AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,89

sur 2316 notes
Il s'agit d'un récit autobiographique décrivant la lutte de la famille Duras ainsi que de centaines d'autres Colons sans argents pour survivre dans l'indochine française. le livre décrit avec beaucoup de justesse l' espoir de lutte contre l'impossible et le désespoir qui s'en suit.

Il s'agit ici d'un livre écrit de manière très classique mais la force de Marguerite Duras de décrire sans nommer les impressions, les sentiments est partout présente dans le livre. Sa lecture fut un régal.
Commenter  J’apprécie          131
Cela a été un grand plaisir de retrouver l'écriture de M.Duras que je n'avais pas lue depuis longtemps. Elle arrive à façonner un univers en grande partie grâce à son style.
Les personnages ne sont ni aimables, ni repoussants. Ils sont ce qu'ils sont, et c'est l'autre grande force de ce roman dans lequel la morale et le savoir-vivre sont relégués au second plan.
Enfin, on y découvre l'univers colonial du début du 20ème siècle, pas reluisant.
Commenter  J’apprécie          121
Terrible, terriblement réaliste, historique, analyse durassienne aigüe, mais vision juste et esprit de justice même envers les méchants et les fous de la Terre, les proies volontaires, les prédateurs improvisés, les vrais requins institutionnalisés... Ô combien d'heures pour m'en remettre.
Lien : https://www.babelio.com/monp..
Commenter  J’apprécie          122
Mon premier Duras et je n'ai pas été déçu. Au dela de la belle écriture, l'histoire est prennante, étouffante même au propre et au figuré. Les 3 personnages principaux vivent en huis clos une hisoire familiale sans autre issue possible que la rupture ( ou la libération) ou la mort.
Commenter  J’apprécie          120
La mer de Chine est trop petite. Trop étroite. Il faut bien un océan pour contenir la colère et le désespoir de la mère. Un océan dont le nom n'est en rien ce qu'il contient. Pacifique, rien chez cette femme n'est plus pacifique.
Un barrage contre le pacifique voilà ce que chaque nuit elle construit dans sa tête. Avec entêtement, avec folie.
Gagner sa terre contre un océan de misère. Reprendre cette terre qu'ils disent lui concéder.
Cet océan inlassablement prend et emporte tout ce que les hommes construisent. Océan destructeur, affameur.
L'Indochine. 1930. Une concession entre Kam et Ram. Un peuple qui crève de faim. Des colons mangeurs de terre et d'hommes.
Ils crèvent comme des mouches, les annamites.
Ils enterrent leurs gosses sous leurs cases dans la boue. Ils ne les comptent plus. Les terres sont pleines d'enfants morts. «les îles mouraient de la faim, des maladies de la faim et des aventures de la faim» Malaria, choléra, famine, vers, rien de vient remplir leur ventre, la vermine emplit les bouches. Description terrifiante des temps de nos anciennes colonies.
«l'impatience des enfants affamés devant les mangues vertes est éternelle»
La bourgeoisie coloniale danse, boit, baise, négocie, traite, engraisse.
L'administration coloniale gère le crime.
Quant à la mère et ses deux enfants adolescents,Joseph et Suzanne , ils sont tous trois face à cet océan au côté des paysans, démunis mais lucides devant le pillage autoritaire et réglementé de leurs terres.
La mère est folle. Folle de rage, de colère , d'injustice. Elle hurle, elle convulse, elle frappe, elle compte et recompte ce que chaque jour elle n'a déjà plus.
Elle sait la misère, elle l'a secourue.
Et puis elle s'est rompue, impossible, impossible d'arrêter le flot continu de la misère.
Joseph, lui, tue, il abat les bêtes, tire, chasse, traque. Suzanne flotte, subit, suit et attend.
Lorsque que le barrage cède, tout cède. La retenue n'est plus.
La mère perd l'impossible combat, les enfants quittent la terre qui, souhaitons leur, deviendra peut être leur enfer perdu.
L'adieu à la terre pour Joseph sera une adresse faite au peuple au côté duquel il aura survécu. Ce sera un appel à la révolte, à la prise des armes contre ce pouvoir injuste, discriminatoire, exterminateur. Pour Joseph il faut abattre avant de construire. C'est le seul sens qu'il donne au combat. C'est ce qu' il aura retenu de l'histoire de la mère, de ce peuple, de cette terre.
Duras avait visé l'harmonie de l'écriture dans ce roman initiatique, épique et autobiographique elle y aura surtout déposé le visage de tous les combats qu'elle ne cessera jamais de mener : combat contre le plus fort qui « s'autorise » sur le plus faible, contre l'hypocrisie sociale, le mensonge, l'absurdité des systèmes établis par les prêcheurs blancs de sainte civilisation, contre tous les crimes contre notre humanité.
Les enfers perdus sont plus lourds à porter dans les mémoires que certains paradis. Surtout, si comme Duras on y a vécu.

Astrid SHRIQUI GARAIN
Commenter  J’apprécie          125
Un diamant en échange et l'homme au bout de vouloir le corps fille
le dégoût s'étale face marchandise la chair monnaie
une mère en proie
palpite
un frère d'ailleurs rêve
et si une voiture de chasseur?
ici l'humidité les bananiers trempé au sel
le Pacifique englouti les récoltes
les enfants meurent de tout avant de faim
l'époque coloniale de blanc s'habille et marque la supériorité
une mère dévore et la nuit construit des barrages contre océan
la plaine grouille de petits cadavres sous rizière et la vie d'espoir distille encore
au bout la défaite
inévitable
et le départ pour l'ailleurs
Commenter  J’apprécie          113
Le roman raconte l'histoire d'une famille, une mère et ses deux enfants, confrontée à la pauvreté et à la corruption dans une colonie française en Indochine. Largement inspiré par l'adolescence de l'écrivaine, le récit nous prend immédiatement aux tripes par la dureté des relations au sein de cette famille dysfonctionnelle, mais également par le style incroyable de l'écrivaine, sec, violent, qui semble arracher des cris dans un murmure. On reste effaré par le portrait de cette mère qui sombre dans la folie en essayant de s'en sortir par tous les moyens, y compris d'offrir sa fille Suzanne à un homme extrêmement riche, Mr Jo. Joseph, le grand frère, est également un personnage fascinant, dont la violence butée émeut et inquiète. A ce propos, son récit de la rencontre avec une femme mariée dans un cinéma, qui ira jusqu'à l'union charnelle dans une voiture après avoir saoulé le mari dans une insupportable tournée des bars, est un sommet de littérature. Mais tout le roman en réalité est un sommet ! de la 1ere à la dernière page, on est happé par le drame qui se joue sous nos yeux, un drame cruel et réel qui lancera l'écrivaine sur le chemin de la consécration mondiale.
Lien : https://murmuredelombre.word..
Commenter  J’apprécie          110
Dans ce roman, Marguerite Duras nous entraîne en Indochine française à la rencontre de Suzanne, Joseph et leur mère, dont le rêve colonial vire au cauchemar. En effet, la mère a dépensé ses économies de 15 ans de labeur dans une concession qui s'avère incultivable car envahie par la mer et que le cadastre réserve à ceux qui n'ont pas les moyens de payer des pots de vin. Dans ce système pourri, la richesse des puissants ne s'obtient que par la corruption et l'exploitation des plus pauvres.

Il se passe peu de choses dans ce roman. Comme les personnages, le lecteur est plutôt dans l'attente de ce qui viendra rompre la monotonie du quotidien et peut-être les sortir de leur misère extrême. Pour autant, je ne me suis pas ennuyée une seconde tant le propos est intéressant et servi à merveille par la plume précise et crue de l'autrice.

Avec un style contrasté, où le sublime côtoie le répugnant, Marguerite Duras dénonce le système colonial français, sa société hiérarchisée et inégalitaire, sa corruption. Elle évoque l'immoralité à laquelle la misère extrême conduit (la prostitution sous-entendue de Suzanne semble leur dernier recours). Elle évoque la folie née de l'injustice, des malheurs et des échecs répétés. Elle évoque l'espoir, un espoir vain mais qui raccroche à la vie quand tout le reste s'effondre.

Les personnages de Duras sont détestables, immoraux, impolis, et pourtant, je me suis attachée à chacun d'eux, j'ai ressenti leur frustration et leurs souffrances. J'ai compris l'acharnement obsessionnel de la mère, ce qui l'attache à la plaine. J'ai senti l'empathie des enfants qui refusent de quitter la plaine par solidarité avec leur mère, qu'ils détestent autant qu'ils plaignent.

J'ai adoré cette lecture, c'est un récit poignant, difficile, déprimant, qui m'a bouleversée.
Commenter  J’apprécie          110
Marguerite Duras, à travers ce roman qui explore différentes visions de la femme, visions de la femme par l'homme mais aussi et surtout par la femme elle-même, adresse un message éthique voire politique. Il s'agit d'une lutte contre l'oppression, contre le cloisonnement de la femme dans un rôle prédéfini. Elle montre que le mariage arrangé est une réalité, seule issue perçue par une famille démunie, condamnée à survivre sur une terre stérile. Elle lutte aussi contre une vision idéaliste, en déconstruisant l'idylle amoureuse, en déconstruisant les schémas littéraires traditionnels. Elle s'intéresse aux femmes dans leur évolution. Elle met en scène Suzanne, la jeune fille à la robe à fleurs bleues, rencontrant Carmen qui gagne sa vie en montrant ses jambes et qui s'émancipe des hommes. Elle met aussi en scène la mère de Suzanne, une femme veuve, sans nom, qui fait de son mieux pour survivre malgré un mauvais investissement ; une femme escroquée par l'administration coloniale, qui a mené un véritable combat contre les administrateurs mais aussi contre les éléments puisqu'elle a tenté de faire un barrage contre le Pacifique avant de s'apercevoir de son caractère illusoire, avant de constater son échec. C'est une femme qui s'est sacrifiée pour mener à bien son projet, une femme qui reste jusqu'à la fin un modèle d'émancipation, malgré un projet illusoire.
Commenter  J’apprécie          110
Froide, crue, plate, sèche, blanche(?), voici les qualificatifs attribués à l'écriture durassienne. Et si l'on écoute ceux portés sur les personnages: immoraux, cruels, antipathiques, ce n'est guère plus engageant...
Mais pourquoi cet acharnement sur la Duras? Les romans de Zola ou De Maupassant, de Conrad ou de Faulkner sont-ils pleins de joyeux et gais lurons, allant clopin-clopant, au pays des Bisounours?
Il faut sortir des stéréotypes et des étiquettes trompeuses.
J'ai vécu de grandes émotions à la lecture de ce magnifique roman. Marguerite Duras excelle dans la construction de son récit, comme au cinéma, le montage et le découpage poussent ce récit vers le sublime. Ce talent cinématographique se retrouve dans son attention constante aux objets, qui tiennent autant de place que les personnages: une vieille B. 12, un diamant, un phonographe, une robe, un fusil, un bungalow. Chacun est chargé de sens en fonction de son (ses) propriétaires(s).
C'est enfin un remarquable chant d'amour pour les parias de la colonisations et un tout aussi remarquable chant de haine pour ceux qui se sont nourris de cette exclusion.
Commenter  J’apprécie          110




Lecteurs (6934) Voir plus



Quiz Voir plus

Marguerite DURAS

Quel est le bon titre de sa bibliographie ?

L'Homme assis dans le corridor
L'Homme assis dans le couloir
L'Homme assis dans le boudoir
L'Homme assis dans le fumoir

20 questions
190 lecteurs ont répondu
Thème : Marguerite DurasCréer un quiz sur ce livre

{* *}