Ca commence mal. “Réveillez-vous, pourquoi êtes vous couché là ? la bibliothèque n'ouvre que dans deux heures, vous n'avez rien à faire ici. C'est le comble : voilà qu'on enferme les lecteurs dans mon sous-sol. Ils m'auront vraiment tout fait dans cet établissement.”
Donc,
la Cote 400 est un énième roman-confession sous forme de monologue, dernier rejeton consanguin et simplet de la lignée de "La Chute", "Le Bavard", "La Contrebasse" et consorts. Dans le style de
Sophie Divry, on pourrait écrire : “Je ne sais pas vous, mais quand un auteur fait montre d'aussi peu de créativité dans son incipit, ça me décourage de poursuivre. Ca se bichonne, un incipit, saperlipopette, ça se peaufine ! Un bien joli mot, d'ailleurs, incipit.” Rien de plus périlleux, décidément, que le faux style oral.
Hélas, la suite n'arrange rien : le style fastidieusement dynamique, bourré de tics d'écriture et d'onomatopées, le personnage délibérément caricatural (bibliothécaire / vieille fille / acariâtre / maniaque / etc.) et la moindre blague aussi pesante qu'un âne mort transforment vite en pensum ce texte qui se veut pourtant léger et sans prétentions. Entre vacheries et sentimentalisme gnangnan,
Sophie Divry tente de donner une paradoxale épaisseur à son personnage de carton-pâte, qui égrène dogmes consensuels sur la profession de bibliothécaire et formules à l'emporte-pièce supposées drolatiques (“Que peut produire littérairement une société où il n'y a plus ni guerres, ni épidémies, ni révolutions ? je vais vous le dire, moi : des fictions ineptes sur de gentilles filles et de braves garçons amoureux qui se font souffrir sans le vouloir et passent leur temps à s'excuser en pleurant.”). Un véritable recueil de réflexions du café du commerce sur des sujets aussi divers que l'iPod, la fascination que l'Egypte ancienne exerce sur les esprits fragiles, etc., qu'on a tâché à tout prix de fourrer dans un seul texte.
Une aimable pochade qui fera peut-être sourire les archivistes et bibliothécaires, mais peinera à captiver tous les autres.