J'aime particulièrement l'oeuvre de
George Orwell. Alors, j'ai tout de suite été attiré par une BD qui fait aussi clairement référence à "
La ferme des animaux" et à sa puissance de dénonciation. Dès le prologue, le scénariste
Xavier Dorison affirme sa volonté de rester fidèle à Orwell tout en s'inspirant des luttes que celui-ci n'a pas pu connaître : celles de Gandi ou de Mandela. Puis, plus surprenant et intéressant à mes yeux, il évoque Otpor et la stratégie de ces résistants serbes qui passe par la culture et le rire. Et
Dorison a raison de citer tous ces noms car son scénario intègre parfaitement et subtilement l'apport de tous ces mouvements : pacifisme, subversion, action culturelle. Dans une ferme des animaux qui est devenue chez lui plus terrifiante encore, un château des animaux où un taureau et des chiens règnent en maîtres, plus contemporaine peut-être, il met en scène des animaux qui tentent de se révolter avec audace, courage et originalité. La série n'en est qu'au tome 1 et leur lutte est loin d'être encore victorieuse mais l'histoire fonctionne. Les personnages sont attachants, surprenants et complexes. Leurs tentatives de rébellion sont à mes yeux de vrais exemples pour les luttes d'aujourd'hui et le symbole qu'ils se sont choisis est de ceux pour lesquels je pourrais m'engager aussi. Sans dévoiler ce détail de l'intrigue, je dirai juste qu'il est organique et solaire. Voilà qui dépeint bien les valeurs à l'oeuvre dans cette bande-dessinée. Voilà ce qui me plaît ! Ce n'est ni une adaptation, ni un hommage à Orwell, c'est la même démarche que la sienne comme s'il avait encore été parmi nous aujourd'hui pour la mener à son terme. Et le dessin de
Félix Delep est efficace comme il le faut pour rendre toute l'intensité plus qu'humaine de ces animaux en lutte, dans de grandes planches denses et maîtrisées comme je les aime. Vivement les albums suivants !