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sur 492 notes
J'ai eu un beau coup de coeur pour ce roman de l'écrivain d'origine congolaise Emmanuel Dongala.

« Tu te réveilles le matin et tu sais d'avance que c'est un jour déjà levé qui se lève. Que cette journée qui commence sera la soeur jumelle de celle d‘hier, d'avant-hier, et d'avant avant-hier. » Au bord d‘un fleuve d'Afrique, Méréana trime comme un forçat pour joindre les deux bouts. Avec quinze autres femmes, elle casse des pierres toute la journée. Elles s'appellent Batatou, Bileko, Moyalo, Moukiétou, Ossolo, Atareta, Iyissou, Bilala, Laurentine… Toutes, elles réduisent la roche en graviers, pour ensuite vendre les sacs. Mais un jour, la construction d'un aéroport va changer la donne : les prix des matières premières s'envolent et les femmes décident de profiter elles aussi de cette manne inespérée. Elles vont vendre leurs sacs de pierre plus chers. Ou en tous cas, elles vont essayer, car quand on est une femme, les choses ne sont jamais faciles en Afrique. Intimidations, coups, arrestation, elles désignent Méréana comme leur porte-parole, pour que leurs revendications aboutissent.

Commence alors une vraie épopée contre le pouvoir en place et les traditions, sorte de conte moderne en prise avec la réalité, sans exotisme, une odyssée féministe, un roman qui fait du bien et pourtant j'ai grincé des dents, parfois blêmi, souvent râlé toute seule en le lisant. Emmanuel Dongala dénonce les misères faites aux femmes sans pathos, sans misérabilisme. Un discours à la deuxième personne du singulier qui passe très bien et crée une vraie empathie, une écriture par moments mignonnement ampoulée. Par petites touches intercalées et bien dosées dans la trame du récit, on va découvrir les histoires de ces femmes : « Même si aujourd'hui vous êtes logées à la même enseigne, chacune y a échoué en empruntant la route particulière de sa souffrance. » Sida, grossesse « attrapée dans la rue », viol, mariage forcé… « Triste à dire, mais en Afrique il n'y a pas que le sida et la malaria qui tuent, le mariage aussi. » Méréana et ses compagnes de fortune sont toutes splendides, à leur manière. Volontaires, avides de s'en sortir, des héros ordinaires. Il y a beaucoup d'humour aussi dans ce roman, souvent mordant. Certaines situations de corruption et de dessous de table sont autant burlesques qu'elles font froid dans le dos. Emmanuel Dongala n'épargne personne dans ce pays où « la tradition est plus forte que tous les textes de loi que l'on peut pondre ».

Je conseille vivement ce roman humaniste plein d'empathie, d'optimisme et d'humour. Une lecture intelligente, qui permet de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons.

« Ne sommes-nous donc femmes que pour souffrir ? »
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Roman sur la fraternité, ou plutôt sur la sororité puisqu'il est centré sur plusieurs personnages féminins. Passionnant, j ai eu du mal à le lâcher, chacune des femmes présentées étant incroyable. A travers un juste combat (obtenir davantage pour le fruit de leur labeur), sont décrites les vies, difficiles, de chacune des protagonistes. Un vrai roman féministe et passionnant et une belle description de l Afrique solidaire.
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e suis bien incapable de dire comment j'ai connu ce livre qui figurait depuis des mois dans la liste toujours plus grande des ouvrages que je souhaite découvrir, afin continuer à voyager jusqu'au jour du grand départ...
Emmanuel Dongala, que j'ai découvert avec ce titre m'a transporté au coeur de l'Afrique Noire...non pas le noir couleur de peau, mais le Noir de la corruption, de la condition des femmes, de l'obscurantisme des sorciers, des superstitions, des viols, des mariages forcés, des veuves que la belle famille spolie et jette à la rue, le noir des dictateurs brassant des milliers, presque des millions de francs CFA pour les meilleures bouteilles de champagne et méprisant une population qui tous les jours trime pour manger. C'est aussi le noir du Sida, des magouilles..
Photo de groupe au bord du fleuve, (il faudra attendre les dernières pages pour en comprendre le titre) est le film de quelques jours de la vie de quelques femmes africaines, l'histoire d'une grève, d'une répression.. Méréana, Ma Bileko, Iyissou, Laurentine Paka, Anne-Marie Ossolo, Moyalo, Moukiétou, Batatou, et quelques autre ont toutes été contraintes par les hasards de la vie, les séparations ou les viols, de se retrouver chaque matin au bord du fleuve afin de réduire en gravier, au marteau, les blocs de pierre qu'il charrie et laisse sur les rives.
Il leur faut un jour sous le soleil pour obtenir un sac de gravier, vendu dix mille francs..un sac que des marchands revendent cinquante mille francs au dictateur qui se fait construire un aéroport international...Parce qu'elles sont des femmes qui ont chacune le besoin personnel de gagner un peu d'argent, elles sont les premières victimes du principe partagé à tous les niveaux du pays : gagner toujours plus de fric sur le dos des plus faibles et vivre dans l'opulence en les exploitant, en ignorant leurs souffrances. Et ceci si possible bien sûr, grâce à la charité internationale, aux dons et crédits octroyés au titre du développement. Pourquoi donc leur payer le gravier plus cher ?
Dans ce système politique et social, l'homme a tous les droits : celui de répudier sa femme, de violer des gamines... mais bien sûr aucun devoir...Une femme n'a pas d'enfant ? Il est impensable que l'homme soit stérile, c'est la faute de la femme qui sera alors jetée à la rue ! Et"....un mari, comme un chef, ca se respectait."
Cette grève sera réprimée par la police qui tirera et tuera... ce qui nous donne l'occasion de découvrir l'hôpital, le système de santé, le fonctionnement du régime policier, la torture.
Je vous laisse découvrir la suite, faite de manipulations, de pressions, de promesses et de bassesses et j'en passe.
Vont-elles obtenir satisfaction
Méréana est la porte parole de ces femmes grévistes. Elle a été jetée à la rue par son mari député pro-gouvernemental. C'est elle la narratrice du livre. Elle prend donc le lecteur à témoin en le tutoyant, tout au long du livre. Cette forme narrative nous interpelle, nous indigne, nous fait aussi souvent sourire.
Chaque matin de grève, au réveil Méréana écoutera la radio locale, forcément gouvernementale, dont l'auteur retranscrit les informations en début de quelques chapitres : Sourires ou indignations garantis.
Critique d'une certaine Afrique, celle de ces dictateurs, ce serait trop long de les citer, "Photo de groupe au bord du fleuve" est aussi un plaidoyer pour nous faire prendre conscience de la condition de certaines femmes, celles qui n'ont pas pu s'élever ou qui sont tombées, celles qui ont créé des entreprises, celles qui sont proches du pouvoir...Critique féroce de cette Afrique dans laquelle tous les modes de gouvernement cohabitent, comme cohabitent des femmes multimillionnaires, chefs d'entreprises dynamiques et des femmes au bas de l'échelle sociale.
Mais rien n'est acquis : si les ascensions sont rapides, elles peuvent être suivies de chutes encore plus rapides.

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Magnifique, ces femmes sont magnifiques.
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Elles sont veuves, divorcées, célibataires, ou mariées. Elles sont jeunes ou d'âge mûr. Elles sont filles ou mères, parfois filles ET mères. Elles sont analphabètes ou ex-femme d'affaire, certaines ont même fait des études...

L'infortune -un accident de la vie ou la simple malchance d'être née pauvre et sans famille- les a rassemblées là, au bord du fleuve, à casser des pierres pour en faire du gravier qu'elles revendent 10 000 francs CFA le sac aux entreprises de travaux publics. Lorsqu'elles apprennent que la construction d'un nouvel aéroport fait grimper la valeur de cette matière première, ce dont se sont bien gardés de les informer leurs acheteurs, qui ont quant à eux augmenté leurs prix de manière substantielle, elles décident elles aussi de revoir leurs tarifs. Ce sera 15 000 francs le sac, sinon rien, et puisqu'il faut compter sur une marge de négociation, elles annoncent leur nouveau prix à 20 000.
Les quinze femmes du groupe ont décidé d'un commun accord de nommer Méréana comme porte-parole. Bien que cette dernière ait récemment intégré l'équipe, ses années d'études -elle est allée jusqu'en terminale- et sa parfaite maîtrise du français font de ce choix une évidence.

"Photo de groupe au bord du fleuve" se présente comme une sorte de journal de bord, qui détaille jour après jour l'évolution du bras de fer qui oppose les ouvrières à leurs clients puis aux autorités, pour lesquelles leurs revendications ne pouvaient tomber plus mal. le pays reçoit en effet une délégation de premières dames africaines que l'épouse du chef d'état congolais compte impressionner en exhibant les actions qu'elles mènent en faveur des femmes de son peuple.

Méréana est au centre du récit, que l'auteur aborde de son point de vue, tout en se gardant de nous immiscer complètement dans son intimité, par le truchement d'une narration à la deuxième personne du singulier (voire du pluriel lorsqu'il évoque le groupe), qui donne la mesure de l'empathie et de la tendresse, mais aussi du respect admiratif que l'auteur éprouve pour son héroïne, son attitude oscillant entre observation et familiarité bienveillante.

"En un moment de détresse passagère, ton esprit se met à vagabonder et tu te dis que si tu en es là aujourd'hui, c'est peut-être ta faute. Tu aurais dû accepter ton sort, respecter les us de ta société et ne pas t'être révoltée de façon aussi spectaculaire".

Mère de deux garçons de 9 et 12 ans, la jeune femme a par ailleurs recueilli sa nièce de 18 mois à la mort de sa soeur Tamara dont elle a toujours admiré la force de caractère, et que le sida, introduit en elle par un mari volage, a tué. Accaparée durant de longs mois par les soins et la présence qu'elle devait à la mourante, Méréana a elle-même quitté son conjoint. Lorsqu'elle lui a demandé d'utiliser un préservatif après qu'il ait découché à plusieurs reprises, ce dernier, pour la première fois, l'a battue, ce qu'elle n'a pu tolérer.



Les histoires de ses consoeurs s'ajoutent à la sienne pour dresser un tableau sans concessions de la condition féminine au sein de la société congolaise. Au nom d'un pouvoir machiste s'appuyant sur de fumeuses justifications d'ordre religieux, les femmes sont ravalées au rang de créatures soumises, dénuées de tout droit, inéligibles au respect. A la mort de leurs époux, les veuves sont dépossédées de tous leurs biens, voire de leur dignité et de leurs enfants par les belles-familles, les victimes de viol évitent de porter plainte sous peine d'être condamnées pour adultère... Les rares lois récemment votées en faveur de leur défense et de leur protection, les interventions sporadiques des ONG, se heurtent à l'enracinement d'une culture phallocrate où la femme est systématiquement considérée comme coupable : lorsque le malheur la touche, c'est forcément pour la punir d'un péché qu'elle a dû commettre...

Et c'est pourquoi la révolte des casseuses de pierres dépasse les simples préoccupations économiques qui les motivent. Bien que leur démarche ne se revendique d'aucune dimension politique ou féministe -elles se battent avant tout en tant que travailleuses soucieuses d'être payées au juste prix pour leur labeur-, leur refus de plier face aux menaces ou aux tentatives de corruption, parce qu'elles sont femmes et pauvres, devient le symbole du courage et de l'espoir, pour tous ceux qui subissent l'iniquité et le mépris d'une société à deux vitesses. La confrontation entre Méréana et les représentantes du plus haut niveau de l'état qui la reçoivent est d'ailleurs très significative du fossé séparant le pouvoir du peuple et de ses misérables conditions de vie. Car les inégalités hommes-femmes ne sont pas les seuls maux qui gangrènent une nation congolaise dont "Photo de groupe au bord du fleuve" révèle par ailleurs la misère sanitaire et sociale, la généralisation de la corruption, l'absence de liberté d'expression...

La simplicité du style, parfois même empreint, sans être toutefois simpliste, d'une certaine naïveté, fait écho à celle de ces femmes modestes mais fières et intègres, liées par une solidarité très touchante, qui nous donnent une belle leçon de courage et d'humanité. Et le fait qu'elle soit donnée par un homme a, il faut bien l'avouer, quelque chose de rassérénant...
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Bizarre ,il me semblait avoir déjà écrit une critique pour ce roman.( j avais cite qq noms propres de personnes connues ,raison du refus de ma critique ou ai je tape sur la mauvaise touche???)
Nous entrons de plein pied dans le quotidien de quelques femmes pauvres de Pointe Noire au Congo-Brazzaville
Celles ci fabriquent à la main ,accroupies sous un soleil de plomb ,du gravier ,en concassant des cailloux pour un salaire de misère bien entendu ,nous sommes en Afrique ...
La narratrice ,une jolie femme ayant fait quelques études,un peu dilettante donc ,ne se résout à cet esclavage qu après son divorce ,pour arrondir ses fins de mois...(assez peu crédible )
Elle deviendra la porte parole d'une mini révolte de ces damnées et cabossées de l existence qui exigent un tarif décent pour revendre leurs sacs de gravier
Le parcours de toutes ces femmes est habilement décrit ,l auteur a beaucoup de maîtrise et detalent,le roman se lit facilement ,quasi d une traite
sur le fond,je m interroge ,
Sont étalés ici l une après autre toutes les plaies de la condition de la femme africaine ,
Maris volages,violents ,mariages précoces d ou grossesses précoces et accouchements multicompliques( fistules entraînant la mise à l écart et l abandon à son sort de la jeune femme )misère ,absence d alternatives ,pas d accès à l éducation ,pas de soins médicaux ,corruption des élites ,instrumentalisation de mouvements "féministe" par des représentants politique soucieux avant tout de leur image dans des conferences internationales aseptisees ou les participants défendent surtout leur rente de situation et leurs privilèges ..nous savons tout çela ... deja ... and
J ai l impression que l auteur nous sert tout ce qui interpellera un public occidental qui sera conforté dans sa vision ultra pessimiste de l Afrique
Au sud du Sahara,n y a t il vraiment rien de nouveau?
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Cette Photo de groupe au bord du fleuve c'est celle d'un groupe de femmes, casseuses de pierre dans un chantier improvisé dans une bourgade congolaise. À plusieurs, c'est connu, on peut faire avancer les choses. Méréana, sans trop le vouloir, prendra la tête de ce syndicat féminin et en quelques jours à peine verra ses journées, jusque là réglées comme du papier à musique, complètement chamboulées. Emmanuel Dongala est un conteur de talent qui réussit à nous rendre des portraits saisissants de femmes africaines modernes (jeunes filles, mères, grand-mères confondues) qui tentent, dans leur impuissance mais aussi avec une force indéniable, de se sortir de leur misère économique, souvent sans partenaire masculin digne de ce nom pour les épauler. Ce titre était dans ma liste de lecture depuis fort longtemps et je n'ai pas été déçue par sa forme originale ainsi que son propos.
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Elles cassent des pierres sous le soleil, elles sont africaines et non pas voix au chapitre. Mais un jour l'une d'entre elles décide que cela suffit. Elle organise la rébellion : " Question de dignité, mes amies. Nous ne nous battons pas seulement pour un meilleur prix pour nos sacs, mais aussi pour qu'on nous respecte. "

C'est un combat juste qu'elles mènent jusqu'au bout pour vendre leurs cailloux à leur bon prix. Un combat aussi pour retrouver leur dignité au sein d'une société africaine, gangrenée par la corruption, où elles sont humiliées et bafouées par les hommes.

Avec Photo de groupe au bord du fleuve, Emmanuel Dongala signe un bon roman sur la cruelle condition des Africaines. Il rend un chaleureux hommage à leur détermination et à leur courage. On peut toutefois regretter une forme de naïveté dans le récit et un " tu " narratif quelque peu perturbant.
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Un coup de coeur fulgurant que ce roman et que cet auteur congolais,... dont je découvrais jusqu'au nom... D'autant plus jubilatoire que je l'ai découvert par le plus grand des hasards en fouinant avec attention dans le fond "Littérature" d'une des librairies de ma ville,Chantelivre, souhaitant emporter un auteur complètement inconnu (de moi) pour quelques jours de congé !

Un roman qui embrase de multiples sujets: la condition terrible et violente faite aux femmes en Afrique, la corruption et la terreur semées par les gouvernements en place, la torture dans les prisons, les structures hospitalières défaillantes, les écoles pauvres en matériel et lieux appropriés, les mariages forcés, les viols, les femmes veuves, jetées à la rue, spoliées très fréquemment par leurs belles-familles, etc.

Un système de société où l'homme possède tous les droits [ mais pas... de devoirs !], toutes les prérogatives, sans parler des mêmes tyrannies et abus de pouvoir à la tête des gouvernements.

Un écrivain au style dynamique, regorgeant d'ironie et d'humour pour dénoncer les travers de son pays, le Congo, mais aussi de l'Afrique dans sa majeure partie !
Un écrivain-homme, authentiquement féministe, dans le sens large du mot !...

Cet auteur a quitté son Congo natal en 1997, lorsque la guerre civile a éclaté. Il a émigré aux Etats-Unis, et enseigne présentement la chimie et la littérature.

Très intriguée autant que fort curieuse de ses textes précédents, car en parcourant sa bibliographie, je réalise qu'il a commencé à publier en 1973.
Plus de quatre décennies !!...

Avec des thématiques réalistes, même hyper-réalistes ainsi que fort sombres, pour ne pas dire, totalement décourageantes, tant les puissants de ce monde abusent et sur-abusent de leur position. [Inutile de dire qu'il ne fait pas bon naître "Femme" dans ces pays-là !], il a réussi le tour de force d'écrire un roman tonique, plein d'énergie et d'espoir, qui provient de la description très vivante d'un petit groupe de femmes, "casseuses de cailloux", se serrant les coudes pour faire front à l'adversité, et à leur condition trop souvent dégradante, subalterne...Une sensibilité et une empathie communicatives.

Une lecture comme une fulgurance intense; lecture qui me restera longtemps en mémoire. A fort juste titre, ce roman est qualifié de s'intégrer dans "la plus belle tradition du roman social et humaniste, l'humour en plus".

J'ai, de plus, appris moult choses, détails sur les us et coutumes congolais, comme divers rituels, dont celui de la "reconquête de pureté" après une séparation, un divorce, ou encore celui du "départ du deuil"...La sorcellerie tient une place très prégnante dans cet environnement.

Un texte littéralement "foudroyant " d'humanité et de flamboyance; il s'en dégage en dépit d'un contexte dramatique exacerbé, une force de vie, de volonté de se faire respecter comme humain , même si on a le malheur d'être née "femme" !!...sans omettre les tonnes de courage, d'audace hors du commun... de ces misérables "casseuses de cailloux". Des destins, parcours féminins malmenés, parfois, même souvent aux limites du supportable, auxquels on ne peut que s'attacher spontanément.

Inutile de vous exprimer mon impatience à poursuivre dans l'univers de cet écrivain congolais....et de lire ses écrits antérieurs...
Je me permets de retranscrire quelques extraits pour tenter de suggérer une toute petite idée de l'atmosphère... de ce récit tour à tour poignant, bouleversant, rebondissant subitement comme par un coup de baguette magique:
- baguette magique double ,composée de la dynamique de ce groupe de femmes modestes, rebelles, décidant de faire front ensemble,
et de vaincre pour une fois l'Inexorable condition qui leur est faite depuis toujours, et aussi composée du talent fou de l'écrivain dont le style très tonique,très coloré, ne peut que captiver "son lecteur" et le faire adhérer !!!


"(...) mais où se trouve la sincérité d'une solidarité si cela n'implique aucun sacrifice ? "(p.103)
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(...) cela ne peut être qu'une de tes camarades de chantier (...)
A force d'être ensemble presque quotidiennement, tu les connais toutes, tu connais leur histoire individuelle. Même si aujourd'hui vous êtes logées à la même enseigne, chacune y a échoué en empruntant la route particulière de sa souffrance. Et chaque souffrance est unique. (p.53)
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"Tout d'un coup ta colère monte et te faire sortir de tes ruminations. Mais pour qui te prend-il, ce Tito ? Ce n'est pas parce que les circonstances t'obligent temporairement à casser la pierre pour vivre qu'il peut s'arroger le droit de se moquer de toi. Après tout, tu es allée à l'école, tu as étudié l'histoire et les mathématiques et, si ce n'était à cause de ce foutu mariage précoce, tu aurais passé ton bac, non, mieux, tu aurais comme ta soeur, Ph.D. Et puis pourquoi ce mépris des femmes qui dégouline de chaque mot tombant de sa bouche ? ça fait quoi si ces femmes sont analphabètes ? Pense-t-il qu'il faille un doctorat pour être une femme debout, une femme de courage ? Peut-être ne le sait-il pas, mais des tas de femmes à l'éducation modeste ont changé l'histoire de leur société."

Une vraie, et totale merveille ! EBLOUISSANT.....

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Magnifique, intelligent, sujet peu traité, A LIRE
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