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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« […] les îles existent pour de vrai ; qu'on les rêve de loin, des profondeurs de la grande ville ou qu'on se batte pour les faire apparaître un matin devant l'étrave d'un petit bateau, on finit toujours par trouver son île. » - Antoine, Îles était une fois

« — Quand même, a murmuré Gauthier, tu te rends compte de ce qu'on est en train de vivre ?
Il fixait la plateforme qui s'éloignait dans le sillage du ferry.
— Quoi ? La construction d'un pont ?
Il a souri tristement en détournant les yeux.
— Non, les derniers jours d'une île... »

Martin Dumont et moi avions fait connaissance l'an dernier alors que Jean veillait son jeune fils qu'un cancer foudroyant allait emporter, et nous nous étions quittés sur une plage, face à l'océan. J'avais été conquise par le Chien de Schrödinger (Delcourt, 2018 ; J'ai lu, 2021), poignant récit sur la résilience écrit par une 1re personne dont les mots simples nouaient la gorge et visaient au coeur. J'attendais avec une impatience certaine la publication du 2e roman de l'auteur, qui a été repoussée de presque un an. La maison d'édition Les Avrils, contrainte d'oublier le calendrier en cette année particulière, n'allait naître qu'en janvier 2021.

Tant qu'il reste des îles.
Je ne sais pas résister à un roman qui me promet l'évasion en ces temps où la ligne d'horizon de nos déplacements est posée à dix chiches kilomètres. Sur son seul titre, j'ai sauté à bord du ferry pour qu'il m'emmène en une poignée de minutes sur cette île, jamais nommée ni même vaguement située, mais que je devine atlantique. le vent du large, le sel des embruns, le ciel où les nuages culbutent le soleil m'ont invitée à jeter l'ancre à la rive des pages, à caboter d'un chapitre à l'autre, à naviguer sur la crête des mots de Martin Dumont dont l'économie fait la force, à l'image de ces îliens peu expansifs, voire carrément taiseux, vivant au rythme des marées et des allers-retours du ferry qui relie en journée les quelques kilomètres carrés de ce monde minuscule au continent.

C'est donc sur l'eau que nous nous retrouvons, Martin Dumont et moi. Je renoue avec plaisir avec la musique intime de son écriture, avec ce « je » toujours aussi pudique et réticent à prononcer « des mots trop grands pour [lui] », ce « je » qui permet à l'auteur d'écrire à hauteur d'homme tant les sentiments que les sensations. À peine quelques pages et j'ai su que la magie allait opérer.

Tant qu'il reste des îles est l'histoire d'îles – l'histoire de celle posée à quelques encâblures du continent et l'histoire de Léni, « ce mec, c'est une île à lui tout seul », homme hésitant, replié sur lui-même par manque d'audace ou de conviction

« [Stéphane] me reprochait souvent de m'être résigné […] Je protestais pour la forme chaque fois qu'il m'accusait de les laisser tomber et pourtant il avait raison. Je n'y croyais plus. »

ou par timidité peut-être, victime de cette « foutue incapacité d'aligner la moindre phrase dans les moments qui comptent ».

Comme le lecteur fraîchement débarqué dans l'histoire, Chloé, journaliste venue de Paris prendre des photographies pour raconter les derniers jours de l'île, est intriguée par ce bout de terre et par cet homme, par l'essence même de ces deux-là qui, sans aller jusqu'à se refuser, ne se donnent pas d'emblée.

« — Léni, nous deux... c'est quoi exactement pour toi ?
J'ai mis beaucoup de temps à lui répondre. Trop, sans doute. »

Tant qu'il reste des îles est une histoire de liens. de liens matériels, tel ce pont bientôt jeté sur l'eau qui, quoi qu'ils en disent, les fascine tous

« le soleil s'élevait sur l'horizon, illuminant les coques d'acier. J'apercevais la mer par-dessus le bras de terre qui protégeait le fleuve. J'ai cherché l'île et j'ai fini par deviner sa silhouette sur l'horizon. Belle et grave, tristement solitaire. En face, la côte s'étirait à l'infini. le monde entier dansait dans la lumière naissante, une étendue immense qui répondait à l'île. Entre les deux une ombre filait au-dessus de la baie inondée de reflets orangés. Une ligne, à peine l'esquisse d'un lien entre les berges. Un trait d'union. »

et de liens moins matériels, mais tout aussi solides. Léni. Lien. Une presque anagramme.

Tant qu'il reste des îles est un beau roman sur les amitiés que des vents contraires ballottent parfois.

« On rit, on s'embrouille même un peu, mais c'est jamais vraiment sérieux. Faut comprendre, c'est pas très grand chez nous. »

Les mots fusent, les engueulades aussi. Léni, Karim, Yanis, Marcel, Stéphane, Gauthier, Gaëtan, Joss, Tom, Christine et les autres sont des îliens farouches dont le mode de vie, à présent menacé, a été depuis toujours au plus près du monde sensible, en un lien quasi primitif entre ciel et mer.
Cette île, c'est avant tout un monde d'hommes et les femmes sont discrètes, beaucoup vivent sur le continent, à l'exception de Justine ou Christine. C'est d'ailleurs dans son bistrot que tous se retrouvent le soir pour vider quelques bières en faisant des tournois de coinche que la patronne accompagne de son accordéon et d'une bande son qui égrène les classiques, Ferré, Brel ou Brassens que l'on se prend à fredonner.

Cette île, c'est un monde dont le déclin inéluctable les inquiète : au premier chef, le déclin d'une île en sursis à cause de la construction du pont qui divise les insulaires (est-ce un bien ? un mal ? un mal pour un bien ?),

« Je suis encore passé devant le monstre. C'est comme ça qu'on l'appelle chez nous. Il est chaque jour plus gros, il avance en bouffant la mer. Marcel répète qu'il ne faut pas baisser les yeux, qu'il faut regarder en face. Que rien ne peut plus l'arrêter mais qu'on doit rester digne. Sa voix tremble quand il parle du monstre. »

mais aussi le déclin du chantier naval de Marcel qui les emploie. Les réparations de bateaux s'y font rares, quant aux constructions... n'en parlons pas. L'activité ne suffit plus à le maintenir à flot et les salaires n'ont pas été payés depuis plusieurs mois. L'expert venu évaluer la valeur du chantier s'est montré si pessimiste que Marcel, salement secoué d'apprendre que l'entreprise d'une vie ne vaut plus rien, est introuvable depuis plusieurs jours.

« […] je suis allé m'asseoir au milieu du hangar. J'ai laissé mon regard courir sur les rouleaux de fibre en inspirant aussi fort que possible. Je voulais m'imprégner de l'odeur de l'atelier. […] J'étais venu toutes ces années avec le sentiment que ça ne changerait jamais, que malgré les coups durs il ne pouvait rien arriver de grave. J'avais suivi Marcel sans me poser de questions. Ce chantier, c'était un pan entier de ma vie. Je n'avais pas imaginé qu'il puisse un jour disparaître. »

Le roman avance en autant de parties - Fondations, Piles, Tablier, Équipements, Inauguration - qui exposent l'avancée du pont et la concomitante perte programmée de l'insularité. Elles racontent aussi bien la construction d'un ouvrage titanesque qui va à tout jamais changer la donne que le lent avènement d'un homme neuf, séparé de Maëlys, papa d'une petite Agathe, fils d'une mère dont la mémoire s'efface et qu'il ne voit, les unes comme l'autre, qu'à la faveur d'aléatoires allers-retours en ferry sur le continent. Peut-être Léni est-il le seul à voir un intérêt immédiat dans la construction de ce trait d'union d'acier et de béton.
Ce roman est un condensé de sensations offertes avec retenue : l'odeur puissante de la marée

« L'odeur me rassurait. La marée, le sable et le sel. Mon univers tout entier. »

la fraîcheur revigorante de la brise de mer et d'amitiés pudiques où les regards pallient les voix quand elles peinent à tout dire.

« Quand les mots ne peuvent plus dire ce que ressent le coeur, il y a les actes et surtout les regards.» - Victor Hugo

C'est un monde insulaire sur le fil, au bord de basculer que donne à ressentir Martin Dumont dont l'écriture spontanée abolit la distance au texte. Ce n'est pas un hasard si les références à la perte d'équilibre parsèment le récit de ces vies funambules qui voient leur refuge menacé.

« Sur l'île, il y avait plusieurs jours qu'on ne sentait plus les vibrations. La perte d'équilibre au plus fort du forage, l'impression que la mer entrait en résonnance. »

Un monde vacillant, à l'image de Léni qui a tant de mal à aller de l'avant bien qu'il entrevoie en un moment troublant de larguer les amarres pour de bon.

« Je me sentais bien. le bateau glissait dans un noir opaque. C'était grisant, presque un peu effrayant. Je me suis efforcé de lâcher prise. […] le jour ne se décidait pas, l'île n'en finissait plus de s'éloigner. Un instant, j'ai eu envie de poursuivre vers la ligne. de laisser mes potes, ma mère et le chantier. Agathe aussi. Toute ma vie loin derrière. »

L'envie est là, manque l'élan. Viendra-t-il ? Qui pour lui donner l'impulsion ?
Chloé ne le laisse pas indifférent bien sûr, mais de là à… L'hésitation, l'incertitude. Toujours. « le jour ne se décid[e] pas » et il n'est pas le seul à tergiverser. Comme le pont s'élance au-dessus des eaux, transformant l'île en presqu'île, Léni osera-t-il aller vers une vie nouvelle ?

« [Chloé] m'a considéré longuement. le bruit sourd du moteur emplissait le silence.
— Je ne sais pas, a-t-elle fini par murmurer, je crois que certaines îles ont besoin de pont. »

Habile équivocité.

Après d'âpres combats humains et judiciaires, l'île cédera un peu de sa magie et le refuge, son isolement. Et Léni ? Si le pont « est la mort de la poésie », peut-être est-il aussi la promesse d'une vie inédite, au bout du ruban d'asphalte neuf et de deux sonneries de téléphone.

Tant qu'il reste des îles est un roman de la perte et de la renaissance, de la nostalgie d'un monde que l'on voudrait garder figé mais qui se mourra, faute de trouver un équilibre certes acrobatique entre essor économique et préservation de l'environnement.
Prenez le ferry ou empruntez le pont. Qu'importe. Venez de l'autre côté de l'eau, à la rencontre de cette île et de ces personnages follement attachants que dessine, avec une sobriété et une sincérité désarmantes, Martin Dumont quand il écrit au plus près du « je ».

« C'était l'histoire d'une île, de son charme incroyable. [...] »

Faites la traversée, arrêtez-vous chez Christine prendre une bière et le temps de regarder les photographies de Chloé, qui racontent si bien les habitants de ce bout de terre entre mer et ciel.
Et laissez le charme agir... jusqu'à la dernière phrase de ce roman pétri d'humanité.

2e roman, lu pour la session 2021 des #68premieresfois
Lien : https://www.calliope-petrich..
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Je commence par celle auquelle je regrette de ne pas consacrer une chronique que j'aurais, en plus, aimé extrêmement convaincante !
Tant qu'il reste des îles de Martin Dumont est un petit bijou. Un roman social par excellence. Crédible, clairvoyant et sensible. J'ai adoré ♡. Il vous faut le lire et comprendre pourquoi il ne s'agit pas tant de la naissance d'un pont que de la mort d'une île.
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J'ai beaucoup aimé ce roman que je viens de terminer. Martin Dumont s'est inspiré un peu de toutes les îles bretonnes qu'il connaît bien mais également de l'île de Ré. J'ai été embarquée dans l'histoire de cette île où les habitants se connaissent tous, sont solidaires entre eux. La plupart appréhende la construction de ce pont. Léni lui, est partagé... Peut-on aller contre le progrès ? Tout au fil des pages on imagine l'île, la mer et l'avancée du pont... J'ai adoré... J'ai beaucoup pensé à ce qu'à dû être la construction du pont de l'île de Ré. Je ne vous en dévoile pas plus, à votre tour de le lire, vous allez aimer, voyager...

Bonne lecture à vous toutes et à vous tous.
Lien : http://binchy.canalblog.com/..
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Ré ou Oléron ? On ne saura pas sur laquelle de ces deux îles reliées au continent par un pont vivent Léni et ses potes..mais ça a finalement peu d'importance.
Ce qui compte ici, et pour ces personnages, c'est l'île, les souvenirs d'enfance et d'amitié, les virées en bateau, les plages et les parties de pêche, le bar où tous se retrouvent, jeunes et anciens du village, à boire une bière ou jouer à la coinche.
C'est Léni qui se "construit" dans sa vie d'homme à mesure que s'érige le pont controversé, Léni l'insulaire qui se dit que sa vie c'est aussi ce qui se passe au-delà de l'île.
.
J'ai beaucoup aimé ce roman tendre et mélancolique, j'aurais voulu partager la vie de ces personnages, les connaître "pour de vrai".
Une belle lecture ! (Prix Relay des Voyageurs Lecteurs 2021)
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Quel plaisir de retrouver l'écriture de Martin Dumont. J'avais eu un immense coup de coeur pour le chien de Schrödinger, le roman de l'amour inconditionnel d'un père pour son fils, tout en tendresse et en douleur, bouleversant.

Ce second roman est tout aussi émouvant, empli d'humanité. Il fait la part belle à l'amitié entre Léni, Karim, Marcel et les autres. Des hommes qui chérissent leur île, la mer, les bateaux, qui aiment se retrouver ensemble après le travail au bar du village, chez Christine, au son de l'accordéon et des chansons de Ferré.

Il y a Léni, qui construit, répare des bateaux avec ses amis, dans un petit chantier naval qui peine à trouver des clients. Il y a les pêcheurs qui ne parviennent plus à gagner leur vie. Tous des hommes de la mer dont le métier devient précaire. Pour Léni, ce tourment professionnel se mêle à ses tourments intimes, une séparation difficile, la difficulté à trouver et dire les mots qu'il faut même s'ils se bousculent dans sa tête, une paternité qui se construit sur le manque, une mère qui n'a plus toute sa tête. Heureusement il y a la mer, qui console, qui donne à Léni un sentiment de liberté, lui fait oublier les soucis du quotidien lorsqu'il s'élance la nuit à l'assaut des vagues, sur son Fireball.

Cette vie sur l'île est chamboulée par la construction d'un pont, le monstre qui va les relier au continent en un rien de temps. Un pont qui divise, attise les colères, fait craindre le changement, la fin du ferry, les invasions de touristes sur leurs terres préservées. Sa construction en cinq phases structure le récit, en est le fil conducteur. Au fur et à mesure de l'avancée des travaux, les hommes s'affrontent, d'autres acceptent l'inéluctable et comme un trait d'union entre les deux, il y a Léni, taiseux et sensible, dont on suit les pensées et le questionnement personnel en parallèle.
L'empathie de l'auteur pour ses personnages est communicative. Il fait de Léni un homme attendrissant, souvent indécis mais toujours prêt à aider les autres, le coeur qui déborde d'amour pour sa petite fille et qui ne s'autorise pas à vivre une histoire d'amour à nouveau. de ses amis, des durs au grand coeur, forts et fragiles, impétueux ou réservés, tous portés par le même sentiment d'appartenance à une terre, par l'amitié et par leurs rêves. Cette construction apportera son lot de changements dans leur vie. Entre repli sur soi-même et ouverture au monde, il faudra choisir.

D'une écriture toute en pudeur et sensibilité, faite de silences et de musicalité, Martin Dumont crée une atmosphère balayée par le vent et les embruns, un univers marin avec ses codes dans lequel les lecteurs peuvent se fondre, au plus près des personnages. D'un pont jeté entre deux rives, naît une belle histoire, touchante et lumineuse, qui célèbre la passion de la mer, des bateaux, l'amitié et l'amour. Superbe !

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Tant qu'il reste des îles de Martin Dumont
#roman

IL y a Leni, Stéphane, Christine, Marcel, Yanis, Karim, Yann, et tous les autres.
Eux c'est l'île. En face il y a ce pont en construction. Un géant, un monstre qui va les relier au continent !
Est-ce la chronique d'une mort annoncée ou alors l'espoir d'un renouveau pour cette ile protégée, certes, mais où les
Entreprises meurt, comme celle de Marcel qui répare les bateaux et à du mal à se maintenir à flots. Pourtant cette afflux probable de touristes mais aussi de voitures fait craindre la perte d'identité, voire pire. Alors certains fomentent la résistance, gagneront ils face au géant ou perdront ils leurs illusions voire plus ?

Dans ce beau livre, nostalgique, on parle d'un monde qui part. Par petite touche chaque vie est présentée, celle de Leni, de Maëlys son ex femme et de sa fille Agathe, Celle de Christine qui tient le bar de l'ile où on vient jouer à la coinche, Celle de Marcel qui espère sauver son entreprise avec la construction d'un voilier, Celle de Karim qui a décidé de refuser un bel emploi pour ne pas trahir ses amis ou encore celle de Stéphane qui pense gagner contre le pont.

L'utilisation de l'imparfait renforce cette impression de fin d'un monde. C'est beau, c'est triste. On s'attache aux personnages et on voudrait le meilleur pour eux. Beaucoup d'émotion et la larme à l'oeil. Bravo à l'éditrice Lola Nicolle qui décidemment nous trouve de beau récit dans cette jeune collection « les avrils »

#martindumont #Tantqu'il reste des iles #lolanicolle #les avrils
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« Je suis encore passé devant le monstre. C'est comme ça qu'on l'appelle chez nous. Il est chaque jour plus gros, il avance en bouffant la mer. Marcel répète qu'il ne faut pas baisser les yeux, qu'il faut le regarder en face. Que rien ne peut plus l'arrêter mais qu'on doit rester digne. Sa voix tremble quand il parle du monstre ».

Ce monstre, c'est celui qui s'apprête à venir s'immiscer et bouleverser la vie de ces hommes et de ces femmes, amoureux de leur indépendance, de leur tranquillité, de la beauté des paysages qui les entourent, de la mer et de ses déferlantes. Ils sont amoureux d'Elle, leur île. A L'unisson.

Avant que Lui ne vienne fissurer un peu plus chaque jour cette cohésion au fur et à mesure qu'il s'impose dans le paysage de ces insulaires. Lui, le monstre, le pont.

Sujet de toutes les tensions qu'il (r)anime, porte ouverte à « l'invasion » dont ils étaient protégés jusqu'alors pour les uns, véritable bouée et bouffée d'oxygène économique pour les autres, il se révélera aussi être la passerelle inattendue, qui ramènera Léni, personnage central du roman, à la Vie.
Un roman simplement beau, qui en dit beaucoup sans faire trop. Qui explore, avec grâce et pudeur, la complexité et à la beauté des relations humaines. Qui invite aussi à la réflexion sur les liens, parfois si forts, qui peuvent nous unir à la nature ou à des lieux. Un roman nait sous la plume d'un expert . Architecte naval de formation, l'auteur connait bien ses sujets : la technicité (présente sans être envahissante) et la mer, dont on le sent épris lui aussi, accentuent ainsi le sentiment d'authenticité qui se dégage de ce roman à sa lecture.

Un roman « apaisant » , qui vous fera prendre le large le temps de sa lecture, et dont je ne peux que vous recommander la lecture.
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Il est venu sans que je m'y attende, comme une vague, un raz de marée, ce coup de coeur pour le magnifique roman de Martin Dumont.

Est-ce sa structure, calquée sur l'avancement de la construction du pont ?
Est-ce cette plume poétique, belle et lumineuse ?
Est-ce cette histoire touchante, le pont comme un couperet, la fin d'une époque, la fin d'une île, "la mort de la poésie" ?
Est-ce Léni, taiseux, embarrassé, mais aussi sensible et délicat ?
Est-ce la pudeur de cette écriture qui fait pourtant exploser les sentiments les plus forts ?

C'est sans doute tout ça à la fois.
Je repose ce roman, le coeur encore sur l'île, la tête sur un Fireball, et des étoiles dans les yeux.
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Au fil de la construction d'un pont qui relie une île au continent on suit la vie de ses habitants et plus particulièrement de Leni. Les réactions des habitants sont diverses, mais rien ne sera plus jamais comme avant. Ce pont c'est la disparition de ce qui fait le propre d'une île : la difficulté d'y accéder.
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Tant qu'il reste des îles. Rien que le titre de ce second roman de Martin Dumont paru aux Avrils, invite à l'évasion. Cependant, de par un style fluide et sincère, cette sensation de flottement agréable persiste au-delà du titre et tout au long de la lecture. Pour qui aime profondément la mer – comme moi vivant sur une presqu'île -, ce texte est une véritable perle. La mer est un personnage à part entière. Il y est question de voile, de bateaux, d'embruns, de vent…. J'ai pris la mer moi aussi, j'ai barré avec Léni, fendu la crête des vagues, ma peau sentait le sel. Des souvenirs sont remontés à la surface. Pour avoir pratiqué la voile près d'une île sans pont, je me suis complètement immergée dans cette histoire. Mais il y est surtout question des conditions de l'insularité. Cette particularité qui, à défaut d'isoler, écarte un peu du reste du monde et assure une réelle tranquillité. Pourtant dans cette histoire, cet isolement est mis à rude épreuve par la construction d'un pont destiné à relier l'île au continent. Les divergences de points de vue des habitants sur ce sujet mènent parfois à des situations complexes, presque tragiques. Martin Dumont ne prend aucun parti sur ce point, il reste neutre, tout comme Chloé, photographe du continent, un personnage clé avec le héros Léni, l'éternel insulaire.
L'auteur a imaginé des personnages attachants et plutôt concrets. Chacun d'entre eux possède sa propre poésie, apportant ainsi du corps à ce récit sublimé par l'atmosphère marine.
J'ai beaucoup aimé la sensorialité et la pudeur de ce texte. Nul besoin de tout dire pour exprimer.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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