Ce roman
le cas Sneijder de
Jean-Paul Dubois (Prix Goncourt de cette année pour
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon) est le récit d'un homme qui vient de perdre sa fille, Marie, dans un accident d'ascenseur.
Paul, 60 ans, marié une première fois à Gladys avec qui il a eu Marie, divorcé et remarié à Anna avec qui il a eu des jumeaux : Hugo et Nicolas, voit sa vie basculée le jour de l'accident d'ascenseur alors qu'il est à l'intérieur avec sa fille, Marie. Il est le seul rescapé de l'accident.
Dès lors, Paul n'aura de cesse de vouloir rejoindre Marie - la rejoindre par la pensée, par la recherche insatiable des causes de l'accident, par la fuite, par cette incapacité à faire face au deuil. Cet homme se réveille après un coma et doit faire face à l'annonce du décès de sa fille.
Cet accident sera aussi l'occasion pour lui de revenir sur sa vie, son enfance, ses parents, sa vie professionnelle, sa vie avec Gladys, sa vie avec Anna et de constater qu'entre lui et sa femme, la connivence n'existe plus mais a-t'elle un jour existée ?
Les conséquences de l'accident sont multiples et font surgir chez Paul des réactions incontrôlables. Par une claustrophobie inopinée lors d'une réunion, Paul décide de quitter son travail et cherche une vie plus en harmonie avec la nature. Ce choix, quelque peu comique, n'honore pas le rang social d'Anna et elle le fait savoir. Elle n'épaule pas Paul dans cette reconstruction psychologique. Paul comprend que son couple n'est que figuratif.
Il s'éloigne des siens, se referme sur lui et ses décisions ne sont pas au goût de tous. Anna et « ses » enfants, « les Keller » prendront la décision fatale. Fallait-il vraiment en arriver là ? L'argent ne fut-il pas le seul moteur de cette décision fatale ?
Doit-on tout accepter lors d'un remariage ?
Paul est attachant de justesse et le lecteur s'attache à lui mais le lecteur va aussi se questionner de pages en pages. Devait-il laisser sa femme, Anna, prendre le contrôle de leur vie ? Pourquoi a-t'il accepté cette soumission sans piper mot ? Ne pouvait-il pas faire face à cette femme autoritaire ?
Nulle discussion ne vient réparer les injustices passées, nul compromis ne vient enrayer la descente de Paul. Paul est seul et encore plus seul après la décision tranchante de sa femme et de ses enfants.
L'écriture est fluide et presque douce, elle se densifie au fil des pages jusqu'à ce paragraphe finale qui marque par une anaphore l'impatience de Paul de retrouver Marie.
A lire !