À chaque rentrée littéraire c'est la même chose : il y a ces blockbusters annoncés avec fracas dont je me méfie un peu, à tort ou à raison ; ces nouveaux livres d'auteurs appréciés par le passé dont j'attends beaucoup, qui rendront l'addiction plus forte ou la déception très grande ; et tous ces livres achetés en librairie sur un coup de tête, qui seront encore dans ma PAL à la prochaine rentrée.
Mais à chaque fois, il y a aussi ce livre arrivé chez moi par hasard, dont je sais finalement si peu mais dont je m'empare un matin sans rien en attendre et qui deviendra quelques heures plus tard, la belle surprise de cette rentrée. Et cette année, c'est
Sur les terres du loup de
Cherie Dimaline, traduit par
Lori Saint-Martin et
Paul Gagné.
Nous voilà embarqués dans le sud de l'Ontario, du côté de la baie Georgienne où vit Joan et sa famille autochtone : mère, grand-mère, tantes, cousins, neveux et nièces forment une communauté microcosmique déjantée et haute en couleurs, soudée par leurs racines, leur petite entreprise familiale et leur attachement à ces terres et à ce qu'elles racontent.
Victor, le mari de Joan, a un jour passé la porte de la maison après une dispute, pour ne plus jamais donner signe de vie. Depuis, Joan le cherche sans relâche ; en vain. Mais lorsqu'un groupe d'évangéliste itinérant débarque et que Joan assiste au prêche du révérend Wolff, elle reconnaît Victor et n'a désormais plus qu'un but : le sortir de la communauté et le ramener à la maison.
Si la couverture parle de thriller,
Sur les terres du loup est moins un livre au suspens haletant qu'une belle histoire originale, rythmée et délicieusement déjantée, tant par le style enlevé et imagé de l'auteure, que par le caractère bien trempé de ses personnages.
Mais surtout, cette trame romanesque de chasse au mari n'est que le prétexte pour pénétrer toujours un peu plus dans l'univers des premières nations, de leur histoire et de leurs coutumes.
L'omniprésence du loup, sous sa face maléfique et légendaire du rogarou ou plus figurative du prédateur opportuniste et spoliateur, mais aussi la transmission par les anciens, les croyances plus que les religions ou la célébration de la nature, sont autant d'angles thématiques qui renforcent la trame du livre.
Une belle découverte donc, lue quasi d'une traite, qui mériterait une suite ne serait-ce que pour le plaisir de retrouver Joan, Victor, Ajean, Zeus et les autres…