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sur 1278 notes
Durtal, le personnage récurrent des romans de Joris-Karl Huysmans interroge dans « En Route » son ami l'abbé Gévresin : « Je présume que des histoires dans le genre de celles que Diderot raconte dans ce sot volume qu'est « La Religieuse » sont inexactes ? »
L'abbé tentera, à la veille du séjour au couvent de Durtal, de le rassurer. Pourtant plusieurs historiens depuis ont démontré qu'en effet, l'acharnement sadique sur une pauvre fille qui n'a jamais désiré prononcer ses voeux exista bel et bien dans les cloîtres.

L'histoire déchirante de Suzanne Simonin est donc tout à fait plausible et par le talent de Denis Diderot prend tous les accents de la vérité.

Au-delà de sa terrible charge contre la claustration religieuse, on sait tout l'attachement de Diderot à lever tant de souffrances et d'injustices, à défendre la liberté individuelle contre la tyrannie des institutions. Sa soeur est morte dans un couvent atteinte de folie mais elle y entra de son plein gré, une autre religieuse Marguerite Delamare suscita le scandale en demandant par fait de justice la révocation de ses voeux et lui-même ne fut-il pas abbé, enfermé par son père dans un monastère, emprisonné ?

Cependant Diderot se prêta à un jeu cruel et même sadique envers son ami le marquis de Croismare en lui adressant un appel à l'aide d'une religieuse imaginaire pour lui faire quitter sa Normandie. Ce sont ces fausses missives qui susciteront la rédaction du roman. Que penser alors de l'engagement de Diderot sur ce qui ne démarra que comme un vilain jeu ?
Il est fort probable que la pauvre mort de sa soeur marqua son inconscient et que s'organisa peu à peu dans son esprit la volonté d'une sorte d'action expiatoire. Rejoignant sa passion pour la liberté, son caractère sociable, l'ancien abbé savait au fond de quoi il parlait. Mais beaucoup plus que le procès d'une institution religieuse, je vois dans ce roman celui de tout groupe d'individus placés sous une seule autorité. Car que ce soit dans un couvent, un régiment, sur un navire… Tout groupe isolé du monde se soumet aux mêmes excès et aux mêmes vices.

Ainsi en dehors même du monde religieux ce roman reste-t-il actuel. La beauté classique de son style, la grande sensibilité de Diderot y sont remarquables. A ce titre, les récits des « rapprochements » de la mère supérieure et de Suzanne sont un modèle de pudeur et de suggestion érotique que n'oublièrent pas les adaptateurs de « La Religieuse » à l'écran.
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Ce livre est bouleversant, intriguant et ô combien d actualité.
On sent un narrateur epris de liberté indigné par le sort de cette jeune fille dont on se débarrasse grâce au couvent.
Terrible description de la vie quotidienne dans le couvent et en même temps pas de manichéisme. On peut rencontrer des etres compréhensifs dans ce milieu mais aussi une supérieure qui fait des souffrances des autres son sacerdoce. La simple question du livre est tout simplement la liberté. Diderot arrive à merveille à se glisser dans la peau de cette jeune fille et offre sa puissance des mots pour servir la révolte.
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La religieuse est l'histoire de Suzanne Simonin, forcée de rentrer dans un couvent par ses parents. le texte est particulier, c'est une lettre qu'elle écrit au marquis de Croismare auprès duquel elle implore de l'aide. Dans ce courrier, elle témoigne, explique sa vie, la manière dont on l'a forcée à entrer dans les ordres, la raison de cet enfermement et sa bataille pour en sortir allant jusqu'au procès.
Elle décrit un monde clos où règne harcèlements, punitions et tortures. Lors de son transfert dans le troisième couvent, elle vit dans l'incompréhension de l'amour de sa mère supérieure, un amour interdit, qu'elle ne comprend pas par naïveté et incompétence des plaisirs de la vie.
Petit à petit, elle relate ses moments d'horreur à ceux du vice, sa vie n'est que perdition.

Denis Diderot avec ce texte, publié à titre posthume, dénonce l'aliénation que provoque l'enferment dans la religion d'un individu contre son gré. Il fait le portrait d'une institution perverse et inadaptée. Un écrit superbe sur une vie gâchée, un procès à la contrainte et aux souffrances que provoque l'impossibilité de choisir librement son chemin de vie.

Surprise par le propos, je m'attendais à une histoire un peu ennuyeuse de la vie d'un couvent au 18e. Un texte riche que je pris plaisir à lire.
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Seconde lecture pour moi de cette oeuvre que je juge magistrale, et encore une fois dans le cadre de cours.
J'ai redécouvert complètement l'histoire de Suzanne, avec moins de naïveté qu'il y a quatre ans. J'ai été touchée, emportée, comme la première fois par l'histoire de cette jeune femme naïve, innocente, trop innocente, qui se trouve enfermée et forcée de prendre le voile contre son gré. La forme des mémoires, adoptée par Diderot, permet de briser l'éloignement entre lecteur et narrateur. Nous sommes forcés de plonger dans la psyché d'une jeune personne ayant souffert, et restant parfois naïve face aux caresses qu'on lui a imposé.
L'auteur dépeint les couvents comme des lieux où la perversité grandit, où elle fait son oeuvre. Satan semble posséder les coeurs, pousser au vice, à la luxure. A travers de petites attentions, de doux baisers, nous sommes comme Suzanne à la merci de Supérieures qui abusent de leur autorité.
La violence des traitements, la haine de ces femmes entre elles, pousse quiconque à frisonner. La jeune religieuse n'est pas possédée, mais elle devient victime d'une folie commune. On adore son doux visage, ses tendres manières, mais on la haït dès qu'elle devient l'outil permettant de relâcher toute la pression accumulée. Suzanne devient victime d'une vie qu'on lui impose, qu'on force sur ses épaules. Elle conserve sa foi, mais n'est plus libre de la vivre comme elle le désire.
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Ecrit en 1760 et terminé 20 ans plus tard, ce roman anticlérical féroce, est à l'image de l'athéisme dont a fait preuve toute sa vie Denis Diderot. Rédigée sous la forme de mémoires à la première personne, La Religieuse est en fait un subterfuge destiné à faire revenir à Paris le marquis de Croismare. Ce n'est qu'une plaisanterie mais cela permet à Diderot d'égratigner et faire le procès des institutions religieuses. Ce livre traine derrière lui depuis sa parution il y a plus de deux siècles une réputation sulfureuse que je ne comprends pas. Anticlérical, il sert bien évidemment la cause de l'athéisme mais il prône surtout la liberté individuelle, en particulier pour les femmes. Diderot n'était pas un féministe à proprement parler mais il aimait les femmes indépendantes et instruites comme Madame d'Epinay qui tenait salon et était l'auteur de mémoires très intéressants sur la vie littéraire de cette époque ou Sophie Volland (par ailleurs sa maitresse attitrée) qui était une grande épistolière. Mais je digresse encore, ce billet va durer des heures si ça continue, revenons à notre religieuse.
Suzanne Simonie prend la plume pour narrer au bon marquis de Croismare ses nombreuses mésaventures afin qu'il lui vienne en aide. Née d'une liaison adultère de sa mère, ses parents décident de condamner leur fille au couvent et exigent qu'elle devienne novice. Condamnation, le mot est peut être un peu fort, mais c'est pourtant le cas : spoliée de sa dot, elle séjourne dans trois couvents successifs, contre sa volonté, car la jeune fille ne veut pas prendre le voile, elle va le scander tout au long du récit et demandera même l'arbitrage de la loi pour rompre ses voeux, en vain. La première supérieure est cupide, la deuxième est ascétique, la troisième est débauchée. Elle est tour à tour choyée ou honnie tout au long du roman. La littérature érotique des 1è et 18è siècle est d'ailleurs emplie de religieuses et de moines particulièrement licencieux, faisant courir le bruit que les couvents et les ordres religieux abritent de fameux pornographes.
L'enfermement forcé au couvent peut nous apparaître totalement exagéré au 21è, il n'en était rien sous l'Ancien Régime. Les cadets, filles et garçons, de famille noble étaient promis aux ordres, puisque seuls les ainés comptaient pour la continuité du nom et du titre et pour les alliances maritales, les autres étaient sacrifiés ni plus ni moins.
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Après Chroniques italiennesDe Stendhal, j'ai voulu lire La Religieuse de Denis Diderot. J'avoue que j'étais un peu effrayée par l'auteur, j'avais peur que ce soit trop philosophique. Pas du tout. La Religieuse se lit très bien.
Sur le fond en revanche, j'aurai préféré savoir avant de le commencer que cet ouvrage est inachevé.
L'héroïne écrit à M. le marquis de Croismare en espérant le décider à l'aider à changer son sort. Lorsque le livre se termine, la lettre est-elle achevée ?
En toute hypothèse, on ne connaitra pas la réponse éventuelle du marquis de Croismare, ni la suite de l'histoire.
Un volontaire pour l'écrire ?
Cet ouvrage anticlérical par excellence, ressemble plus à un témoignage qu'à un roman.
Entre des sévices physiques et moraux dans la première partie et des attouchements sexuels non désirés dans la deuxième, le message est passé, les jeunes filles doivent absolument fuirent les couvents.
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Après l'excellent ouvrage de Sophie Chaveau « Diderot, le génie débraillé » que je vous conseille, j'ai eu envie de tester un ouvrage de Diderot...... et devant toutes les possibilités j'avoue que mon choix s'est fait naturellement vers « la religieuse » qui se nomme Suzanne Simonin dans le livre.
Diderot a eu deux bonnes raisons d'écrire ce livre, et il me semble que c'est important de le savoir :
* la première raison est personnelle . En effet, la soeur de Diderot a été enfermée dans un couvent sur décision de ses parents et elle en est devenue folle à en mourir. Diderot ne s'en remettra jamais complètement ...
* la deuxième raison est un fait divers : Une religieuse, Marguerite Delamarre, avait fait appel à la justice pour demander de sortir d'un cloître dans lequel ses parents l'avaient enfermée. En effet, il s'avère qu'elle est un enfant illégitime et que celui qu'elle croit être son père ne l'est pas. Sa mère, lui demande alors d'aller dans un couvent pour expier ses fautes à elle !

Tout d'abord, j'avoue que je ne savais pas si j'allais réussir à lire Diderot, j'avais peur de quoi ? que cela soit trop compliqué, que la langue de cette époque ne soit pas compréhensible, que les thèmes ne me concernent pas et j'en passe … et j'avoue avoir été agréablement surprise autant sur le texte très accessible que sur le style très agréable en enfin, j'ai été bluffé par les thèmes évoqués dans ce livre.
Les thèmes sont nombreux et pour certains toujours d'actualité. Je n'en cite que quelques uns : la religion, l'argent, la vie dans les couvents, les sacrifices des femmes mais aussi des hommes enfermés ou séquestrés à vie, et enfin peut-être le plus important le droit de chacun à disposer de sa liberté.

Ce texte est percutant et actuel. Diderot a pris des libertés que ce soit dans les expressions utilisées ou dans les thèmes dénoncés. J'ai trouvé ce petit livre drôlement contemporain car certains passages auraient pu être écrits aujourd'hui.

A lire ? Oui, trois fois oui ! Une très belle découverte que je ne fais que maintenant … il n'est jamais trop tard !
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Suzanne, fille illégitime mal aimée est envoyé au couvent afin que ses parents puisse doter à son insu ses deux soeurs aînée. Suzanne n'a rien contre me fait de passer quelques années au couvent mais s'oppose à devenir religieuse et prononcer ses voeux ce qu'elle sera contraint de faire toutefois.
Diderot nous raconte donc ici la vie de cette jeune femme sous la forme d'un mémoire qu'elle écrit a un possible protecteur.
L'écriture est fluide. C'est la premiere fois que ke lis Diderot et J'ai été agréablement surprise par le fait que ça se lise facilement. Suzanne, apres les remises en questions familiales connaît le sadisme, la perversité, l'hystérie tout ça dans un huis clos où aucun échappatoire n'est possible.
Véritable critique de l'institution du couvent par l'auteur cela a été une lecture agréable après c'est pas non plus le livre le plus passionnant que j'ai eu entre les mains ces dernières semaines.
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C'est une histoire bien triste que je vous présente ici et même si ce n'est qu'une fiction de la part de l'auteur, j'imagine sans peine que certaines femmes, dans d'autres époques plus reculées que la nôtre, ont subi ces tourments.
La vie religieuse est une vocation, et si elle ne l'est pas, c'est une prison où l'on reste inéluctablement. Ici, Suzanne, parce qu'elle doit expier la faute de sa mère adultère, se voit contrainte d'intégrer un couvent. Mais l'expérience tourne vite au cauchemar : dans le premier couvent, elle sera aux mains d'une soeur despotique et violente, qui lui mènera la vie dure tant et si bien qu'elle essayera à tout prix de se défaire de ses voeux perpétuels. Son changement de lieu d'affectation, loin de lui apporter du répit, ne fera que la rendre plus malheureuse car la mère supérieure n'hésitera pas à séduire notre héroïne et va même l'entraîner dans des situations intimes embarrassantes.
L'auteur ici nous offre un violent réquisitoire contre la vie dans les couvents et dénonce les abus qui pouvaient exister dans certains de ces lieux (violences, harcèlement sexuel, tortures, pression de la part de l'entourage etc.). Pour Diderot, rester cloîtrée entre quatre murs est contraire à la nature humaine, et loin d'éloigner les vices, elle ne fait que les exacerber.
Je n'entrerai pas dans la polémique de la religion, et si certaines parties de l'histoire m'ont paru exagérés, elles sont là pour servir l'intérêt de l'auteur avant tout, c'est-à-dire défendre la liberté individuelle, le libre arbitre et le droit de disposer de son corps et de sa vie comme on l'entend.
Le style d'écriture est riche, même s'il m'a paru désuet à certains moments, ce qui est normal vu que ce récit a été écrit au XVIIIème siècle. Il y a de belles descriptions et l'auteur a su rendre avec beaucoup de réalisme et de sensibilité les états d'âme d'une jeune femme.
C'est du « classique pur » donc pour les non-initiés, il faut s'accrocher un peu pour le lire.
Le mot de la fin ? C'est une histoire triste donc, mieux vaut l'éviter si vous avez le blues. La fin m'a semblé inachevée et chacun choisira ce qu'il souhaite pour l'avenir sombre de Suzanne.
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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"La Religieuse" est une oeuvre choc pour la société du XVIIIème siècle.
Pour faire revenir à Paris un ami parti finir ses jours loin de la capitale, Diderot emprunte à une vraie religieuse le scandale de son appel à l'aide et concocte un récit suceptible de toucher le Marquis de Croismare.
Mais très vite il se prend au jeu, et avec passion il achève une oeuvre polémique, pamphlétaire et dénonciatrice sur la claustration au nom de la religion. Sans doute pense-t-il, en écrivant, à sa propre soeur, dont la santé mentale fut enterrée dans un couvent.
Suzanne est une fille illégitime, placée en couvent afin d'expier le péché de sa mère à sa place ; mais cette voie n'est assurément pas la sienne. Cette vie privée de la société des autres hommes déshumanise et dénaturalise ses victimes. La tyranie, la violence, l'impudeur. Suzanne est, dans un premier temps, victime des ses consoeurs, puis favorite d'une Mère Supérieure. Mais où qu'on la place, elle ne trouve que la folie.
Ce récit est percutant. Suzanne, pantin sous la plume de Diderot, se veut libre, et se fait la porte-parole révélatrice de l'injustice de la claustration, une faute sociale grave et génératrice de déshumanisation.
Un être humain n'est pas fait pour être enfermé. Il a besoin de la société de ses semblables, dans un rapport libre , sans clôture. Enfermer une jeune personne parce qu'on la considère comme une gêne est un crime.
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