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sur 1654 notes
Ça y est, nous y sommes presque !
Le week-end noir de Fison Futé, le grand chassé-croisé estival approche.
Bientôt nous serons des milliers à prendre le volant, et presque autant à faire des haltes sur les aires de repos. Certains rouleront de nuit, certains dans les Ardennes, certains peut-être s'arrêteront même dans la station-service tenue par Juliette et Sébastien. À ceux-là je conseille d'ouvrir l'oeil : si l'on en croit Adeline Dieudonné, il s'en passe de belles ici !

La romancière belge orchestre en effet nuitamment, sur cette aire d'autoroute, le télescopage de quatorze personnages complètement improbables, chargés de névroses, d'angoisses et de vices, qui pour la plupart ne se connaissent pas et auxquels on peut ajouter, si l'on cherche l'exhaustivité, un cheval dans son van et un cadavre encore chaud dans le coffre d'un hummer aux vitres teintées.
Oh le curieux panel que voilà !

Douze de ces voyageurs nocturnes ont une histoire à raconter, et nous proposent pour ce faire douze chapitres noirs, parfois sanglants, toujours intenses et plutôt trash, aux allures de nouvelles nerveuses et singulières, quasi indépendantes les unes des autres.
Grâce à la plume alerte d'Adeline Dieudonné, le tout se lit avec facilité et sans déplaisir, mais quelques situations aussi farfelues que dérangeantes (sur lesquelles je ne m'étendrai pas pour ménager l'effet de surprise) et quelques personnages carrément tordus (idem), provoque inévitablement sur le lecteur un vague sentiment de malaise…
Solitudes, misères affectives et sexuelles, vieilles fêlures intimes jamais cicatrisées, problèmes familiaux en tous genres : chacun des protagonistes porte sur la route un lourd bagage, et chacun semble s'être retrouvé là par un funeste hasard, comme échoué sur la bande d'arrêt d'urgence de sa vie. Dommage que l'auteur se soit contentée de juxtaposer ces douze portraits sans chercher à établir de liens entre eux, sans créer de véritable interaction entre ses personnages, sans conclure son roman (si c'en est un ?) sur le final espéré, celui qui aurait tout justifié et conféré au texte une plus grande unité.
Si l'idée de faire se croiser, en un lieu de passage propice aux rencontres les plus inattendues, des personnages éclectiques aux trajectoires diverses, Adeline Dieudonné n'explique jamais pourquoi elle a tenu à réunir cette poignée d'âmes à la dérive en ce carrefour précis du temps et de l'espace.
Dans un genre très (TRÈS !) similaire, j'avais trouvé le roman "Aires", signé de l'excellent Marcus Malte, beaucoup plus abouti.

J'ai néanmoins passé un bon moment avec ce roman plutôt décoiffant (dont le titre et sa faute d'orthographe restent pour moi assez énigmatiques) qui m'incitera peut-être, à l'occasion d'un prochain arrêt sur une aire d'autoroute, à porter discrètement un regard nouveau sur mes compagnons de voyage !
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Pas convaincue par cet enchaînement de portraits, que j'espérais voir se transformer en bouquet final. La dernière page fait simplement flop.
Si les idées trash ne manquent pas, je les ai trouvées bien souvent tirées par les cheveux.
J'avais adoré La vraie vie, je vais donc me laisser tenter par son dernier roman, Reste.
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Après avoir adoré son premier roman « La vraie vie » et son dernier « Reste », je n'avais qu'une hâte, lire « Kérozène ». Je dois dire que je suis partie totalement à l'aventure, sans lire, ni la quatrième de couverture, ni aucune critique.

Ce roman se présente sous la forme de courts récits juxtaposés qui forment dans la toute dernière page un ensemble.

*
L'histoire se déroule une nuit d'été, dans les Ardennes.
Sans compter un cheval et un cadavre, ils sont douze à se trouver au même moment dans une station-service, le long d'une autoroute.

Il est 23h12, il fait encore chaud. Et tout va basculer d'un instant à l'autre.

*
J'aime beaucoup l'écriture franche d'Adeline Dieudonné : elle est mordante et agressive, acerbe et cruelle, colorée et vive, fragile mais assez crue aussi. Comme dans « Reste », l'autrice a réussi à rendre le récit intrigant et addictif par un incipit dynamique surprenant. J'ai aussi ressenti une froideur dans l'écriture compensée par un humour ironique, une mise à distance qui m'a paru nécessaire au regard des souvenirs douloureux évoqués, parce qu'il faut bien avouer que certaines scènes sont un peu brutales, voire « trash ».
Ses descriptions sont précises, les mots font mouche et en seulement quelques pages, l'autrice dresse des portraits très différents, vivants, réalistes ou totalement déjantés. Chaque histoire est souvent déroutante, sombre et triste, parfois absurde et un peu forcée, mais elles ne sont pas dénuées d'un humour noir grinçant qui m'a beaucoup plu.

« Elle se voyait comme un animal évoluant dans un écosystème soumis à la loi du plus fort. Les gagnants, les perdants. C'était simple à comprendre. Même un gosse de quatre ans était capable de palper cette réalité : tu bosses, tu survis, tu bosses pas, tu crèves. La sélection naturelle, les plus forts s'en sortent, tant pis pour les autres. C'est la loi de la nature. Limpide, nette et implacable. C'est si simple à comprendre. »

Chaque chapitre introduit un des personnages présents au moment où tout bascule. Certains protagonistes ont des attaches et sont liés, d'autres sont des inconnus, des gens de passage. Pourtant, l'autrice tisse avec finesse des liens entre eux sans qu'ils ne s'en rendent compte. Ces attaches sont ténues mais leurs destins sont imbriqués.
A tour de rôle, de manière fugace mais détaillée, on entre dans leur vie personnelle, leur intimité, et on découvre les évènements qui les ont conduits à se retrouver dans cette station-service au moment du drame. Si certains nous apparaissent sympathiques, touchants, abimés par la vie, d'autres apparaissent plutôt égoïstes, décalés, excentriques, sans filtre, vulgaires, voire dérangés.
L'autrice a réussi à m'emporter dans chacune d'entre elles, en croquant ses personnages avec dureté, espièglerie, humanité ou tendresse.

Ainsi, « Kérozène » est une véritable mosaïque de voix, de personnalités, des pensées, de souvenirs qui amène un flot d'images, de sensations, d'émotions, d'horreur.

« Je crois qu'elle s'était prise d'affection pour moi. Au moment de payer, elle disait toujours à ma patronne : « Vous avez de la chance de l'avoir, c'est une gentille fille, bien propre. » Je me sentais comme un épagneul breton qu'on caresse entre les oreilles. »

Même si ces histoires qui s'ajoutent les unes aux autres composent au final un tableau visuel global, je me suis tout de même demandée à plusieurs reprises où m'emmenait l'autrice, comment elle allait raccrocher tous ces récits. En effet, aucun des personnages n'a de rôle central dans les évènements qui se jouent. Ils défilent, se croisent, souvent de manière fortuite.

L'épilogue, très court de moins d'une page, m'a fortement surprise et m'a demandé une relecture moins empressée pour comprendre sa finalité. Elle pourrait se résumer dans la dernière phrase du roman :

« Ici on ne fait que passer. »

*
Avec sensibilité et profondeur, « Kérozène » nous parle du sens de l'existence et de la quête d'identité, de la fragilité de l'enfance et de l'innocence perdue, des relations au sein de la famille et de la violence domestique, de leurs conséquences dévastatrices et de la capacité de résilience face à la brutalité de la vie.

« L'idée de rejoindre Nicolas dans la cuisine la séduisait autant que la perspective d'un tête-à-tête avec un cadavre de phoque en décomposition. »

Il est aussi question de domination dans sa relation avec les autres, mais aussi avec les animaux.
Un chapitre est en effet consacré au cheval Red Apple, il nous est livré de son point de vue. C'est étonnant, déroutant, choquant, touchant, émouvant et j'ai adoré.
Par ailleurs, d'autres animaux sont mis en scène : un cochon, un chien, un loup, un dauphin, l'occasion de montrer la violence que les hommes leur font subir.

*
Pour conclure, Adeline Dieudonné relate des tranches de vie dérangeantes, provocantes, sordides, malsaines et satiriques. La galerie des personnages est incroyable, surréaliste.
Il y a de l'humour, du sexe, de la férocité.
Un roman original, une écriture étonnante qui fuse, une autrice que je continuerai à lire.
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J'ai adoré ce livre.
Le lieu : une station-service d'autoroute une nuit bien chaude.
Les personnages se croisent, chacun avec son histoire :
triste souvent (Alika, Julianne, Red Apple,...),
tendre une fois (Juliette, Sébastien),
barrée (Chelly, la famille gynécologue,....)
choquant (Alika, Victoire),
violent (Chelly encore ! Julianne).

Ça donne un roman nouvelles assez trash et drôle.
Un regard sans complaisance sur notre société
L'écriture est incroyable, c'est fluide, juste. Bravo
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Je termine mes lectures d'Adeline Dieudonné avec Kérozène.

15 inconnus, une station-service, 15 moments de vie. Certains interagissent, d'autres non et en une minute, le destin bascule pour une personne…

C'est sans doute celui qui dans son intrigue m'aura le moins plu même si je reste un très grand fan de cette plume légère qui met les bons mots à la bonne place et traduit de facto si admirablement les émotions des protagonistes…

Du grand art…
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Une station-service, au milieu de la Belgique. Un drame se joue. 14 personnes sont présentes. Prétexte pour nous raconter leurs histoires, toutes tristes à mourir. Des histoires trash, sordides, des histoires de sexe, de drames, de destins broyés… Quelques passages sont horribles à lire. Il faut avoir le coeur bien accroché. Dieudonné n'a pas la plume heureuse, elle est sombre, dure, crue, violente. Et puis, la fin revient au début… où tout a commencé. Une lecture qui me laisse perplexe… Une lecture en demi-teinte. J'ai l'originalité de ce roman, mais au final, qu'en retient-on ? Un sentiment de malaise, pour ma part…
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Une station service sur le bord d'une autoroute en pleine nuit, voici un lieu typique de la mixité de la clientele..
On va retrouver au fil des chapitres une douzaine de personnalités, leur histoire, leur psychologie leur doute et leur travers.
Attention, il n'y a pas de place pour de la normalité dans ce roman. Kérosène, le titre du livre ne vous laissera pas indifférent, il laissera son empreinte tel une odeur de Kérosène sur vos mains.
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Après son premier roman « La Vraie Vie », j'avais hâte de continuer à découvrir l'écriture d'Adeline Dieudonné puis j'avoue que la maison d'édition L'iconoclaste ne m'a jamais déçue alors je n'ai pas hésité à me lancer dans celui-ci !

« Kérosène » est unique, son écriture me fait penser au cinéma de Dupieux. Extravagant mais qui marche remarquablement bien !

Le livre s'ouvre sur une scène dans une station-service, il s'agit plutôt d'une description d'ailleurs.

Puis chaque chapitre est consacré à une personne : à son histoire ou ses traumatismes, sa vie actuelle ou des anecdotes.
Le seul lien entre les chapitres est leur présence dans cette station-service ce jour-là à 23h12. Et c'est vrai qu'une fois qu'on referme ce bouquin on se dit que c'est fou tous ces gens qui se croisent chaque jour dans des lieux aussi communs mais qui ont une vie aussi différente les uns des autres.

Il n'y a pas d'enquête, il n'y a même aucun suspens, pourtant durant toute la lecture, je suis restée scotché. J'avais envie de faire les liens entre les personnages. Et dès que je comprenais qui était qui par rapport à la scène initiale je me disais systématiquement « qu'est ce que c'est brillant » !

Donc tout comme son premier roman, j'ai adoré, la noirceur de ce qu'elle raconte. C'est vraiment une écriture bestiale qui fonctionne complètement.

Ce roman est vraiment original et particulier. Il a réussi à me faire revoir ma vision des dauphins ou des chevaux... Adeline Dieudonné parle de tellement de sujets à travers ces personnages. J'adore !

Juste petite précision à tous les futurs lecteurs, pas mal de sujet durs sont abordés et il reste assez dérangeant psychologiquement.

Maintenant il me tarde de lire son dernier roman paru aussi aux éditions de L'iconoclaste « Reste » !
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Il parait que pour ce livre, ça passe ou ça casse. Pour moi, il est très bien passé. Tout débute dans un station service , dans les Ardennes aux alentours des 23 heures 12 avec une dizaine de personnages atypiques, différents et qui vont s'interconnecter.

Des personnages terrassés par les aléas de la vie, des personnages fracassés, blessés. et un fil rouge avec Monica, une vieille dame de 90 ans.

Leurs récits étaient poignants, haletants ; certains m'ont touchée plus que d'autres. Surtout celui d'Red Appel, le cheval. Adeline Dieudonné mêle dans son style l'humour, un coté noir et grinçant, l'empathie, la tristesse, la violence ... Un mélange détonnant et étonnant qui fonctionne.

Le livre est découpé en chapitres , un pour chaque personnage, ce qui se présente en quelque sorte comme un recueil de nouvelles finalement, malgré la volonté de l'auteur de rassembler tout ça pour en faire un roman. Disons que c'est entre les deux et que la fin m'a un peu laissée aussi sur ma faim et que dès le début, on se doute du dernier chapitre.

Cela étant, c'est un livre que je recommanderais en spécifiant peut-être qu'il se place plus du côté "nouvelles" que roman proprement dit. A partir de ce moment-là, on ne peut que l'apprécier.

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Adeline Dieudonné nous offre un second roman à la hauteur du premier.

Douze personnes, un cheval et un cadavre sont réunis un soir d'été dans une station service. L'occasion pour l'auteur de nous présenter leur destin, tous différents les uns des autres mais qui pourtant les aura mené au même endroit, au même moment.

Un roman coup de poing, que vous lirez d'une traite.
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