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sur 1090 notes
Un père désaxé, une mère indifférente, un oncle collé à sa mère, un grand-père très spécial…Il n'a pas eu de chance, ce pauvre Paul, avec une famille pareille !
Après avoir fait des études de médecine comme son père et son grand-père, et le suicide de 3 membres de cette famille excentrique, il décide de partir de Toulouse pour Miami afin de s'adonner à sa passion, la pelote basque et d'en faire son métier. Passion pour laquelle il est rempli de talent. Ah, Miami, le paradis des parieurs, de l'océan ! (on y trouve même un chien en plein milieu). Paul y passe les 4 plus belles années de sa vie. Il nage dans le bonheur le plus total, et tombe même amoureux d'une Norvégienne beaucoup plus âgée que lui, mais « gorgeous » !
Ce bonheur prendra fin avec l'annonce du suicide de son père, dernier survivant des hurluberlus.
Survivra-t-il à cette lourde succession ?


Que voilà encore un roman de Dubois savoureux ! Bon, soyons honnête : les descriptions de parties de pelote basque m'ont franchement ennuyée, et le vocabulaire technique employé itou. Mais que j'ai ri durant la première moitié de l'histoire ! Quel ton caustique, quel humour noir ! Et quel style flamboyant, plein d'à-propos !
Bref, trêve de points d'exclamation, car passée cette première moitié, l'humour s'envole pour ne plus revenir du tout. Mais vraiment plus du tout. Nous tombons dans le noir le plus complet, dans le marasme psychologique. Cela m'a fait penser au seul roman de cet auteur que je n'avais pas adoré car vraiment trop désespérant : « Hommes entre eux ».


Ce roman n'est donc pas mon préféré, mais je reste une inconditionnelle de Dubois, il n'a pas son pareil pour nous trousser une situation absurde en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire.


« Enfant, je ne savais pas ce que je faisais parmi ces gens-là, et visiblement, eux non plus » : voilà le drame. Quand l'enfance a été flouée, l'adulte se sentira toujours flou.
Et Dubois, pour nous raconter cela, sera tout sauf flou.
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"Mon père, posé sur l'étagère, dormait dans son urne..."

Voici le genre de phrase un peu absurde qui résume bien la plume si personnelle de Jean-Paul Dubois et le plaisir que je retrouve intact à me plonger dans ses petites histoires.
Pourtant celle ci est engluée de tristesse et de morosité et son personnage, un clown triste qui passe à côté de sa vie jusqu'au final prévisible.

Entre Toulouse, pays basque et Floride, un fils expatrié se voit rattraper par le devoir filial, seul descendant encore vivant d'une famille de suicidés à répétition. Finie, la parenthèse enchantée de son statut de joueur de pelote sur les frontons de Miami Beach, la douceur du climat des Keys et la liberté d'un jeune adulte sans attaches. Il convient de rentrer, d'assumer l'héritage des fantômes familiaux et remettre en route un cabinet médical.

Avec aisance, l'auteur utilise le cocasse pour parler de désespoir, et sait manier les digressions, sans jamais perdre son lecteur. On passe de l'autopsie de Staline aux grandes grèves de la ligue américaine de pelote, avec un détour par l'histoire des succulents pastrami de Wolfie's et la rencontre avec une amoureuse norvégienne. Il nourrit son propos de personnages joyeusement décalés, maniant avec désinvolture un sens aigu de la formule et du dérisoire. Pour autant le propos reste grave et intime sur les thèmes de la filiation et de la recherche du bonheur.

Un excellent roman entre sourires et mélancolie.
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Paul Katrakilis aurait pu continuer à oeuvrer à des milliers de kilomètres des siens comme star reconnue de la cesta punta.
Homme complexe, presque inadapté au monde qui l'entoure, il trace son sillon en tentant d'échapper à un héritage familial particulièrement dérangeant.
Son égoïste de père, dans un dernier élan mortifère du 8e étage, se rappelle alors à son bon souvenir.
Un enterrement à organiser, une surprenante succession à assumer, le poids d'un passé honni qui le rattrape pour le meilleur, merci au paternel pour son amour absolu des voitures anciennes, mais surtout pour le pire.

Il n'y arrive pas, le Paulot.
Tel le sparadrap du capitaine Haddock qui vous colle aux basques, ce père, qu'il voua aux gémonies, continue de le narguer par-delà la tombe.
Deux carnets noirs accidentellement découverts dans la maison familiale et c'est une vision totalement biaisée de l'être répudié qui se désintègre au profit d'un parfait inconnu.

Il n'est jamais trop tard pour découvrir qui l'on est vraiment et ce qui a déterminé cet état de fait.
Les secrets, les non-dits, tout ce qui a pu gangrener une cellule familiale au point de la faire exploser et qui n'était que la partie immergée d'un personnage bien plus complexe.

Parfait combo entre cesta punta et filiation, cette succession séduit de par l'originalité sportive de son propos couplée à une découverte du "moi" profond particulièrement bien torchée.
Un cheminement insolite que notre héritier se fera fort d'effectuer pour enfin se trouver, lui qui semblait perdu pour sa pomme (aux pépins innombrables) et la société.

Le vernis craque, les fêlures apparaissent, la vérité vraie - dixit Enrico - se fait jour, cruelle, éclatante, insidieusement révélatrice d'un tout que l'on appréhendait vaguement sans vraiment pouvoir en définir les contours.

Dubois écrit sur l'Humain. Son héritage spirituel. Les secrets de famille et leurs conséquences dévastatrices. Mais avant tout, il écrit pour comprendre. Rien de tel qu'un orfèvre en la matière pour apprendre...
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Ce n'est vairment pas le genre d'histoire dont j'avais besoin en ce moment... mais l'écriture particulièrement brillante a su m'accrocher.
Une écriture brillante, mais éclatante d'une sombre lumière.

Totalement désabusé, Paul essaie vainement de récupérer quelques vapeurs du bonheur qu'il connut avec la cesta punta.
Plutôt que d'exercer la médecine, il a choisi de jouer à cette pelote basque en tant que professionnel, aux États Unis. Mais la grande époque des Jaï Alaï ¹ n'est plus ce qu'elle était avant les mouvements de grève des joueurs de 1960.
À la mort de son père, sans envie, il revient au pays basque.
Le cabinet médical, héritage de ce père grotesquement suicidé, ne lui procure qu'une tenace mélancolie.
Affronter des malades et parfois "soulager" les mourants ne l'aident pas non plus, et ce ne sont pas les souvenirs de sa parentèle au comportement étrange et plutôt indifférent à son endroit, tous suicidés aussi, qui lui insuffleront l'optimisme nécessaire.
Verra-t-il une fin à cette lutte perpétuelle contre la désespérance ?

Situations grotesques, anecdotes cocasses, sourires doux amers sauvent le lecteur de la déprime totale et nous mènent presque allègrement vers la fin.
Sans hésitation, je reviendrai vers Jean-Paul Dubois... mais en attendant, il me faut une lecture plus optimiste.

1 - Jaï Alaï : Installations où l'on pratique la pelote basque et qui, aux États Unis (qui savent tout "embellir"), sont devenues des sortes de casinos où l'on parie sur les joueurs.
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Imaginer que l'on peut changer le cours des choses en s'exilant de l'autre côté de l'Atlantique, c'est ce que notre héros Paul a fait en refusant de rester à Toulouse. Mais peut-on vraiment échapper à son destin ?

La Succession nous donne à voir comment les personnages désabusés se débattent pour quelques moments d'éclaircies. Paul a érigé en véritable art de vivre la pelote basque sous le soleil de Miami, trouvé un amour qui s'est évaporé avant de découvrir la face cachée de cette famille dont il est issu et dont il n'a jamais rien compris.

Jean-Paul Dubois manie tout à la fois la tendresse, l'humour mais surtout beaucoup d'humanité. Un mélange qui m'a une nouvelle fois conquise et profondément touchée.


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J'avais deux, trois idées en tête sur ce que je voulais voir traiter dans un roman qui s'appelle La succession aussi, quand, dès la première page, Paul m'a emmenée à Miami dans le petit cercle des professionnels de la pelote basque, je me suis dit que j'allais être décontenancée. Ce qui a été le cas.

Le monde des joueurs de cesta punta, le Jaï-alaï donc, type de fronton spécifique à ce sport mais aussi, par métonymie, lieu où il se pratique, incluant parfois un endroit dévolu au public essentiellement des parieurs qui engraissent tout un microcosme un peu louche (je précise pour les comme moi qui n'auraient pas su). En Floride. Tout ceci résonne dans mon entendement à peu près autant que l'industrie des parapluies pour un bulot, le calcul de la courbe retour d'un boomerang pour un panda. Autant dire pas. Pas du tout.

Et j'en ai bouffé de la pelote basque. le roman est court mais ça occupe tout de même beaucoup de pages (ressenti 300). Mais comme le narrateur précise dès les premiers mots de son récit que cette période de sa vie constitue la meilleure, ces « années merveilleuses. Quatre années prodigieuses durant lesquelles je fus soumis à un apprentissage fulgurant et une pratique intense du bonheur », j'ai poliment tout lu. Ca m'a rappelé un peu Houellebecq. Une manière d'écrire à la première personne sans y toucher, de parler de sa vie comme on mentionnerait quelque chose de lointain, mais de très précis, sur les effets de quoi on ne se répandra pas même s'il est indéniable qu'il s'agit de quelque chose d'aussi essentiel que radical. le lecteur comprend bien mais son empathie est priée de rester à distance, faudrait pas que le pathétique devienne mièvre, que la solitude soit autre chose que de l'âcre. On ne compatira donc pas, on rira doucement jaune pour faire chorus.

Mais dans les premières lignes, le narrateur est « un homme profondément heureux, comblé en toutes choses ». Ce bonheur inouï placé en initial est constitutivement construit dans un rapport d'opposition et de distance bienvenue avec ses origines « ce territoire désarticulé que j'avais abandonné, et surtout loin de ceux qui m'avaient mis au monde par des voies naturelles, m'avaient élevé, éduqué, détraqué et sans doute transmis le pire de leurs gènes, la lie de leurs chromosomes. »

Tout un programme cet incipit. Maintenant que j'ai fini le livre, je peux bien le confirmer, tout est là, une vraie scène d'exposition. L'humour, le désespoir qui rode et la succession, aussi.

En attendant : cesta punta. Et Watson. le chien que le narrateur sauve littéralement des eaux lors d'une sortie en mer sur son petit bateau à moteur. Un amour indéfectible liera à jamais Watson à Paul. Tout en même temps qu'on fait des ronds dans l'eau, qu'on manie le chistera, on en apprend un peu plus sur les ascendants de Paul.

Katrakilis pour le côté paternel dont on retiendra un grand-père Spyridon qui a ramené de sa vie russe une lamelle du cerveau de Staline conservée dans du formol, et un père, médecin ayant la particularité d'exercer en short ou en slip. du côté maternel, les Gallieni résumés à la mère de Paul et au frère de cette dernière. Entre les deux, des relations fusionnelles au point que lorsqu'il se suicidera, elle le suivra un mois plus tard. Comme le grand-père paternel aura fait de même et que le père de Paul prendra le même chemin, on commence à entrevoir un arbre généalogique vide et pour le moins torturé.

« Notre histoire commençait avec mon grand-père, en URSS, aux alentours des années 40, et il était hors de question d'espérer remonter plus avant dans le temps. Pas un mot sur ma grand-mère, son prénom, la ville où elle habitait, sa vie ou sa mort, comme si Spyridon voulait laisser croire qu'il s'tait reproduit par scissiparité. Pas davantage d'explication sur la consonnance hellène de notre nom, les raisons de notre établissement à Moscou ou sur les circonstances d'éventuelles migrations familiales. Même vide et identique silence en ce qui concerne les Gallieni. (…) Ils travaillaient au magasin. Puis ils étaient morts. Fin de l'histoire. »

Finalement, le soleil de Floride et la cesta punta, c'est pas pire.

Je ne vais pas vous raconter tout le roman même si j'en ai très envie. Sachez seulement que le bonheur n'a qu'un temps. Des circonstances extérieures à la volonté de Paul vont mettre fin à sa carrière de pelotari. Il va devenir serveur dans un restaurant où trône la gorgeous Ingvild Lunde. Norvégienne, élégante, apaisante, « cette Ingvild Lunde incarnait à peu près tout ce à quoi peut rêver un homme depuis son adolescence, à savoir un être symbiotique ayant à la fois la taille de son père et le corps de sa mère. (…) Si les saintes existaient, elles auraient cette carnation. » Amoureux transi, notre Paul. Que la belle ait 26 ans de plus que lui ne change rien à l'affaire, « partout où était cette femme était ma maison ». Venant d'un homme qui n'a jamais entendu « des choses que tous les enfants devraient entendre, des mots qui enlèvent la peur, bouchent les trous de solitude, éloignent la crainte des dieux et vous laissent au monde avec le désir, la force et l'envie d'y vivre », on comprend l'absolue nécessité, l'émerveillement du miraculé que contient cette déclaration.

Comme le récit de Paul n'est pas chronologique, ces événements sont tissés avec d'autres. Là encore, je ne veux pas trop en dévoiler. Peut-être simplement que « Lunde » est le nom du macareux moine, un très bel oiseau. « En mer, lorsqu'il est fatigué, il se laisse flotter, repliant son bec sous son aile. » Alors Paul rêve un instant qu'il aurait pu passer sa vie à Saint-Sébastien, en pays basque, ouvrir un magasin de souvenirs norvégiens avec des petits drakkars et « accrochées partout, des photos d'Ingvild Lunde, la femme que j'aimais, dans sa plus belle et plus noble posture, flottant sur l'eau, la tête repliée sous son aile. »

Et la succession alors ? Très vite le père de Paul meurt. Un suicide, je vous l'ai déjà dit je crois. L'héritage, le retour en France. Plein de choses se passent. Enfin, pas tant que ça, mais tout de même, un chemin, disons. de croix ? Possible. « Ensuite la maison et tout ce qu'elle contenait me tomba dessus. Les plafonds s'écroulèrent, avec ce que l'on avait entassé dans les greniers, les vieilleries et les lunes de de cette famille de cinglés alignés à la morgue, pareils à des cierges à brûler, laissant leurs merdes derrière eux, avec le sang, les viscères, les os brisés, tout ça pour l'héritier, à charge pour lui de tout nettoyer ». Là, on est au coeur du sujet que j'avais en tête et la pelote basque n'aura été qu'un divertissement au sens où l'entend Pascal, pauvre Paul !

Ensuite, ça déroule. Inexorablement.

La dernière ligne lue, dans une stupeur admirative, j'ai compris : la Succession n'est rien d'autre qu'une splendide parce qu'inéluctable tragédie grecque. C'est construit comme cela, pour cela. Une mécanique aux ressorts parfaitement bandés, quoi qu'on y prétende. Contre le destin et les hespérophanes, que peuvent les lunde, hélas ?
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« Guérir était pourtant un mot merveilleux. Sans doute le plus beau de tous avec cesta punta. »

Jusqu'à pratiquement les trois-quarts du roman, je me suis demandé où l'auteur voulait m'entrainer mais sans jamais m'inquiéter tant Jean-Paul Dubois à la classe. Peu importe la destination, le voyage avec lui est inlassablement captivant et infiniment attachant, toujours parsemé d'anecdotes poignantes et drôles sans cesse pavé d'historiettes souvent instructives.

De Miami ou est sa vie à Toulouse berceau de sa jeunesse en passant par le pays basque sa région de coeur, le parcours de Paul est douloureux. D'abord par sa filiation autant exotique qu'atypique puis par sa profession de médecin qu'il a du mal à accepter et qu'il quittera pour réaliser son rêve, devenir sportif professionnel de pelote basque à la world Jaï-alaï Inc. de la torride Floride où il sera heureux mais exploité.

Finalement ce roman m'a touché plus que je ne l'aurais imaginé. Je me suis naturellement attaché à cet homme qui porte le poids de son ascendance et les défauts de son hérédité sans les considérer tout en souhaitant les fuir.

Dans quasiment chacune des phrases de ce roman l'humour est omniprésent mais dissimule avec une extrême pudeur l'amour sous toutes ses formes : L'amour filial absent et ses effets dévastateurs, l'amour de sa vie qui surgit « kvinnen i mit liv » en norvégien, l'amour sans détour d'un chien, l'amour d'un sport élégant et offensif porté au pinacle.

Cette histoire est attendrissante, cet homme est émouvant, la finale est particulièrement surprenante. Un véritable cocktail de sensibilité baigné d'une couche de sincérité et d'authenticité. de belles tranches de vie avec une portion funèbre.


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Quelques titres de Jean-Paul Dubois : La vie me fait peur • Si ce livre pouvait me rapprocher de toi • Tous les matins je me lève [formulation typique d'un dépressif] • Maria est morte • Les poissons me regardent • Une année sous silence • Prends soin de moi...
Sachant qu'ils annoncent bien les 50 000 nuances de blues du contenu, et que d'autres romans de l'auteur sont tout aussi sombres sans que le titre l'annonce clairement, on se dit que JP Dubois n'est vraiment pas en forme. Ce mal-être affiché à longueur d'ouvrages est-il sincère ? outré ? est-ce une posture ? posture vendeuse, façon O. Adam qui ne change pas sa recette qui gagne ?

Dans 'La succession', on en est déjà à trois suicides (grand-père, oncle, mère) à la troisième page, et c'est pas fini.
Des suicides mis en scène de façon sordide, comme si l'acte ne suffisait pas, et abondamment détaillés par le narrateur/auteur. Un remake dilué de 'Suicide mode d'emploi'.

L'idée de succession évoquée dans le titre est double : hériter des troubles psychiatriques des lignées maternelle et paternelle, mais aussi reprendre le cabinet du père, médecin généraliste à Toulouse.
La première perspective effraie Paul - Delphine de Vigan, Florence Noiville et Marie Sizun l'ont très bien (d)écrit aussi.
Et la deuxième ne l'enchante guère, lui qui gagnait sa vie comme pelotari à Miami depuis quelques années. D'autant que le défi s'avère difficile à relever lorsque Paul s'aperçoit que ce père, qu'il prenait pour un salaud sans coeur, était très apprécié de ses patients, notamment parce qu'il les 'aidait'.

L'auteur écrit très bien, jouant avec les contrastes :
- entre humour et désespoir
- Eros & Thanatos
- personnages sympas au langage fleuri (Epifanio ♥) mis en valeur par le manque de relief d'individus indécis (comme Paul)
- fidélité canine vs abandon brutal des humains
- sport de loisir vs pratique 'utile' de la médecine
- austérité de la vie toulousaine familiale (horlogerie, médecine) vs vacances au pays basque, puis ambiance festive et mafieuse de Miami.

Dubois a également des talents de conteur, c'est indéniable, et certains passages sont réjouissants, notamment les anecdotes historiques façon Pierre Raufast ('La fractale des raviolis', 'La variante chilienne'...). L'accumulation donne quand même l'impression au lecteur d'être sur Wikipédia, à faire lui-même quelques vérifs, et ça finit par sonner faux. On peut aussi trouver ch!ants certains détails - ici sur la pelote basque, à l'instar de John Irving avec la lutte.

Mon avis est donc plus mitigé que ceux de la plupart des lecteurs de Babelio, mais j'ai aimé l'humour, le chien, et la facette paternelle qu'on ne découvre qu'à la fin.
___

Merci à Cécile du far-east pour cette LC.
Petit décalage à déplorer. Mea culpa, j'ai pris des chemins de traverse entre Toulouse, l'Euskal Herria et la Floride : suis passée par la forêt du petit loup en slip, et par la vallée de la Roya avec les fermes accueillantes de Cédric Herrou et d'autres 'justes' aussi formidables que lui.
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♫ On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille, on choisit pas non plus les trottoirs de Toulouse ♫, voilà ce que pourrait chanter le médecin et joueur de pelote basque, Paul Katrakilis, le rejeton d'une famille de dépressifs qui ont tous choisi de finir brutalement et baroquement leur vie.

De retour dans sa ville natale après la mort de son père, le dernier suicidé de la famille, Paul doit affronter ce qu'il a fui — en renonçant à son métier pour jouer à la pelote basque à Miami — l'héritage d'une ascendance tragique. C'est avec la découverte de deux carnets de son géniteur, froid et excentrique, qu'il va intégrer finalement le sens à donner à ce lourd héritage.

Quand je le regarde avec cet air un peu triste et fatigué, ce regard tourné vers l'intérieur à peine égayé par un sourire fermé, je trouve que ce livre lui va bien. Jean-Paul Dubois y fait ce qu'il sait si bien faire, nous raconter une histoire qui, entre humour et émotion, nous fait passer de la plus franche gaieté à la mélancolie la plus profonde. Un roman un peu désespéré mais vraiment excellent.
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Un titre sec – La succession – pour une histoire qui en dit plus long sur le sujet que je ne l'aurais pensé. Jean-Paul Dubois réserve des surprises à chaque chapitre de ce récit original, très agréable à lire. Son écriture est au début empreinte d'une touche légère d'humour noir. Sur la fin, elle aura tourné à la noirceur grinçante, sans que je me sois vraiment rendu compte du glissement. du grand art.

Le narrateur est Paul, bientôt trente ans, originaire de Toulouse, docteur en médecine. Il n'a jamais exercé. Il vit à Miami, une ville gaie, animée, ouverte, baignée par l'océan. Il fait beau toute l'année, ou presque. Paul est pelotari professionnel... Nous sommes dans les années quatre-vingt. La pelote basque est très populaire en Floride. Les matches se déroulent à guichet fermé dans des arènes de quinze mille places. On y croise Frank Sinatra, Paul Newman, John Travolta, entre autres stars... C'est un très gros business. On parie des sommes considérables.

Joueur lambda, Paul gagne tout juste de quoi vivre. Mais il est fou de pelote basque depuis l'enfance. La chistera est à la fois sa passion et son métier. Que demander d'autre ? Il est heureux, pleinement heureux. Ce sont les plus belles années de sa vie.

C'est en tout cas ce qu'il déclare dès les premières pages. Son expression est alors enjouée, pleine d'entrain, même si l'on peut y déceler une fêlure. « What's wrong with you ? » s'interroge régulièrement sa petite amie en l'observant.

En réalité, la pelote basque est pour Paul un exutoire. Il n'a jamais été heureux. La faute à une famille qu'il ne supporte pas, qu'il n'a jamais supportée. Des originaux, égocentriques, vivant chacun sur leur planète. « Incapables de vivre, de supporter leur propre poids sur cette terre, (ils) m'avaient fait, fabriqué, détraqué. » déplore-t-il. C'est pour oublier cette famille – du moins ce qu'il en reste, comme on va le voir ! – qu'il s'est exilé à Miami.

Dressons l'inventaire. Ils étaient quatre. Dans la famille de Paul, j'ai d'abord demandé le grand père : un hurluberlu facétieux ; d'origine russe, il prétendait avoir été le médecin de Staline et racontait moult fariboles. Puis j'ai demandé la mère : l'oncle s'est présenté en même temps ; ils ont vécu collés l'un à l'autre comme mari et femme, ou plutôt comme des jumeaux siamois ne quittant jamais leur bulle. Sinistre point d'orgue de l'extravagance de ces trois-là : ils ont mis fin à leurs jours sans raison apparente ni signe avant-coureur. Paul en raconte les circonstances sur un ton de détachement amusé. Comme si leurs suicides étaient une sorte de pied-de-nez burlesque.

Reste le père, Adrian. Un médecin de famille à qui il arrive de recevoir ses patients en short, parfois même en slip ! Quand il y pense, cela met Paul hors de lui... Adrian donne l'impression d'être plongé dans des considérations symboliques très personnelles. Père et fils ne se sont jamais compris, ne se sont jamais supportés. le père n'a pas prononcé les mots qu'aurait attendus son fils. Lui n'a pas compris le sens des messages de son père : « Un jour tu finiras par prendre ma succession ! ».

Ça devait arriver. Un jour, Paul apprend la mort de son père... Oui, lui aussi ; comme les autres. Avec une mise en scène bien dans l'esprit du personnage.

Ça change tout pour Paul ! de fils unique, il devient seul survivant, le dernier des .... Il va falloir devenir adulte et, selon la formule consacrée, liquider la succession… Il ne s'agira pas que de formalités notariales...

Par l'intermédiaire de Paul, l'auteur nous promène agréablement dans les environs de Miami et au Pays Basque. A Toulouse aussi, bien sûr, dans les secrets de la maison familiale et au volant d'une antique Triumph décapotable.

Le fil de l'histoire est entremêlé de digressions étonnantes. le tranchage du cerveau de Staline lors de son autopsie ; la mort du dernier quagga, une sous-espèce de zèbre éteinte à la fin du XIXème siècle ; les aventures et mésaventures de Georges Labit, un grand voyageur et collectionneur toulousain... Des anecdotes distrayantes, mais toutes morbides. Pas aussi sinistres toutefois que le grincement des mandibules des vers xylophages rongeant le contenu des cerveaux malades...

Une pensée enfin pour une grande et belle Norvégienne, beaucoup plus âgée, solide comme un homme, fine comme une femme. Quand on cherche à la fois un père et une mère !...

Un roman superbement construit et remarquablement écrit que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire.
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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