Rothko, quelques mois avant de choisir de quitter notre monde, décide donc d'en fixer l'horizon, traçant ainsi, à sa manière, le bout du chemin. Il nous y précède en éclaireur, dans une fuite en avant d'où aucun retour n'est possible.
Et les signes qu'il nous a laissés, sur ces morceaux de toile, se mettent doucement, sous notre regard troublé par l'émotion, à trembler davantage.
Voici donc venu un autre temps, où... (p. 16-17)
La peinture de Rothko [...] nous force à nous dépouiller_ "La vérité doit se dépouiller elle-même du soi." Car c'est l'écho de notre être que nous cherchons.
Il ne s'agit pas d'interpréter. Il ne s'agit pas d'expliquer.
Il ne s'agit plus de comprendre, mais bien de voir - et seulement de cela. (p. 19)
Et si Rothko, errant dans un monde ayant perdu la foi, n'avait peint ses immenses toiles que pour tenter, désespérément, d'en dissimuler le vide, le néant ? (p. 22)
[...] Peinture existentielle, brutale, dont les ciels de ténèbres vibrent sous le cri déchirant de l'être. (p. 22-23)
Edouard DOR, qui signe "LE CONCERT, sur l'ultime tableau de Nicolas de Staël" (Editions Sens&Tonka) raconte combien le poète René Char eut du mal à croire au suicide du peintre, allant même tout un temps à le nier...