Je pensais découvrir une écriture hermétique, un texte ardu sur un sujet austère et finalement j'ai pris un plaisir fou à lire ce roman publié après la mort de l'auteur.

A regarder sa biographie, j'ai découvert qu'il avait fait des études de théologie, qu'il a séjourné dans un monastère où il avait été cloîtré par son père suite à un mariage secret qu'il avait contracté. D'autre part, dans les notes en fin d'ouvrage, on apprend que sa propre sœur Angélique Diderot est morte folle dans un couvent d'ursulines.....  Il sait de quoi il parle, il a fort à dire et je pense qu'il avait un regard très critique vis-à-vis de la religion et des communautés religieuses.

Dans ce roman, à travers le parcours (je devrais dire chemin de croix) de cette jeune fille, on évoque la condition de la femme bien sûr, le poids de la famille,  son destin quand le mariage est impossible, la vie dans les couvents qui peut être bien différente : austérité, dureté mais aussi douceur, amitié jusqu'à la folie parfois

L'acharnement à tourmenter et à perdre se lasse dans le monde ; il ne se lasse point dans les cloîtres. (p56)

mais aussi la solitude, la privation de liberté, de pensée, de destin mais il y a aussi de l'espoir par les êtres (peu) attentionnés qui croiseront sa route : Ursule, l'avocat Mr Manouri.

Diderot donne à son personnage central une force de caractère : elle résiste, elle tient, elle refuse dans un premier temps d'aller contre sa volonté, même si son éducation prend le dessus et  se résigne au destin qu'on lui assigne. On peut la trouver parfois naïve, mais jamais soumise. N'oublions pas que nous sommes au milieu du XVIIIème siècle, que ce récit est emprunt de la culture de l'époque, qu'une jeune fille de bonne famille n'avait pas le choix de sa vie, qu'elle pouvait être presque qu'une marchandise et qu'il se veut un pamphlet, une critique violente de la religion avec ses excès, son pouvoir, ses doctrines.

On s'aperçoit que même dans les couvents la vie de celui-ci est à l'image de la supérieure qui le dirige.

Suzanne sera manipulée par sa famille mais n'aura d'autres solutions que d'obéir, sa mère ayant eu une relation extra-conjugale dont elle est le fruit, l'obligeant à subir les conséquences de ce passé. Pour les femmes et les humains que nous sommes certaines situations décrites, certaines tortures physiques et morales, certaines injonctions nous paraissent immondes, révoltantes. 

Ce que j'ai particulièrement aimé c'est le contraste entre les ambiances  des communautés où va se trouver Suzanne : la douceur puis la violence et ensuite la folie, ne faisant ainsi pas une généralité. Diderot à plusieurs reprises prend position assez ouvertement contre la religion, son pouvoir et son emprise :

Il me semble pourtant que dans un Etat bien gouverné ce devrait être le contraire ; entrer difficilement en religion et en sortir facilement (...) Les couvents sont-ils donc si essentiels à la constitution d'une Etat ? Jesus-Christ a-t-il institué des moines et des religieuses ? L'Eglise ne peut-elle absolument s'en passer ? Quel besoin a l'époux de tant de vierges folles, et l'espèce humaine de tant de victimes ? Ne sentira-t-on jamais la nécessité de rétrécir l'ouverture de ces goufres où les races futures vont se perdre ? (p106)

positions qui font parfois écho encore dans notre présent.

L'homme est né pour la société. Séparez-le. Isolez-le. Ses idées se désuniront. Son caractère se tournera. Mille affections ridicules germeront dans son cœur. Des pensées extravagantes germeront dans son esprit comme les ronces dans une terre sauvage. Placez un homme dans une forêt. Il y deviendra féroce. Dans un cloître, où l'idée de nécessité se joint à celle de servitude, c'est pis encore. On sort d'une forêt. On ne sort plus d'un cloître. On est libre dans la forêt. On est esclave dans le cloître. Il faut peut-être plus de force d'âme encore pour résister à la solitude qu'à la misère. La misère avilit. La retraite déprave. Vaut-il mieux vivre dans l'abjection que dans la folie ? 'est ce que je n'oserais décider. Mais il faut éviter l'une et l'autre. (p146)

Je suis passée par plusieurs phases de lecture : surprise d'une écriture certes par moment un peu  " vieillotte" dans l'utilisation des subjonctifs dont nous n'avons plus tellement l'usage, mais facile, rythmée par les révoltes et colères de son auteur. Je me suis agacée parfois par la naïveté de Suzanne, je l'ai poussée à s'enfuir mais je le fais avec mes pensées de femme du XXIème siècle, de femme libre de ses actes, je me suis révoltée contre ses parents qui l'abandonnent, contre les abus de la religion mais surtout de ceux qui disent la servir.

La fin du récit est un peu "bâclée" à mon avis dans le sens où le final est digne d'une aventure..... J'aurai aimé savoir le devenir de cette jeune femme à jamais marquée je pense par ce qu'elle a vécu. Comment peut-on en sortir indemne comme elle l'indique d'ailleurs dans les dernières lignes.

J'ai eu la possibilité de voir hier soir l'adaptation cinématographique de cette œuvre. 
Certaines modifications ont été faites par rapport au texte et comme souvent j'ai de loin préféré ma lecture au film. Même si l'ambiance y est, il y manque malgré tout les mots de Diderot, ceux qu'il met dans les voix des différents personnages mais aussi les siens, les mots de colère, de révolte, d'indignation....

C'est une lecture qui laisse des traces, qui reste en tête et qui me pousse à lire d'autres récits de Monsieur Denis Diderot.

Lire, relire les classiques..... Classiques oui mais tellement riches, construits, des références même dans nos vies actuelles....
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Ce roman, inspiré d'un fait divers réel d'une religieuse ayant été enfermée contre son gré au couvent et ayant désiré rompre ses voeux sans y être parvenue (elle perd son procès) est un réquisitoire amer sur les prisons que pouvaient être les couvents au XVIIIème siècle, quand des personnes n'avaient pas le choix d'y entrer et subissaient les pires brimades et humiliations. le roman est une longue lettre de soeur Suzanne qui raconte à un protecteur tout ce qu'elle a vécu pour qu'il consente à l'aider.
Le début narre comment sa famille n'en portait que le nom, combien elle a été détestée de ses parents et l'on apprendra pourquoi au fur et à mesure, raison qui montre aussi la réalité d'une époque, dont la morale très austère conduit à des malheurs sans fin pour des personnes innocentes qui n'ont pas demandé à naître.
Ensuite, on découvre peu à peu l'entrée au couvent et la vie dans ce genre de lieu. Et par-dessus tout, l'hypocrisie qui y règne ainsi que la manipulation : au départ, la mère supérieure est toute gentille avec les novices et leur masque quantité de difficultés de cette vie-là, réduit leurs obligations, pour qu'elles acceptent sans avoir pleinement conscience de ce à quoi elles s'engagent de formuler leurs voeux. Suivent des humiliations (quand on apprend que Suzanne veut partir du couvent) totalement abjectes, et on voit à quel point les « anges » peuvent se montrer démoniaques et retors. Quant à Suzanne, elle qui n'aspire qu'à la liberté, elle n'en est pas moins pieuse et ne veut pas le moindre mal à celles qui lui en font, au final c'est elle, qui rechigne à suivre une vie de règles monotones, qui est la plus sainte de toutes (d'ailleurs, c'est un élément du récit qui m'agace un peu, parce qu'on a l'impression que Diderot a voulu prévenir les critiques qu'on aurait pu faire à une telle religieuse qui veut fuir son couvent, en la rendant totalement angélique, alors qu'elle aurait bien le droit d'exécrer ses persécutrices et de vouloir s'en venger !)
La vie dans le second couvent, avec une mère supérieure très bonne en apparence, n'en est pas moins bancale.
En bref, ce roman émeut avec brio tout en cherchant à démontrer comment un couvent est un lieu qui peut transformer les recluses en les faisant basculer dans les coups tordus, la folie ou la dépression. le petit mot de la fin sera légèrement plus gai.
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Premier livre lu de cet auteur, sans regret!

moderne, toujours d'actualité, rebelle pour son époque, voila un auteur précieux sur un sujet trop peu traité.

a lire pour développer son sens critique et regarder un peu autour de soi

Merci Mr D. !
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Durtal, le personnage récurrent des romans de Joris-Karl Huysmans interroge dans « En Route » son ami l'abbé Gévresin : « Je présume que des histoires dans le genre de celles que Diderot raconte dans ce sot volume qu'est « La Religieuse » sont inexactes ? »
L'abbé tentera, à la veille du séjour au couvent de Durtal, de le rassurer. Pourtant plusieurs historiens depuis ont démontré qu'en effet, l'acharnement sadique sur une pauvre fille qui n'a jamais désiré prononcer ses voeux exista bel et bien dans les cloîtres.

L'histoire déchirante de Suzanne Simonin est donc tout à fait plausible et par le talent de Denis Diderot prend tous les accents de la vérité.

Au-delà de sa terrible charge contre la claustration religieuse, on sait tout l'attachement de Diderot à lever tant de souffrances et d'injustices, à défendre la liberté individuelle contre la tyrannie des institutions. Sa soeur est morte dans un couvent atteinte de folie mais elle y entra de son plein gré, une autre religieuse Marguerite Delamare suscita le scandale en demandant par fait de justice la révocation de ses voeux et lui-même ne fut-il pas abbé, enfermé par son père dans un monastère, emprisonné ?

Cependant Diderot se prêta à un jeu cruel et même sadique envers son ami le marquis de Croismare en lui adressant un appel à l'aide d'une religieuse imaginaire pour lui faire quitter sa Normandie. Ce sont ces fausses missives qui susciteront la rédaction du roman. Que penser alors de l'engagement de Diderot sur ce qui ne démarra que comme un vilain jeu ?
Il est fort probable que la pauvre mort de sa soeur marqua son inconscient et que s'organisa peu à peu dans son esprit la volonté d'une sorte d'action expiatoire. Rejoignant sa passion pour la liberté, son caractère sociable, l'ancien abbé savait au fond de quoi il parlait. Mais beaucoup plus que le procès d'une institution religieuse, je vois dans ce roman celui de tout groupe d'individus placés sous une seule autorité. Car que ce soit dans un couvent, un régiment, sur un navire… Tout groupe isolé du monde se soumet aux mêmes excès et aux mêmes vices.

Ainsi en dehors même du monde religieux ce roman reste-t-il actuel. La beauté classique de son style, la grande sensibilité de Diderot y sont remarquables. A ce titre, les récits des « rapprochements » de la mère supérieure et de Suzanne sont un modèle de pudeur et de suggestion érotique que n'oublièrent pas les adaptateurs de « La Religieuse » à l'écran.
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La religieuse est l'histoire de Suzanne Simonin, forcée de rentrer dans un couvent par ses parents. le texte est particulier, c'est une lettre qu'elle écrit au marquis de Croismare auprès duquel elle implore de l'aide. Dans ce courrier, elle témoigne, explique sa vie, la manière dont on l'a forcée à entrer dans les ordres, la raison de cet enfermement et sa bataille pour en sortir allant jusqu'au procès.
Elle décrit un monde clos où règne harcèlements, punitions et tortures. Lors de son transfert dans le troisième couvent, elle vit dans l'incompréhension de l'amour de sa mère supérieure, un amour interdit, qu'elle ne comprend pas par naïveté et incompétence des plaisirs de la vie.
Petit à petit, elle relate ses moments d'horreur à ceux du vice, sa vie n'est que perdition.

Denis Diderot avec ce texte, publié à titre posthume, dénonce l'aliénation que provoque l'enferment dans la religion d'un individu contre son gré. Il fait le portrait d'une institution perverse et inadaptée. Un écrit superbe sur une vie gâchée, un procès à la contrainte et aux souffrances que provoque l'impossibilité de choisir librement son chemin de vie.

Surprise par le propos, je m'attendais à une histoire un peu ennuyeuse de la vie d'un couvent au 18e. Un texte riche que je pris plaisir à lire.
Lien : http://metaphorebookaddict.w..
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Ecrit en 1760 et terminé 20 ans plus tard, ce roman anticlérical féroce, est à l'image de l'athéisme dont a fait preuve toute sa vie Denis Diderot. Rédigée sous la forme de mémoires à la première personne, La Religieuse est en fait un subterfuge destiné à faire revenir à Paris le marquis de Croismare. Ce n'est qu'une plaisanterie mais cela permet à Diderot d'égratigner et faire le procès des institutions religieuses. Ce livre traine derrière lui depuis sa parution il y a plus de deux siècles une réputation sulfureuse que je ne comprends pas. Anticlérical, il sert bien évidemment la cause de l'athéisme mais il prône surtout la liberté individuelle, en particulier pour les femmes. Diderot n'était pas un féministe à proprement parler mais il aimait les femmes indépendantes et instruites comme Madame d'Epinay qui tenait salon et était l'auteur de mémoires très intéressants sur la vie littéraire de cette époque ou Sophie Volland (par ailleurs sa maitresse attitrée) qui était une grande épistolière. Mais je digresse encore, ce billet va durer des heures si ça continue, revenons à notre religieuse.
Suzanne Simonie prend la plume pour narrer au bon marquis de Croismare ses nombreuses mésaventures afin qu'il lui vienne en aide. Née d'une liaison adultère de sa mère, ses parents décident de condamner leur fille au couvent et exigent qu'elle devienne novice. Condamnation, le mot est peut être un peu fort, mais c'est pourtant le cas : spoliée de sa dot, elle séjourne dans trois couvents successifs, contre sa volonté, car la jeune fille ne veut pas prendre le voile, elle va le scander tout au long du récit et demandera même l'arbitrage de la loi pour rompre ses voeux, en vain. La première supérieure est cupide, la deuxième est ascétique, la troisième est débauchée. Elle est tour à tour choyée ou honnie tout au long du roman. La littérature érotique des 1è et 18è siècle est d'ailleurs emplie de religieuses et de moines particulièrement licencieux, faisant courir le bruit que les couvents et les ordres religieux abritent de fameux pornographes.
L'enfermement forcé au couvent peut nous apparaître totalement exagéré au 21è, il n'en était rien sous l'Ancien Régime. Les cadets, filles et garçons, de famille noble étaient promis aux ordres, puisque seuls les ainés comptaient pour la continuité du nom et du titre et pour les alliances maritales, les autres étaient sacrifiés ni plus ni moins.
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Après l'excellent ouvrage de Sophie Chaveau « Diderot, le génie débraillé » que je vous conseille, j'ai eu envie de tester un ouvrage de Diderot...... et devant toutes les possibilités j'avoue que mon choix s'est fait naturellement vers « la religieuse » qui se nomme Suzanne Simonin dans le livre.
Diderot a eu deux bonnes raisons d'écrire ce livre, et il me semble que c'est important de le savoir :
* la première raison est personnelle . En effet, la soeur de Diderot a été enfermée dans un couvent sur décision de ses parents et elle en est devenue folle à en mourir. Diderot ne s'en remettra jamais complètement ...
* la deuxième raison est un fait divers : Une religieuse, Marguerite Delamarre, avait fait appel à la justice pour demander de sortir d'un cloître dans lequel ses parents l'avaient enfermée. En effet, il s'avère qu'elle est un enfant illégitime et que celui qu'elle croit être son père ne l'est pas. Sa mère, lui demande alors d'aller dans un couvent pour expier ses fautes à elle !

Tout d'abord, j'avoue que je ne savais pas si j'allais réussir à lire Diderot, j'avais peur de quoi ? que cela soit trop compliqué, que la langue de cette époque ne soit pas compréhensible, que les thèmes ne me concernent pas et j'en passe … et j'avoue avoir été agréablement surprise autant sur le texte très accessible que sur le style très agréable en enfin, j'ai été bluffé par les thèmes évoqués dans ce livre.
Les thèmes sont nombreux et pour certains toujours d'actualité. Je n'en cite que quelques uns : la religion, l'argent, la vie dans les couvents, les sacrifices des femmes mais aussi des hommes enfermés ou séquestrés à vie, et enfin peut-être le plus important le droit de chacun à disposer de sa liberté.

Ce texte est percutant et actuel. Diderot a pris des libertés que ce soit dans les expressions utilisées ou dans les thèmes dénoncés. J'ai trouvé ce petit livre drôlement contemporain car certains passages auraient pu être écrits aujourd'hui.

A lire ? Oui, trois fois oui ! Une très belle découverte que je ne fais que maintenant … il n'est jamais trop tard !
Lien : https://ideeslivres.jimdo.co..
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Le thème de la condition des hommes et des femmes vivant dans les couvents ou les monastères a été abordé par tant d'auteurs ! Il a donné lieu aux récits les plus crus, les plus durs, les plus beaux, les plus atroces et les plus idéalisés. Parfois vrais, parfois fictionnels, voulant dénoncer ou louer le sort de vies hors le monde.

Diderot écrivit cet unique roman de son immense carrière littéraire pendant plus de 20 ans. Il inventa un genre littéraire inédit : le « mentir vrai ». Car la fiction qu'il nous propose est imaginaire mais tirée de faits sans doute réels et sans doute inspirés par la vie de sa propre soeur devenue moniale, comme l'héroïne de la Religieuse. Cet ouvrage paraîtra après sa mort.

Le texte est âpre et terrible. Fort bien écrit et ne peut être très éloigné d'une sombre réalité.

C'est évidemment un réquisitoire sans appel contre ce système religieux qui « incarcère » sans vergogne des milliers de jeunes femmes qui n'ont rien choisi et qui se retrouvent prisonnières à vie de hauts murs et de « supérieures » qui seront autant de geôles sordides et de geôlières inhumaines.

Inutile d'être grand clerc pour imaginer toutes les dérives qui peuvent naître de telles destinées. Diderot nous décrit tour à tour le champ des possibles : ascétisme forcené, folie, lesbianisme forcé, mysticisme, suicides…

L'athée revendiqué que fut Diderot ne mache pas ses mots ni sa colère. Ce livre est donc un brulot sans appel. Il sera rejoint des siècles plus tard par le livre de Yannick Grannec, « Les simples », et dans un registre totalement opposé dans le merveilleux « Dialogue des Carmélites » de Bernanos.

S'il fallait une morale à ce roman, elle serait simple : jamais il ne faut donner un pouvoir à qui que ce soit sans veiller à mettre en place des contre-pouvoirs. Contemporain de Diderot, Montesquieu théorisera la chose avec une clairvoyance indiscutable. Ils en ont sans doute parlé ensemble de nombreuses fois !

A lire pour celles et ceux que cette problématique si importante encore au XVIIIe siècle intéresse…
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Je suis un jour tombé au hasard sur ce roman en me promenant dans les rayonnages d'un magasin, j'ai lu la 4eme de couverture et j'ai été conquise par celle-ci. La lecture ne m'a pas déçu, j'ai adoré, un classique qui se lis très bien. On y voie la vie de cette femme au couvent qui n'est pas aussi rose que l'on pourrait le croire.
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Je ne connaissais pas Diderot. Je croyais qu'il avait fait une encyclopédie et que vu le travail que ça avait du demander qu'il n'avait sans doute rien pu écrire d'autre. ^__-

Que cela fait du bien de lire un écrivain de talent. Et je n'ai moi même pas assez de talent pour exprimer le bonheur que j'éprouve à lire chaque ligne d'un tel auteur. Hormis l'histoire ce sont chaque phrase que l'on lit comme on dégusterait lentement un bon cocktail ou le plus savoureux des mets, tellement les mots sont bien choisis pour nous communiquer toute l'émotion,la justesse des pensées, des sentiments, relater les faits ou encore nous décrire les lieux, les ambiances et bien sur les personnages. Une richesse qui plus est n'est pas pompeuse...

Le plaisir de lire c'est bien cela !

Il y a des auteurs qui partent pourtant d'une bonne idée et qui, parce qu'ils ne maitrisent pas tout l'art d'écrire et la magie du vocabulaire, réalise un ouvrage médiocre et il y a ceux qui grâce à un talent divin (?) sont capables de tout raconter. Quand bien même l'histoire serait des plus simples, il resterait le plaisir de la langue... le talent.

Et pour ne rien gâcher l'histoire de cette petite religieuse cloitrée de force qui va subir de ses paires les pires humiliations et sévices est juste passionnante, un rien de sulfureuse, scandaleuse, saisissante, poignante. le gout amer que nous laisse ce roman est celui des hommes qui depuis toujours abiment, salissent, déforment, l'unique message de paix et d'amour de dieu (s'il existe ;). La dépravation et la férocité de l'église face à la pureté véritable de l'âme et du coeur de cette petite Suzanne.

Mon seul bémol est que j'aurais voulu savoir ce qu'allait devenir Suzanne ou Marie. Je suis presque inquiète pour elle lol


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