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4,28

sur 492 notes
Sous forme romancée, ce livre est un véritable manifeste féministe et en le refermant, je me dis qu'il n'est pas simple d'être femme en Afrique (en l'occurrence au Congo).
Elles sont une quinzaine à casser des pierres au bord du fleuve qui traverse la capitale du Congo. Tout démarre le jour où elles décident d'augmenter le prix de vente de leur sac de pierres : répression, arrêt du chantier puis l'émergence d'un mouvement solidaire et social entre toutes ces femmes pour lesquelles la vie n'a pas été tendre.
Méréana est l'héroïne du roman et le porte-parole du groupe et on va découvrir progressivement quel fut le parcours qui l'a mené au bord du fleuve, elle la femme instruite et intelligente qui ne devrait pas faire un travail si avilissant. On va aussi découvrir les chemins de vie de ses autres compagnes d'infortune et de combat.
Pas facile donc d'être une femme en Afrique noire….entre la condition assignée par les hommes et la corruption généralisée. On apprend qu'une veuve peut être chassée de sa maison par la famille du mari défunt même si elle l'a elle-même financée en grande partie, qu'un mari infidèle peut en toute impunité contaminer sa femme du VIH sans se préoccuper de ses soins, qu'un mari quitté peut ne pas payer de pensions alimentaires et abandonner ses enfants avec la bénédiction de la Justice, etc….
Je salue l'auteur (masculin !) pour avoir dressé un portrait très chaleureux, plein d'humour et d'empathie envers ces femmes victimes quotidiennes des hommes. Il y a parfois une certaine naïveté dans l'histoire mais qui n'est pas dérangeante. En revanche, comme certains l'ont souligné, je suis moins convaincue par la forme narrative à la deuxième personne (inhabituelle et plutôt perturbante !).
Ce fut malgré tout une lecture enrichissante et un bien agréable voyage au Congo.
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Livre magnifique sur le combat des femmes
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Sous ce très très beau titre ( je n'ai même pas lu la quatrième de couverture avant de l'emprunter dans ma bibliothèque préférée), un magnifique portrait d'un groupe de femme congolaise, casseuse de pierre au bord du fleuve. Chacune a son histoire, triste ou tragique, qui l'a menée au bord de ce fleuve pour se briser le corps à casser ces pierres, vendues 10 000 francs le sac pour des chantiers de travaux publics.

Un récit militant sur la condition des femmes, l'injustice sociale et le combat collectif qui réussit à faire vivre des personnages attachants et un peu plus complexes que leur rôle social. Au fur et à mesure que le récit avance, le lecteur découvre, par flash back, l'histoire de chacune d'elles : le femme veuve, chassée par la famille du défunt ; celle accusée de sorcellerie et chassée de son village par ses propres enfants ; la jeune femme qui a fui un mariage forcée à 13 ans ; le "deuxième bureau" agressée par la première dame. Des femmes de tous les milieux que la fragilité sociale de leur condition de femme, donc dépendante des hommes pour vivre, réunit .. Seules elles ne peuvent que survivre.

La protagoniste principale est Mereana, qui a quitté depuis peu un mari volage pour lequel elle a sacrifié ses propres études et espérances professionnelles à cause d'une grossesse précoce. Elle devient le porte parole de ces femmes qui refusent de continuer à vendre leur sac de pierre à 10 000 francs mais en exigent 20 000. Elles sont frappées, arrêtées… mais la politique s'en mêle. Leur simple combat prend de l'ampleur et de la visibilité. Elles se retrouvent confrontées au média, aux ministères et à la corruption.

Emmanuel Dongala, fait le choix, plutôt rare de parler à la deuxième personne du singlier : comme s'il racontait toute l'affaire à Mereana, elle-même. Il évite peut être ainsi à la fois la position de l'écrivain omniscient et le " je" trop intime. le "tu" lui permet de la regarder avec admiration et d'être le miroir dans lequel elle peut, elle aussi, admirer sa force et se reconnaitre comme grande.

Il montre une Afrique cruelle et machiste sauvée par le courage des femmes; même si parfois la question se pose de la naïveté de l'histoire .. à moins que ce ne soit moi qui soit trop pessimiste et qui aie du mal à croire qu'un petit groupe de femmes, même très solidaires, puisse mener un tel combat jusqu'au bout.
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20 meilleurs livres de l'année 2010 magazine LIRE. J'ai bien aimé l'histoire de ces femmes engagées pour un avenir meilleur, et le souhait de se faire respecter. Livre agréable à lire !!
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Une vision du Congo et de la condition féminine dans ce pays peu flatteuse. La résistance des casseuses de pierres décrite est belle mais un peu schématique, notamment sur le dénouement. Sur un sujet que la presse affectionne à en devenir lassante, j'aurais aimé qu'un livre aille plus loin qu'un récit presque documentaire dans l'analyse des personnages. Pour le reste, le style est original avec une narration à la deuxième personne, la lecture facile et agréable, et le sujet d'actualité.
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Photo de groupe au bord du fleuve est un récit puissant et perturbant. Dongala nous offre une plongée dans un Congo contemporain où cohabitent misère et luxe bling-bling, solidarité et dénonciation, au sein d'une organisation sociétale en quasi-caste où le mépris pour les pauvres et les femmes s'accompagne de violence mais aussi de combats rédempteurs. C'est d'une terrible actualité avec ce que vivent aujourd'hui les plus démunis de cette planète, migrants, paysans des pays en voie de développement, esclaves de l'industrie en passant par les injustices faites aux femmes partout dans le monde.

Le récit démarre par une très belle phrase qui donne le ton de tout l'ouvrage «tu te réveilles le matin et tu sais d'avance que c'est un jour déjà levé qui se lève ». C'est Méré qui se réveille et va préparer, comme chaque matin, ses trois enfants. On apprend très vite le plus jeune enfant, une petite fille est celle de sa soeur Tamara morte du sida peut-être contaminée par son mari et « c'est triste à dire, (en Afrique) il n'y a pas que le sida et la malaria qui tuent, le mariage aussi ».

Méré part vers son travail : casser des pierres au bord du fleuve pour en faire du gravier. Avec elle, une dizaine d'autres femmes. Pourquoi sont-elles là, comment ont-elles été amenées à faire ce travail de misère ? Qui sont-elles ? On le découvre au fil de leur lutte car toutes avec une solidarité indéfectible vont se lancer dans un combat pour la reconnaissance de leur travail et pour leur dignité. La vie et les épreuves de chacune seront racontées au cours du récit.

Au départ, il ne s'agit pas de grand chose, juste la demande d'une augmentation du prix de vente de leur sac de pierres. A partir de ce fait presque anodin, Dongala montre comment le dédain, l'arrogance et la bêtise des hommes entraînent ces femmes dans une spirale incontrôlable.

Si Dongala n'était pas un homme, on aurait taxé le livre de misandre car cet ouvrage est une charge contre le sexe masculin. Compromis par le pouvoir et l'argent, infidèles, ces hommes exploitent sans scrupules des femmes exténuées. Tous ceux qui occupent des fonctions officielles sont corrompus et plus encore s'ils approchent des hautes sphères de l'Etat. On sent que Dongala a souffert des conflits qui ont traversé et qui traversent toujours le Congo qu'il a du fuir en 1997. Sa description des politiques africains (hommes femmes confondus) est stupéfiante. Il dépeint des êtres totalement dépourvus de sens moral et de bonne foi, sans aucune intégrité et au final éminemment dangereux pour leur peuple et surtout pour les femmes qui sont les premières victimes des inégalités qu'elles soient coutumières ou modernes.

La narration faite à la deuxième personne du singulier (je crois n'avoir rien lu dans le genre) us met immédiatement dans une position active comme si c'était nous qui parlions à Méré.
Autre originalité remuante, les actualités radiophoniques que Méré écoute régulièrement et qui émaillent le récit. On soupçonne qu'elles doivent être issus du monde réel mais elles sont tellement ahurissantes que j'ai voulu vérifier mon intuition : hélas elles sont vraies !

Plus qu'une photographie au bord d'un fleuve, Dongala nous livre un film documentaire sur l'Afrique et les femmes. Lorsqu'un récit en cache un autre, qu'il vous livre en supplément une vision du monde, un éclairage social et historique avec en prime une belle histoire alors vous êtes sûr de passer un moment intense. C'est le cas de cette Photo, Un livre qui se développe encore dans ma tête une fois refermé.
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Beau roman sur la condition des femmes africaines. Ton léger, mais aborde quelques uns des problèmes récurents du continent.
Quelques longueurs et une fin un peu trop "happy end" qui relève, elle, de la pure fiction dans le domaine...
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J'ai eu un véritable coup de coeur pour ce livre magnifiquement écrit sur une histoire très bien construite, qui paraît réaliste, et qui se termine bien, heureusement, non sans passer par tout ce que les femmes peuvent endurer sur tous les plans...
Ces femmes qui ne plient pas devant leur sort, ni devant les hommes font mon admiration. Ce livre a été écrit par un homme, et j'ai regretté les détails qu'il a donnés sur des viols, jamais une auteur femme n'aurait raconté cela, mesdames, sautez ce passage, sinon, vous ferez des cauchemars...
Ce livre est tout à fait représentatif des éditions Acte Sud qui savent dénicher des pépites.
Merci à l'auteur, et merci à toutes ces femmes qui se battent et sont des exemples pour nous.
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Le titre du livre se rapporte à 16 femmes africaines qui se rendent au bord du fleuve pour y casser des cailloux et en remplir des sacs, qu'elles vendent ensuite pour la construction de routes. Elles se photographient ensemble sur le chantier, pour garder une trace et un souvenir de leur lutte pour revendiquer une augmentation du prix de leur sac de cailloux.
Méréana, parce qu'elle a de l'éducation et parle bien, est leur porte-parole, d'autant que le chantier de l'aéroport est un formidable argument pour appuyer leur demande.
Leur rébellion finira par ébranler le système politique, de la ministre de la Femme et des Handicapés, au ministre de l'Intérieur jusqu'à la femme du Président.
On y découvre des femmes fortes, indépendantes et soucieuses de leur émancipation, un bel hymne à la solidarité.
Emmanuel Dongala dénonce un pays d'Afrique où règnent corruption , terreur et violence faite aux femmes.
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au début,je plonge dans lelivre avec le plus grand bonheur même si l'utilisation récurant du "tu" me déstabilise puis au fils du livre mon enthousiasme diminue .IL reste une belle idée de la lutte des femmes africaines afin d'obtenir un statut social respectable .
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