Tous les euphémismes sont bons pour qualifier les munitions qui sont appelées «balles souples», «cinétiques», voire « balles en mousse» dans les mé- dias, alors que les policiers, au contraire, aiment à répéter dans ces mêmes médias que les manifestants, à mains nues, leur «tirent» des projectiles. Dans le récit journalistique, c’est «l'arme du policier» qui blesse et non l'individu auteur du tir. En revanche, ce n'est jamais le caillou qui touche le policier, mais le « casseur», et des feux d' artifice sont qualifiés de «mortiers».
Depuis plus de 10 ans, la police dispose de tasers, de Flash-Balls et de grenades de plus en plus puissantes. Un arsenal que la novlangue qualifie de sublétal pour éviter de tuer. Dans les faits, chaque année, la police tire simultanément des quantités de plus en plus industrielles de munitions dites "intermédiaires" tout en augmentant le nombre de tirs à balles réelles. L'arrivée des armes " non létales" n'aura réussi qu'à banaliser le fait de tirer en direction d'individus: de généraliser l'acte de presser sur la détente.
"Nous sommes en guerre", répète le chef d'État. Tout le monde sait que la pandémie est le produit de la civilisation industrielle et que d'autres maladies apparaîtront tant que la nature continuera d'être dévastée, que le climat se déréglera et que des élevages industriels se multiplieront, entraînant inévitablement d'autres mutations virales.
"casseurs de vitres contre casseurs de vies", résume une phrase peinte sur un mur.
Un tag aperçu sur un mur décrit avec justesse la situation du moment: " ce ne sont plus les manifestations qui débordent, mais le débordement qui manifeste".