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sur 1188 notes
Dès les premiers mots, le(a) lecteur(trice) retrouve la musique particulière des écrits de Marguerite Duras et ici, il(elle) est immédiatement accroché(e) par cette histoire étrange, celle d'une jeune femme un peu folle, Lola Valérie Stein.
Qui est le narrateur ? Au début on ne le sait pas ; un homme qui observe Lol et qui raconte ce qu'il apprend sur elle, ce qu'il entend dire. Il s'est passé quelque chose, au cours d'un bal, il y a dix ans, une rencontre amoureuse foudroyante entre le fiancé tant aimé de Lol et une femme un peu plus âgée ; est-ce depuis cette nuit-là que Lol est différente des autres ? Pas vraiment dit sa meilleure amie de l'époque, Tatiana Karl, Lol est douce mais semble-t-il jamais peinée, presqu'indifférente, comme si elle avait un "coeur inachevé". Des années plus tard, Lol s'est mariée et a eu trois enfants, dans une autre ville ; quand son mari pense qu'elle peut affronter son passé, il ramène sa famille à S. Tahla. Et c'est là que Lol va retrouver Tatiana et rencontrer Jacques Hold...

Quelle curieuse histoire, bien servie par la prose de l'auteure, qui nous donne des détails très précis dans un fond au flou étonnant ; les dialogues, superbes, ne sont pas toujours très clairs, les phrases de Lol V. Stein surtout, souvent inachevées.
Histoire "vraie" ? Plutôt inventée par le narrateur qui nous prévient dès la p 14 : "Voici, tout au long, mêlés, à la fois, ce faux semblant que raconte Tatiana Karl et ce que j'invente sur la nuit du Casino de T. Beach. A partir de quoi je raconterai mon histoire de lol V. Stein."

Dans une interview de 1964, l'auteure signale que Lol s'est émerveillée de voir son amour s'éprendre d'une autre femme, et qu'alors elle s'oublie elle-même ; plus qu'un roman sur une forme de folie, il s'agit ici d'un récit sur l'impersonnalité, état frôlé par beaucoup de gens selon l'écrivaine.

Un des "très bons" de Marguerite Duras !

Premières phrases : " Lol V. Stein est née ici, à S. Tahla, et elle y a vécu une grande partie de sa jeunesse. Son père était professeur à l'Université. Elle a un frère plus âgé qu'elle de neuf ans - je ne l'ai jamais vu - on dit qu'il vit à Paris. Ses parents sont morts. Je n'ai rien entendu dire sur l'enfance de Lol V. Stein qui m'ait frappé, même par Tatiana Karl, sa meilleure amie durant leurs années de collège. Elles dansaient toutes les deux, le jeudi, dans le préau vide. Elles ne voulaient pas sortir en rangs avec les autres, elles préféraient rester au collège. Elles, on les laissait faire, dit Tatiana, elles étaient charmantes, elles savaient mieux que les autres demander cette faveur, on la leur accordait." (p 11)
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C'est au bal de T.Beach, prés de la petite ville de S.Thala, que Lol.V.Stein, avec son amie Tatiana Karl, noyée dans la musique et la lumière artificielle de la salle de danse , contemple son fiancé Michael Richardson partir avec une autre qu'elle. Elle contemple cela sans un mot, sans un cri pour le moment, car elle est éblouie par l'aurore qui se lève sur la plage et dans laquelle l'ombre des deux amants s'incruste. Cette fulgurance s'associe à sa douleur et son humiliation et la rendra folle pour les années à venir. Folle de toujours vouloir revivre ce moment, cette aurore, cette destruction, afin d'éprouver Michaël Richardson et son amante, devenue fascination, objet du désir et du rejet, moment idolâtré, figeant l'instant à jamais dans sa chair et ses pensées.

Malgré tout, elle épousera Jean Bedford, quittera S.Thala avec lui et aura trois enfants. Cela sera sans importance car au fond elle n'a jamais réussi a quitter le bal, rêvant de l'instant suprême lors duquel l'aurore jaillirait depuis le fond son être.

Des années plus tard, Elle revient avec sa famille sur les lieux de son drame.

Lol.V.Stein est une femme perdu, folle, et son esprit tourmenté n'a trouvé comme couche que le doux duvet d'un champ de seigle, sous la fenêtre d'un hôtel, d'où elle observe les deux amants que sont Tatiana et le narrateur jacques Hold. Alors elle se confond : Tatiana, Holds, Richardson, son amante, la plage de T.Beach, L'aurore lors de laquelle s'échappe les amants, les remous des épis de seigles comme la houle le long de la plage, Lol.V.stein spectatrice, subjuguée, anéantie, ravie.

Premier livre de M.Duras que je lis, j'y ai trouvé une écriture tourmentée, une souplesse permettant aux phrases, aux dialogues, de circuler très proches de la folie de son personnage, une folie qui devient raison de vivre, ravissement, aurore inaccessible.
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Je ne crois pas que Lol V. Stein ait un jour oublié son amie et le bal de T. Beach. Il fallait juste qu’elle donne un sens à sa vie, qu’elle l’organise pour ne pas sombrer plus dans la folie ; mais sa mélancolie est sous-jacente et c’est l’envie d’aimer qui la sauve de la mort. Elle ne pourra rien exorciser mais trouveras l’homme, amant de Tatiana Karl, son amie, qui l’aimera assez pour l’aider à vivre.
Ce roman fait partie de ce que l’on désigne souvent comme le « cycle indien » de Marguerite Duras, ensemble de trois romans (Le ravissement de Lol V. Stein 1964, Le Vice-Consul 1966, l’amour 1971) et trois films (La femme du Gange 1974, India song 1975, Son nom de Venise dans Calcutta désert 1976).

Lu en novembre 2009
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Pas du tout ravi par «Le Ravissement de Lol V. Stein».
Je suis resté hermétique à ce récit qui m'a paru pesant et empesé. L'écriture est absconse comme si Duras avait la volonté d'en réserver la lecture à une élite…
Bref, je suis rentré sans enthousiasme dans la vie de Lol V. Stein, mais j'ai été ravi d'en sortir !.
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L'âge avançant, je me suis intéressé de moins en moins aux histoires (je peux m'en inventer) et de plus en plus à la forme : aux tournures, au style, au vocabulaire (sa précision, sa diversité, son registre…), à la construction (le découpage, les incises, les retours arrière…)*. Ainsi ai-je apprécié certaines oeuvres du « nouveau roman ».
Mais là, ça ne passe pas. je le regrette. Je n'ai pas réussi à m'intéresser aux aventures de ces personnages.

*Je ne dis pas que ce que j'ai publié reflète l'aboutissement de ma recherche stylistique. Humblement, j'étais pressé de communiquer un témoignage.
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Quand on doit faire un commentaire sur un roman d'un(e) auteur(e) connu(e) et reconnu(e) comme Marguerite Duras, il y a parfois une forme d'autocensure si on a na pas aimé le livre. Donc, je me demande si je vais oser le dire.
Eh bien oui, osons, ce Duras ne m'a pas emballé du tout.
On évoque la poésie de son écriture, mais j'ai trouvé les phrases souvent trop longues, lourdes et embrouillées. Et le manque de clarté, en particulier, m'a gêné tout au long de la lecture. En définitive, j'ai eu du mal à suivre l'histoire et surtout à la comprendre, au point que je ne sais pas exactement quel sens Marguerite Duras voulait lui donner.
Ceci provient peut-être de ma forme d'esprit trop différente de la sienne. Mais enfin, bref, pour le dire simplement et sans détour, ce roman n'était pas pour moi.
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Après avoir repoussé l'échéance pendant plusieurs années, j'ai profité du confinement pour enfin m'attaquer à Marguerite Duras. J'ai commencé par L'Amant que j'ai lu d'une traite et qui m'a enthousiasmé, notamment par son style d'écriture. le ravissement de Lol V. Stein est un livre dans lequel il est plus difficile d'entrer, j'ai dû m'y reprendre plusieurs fois, mais je ne le regrette pas.

Le narrateur, Jacques Hold, mais dont on ne connaîtra l'identité que vers le milieu du roman, essaye de cerner l'histoire et la personnalité de Lol V. Stein, une belle femme dont il est épris d'un amour irrationnel et qui fait preuve d'un comportement bizarre, proche de la folie. Cette bizarrerie s'est notamment révélée lors d'un bal dix ans avant, où son fiancé l'a trompée et abandonnée pour une femme 2 fois plus agée au vu et au su de tout le monde et qu'elle n'a montré aucune réaction.

Les personnages et les dialogues sont assez énigmatiques mais on finit par se laisser porter par les mystères et les non-dits que portent le narrateur, Lol, et Tatiana. On a envie de percer qui ils sont vraiment et on garde une certaine frustration de ne pas y arriver. le style d'écriture est à la fois froid et envoutant, parfois confus, mais ne laisse certainement pas indifférent.

Une scène fascinante que je garderai en mémoire: l'image de Jacques guettant Lol dans le champ de seigle en face de la chambre d'hôtel où il fait l'amour à Tatiana.
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Quatrième livre de Marguerite Duras que je lis ; l'auteur me surprend toujours autant par la justesse des sentiments qu'elle ne décrit, et par la virtuosité avec laquelle elle nous attache à ses personnages.
Le ravissement de Lol V. Stein est d'ailleurs très particulier dans son écriture et dans son rythme, puisque le narrateur change parfois sans que cela ne soit signalé ; ce que l'on voyait à travers les yeux de Lol devient Lol elle-même, vue par un autre qui la désire et tente de l'expliquer.

Au-delà des passions et des amours déçues, cet ouvrage est surtout celui du désir inexpliqué et inexplicable qui frappe presque innocemment mais sans qu'il ne soit possible de s'y soustraire.
Encore une fois, la plume de Duras me fascine presque autant qu'elle provoque un profond malaise, et si sa lecture est une expérience singulière, on ne peut la qualifier d'agréable tant elle est oppressante...
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Un soir, au casino de T. Beach, Lol V. Stein a vu son fiancé partir au bras d'une autre.

Au-delà de l'aspect sentimental de l'affaire, c'est la réaction de Lol V. Stein qui surprit toute la ville de S. Thala. Indifférente, vidée d'elle-même, elle allait passer de longs mois désemparée. C'est sa rencontre inattendue avec un musicien qui put lui insuffler un souffle de vie, bien qu'hétérogène à son quotidien sans éclat.

Car de scandale ou de passion il n'y eu pas dans la suite de la vie de Lol V. Stein. Loin de sa ville natale, elle devint une épouse, une mère, une maîtresse de maison. Bien que sans défaut, elle était sans zèle aucun.

Ses journées passèrent, monotones et régulières. Son mari s'émouvait de son manque d'imagination. Des allées qu'elle commandait à son jardinier, et qui, sans mener nulle part, ne communiquaient pas entre elles.

Malgré tout cela, Lol. V Stein semblait être « guérie » du bal de T. Beach. Désormais plus rien ne s'opposait à son retour à S. Thala, et lorsqu'elle hérita de la maison familiale, ce fut chose faite. Elle qui ne trouvait aucun plaisir à sortir se met à arpenter les rues, d'abord sans objectif précis, et puis dans un ravissement de plus en plus renouvelé. Que recherche t-elle dans ces errances solitaires, dans cette ville du passée où elle a laissé le souvenir d'une « folle » ?

Même son amie d'enfance, Tatianna Karl, observe avec étonnement le retour de l'abandonnée du bal du casino. Est-il possible qu'elle soit « normale » ? « Comme avant » ? D'ailleurs n'avait-elle pas toujours était un peu différente ? Lol parle, Lol sourit, Lol remplit avidement et brusquement le fossé d'indifférence qu'elle avait regardé se creuser avec passivité entre elle et le reste du monde depuis toutes ces années.

Jacques Hold est l'amant de Tatianna Karl. Il narre dans ce récit, avec réserve et discrétion, avec intimité et dévotion, l'énigme Lol V. Stein. Toute l'attention de cette dernière semble centrée sur lui, lui dont elle a entrevu quelques jours plus tôt la démarche dans la rue, s'éloigner lentement aux côtés de Tatianna Karl. L'éclat bref mais vivace, de ce couple adultère, auréolé de l'intensité des souvenirs passés ressurgissant, que génère la vision de son amie d'enfance dans cette liaison adultère, semble ramener Lol. V. Stein dans le moment vide, la forme creuse, du bal de T. Beach.

Comment savourer à nouveau ce moment d'intense dépossession de son être ? Lol V. Stein essaie de retrouver instinctivement cette sensation, la teneur de cet instant traumatique où elle fut dérobée à elle-même.

Se délecte t-elle de se retrouver dans ce simple écho ? Peut-elle vraiment ressentir à nouveau quelque chose dans la résonnance de ce moment vide ? Eprouver ce qu'elle aurait dû éprouver alors ?

Marguerite Duras décrit avec talent la minutie d'une dentelière, cette construction fragile et délicate. Elle suit le cheminement mystérieux de Lol V. Stein vers son « ravissement », de ce premier bal de jeunesse, vers un second, vieillit et compulsif, qui pourrait tout avoir de la mascarade, et qui pourtant, dans sa finesse et sa douleur, devient petit à petit plus lourd et plus réel que le bal de jeunesse de Lol V. Stein.

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Une bien belle découverte. Premier roman de Duras pour moi. J'en ressors avec une furieuse envie d'aller plus en avant dans son univers. Parfois exigeante, son écriture est tout autant intrigante voire absorbante. Amour, sexualité et infidélité constituent autant de thématiques exposées dans toute leur complexité. Autant de de forces destructrices qui ravissent l'héroïne.
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