J'ai tendance à me méfier des suites quand elles n'ont pas été prévues dès le départ. Je gardais toutefois un assez bon souvenir du premier tome,
Pilleurs de rêves, pour être suffisamment tentée de me lancer dans
Chasseurs d'étoiles. Eh bien, la lecture en valait la peine, et malgré quelques défauts, je crois même l'avoir trouvée un cran au-dessus de la précédente.
On est ici dans la pure dystopie/post-apocalypse : dans un monde ravagé par la crise climatique et la pollution, les gens ont biologiquement perdu la capacité de rêver. À l'exception, notable, des Autochtones. le gouvernement canadien les traque dès lors sans pitié afin de les dépouiller de la moelle de leurs os, seul expédient connu pour retrouver temporairement quelques simulacres de rêves.
Pilleurs de rêves était entièrement raconté à la 1e personne du point de vue d'un adolescent autochtone, Frenchie, qui se retrouve sans famille et rejoint une communauté d'autres fuyard·es. J'avais bien aimé malgré une certaines prépondérance de tropes young adult avec lesquels j'ai beaucoup de difficultés (au point que je m'étais montrée plutôt sévère dans ma critique de l'époque; sans doute serais-je plus mesurée si je l'écrivais aujourd'hui).
Chasseurs d'étoiles démarre peu de temps après la fin du roman précédent. Frenchie, capturé, est envoyé dans un pensionnat autochtone d'où il cherche à s'évader à tout prix… mais si ce prix est de passer, en partie, du côté des bourreaux? En parallèle, on suit un certain nombre d'autres points de vue (à la 3e personne ceux-là) pour montrer la quête de sauvetage de Frenchie depuis l'extérieur, ainsi que les nouveaux obstacles auxquels la communauté se retrouve confrontée (et sa façon d'y répondre). Cela donne à la lecture un côté bien rythmé, quoique l'ensemble puisse paraître plus décousu – je pense notamment à la dernière partie qui s'en va dans une direction imprévue, ainsi qu'à certains enchaînements d'événements un peu « faciles ». le ton young adult est toutefois beaucoup moins marqué que dans le premier tome – ce qui, pour ma part, représente un atout.
Thématiquement par contre, c'est toujours aussi solide, et l'autrice démontre qu'elle a encore des choses à dire sur le sujet. Autant le premier tome était vraiment axé sur la fuite elle-même et pouvait presque paraître manichéen, autant celui-ci aborde, de manière fine et bouleversante, la notion de résistance et des différentes formes qu'adopte la déshumanisation. Qu'est-on prêt·e à sacrifier pour survivre ou pour aider les autres? (Le chapitre avec les serviettes en papier m'a complètement chamboulée).
Je ne sais pas si l'autrice a prévu de sortir un troisième tome, mais une chose est sûre, je la suivrai volontiers là-dedans!