L'Invention d'Adélaïde Fouchon

Premier roman de cet auteur belge, avec une histoire comme on en entend beaucoup depuis que les langues se délient.
L'héroïne raconte en parallèle son enfance et son adolescence puis sa vie de jeune femme avec sa vie actuelle de mère de famille maman de deux garçons.
Une enfance parsemée de choses difficiles a influé sur sa vie d'adulte, elle raconte comment, ce n'est pas inintéressant même si cela manque d'originalité, et en plus, c'est bien écrit.

Un appel : "Ton papa est mort."
Quand Adélaïde apprend la mort d'un de ses deux papas, c'est son passé qui lui saute au visage, la différence qu'elle a portée enfant, quand elle n'aspirait qu'à une vie normale.
Car c'est quand même bien plus pratique pour être acceptée d'avoir un cocon familial qui rassure les autres non ? Alors une maman, deux papas, tout ce beau monde dans le même lit, ça ne fait pas très bonne impression.
Adélaïde, le petit clown triste, va s'inventer, se réinventer, se perdre et peut-être, un jour, se retrouver. Adélaïde dérive, interroge sa peine, sa douleur, sa souffrance.
Adélaïde convoque les souvenirs de son enfance, de ce père qu'elle a "adoré, détesté, aimé, fui, retrouvé, tué, ressuscité."
La voix de cette petite fille, adolescente, jeune femme et enfin femme, nous parvient au moyen d'une très belle écriture, puissante. Un chapitre se lit dans un souffle, c'est à fleur de peau, c'est brut, c'est prenant.
Les accumulations d'adjectifs au détour d'une phrase renforcent l'intensité de la douleur, de la confusion des émotions. Il y a un souffle dans ce texte qui prend aux tripes.
C'est beau, c'est bien écrit, c'est fort ; on voudrait serrer Adélaïde dans nos bras, lui dire C'est bon, tu es protégée, tu peux arrêter de te cacher, tu es arrivée, tu peux te reposer.

Adélaïde est une enfant enjouée et espiègle. Elle devient une adulte tourmentée et en retrait. Quand elle apprend la mort d'un de ses deux papas, les souvenirs remontent à la surface et elle perd pieds. Elle a grandi avec un mère, deux papas, un frère et un chat. Très vite elle a vu dans le regard des autres que cela dérange. Alors elle cherche à s'inventer une autre identité, à attirer l'attention sur elle plutôt que sur sa famille.

Le récit alterne entre les souvenirs d'enfance d'Adélaïde et son présent. le décalage entre les deux époques se ressent dans le style d'écriture tout comme dans la manière dont Adélaïde se voit. L'Adélaïde enfant est pétillante et plusieurs fois sa spontanéité et son décalage m'ont fait rire. L'Adélaïde adulte et plus effacée, plus triste aussi. Elle regarde sa vie avec lucidité et cruauté. Elle sait ses failles et ses mensonges.

Natacha Diem questionne l'amour au sens large. Elle nous parle de l'amour conjugal et maternel dans toute leur complexité. Sur le trio parental, elle reste pudique, ne dit que l'essentiel. Adélaïde enfant a manqué d'attention et cherchait les bras de sa mère très souvent. Elle raconte la difficulté de voir ses parents pleurer, souffrir ou refaire leur vie. Elle met les mots sur ces sentiments parfois si ambivalents que l'on peut avoir envers ses parents. Un amour fou enfant qui, à l'épreuve du temps, parfois se change en rejet. Grandir c'est aussi devenir lucide sur ceux qui nous ont élevé. On voit alors leurs manquements et leurs erreurs. Devenue adulte, elle s'interroge sur ses sentiments pour son mari. Parents de deux enfants, la flamme des débuts est partie. Il reste les habitudes, une forme de lassitude, mais l'amour toujours. Elle décrit avec une délicatesse parfois piquante la réalité d'un couple ensemble depuis si longtemps. J'ai trouvé ça d'une justesse assez salvatrice. Loin des clichés des histoires d'amour, c'est la réalité brute et sans tabous qui est décrite.

L'autre thème qui traverse le roman est celui de l'identité. Comment se construire dans une famille aussi atypique ? Peut-on éternellement endosser des costumes pour cacher le vrai soi ? Comment assumer sa différence ? Toutes ces questions traversent l'adolescence d'Adélaïde qui n'a de cesse de se réinventer. La question du poids de l'enfance sur la construction de l'adulte est aussi exploré. Il y a peu de place pour ceux qui ne savent pas entrer dans le moule, cela Adélaïde s'en rend bien compte.

Natacha Diem sait manier l'humour et l'émotion avec subtilité. Son écriture se fait changeante suivant les époques de la vie de son héroïne. Elle nous place au plus prés des émotions qui la traverse. J'ai trouvé ce texte intelligents et distrayant en même temps. J'ai ri, j'ai été ému, c'était parfait ! Un livre très original que je vous invite à découvrir.
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« Natacha Diem » nous propose ici un roman original, puissant dans ses sentiments et qui donnent à réflexion sur la vie, sur le fait de vieillir, sur la famille, sur l'amour, sur l'enfance, sur les sentiments divers et variés de la vie qui ici se déroulent tout d'abord enfant d'une famille avec une maman et deux papas, puis adulte prise dans le questionnement des sentiments amoureux, de l'avenir, des doutes et autres difficultés liées à son enfance particulière.

La première chose que je me suis dis après quelques chapitres c'est : « Que ce livre est drôle et triste à la fois ».
L'écriture est limpide, raffinée et pleine d'humour malgré la dureté de l'histoire, les moments d'enfance et d'adulte se mélangent parmi les pages mais on ne se perd pas et tout se déroule simplement.
J'ai passé un moment super agréable, moi qui aime rire et qui aime également les récits mélancoliques.

Je conseille ce roman à tout le monde, si vous souhaitez passer un bon moment, original et doté d'une belle écriture.
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•IRRÉVÉRENCIEUSE ADELAIDE•
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🦊 Elle vient de perdre son père. Son passé ressurgit, son présent tremble, son avenir s'ouvre à nouveau. Adélaide Fouchon regorge d'imagination et de folie, Natacha Diem vit surement à travers elle ses souvenirs enfouis qui ne sont jamais aussi précis que la dure réalité. Alternant le passé de sa petite enfance et le présent en tant que femme, Adélaide transpire la candeur à la première personne. Rares sont les romans qui utilisent les enfants comme vecteur narratif, encore plus rares ceux qui le réussissent. Avec humour, irrévérence et insolence, Natacha Diem détrône tous les stéréotypes et les clichés sur la place publique. Entre Jean-Louis Fournier et Fabcaro, son humour grinçant pique à vif, ne prend aucun gant. L'usage de parenthèses qui viennent ponctuer une chute, permet une seconde lame pour un autre éclat de rire. Parce qu'avec son hamster bien nommé Éluard et ses deux papas, Adélaïde savait que la vie n'allait pas être un long fleuve tranquille. Adélaïde pétille, son discours en tant qu'enfant résonne fortement, et vous rappellera avec tendresse vos souvenirs incandescents•••
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🦊 Natacha Diem écrit avec sa folie intérieure, un roman extrêmement rythmé, aux phrases vives. L'alibi de son frère pour envoyer des secousses humoristiques devient savoureux. Quand elle devient adulte, l'innocence s'arrête, la complexité aussi. le décalage en alternance entre les deux époques est frappant, elle excelle dans plusieurs domaines en réussissant à faire rire tout en étant d'une douceur infinie. Papa un et papa deux, et Maman. Un triptyque qui ne prend pas toute la place, Natacha parsème des indices ici ou là pour garder une part de mystère dans la trame. Mais ce n'est pas tout, car au détour de l'humour, elle insuffle de vrais messages sans retenue, sans complaisance aucune. Natacha Diem pique les situations classiques en claquant la tiédeur de ce monde. Un roman qui bouscule, touchant, drôle, percutant et qui ne laisse pas indifférent•••
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