Quand il ne reste rien, il reste peut-être des histoires pour enfants pour sauver les nouvelles générations et leur innocence.
C'est un peu cela que l'on nous dit dans ce livre dédié à une opération incroyable pour dresser de nouvelles passerelles après 45 entre les pays et commencer à accorder le pardon, passant par des enfants allemands qui n'auront pas demandé à se trouver dans l'ombre des nazis.
"
La dame aux livres", c'est une histoire tirée de faits réels, mais nous viendrons à l'action héroïque de Jella Lepman plus précisément à la fin.
Le décor de l'histoire: une ville démolie, des citoyens civils qui manqueront un peu de tout, comme toutes les villes mondiales bombardées.
Nous sommes en Allemagne (l'histoire ne le dit pas mais la grande Histoire le dit: l'Allemagne n'a plus de gouvernement et vit sous la tutelle des pays vainqueurs).
L'auteure
Kathy Stinson qui comptait parler des conséquences désastreuses la Seconde Guerre Mondiale sur le quotidiens des civils, nous relatera un exemple dramatique similaire avec le peuple des vaincus: les allemands.
L'héroïne Anneliese, une fillette, nous racontera un sentiment d'entre-deux, où elle ne saura pas encore comment se situer par rapport à sa ville démolie, à une existence de privation de denrées essentielles. Elle va et vient en tenant la main de son petit frère, et balayer la rue de ses gravats par les adultes lui semblera vain.
Difficile d'être une enfant dans ce contexte où l'on ne peut plus jouer, c'est certain.
Et puis se présente l'Exposition de la " Dame aux livres".
Le second souffle...
Un triste contexte historique de départ et une énorme culpabilité.
Tellement de morts, comment oublier, comment pardonner?
Difficile pour tout le peuple allemand, qui lui aussi aura subi ses nazis, les bombardements alliés, de faire aussi porter à ses futures générations la responsabilité d'une horreur sans nom, sans que ses enfants puissent s'en sortir indemnes et puissent grandir en allant de l'avant.
Les jeunes lecteurs pourront le comprendre.
Comment offrir de l'espoir, sauver l'innocence?
Le projet de Jella Lepman.
Une exposition itinérante de livres pour enfants, des classiques comme Babar, Fifi Brindacier, Ferdinand le taureau, qui continuerait de planter la graine de l'imaginaire chez les petits.
Imaginez Jella qui avait fui avec sa famille l'Allemagne pour être seulement juive, revenant à la fin de la guerre et contactant, demandant aimablementpar courrier à tous les pays vainqueurs de leur offrir chacun un de leur livre pour enfants et permettre ainsi à ses histoires de circuler dans des villes d'Allemagne dont les bibliothèques furent purgés, dépouillés de leur magie.
Jella traduira quand elle le pourra certaines de ses histoires suédoises pour Fifi, françaises pour Babar, italienne pour Pinnochio, pour les transmettre tant bien que mal, avant que n'arrive enfin des livres traduits.
L'exposition allait replanter un peu de joie de vivre et l'envie de lire.
Ce "jardin", on nous le dit, grandira grâce au soutien de la Première dame d'Amérique de l'époque, Eléanor Roosvelt.
Aujourd'hui, cette exposition fera l'objet d'une mission de conservation dans le Château de Blutenburg, à Munich.
On aime les membres fins, les têtes rondes et les petits bonbons en guise d'yeux de l'illustratrice
Marie Lafrance.
Dès lors que la "Dame aux livres" commencera à partager ses livres reçus pour l'exposition, le décor commencera à s'embellir de petites ornementations florales fraiches. le charme agit.
Des dessins et des fleurs vont couvrir les murs nus de façon imaginaire et l'on comprend le pouvoir puissant des histoires.
On aime.