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4,28

sur 492 notes
Les hommes aussi peuvent être féministes, et ça peut donner un très bon roman, Emmanuel Dongala le prouve ici en racontant ce groupe de femmes qui cassent des pierres en Afrique centrale. Écrit à la 2e personne comme s'il redonnait son histoire à celle qui un jour dit "demandons une augmentation" et à celles qui se battent avec elle, l'auteur fait le tour des violences et difficultés en mettant en scène des personnages que j'ai eu envie de voir exister en film, dans une Afrique contemporaine tournée vers l'Asie et le Pacifique (via les informations à la radio notamment), soumise à l'autorité des traditions patriarcales et du pouvoir maintenu par la force des armes, la corruption, et la pauvreté. Ça aurait pu être un livre lourd, rude catalogue-constat, c'est au contraire un roman très vivant aux personnages attachants, qui se lit facilement.
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Quelle belle lecture. C'est clairement un roman marquant et que je relirai sans doute un jour !
Dans une passe difficile, Méréana décide de casser des cailloux au bord du fleuve pendant quelques semaines, afin de se payer une formation et remettre sa famille à flots. Au même moment, la construction d'un aéroport dans le pays fait que ces sacs de graviers deviennent une denrée recherchée… Méréana, la plus « éduquée » du groupe, se retrouve alors porte-parole des casseuses de cailloux, qui veulent augmenter de 50 % le prix de leur travail. C'est alors le début d'un bras de fer avec les politiques, car leurs revendications risquent d'écorcher l'image lisse qu'ils souhaitent donner de leur pays à ce moment-là.

Honnêtement, en débutant ce roman, je ne pensais pas qu'il me passionnerait autant. Une lutte sociale ? Merci bien, j'ai lu Germinal… Mais ce roman va plus loin et est véritablement féministe : l'auteur dénonce les injustices dont sont victimes les femmes, souvent par « tradition » et nous propose de magnifiques portraits de femmes, fortes et solidaires.
Au-delà de Méréana, nous faisons connaissance avec plusieurs femmes abîmées par la vie : une femme d'affaires ruinée par sa belle-famille à la mort de son mari, une villageoise dont tout le village, y compris ses enfants, a voulu brûler la tente dans son sommeil pour sorcellerie, une femme qui s'est enfuie de son village à 13 ans la nuit de ses noces… En demandant le juste de prix de leur labeur harassant, c'est un peu de dignité qu'elles veulent récupérer, une preuve qu'elles ne valent pas moins que les hommes et que les un peu plus riches.

Emmanuel Dongala nous dépeint des situations dramatiques, mais terriblement concrètes et a priori encore d'actualité… le patriarcat a de beaux jours devant lui, mais c'est avec de petites avancées et des prises de conscience telles qu'il nous le montre dans ce roman que le monde évoluera peu à peu.
C'est un très beau roman, sensible et engagé, que je suis heureuse d'avoir trouvé !
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Quelque part en Afrique dans un pays non cité .Il s 'agit d'un groupe d 'une quinzaine de femmes qui vivent dans des conditions socio économiques déplorables et infra- humaines Ce sont des femmes qui doivent galérer chaque jour pour assurer leur subsistance et celle de leurs familles .Ce sont des femmes ballottées par les injustices et les inégalités de la société .Elles ne sont tolérées que si elles sont soumises ,obéissantes et dociles .Un groupe d 'une quinzaine de femmes descendent chaque jour au bord du fleuve pour casser les pierres et les réduire en gravier .Les sacs chargés sont cédés aux intermédiaires à bas prix .Ces femmes décident de former un groupe et désignent une des leurs , Maréana ,comme porte-parole .Elles décident de vendre leurs sacs à un prix élevé .C 'est le début d 'un combat héroïque entre ces femmes et la cohorte d 'entrepreneurs et des constructeurs .C 'est la guerre entre le pot de terre contre le pot de fer ! Tout est mis en branle par les puissants pour annuler cette augmentation .Commence alors les intimidations et les brimades contre les femmes .Ces dernières étant bien regroupées et liguées derrière Méréana finissent par avoir
gain de cause .Les femmes ont remporté une victoire contre l 'injustice et peuvent être fières de ce succès .
l''auteur a brossé des portraits saisissant de ces femmes
courageuses , décidées et solidaires entre elles .
Un très bon roman qui place la dignité et le courage au sommet des valeurs humaines .


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C'est en déambulant au hasard sur quelques listes de lecture de Babelio que je suis tombé sur ce roman écrit par un auteur africain. Intriguée par le résumé et encouragée par les critiques élogieuses, me voilà lancé dans cette lecture.
Ce récit, au-delà, du combat que mènent ces quinze femmes pour obtenir un meilleur prix pour leurs sacs de pierre, reflète les conditions de vie des femmes africaines. Dans ce récit, la plupart sont des femmes seules – veuves, célibataires ou séparées de leur mari – qui luttent au quotidien pour subsister, pour nourrir tant bien que mal leurs enfants et payer les charges fixes du quotidien. La plupart de ces femmes ont vécues une mauvaise expérience avec un homme : l'infidélité, les violences conjugales, la belle-famille qui les a spolié de tous leurs biens au décès de ce dernier, la famille qui marie une enfant à un vieillard, le viol lors des guerres civiles etc.
Leur revendication est légitime mais comment lutter contre les forces de l'ordre, prêtes à réprimer coûte que coûte ces demandes ? Comment faire entendre sa voix lorsqu'on est une femme dans un pays qui ne les accorde que très peu de considération ? Comment lutter contre la corruption et la politique gangrénée, prête à tout pour sauvegarder les apparences à l'approche d'une réunion de chefs d'Etat ?
Ce livre est criant de vérité, d'autant plus que maintenant je vis dans un pays en voie de développement. La réalité est telle que la décrit l'auteur, sans entrer ni dans le pathétique ni dans l'exagération. Il dénonce la pauvreté, la misère, les hôpitaux laissés à l'abandon, les inégalités flagrantes de richesse et de conditions sociales, la corruption, les conditions des femmes etc.
Je n'ai pas mis le cinquième coeur car le style d'écriture est déroutant. L'auteur utilise la 2ème personne du singulier, ce qui crée une forte distance avec le lecteur : malgré le caractère courageux de l'héroïne, je n'ai pas pu m'attacher plus à elle et je l'impute au style employé. La fin est assez naïve quand même et laisse des zones d'ombre.
C'est un très bon ouvrage qui dénonce les problèmes de l'Afrique contemporaine !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Quel livre magnifique ! Une pépite ! Un ENORME coup de coeur ! J'en recommande vivement la lecture. Emmanuel Dongala parle de manière très juste de la condition de la femme au Congo, et plus généralement en Afrique. J'ai d'ailleurs été agréablement surprise qu'un homme décrive aussi bien les sentiments des femmes ! Nous y découvrons des femmes fortes, déterminées, qui recherchent un avenir meilleur. Elles ont toutes un passé douloureux, des histoires plus terribles les unes que les autres qui nous donnent un aperçu de ce que peuvent subir les femmes dans ce pays. Je me suis tellement attachée aux personnages, à ces héroïnes hors du commun qui se battent et qui vivent au jour le jour, tant bien que mal. J'ai également été offusquée par beaucoup de choses, par des sévices subis par les femmes, par ces moeurs choquantes. Mais j'ai aussi été très touchée par la solidarité existant entre elles et par leur force, leur combativité.
Hormis la condition de la femme, nous découvrons aussi dans ce livre les vicissitudes du pays : violence, corruption, dictature, pauvreté, maladies (dont notamment le SIDA, le paludisme), manque de matériel dans les hôpitaux (on peut mourir juste parce qu'on n'a pas acheté de seringue !).
J'ai beaucoup apprécié la plume de l'auteur que j'ai trouvé très agréable, la lecture est fluide et je n'ai pas réussi à lâcher le livre avant de lire la dernière ligne. J'ai aimé son style narratif, le fait qu'il ait utilisé la deuxième personne, c'est très original. L'auteur a aussi très bien su doser les passages drôles et ceux plus durs.
Ce livre nous fait donc passer par toute une palette de sentiments, tous très forts. A lire, à lire, à lire !!!
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beau livre que l'on m'avait offert et qui vous offre les portes d'un beau plongeon en terre africaine, pas la terre des safaris, et pas plus celle des plages de cocotiers, mais celle de la sueur et de la violence ,essentiellement ici celle faite aux femmes. C'est plutôt enlevé , rythmé , un peu prévisible mais sans enlever à l'histoire son fil conducteur solide et discret. L'écriture est belle et juste une interrogation; voila un livre sur les femmes écrites par un homme. ( et lu par un homme!); qu'en pensent les femmes africaines, s'y retrouvent elles?
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Roman humaniste et social, Photo de groupe au bord du fleuve offre aux lecteurs la vision d'une Afrique, loin des clichés bon enfant, constituée de pays enchanteurs où les gens sont tous gentils, accueillants, non racistes et où les importantes traditions ne sont qu'un bienfait pour tous, chacun s'occupant soigneusement de son prochain. Dans son roman, Emmanuel Dongala met au jour les rapports de pouvoir d'une Afrique contemporaine dénuée de tout exotisme et ce, dans son intense brutalité, à travers la révolte d'un groupe de femmes réclamant un meilleur salaire qui rétribuerait plus justement un travail misérable et harassant, celui de casseur de pierre au bord d'un fleuve. Ce récit polyphonique donne à entendre la voix du narrateur mais aussi celles de toutes les femmes du récit s'entremêlant avec des extraits d'actualités radiophoniques ou journalistiques qui font l'état de différents pays africains :
« Encore une fois, le pouvoir autocratique et antidémocratique a frappé. Cette fois-ci ce sont des pauvres femmes innocentes, nos mères et nos soeurs, qui ont été tabassées et torturées sauvagement sur leur lieu de travail et dans les geôles du pouvoir alors qu'elles voulaient tout simplement négocier le prix de vente du produit de leur travail jusque-là acheté à vil prix par des entrepreneurs voraces, la plupart d'entre eux étant d'ailleurs des parents des hommes au pouvoir. [...] » ;
« En Papouasie-Nouvelle-Guinée, une jeune femme papoue a été brûlée vive mardi par les habitants d'un village de la région de Mount Hagen qui la soupçonnaient de sorcellerie après la mort de plusieurs personnes atteintes du VIH/sida ».
Ne cherchant rien d'autre que l'augmentation de leur salaire, ces femmes se retrouvent aux prises avec la politique du pays teintée de corruption quotidienne et à tous les niveaux de la société, la violence de la répression et le non-dit, la condition misérable des femmes et les traditions absurdes et meurtrières servant l'intérêt des hommes. Cette vision de l'Afrique par un auteur Africain montre aux lecteurs le bien triste univers de la population soumise aux diktats d'une politique de façade, les dirigeants n'étant présents que pour profiter de la solidarité mondiale en faisant croire aux pays donateurs que le monde africain évolue alors qu'en réalité, la tradition prime sur les lois et notamment, en ce qui concerne la vie des femmes. La richesse et la mauvaise foi des dirigeants, leurs palais, les buffets bien garnis contrastent avec la misère de la population qui n'a pas de quoi se payer des médicaments, des frais hospitaliers ou tout simplement, une sépulture. En Afrique, tout se monnaye, même le drap que l'on pose, à l'hôpital, sur un mort. La crasse, la puanteur, la pourriture, omniprésentes dans ce récit et alliées à la propagation du sida non soigné montrent que l'Afrique traditionnelle et religieuse sert la cause de dirigeants corrompus qui profitent de cette situation.
Mais l'auteur donne aussi à voir un formidable groupe de femmes qui se détache de ce cloaque ; elles apparaissent tel un soleil et comprennent qu'en s'unissant, malgré leurs différences, elles pourront se protéger de la violence des hommes, de celle de familles voleuses et voraces et bien sûr, des membres du gouvernement qui vont s'intéresser de très près à leur revendication. Si ces femmes n'obtiennent pas tout ce qu'elles souhaitent, elles ont compris que c'est en s'unissant qu'elles pourront lutter et gagner leur indépendance.
Avec ce roman, Emmanuel Dongala porte un coup terrible au pouvoir des hommes en Afrique. Il dénonce les violences sexuelles, l'hypocrisie religieuse, la tyrannie du mariage, la culture du viol. Parfois, ce roman s'apparenterait à un roman de Zola mais dans un rapport à la langue moins didactique ou idéaliste. Emmanuel Dongala est un romancier important de langue française. Né au Congo d'une mère centrafricaine, il a dû s'exiler aux Etats-Unis tandis que la guerre civile ravageait son pays.

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Un roman en forme de terrible liste de tous les sévices et privations dont font l'objet les femmes africaines.
Bien sûr, si le lecteur a les yeux ouverts, il n'apprendra pas grand chose sur la discrimination des femmes et sur la politique dans sa version la plus sordide, mais le ton, assorti du tutoiement, nous fait entrer dans l'intimité de ses femmes bafouées. C'est en cela que ce livre m'a plu. Il nous fait entrer dans ce monde comme un ami de la famille. Mais c'est aussi pour cela qu'il est difficile de ne pas pleurer, hurler, pour finir démoralisé en le lisant.
Une seule critique cependant. La fin me semble, malheureusement peu crédible. Mais qui aurait pu supporter la vérité ?
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Tout simplement magnifique.
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Waouh, juste waouh, je viens de me prendre une claque littéraire en plein visage.

Nouvel auteur, nouvelle plume, nouveau pays. Et je dis oui à tout. Je viens tout juste de refermer ce livre et j'ai un petit pincement au coeur à l'idée de quitter ce groupe de femmes et de ne plus les côtoyer. Chaque femme a son histoire, son passé, son rêve et chaque femme a été confrontée à cette société patriarcale, à cette société pourrie et corrompue. Elles ont toutes connu de terribles malheurs : le viol, la persécution, l'humiliation, la pauvreté, la haine et tout cela à cause de quoi ? A cause du simple fait d'être une femme, d'être dans un corps de femme.

L'héroïne principale est tenace, forte, fière et courageuse. Sa répartie m'a fait beaucoup rire. La solidarité qui se dégage de ce groupe m'a rendu fière d'être une femme, et m'a montré à quel point on peut déplacer des montagnes quand on est unies et rassemblées autour d'une cause juste.

La plume de l'auteur est très agréable. Cela m'étonne toujours de voir des hommes décrirent aussi bien le psychisme d'une femme, de les voir se mettre dans la peau d'une femme et de réaliser l'un des plus beaux hommages à la férocité de ces dernières. Comme quoi tout homme a une part de féminité en lui, et toute femme a une part de masculinité en elle.

Malgré les nombreux passages durs et poignants, ces femmes gardent la tête haute, dédramatisent, s'encouragent, rigolent et ne lâchent jamais rien. On est jamais dans le pathos, on ne stagne pas et on ne fait qu'avancer.

Le fait d'avoir incorporé ça et là des brides d'informations de la radio était très original et tellement démoralisant. L'impression que le monde regorge de faits divers, que les femmes se font massacrer tous les jours et ce, aux quatre coins du monde.

Un livre fort, poignant et majestueux. L'un des plus beaux hommages que j'ai pu lire au courage de la femme.
Lien : https://labullederealita.wor..
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