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3,88

sur 1979 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Et ma mère tomba à genoux. Ses mains sur son visage ressemblaient à un pansement dérisoire ».
Ca commence comme ça : avec un malheur. le frère ainé de Jean Blick, Vincent, vient de mourir de complications opératoires. Jean a 8 ans, nous sommes en 1958, et commence pour lui une longue période de purgatoire entre des parents effondrés qui vivent sous l'eau, avec De Gaulle en toile de fond, sur le téléviseur.

Mais rassurez-vous, Jean-Paul Dubois n'est pas du genre à faire se lamenter ses narrateurs, loin de là ! Avec toute l'humanité du monde, mais aussi avec plein d'humour et d'ironie, Jean Blick va vivre. Il va vivre et connaitre ses premières expériences sexuelles (ah là là...son copain et le rôti familial...) . Il va vivre et clamer ses premières convictions politiques. Il va vivre et tomber amoureux fou d'Anna, qui devient sa femme.

Tout ce qui se passe d'important en France défile sous nos yeux (les chapitres d'ailleurs ont comme titre le nom des divers présidents qui se succèdent, c'est tout dire), mais tout ce qui se passe d'important dans la vie de Jean ne nous échappe pas non plus. Ses pensées les plus intimes, ses déchirements, ses peurs, ses joies et ses doutes, surtout, parsèment les pages de ce roman qui emporte, qui enveloppe. Les joies de la paternité, les voyages en mission pour photographier les arbres, les relations peu à peu distantes avec sa femme, le lien de plus en plus profond avec sa mère...tout ceci est raconté en même temps que la guerre d'Algérie, mai 68, les divers scandales financiers, l'affrontement Chirac- l'Autre, comme il dit (vous avez tous deviné de qui il s'agit) ...

Bref, trêve d'explications : je vous invite à entrer dans ce roman, vous vous y sentirez comme chez vous, amusés, attendris, étonnés, et même bouleversés, car je vous assure que l'humour (toutes les sortes d'humour) et l'émotion (toute la gamme des émotions) vous y accueilleront à chaque page.

Jean-Paul Dubois, que j'appréciais déjà énormément après avoir lu « Kennedy et moi » et « le cas Sneijder », eh bien cet auteur entre dans mon panthéon personnel de mes auteurs favoris ! Je l'adore !
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Jean-Paul Dubois, dessine un tableau sombre teinté de mélancolie sur les chimères comme sur les valeurs qui agitent le monde. En parcourant "une vie Française", ou un demi-siècle d'une famille toulousaine, de ces années qualifiées parfois de glorieuses, il restera un parfum très particulier, indéfinissable, un quelque chose de totalement éphémère, car tout lasse, tout passe, tout casse.
A la page 138 il lâche: je vois la vie comme un exercice solitaire, une traversée sans but, un voyage sur un lac à la foie calme et nauséabond. La plupart du temps nous flottons.

Il y a dans les pages de cette vie française comme un clin d'oeil à Spinoza.

En effet les bonheurs périssables, hasardeux, sont trop souvent la source de désillusions affirme Spinoza. Tel un élève scrupuleux, Jean-Paul Dubois soulignera avec finesse ces bonheurs factices. Il a pris chacun de ses bonheurs périssables et les a théâtralisés dans une vie Française, depuis leur apogée jusqu'à leur naufrage.


Le mirage de l'argent épouse la vie même de sa femme Anna. Anna Villendreux qui en héritant de la société de son père Atoll, va se ruiner et ruiner sa propre famille.
Dans cette épopée boursière, Paul Blinck le mari se délecte à célébrer les succès d'Atoll, ou à décrire le ridicule des patrons, qui ne pestent que sur les charges salariales. Sur sa propre ruine, il aura ce regard désabusé, tout cela pour s'envoyer
en l' air.


Côté ambition, Paul Blick devenu Photographe va nous conduire au plus sublime succès de librairie. Grâce aux photos d'arbres de l'homme tronc ( quolibet inventé par Libération) , jusqu'à la demande expresse de François Mitterrand de voir son portrait, élaboré et éternisé grâce à une photo prise par Paul lui-même, Paul Blick alors tutoie les sommets.
La descente aux enfers est aussi loufoque que les personnages mis en scène par Jean-Paul Dubois Visqueux et penaud notre vedette après son refus de tirer le portrait de Mitterrand se voit contraint d'arpenter les mètres carrés de l'ANPE.


Côté cœur le même scénario va se vitrifier par la conquête d'Anna Villandreux. Paul Blick le doux rêveur va épouser une princesse, c'est merveilleux. Il ira même jusqu'à éprouver les yeux doux de la mère de la princesse. Puis devenu homme au foyer, une belle dame au popotin hallucinant, va éprouver ses talents, "Laure Milot jeune maman sexy aux fesses équatoriales exerçait le même métier que lui",mère au foyer, elle lui fera toucher la piste aux étoiles..
La même descente va le gagner quand la belle dame lui apprendra qu'un rabbin lui avait enfin enseigné les mystères de la révélation, l'orgasme, enfin le plaisir. Douloureusement la perte de son épouse va sceller aussi son désenchantement amoureux.


Fallait-il que Jean-Paul Dubois se déguise en Spinoza. Paul Blink souvent solitaire avait l'idée de nous conduire vers d'autres réflexions. Quand ses propres enfants et sa propre mère prendront une place de plus en plus importante dans sa vie c'est un personnage plus dense, plus fraternel qui traversera ce livre.


la perte du frère, Vincent, quand Paul a 8 ans, est toujours là présente, Vincent est son double il l'accompagne. L'enfant devenu l'enfant unique croit en ses parents, il redécouvre sa mère, Claire, capable de se passionner pour la politique. Une famille se met à vivre, avec ses 2 enfants, Vincent et Marie.
Sa fille envahit les dernières pages, non par goût du mélodrame mais pour authentifier l'homme sincère qui se met à vibrer.


"Je n'ai jamais prié ni cru de bonne foi en quoi que ce soit. Je vois la vie comme un exercice solitaire", écrira Paul après la perte de son frère. Cette ligne de fond est là, souterraine mais la plus visible.
Une autre ligne à la hauteur de ses sarcasmes, défiant les mœurs étriqués de ses concitoyens, maintient Paul à la coque du bateau de son beau-père.
Le lecteur la découvre, sur le bateau, dans la tempête. Cette ligne qui le retient à la vie, va le sauver, celle de la solidarité, aussi ferme qu'une cordée en montagne.
Quand il tombe à la mer l'autre va dans la furie des eaux le ramener à bord.
Jean Villandreux se dévoile avec toute son humanité cachée. le renouveau est en marche.

Un livre à mâcher, dévorer, déguster, une avalanche de situations cocasses et vraies.
Le roman de la vie.
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La terre est belle, le monde est laid. C'est une conclusion un peu rude et bâclée mais plausible à cette vie française, la vie de Paul. Complexe, rarement sereine, souvent chahutée mais toujours passionnante même si parfois ses comportements et ses choix m'ont tenus à distance comme si je n'avais pas réellement envie de m'immiscer dans sa famille préférant la voir évoluer dans cette période de De Gaulle à Chirac qui fut aussi la mienne.

Je voue à J.P.Dubois une considération sans borne, ses phrases ont la faculté de résonner en moi comme des citations. Qu'elles soient drôles : « Il faut toujours se méfier de ces types qui descendent des croisés par les fenêtres. » ou tragiques : « Je menais, pour ma part, une existence de garde-barrière maintenu en poste sur une voie désaffectée. », elles sont toujours parfaitement adaptées et traduisent une lucidité et une acuité hors du commun : « Qu'il s'agisse de ma propre vie ou bien du destin de ce pays, je ne voyais aucune issue, aucune lumière, pas la moindre raison d'espérer une amélioration. »

J'ai dévalé 50 ans d'histoire de la France avec ses crises politiques et économiques, ses combats sociaux, ses guerres coloniales tout en percevant les mélodies de Curtis Mayfield ou de Stevie Wonder en fond sonore.
J'ai dégusté avec attrait le menu déroulant de l'existence de Paul, ce français comme tant d'autres avec sa sexualité balbutiante puis envahissante et enfin vide : « L'idée du désir était encore présente en moi et je concevais toujours l'idée d'être attiré par une femme, mais sans avoir à endurer la torture lancinante du manque ou de la privation. »
J'ai partagé ses bonheurs bien rapidement gommés par les deuils. Je me suis réjoui de ses réussites professionnelles chapardées à sa bonne étoile et attristés de ses infortunes familiales apparues comme les revers d'une médaille qui ne brille qu'un temps.

C'est toujours un plaisir de lire un ouvrage de J.P.Dubois. Pour ma part, il y a une telle qualité dans le style de cet auteur que cela me procure une aisance de lecture incomparable.
« L'aisance, c'est de n'être jamais obligé de se donner à fond. »
C'est l'été, ça m'arrange !

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Lundi 04 novembre 2019... le Goncourt est attribué à...
15 ans plus tôt ce prix était-il déjà en germe ?...

Certains disent que l'on sait si on va aimer Proust en lisant la première page... J'ai aussitôt su que j'allais aimer Jean Paul Dubois.

S'agit-il d'une vie romancée ou d'une autobiographie déguisée ? Évidemment on peut s'interroger, d'autant que certains détails sont communs entre Paul Blick et Jean Paul Dubois : nés à Toulouse, réalisant des études de sociologie, ils ont fait tous deux un livre de photographies consacré aux arbres (les pins Bristlecone dont la longévité peut dépasser 5000 ans pour Dubois). Des thèmes sont répétés dans le Goncourt : les voitures (les Simca pour ce livre), le dentiste, l'accident d'avion.

Son regard porté à la Jean Pierre Bacri est sans concession sur les hommes et leur environnement politique. L'auteur montre ainsi l'évolution des membres de cette famille et de ses fractures avec véracité. La description de l'environnement familial de sa jeunesse est acide, acerbe, à couper au couteau : "surannée, réactionnaire , terriblement triste. En un mot française".

L'écriture est ajustée et appropriée aux propos d'une sociologie romancée à l'humour mélancolique. Elle rend crédible l'histoire du narrateur dans laquelle on s'immerge totalement en parcourant sa vie française. le tout est scénarisé à point, facilitant le parcours des mandatures de De Gaulle à Chirac, en rendant agréable la lecture.
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J'adore ces livres qui une fois refermés laissent planer un doute sur les quelques jours qu'on vient de passer ensemble : est-ce que j'ai lu un livre ou vu un film ?
C'est beau, c'est bien écrit, c'est fluide, c'est attachant.

J'ai beaucoup aimé la profondeur des personnages, l'histoire de la France de la 2nde moitié du XXe siècle n'est qu'une trame de fond, des images sur un poste de télévision noir et blanc ; et tant mieux car j'avais pensé en lisant la 4eme que ce serait plus scolaire, plus chronologique.

Bref, un très bon roman pour un très bon moment.
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Un des romans de littérature française moderne que j'ai préféré, tant il regorge de qualités: un style maîtrisé et agréable, un ton, des personnages attachants et réalistes, des réflexions existentielles, beaucoup d'humour, quelques sarcasmes, du sexe, des émotions... bref, c'est un sans faute, pour moi. Ce livre est exactement ce que j'attends d'un roman: une belle histoire qui fait écho à nos vies et nous fait réfléchir tout en nous divertissant.
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Une lecture riche en faits et émotions qui m'a plongée dans la vie de Paul Blick contée avec un grand talent par Jean Paul Dubois, auteur que je découvre grâce à Babelio.

Un de ces livres qu'on a envie de relire, une fois la dernière page tournée. Un personnage attachant, de l'humour, beaucoup d'émotion, un style fluide, des propos parfois poignants mais justes, tous les ingrédients qui font que ce voyage dans le temps sous la Vème république est un pur bonheur.

Un véritable cours d'histoire récente, très apprécié par une étrangère comme moi qui débarque en France pendant le septennat de Chirac et pour qui l'OAS, Ben Barka ou Bokassa sont des noms peu ou pas connus.

Un roman à déguster.

Lien : http://edytalectures.blogspo..
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"Perdre un enfant,ne serait-ce que par fragments,est une ordalie"
De la perte de son frère à l'âge de 8 ans à la mort psychique de sa fille, Paul Blick, 54 ans, confie (confesse) Une vie française,sa vie ponctuée de traumatismes et mise en parallèle (d'où l'originalité de ce roman, prix FNAC et prix Fémina 2004)avec la vie politique française.
Une grand-mère Blick revêche qu'il croit mariée à De Gaulle, des Noëls houleux lorsque l'oncle Hubert(ancien milicien) évoque la guerre d'Algérie,une adolescence aux éjaculations impromptues entre De Gaulle et Pompidou, une attirance pour "le bordel" en mai 68, l'amour avec l'assistante d'un "dentiste désaxé" face au LEM télévisé, le mariage avec une "fille de droite d'une famille de droite" qui aime "le monde réel des affaires" alors que "la crise" va sévir avec pertes et fracas de Mitterand à Chirac...jusqu'aux "écarts du monde et à sa brutalité": voilà Une vie française qui mène au succés Paul Blick, surnommé l' "homme-tronc" photographe des arbres, puis le balaie d'un coup de vent comme une simple feuille.
Un langage imagé,percutant,parfois cru qui touche car nimbé d'émotions.Un talent inné pour créer une ambiance qui sonne juste,raconter le couple, l'érotisme, la conception du bonheur, le tout venant même dramatique en maniant toujours une bonne dose d'humour(quitte à choquer).
Une vie française de Jean-Paul Dubois(romancier émérite et journaliste-reporter) est à lire car elle pourrait-être une vie (avec ses hauts et ses bas)parmi tant d'autres ce qui permet une bonne identification du lecteur!
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Après avoir lu le roman prix Goncourt « Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon », « le cas Sneijder » et « Vous plaisantez, monsieur Tanner », je suis retournée avec grand plaisir vers ce roman « une vie française ».

Il faut dire qu'avec Jean-Paul Dubois, on se retrouve avec des personnages haut en couleurs, à qui il arrive des drames assez costauds. Malgré ça, l'auteur arrive à nous faire rire … tout en ressentant l'émotion forte de ses personnages.

Dans ce roman, on suit Paul Blick depuis son enfance, au moment où ses parents apprennent que son grand-frère est mort. Cet évènement va profondément changer ses parents et le petit Paul va devoir apprendre à grandir dans ce contexte.

Chaque chapitre de ce roman est titré au nom d'un mandat présidentiel, le premier étant celui de Charles de Gaulle pour finir sur le début du 2ème mandat de Jacques Chirac. A travers ces chapitres, on va donc voir Paul devenir adulte, marié, père puis grand-père. La société évolue au fil des années, la politique aussi, le contexte économique, géopolitique aussi. Ce contexte est important pour nous faire prendre conscience du monde dans lequel évolue Paul mais en réalité, ce chapitrage n'est finalement qu'un prétexte de l'auteur pour nous faire prendre conscience de l'âge avançant de Paul.

Paul va vivre des évènements positifs, la venue au monde de ses enfants, la consécration de sa passion pour la photographie, mais aussi des drames qui vont le forger mais aussi le conduire à prendre sur soi pour soutenir son entourage puis à se replier sur lui-même. J'ai apprécié de suivre ce même personnage, son évolution, sa force de caractère pour tenir, … Comme toujours avec les romans de cet auteur, c'est très poignant. On ne peut pas ressortir de cette lecture sans une certaine émotion, avec indifférence.

En bref, encore et toujours, je continuerai à lire cet auteur. J'en ai encore quelques-uns à lire dans ma PAL.
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Une « biographie de la France » sous l'ère des différents mandats présidentiels.

La vie de Paul de ses 6 à 54 ans avec comme toile de fond la situation de la nation France et ses présidents successifs.

Passionnant et surtout parlant pour tous les babeliotes, justement âgés plus ou moins de la cinquantaine, qui pourront retrouver l'atmosphére de chaque époque et de chaque mandat présidentiel.

Un roman fort réussi où la plume souvent caustique de Jean-Paul Dubois fait fureur.
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