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EAN : 9782729113704
332 pages
Editions de La Différence (30/11/-1)
3/5   3 notes
Résumé :
Comment expliquer, et donc comprendre, un fait en apparence banal : la disparition d'une femme, sans remonter dans le passé, revenir sur des événements emblématiques, rappeler l'histoire, le contexte, démêler les fils enchevêtrés de ses propres liens avec un monde, qui se nomme ici : l'Algérie ?
Pour Maroued, l'amant de Yasmina qui a disparu, cette remontée dans le temps ne peut se faire que par bouffées successives qui s'engrangent, chacune, à partir de la s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'écriture est folie, hypnose et transe. Une transe poétique qui enchevêtre et entrelace les genres, les codes et les formes. Tantôt roman, poème, monologue dramatique, Les sens interdits interroge la littérature et la forme romanesque. L'écriture est celle de la mémoire, des souvenirs de Nedjma qui amenait le lecteur dans une quête entre Constantine et Annaba. Dans notre roman, le lecteur est transporté en sens inverse (éternel jeu sémantique autour du mot «sens» que l'on trouve dans tout le roman) d'Annaba à Constantine. Cependant, il serait simpliste, réducteur et sommaire de ne voir dans ce roman qu'une réécriture de Nedjma. Alors même que le roman montre autre chose, non pas une réécriture, mais bien une nouvelle écriture tout en reprenant les fondements de ce qui a fait la naissance du roman algérien. Serait-il trop tentant de faire un parallélisme, dans cet usage de la réécriture, entre le roman de Mourad Djebel et la déconstruction derridienne ? Ne sommes nous pas face à la déconstruction des formes, des fondements tout en gardant la structure intrinsèque ?


présente une narration précieuse, baroque. Il ne s'agit pas d'un récit linéaire, le seul fil narratif est celui d'une phrase répétée, inlassablement répétée, qui ponctue tel un chant tout le récit : «Ils ont failli la tuer cet après-midi».

Les jeux/je(s) mnésiques de Maoured, le personnage principal, guident moins le lecteur qui ne le perdent, le perdent et le font entrer au coeur même ce labyrinthe-énigme qui mêle souvenir, mémoire et mnésie. La réminiscence littéraire est, essentiellement, liée à la mémoire collective politique. La mémoire est vitale pour ne pas faire mourir deux fois le passé. Pour faire retour à ce qui est oublié, il faut se re-souvenir du passé pour éclairer le présent. le souvenir, à l'égale de la déconstruction derridienne, ne dédouble pas mais démultiplie la trace mémorielle. Il ne s'agit plus d'une dichotomie entre le passé et le présent mais bien d'un retour à la philosophie de St-Augustin, avec l'idée d'un présent du passé, d'un présent du présent, d'un présent du futur. Ce présent obsessionnel est marqué, dans le corps même du texte, par l'usage particulier du participe présent qui offre une lecture trouble de ce récit tout à la fois passé et présent, comme lecture d'une ressouvenance et passé d'une histoire.

le labyrinthe se présente subtilement dans l'image du pont constantinois qui permet les retours mnésiques tantôt de Maoured, Larbi, Nabile, Yasmina. Sidi Rached est, alors, la métaphore du lien, du fil qui tisse le roman, qui lie chaque mémoire, chaque souvenir, chaque vision de l'épisode clé qui ouvre l'incipit. «Ils ont failli la tuer cet après-midi». Cette phrase est l'une des énigmes du roman, sans en être la clef. L'autre énigme est ce titre équivoque «Les Sens interdits», première interrogation face à cette caractérisation stylistique qui définit des sens. Mais lesquels ? Comme orientation, forme ? Font-ils références aux deux panneaux Stop qui balisent le pont Sidi Rached ? Les sens comme perception, émotion ? S'agit-il de la part de l'auteur de transcrire les problèmes sociaux algériens dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix ? En effet, le roman à la particularité et la pertinence, non de traiter d'octobre quatre-vingt-huit mais des événements de la désobéissance civile de quatre-vingt-six à Constantine. Toujours cette sensation de labyrinthe dans ce roman, qui au-delà d'une lecture qui se perd, déplace les préjugés et les attentes en présentant dans le souvenir l'essentialisme des prémisses. Prémisse d'une guerre, d'une génération, d'une écriture. Rend-t-il compte de cette problématique essentielle du corps, des sens du corps, de l'essence de l'être dans l'éclatement de son libre-arbitre opposé à l'obligation d'un sens choisi et imposé ? Ce roman présente la jeunesse, la perte de repère de la jeunesse. C'est pour cela que la figure de l'étudiant et de l'université est très importante. Ils sont tous deux dans le rapport à la réminiscence du savoir. de plus, le rapport entre la mémoire des personnages et les drogues est intéressante : ils sont dans un aveuglement toxique par une conscience aphasique et dans le flot discontinu d'une mémoire actualisée par l'inconscience d'une perception hallucinée et des délires ecmnésiques.

Nous n'allons pas répondre à toutes ces questions pour ne point déflorer la lecture de ce roman qu'il faut dévorer comme un boulivore effréné, qui ôte page après page le voile fabuleux de cette énigme essentielle et que l'on nommera aujourd'hui «Djebelienne» de la création pure.

Ce roman est une quête exaltée qui veut reconstruire tel un kaléidoscope les éléments d'une mémoire. Pour cela, ce n'est pas à une seule visée que l'auteur fait appel mais bien à une polyphonie de voix/voies (sens ?) qu'il faut suivre telles des traces se transformant dans le lyrisme poétique en des murmures qui se déploient d'écho en écho au-dessus de ce pont suspendu à l'abîme du temps, des sens…
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Partir, c'est mourir un peu, laissant de soi cette part incrustée à tous les objets, les lieux, à toutes les caresses. Partir, c'est renaître un peu, se projetant dans cette nouvelle part qui nous attend. Partir, c'est sentir l'amertume nostalgique, partir, c'est goûter le miel de l'ivresse. Partir, c'est se déconstruire, partir, c'est reconstruire."
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"La nuit nous cessons de nous distinguer par nos traits, nous apprenons à nous connaître par les caresses, les mots, le silence."
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