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3,89

sur 2324 notes
Un récit largement inspiré par l'expérience autobiographique de Marguerite Duras. Dans ce récit il y a la mère, directrice d'une école de filles dans un poste d'Indochine, une mère qui a la vie dure: elle élève seule ses enfants comme elle peut, elle achète un coin de terre qui se trouve être inondable; elle s'endette pour construire des barrages, emportés par les marées. Une ambiance familiale rendue difficile par la situation précaire qui règne. Des rapports d'amour-haine très intenses.
Un beau récit, rendu très vivant par l'importance des dialogues et qui aussi sert de témoignage sur la vie en Indochine pendant l'époque coloniale.
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Enfin, après tant d'années...mon premier Duras...j'ai voulu évité "L'Amant" sans surprise pour l'intrigue...mais ai voulu resté dans la période "Indochine".
Et finalement je suppose qu'il y a de multiples ponts entre les deux romans...tous les deux autobiographiques.
Quelle puissance...quelle écriture...tantôt moite et langoureuse, tantôt violente et cruelle comme cette terre qui tue et déshumanise.
Le temps semble suspendu dans ce bungalow misérable de la plaine de Kam et pourtant on ne s'ennuie jamais à la lecture de ces pages. L'opium, l'alcool semblent nécessaires pour survivre dans ce milieu ou les enfants naissent et meurent si facilement qu'on ne le remarque même plus...où la corruption de l'administration pousse au crime, ou à la folie...où l'on est prêt à vendre sa fille, son âme, son corps..juste pour partir de là.
Une très belle découverte de Marguerite Duras.
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J'ai profité d'un voyage au Vietnam pour relire ce livre. Avoir vu les lieux est riche d'enseignements ! Sa-Dec est une bourgade dont la physionomie n'a sans aucun doute guère changé depuis l'époque de la jeunesse de Marguerite Duras. Très peuplée, grouillante d'activité, elle n'avait sans doute rien à voir avec ce que l'on imagine à la lecture du roman. Ce n'est pas un lieu désert, à l'écart de tout. Il n'est pas au bord du Pacifique mais donne sur le Mékong qui déborde chaque année. Les Chinois n'y ont rien d'exotique. Ils sont nombreux bien installés et depuis longtemps. Ils sont détestés depuis des siècles car ils ont dominé militairement et politiquement le pays. La maison dite « du Chinois » signale une richesse ostentatoire. On sent bien toute la distance qu'un écrivain met entre sa vie et son oeuvre. Elle est un matériau qui lui permet d'exprimer quelque chose de plus profond, une vision du monde, de la société et de la vie. La jeune fille n'est pas, dans Un barrage contre le Pacifique, le personnage principal comme elle l'est dans L'Amant. Mère et enfants sont confrontés de la même manière à une force qui les dépasse, écrasés par la société coloniale, le règne de l'argent, la condition humaine (âge par exemple, complexité des rapports entre les sexes, volonté de puissance). Ils se battent courageusement mais sans espoir. C'est ce qui fait la dimension universelle du roman.
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histoire prenante une mère se battant bec et ongles contre la malchance, la cupidité, gardant la foi jusqu'au bout, essayant d'élever ses enfants adolescents de son mieux (de son mal) ; quelle maestria narrative ! pardon je viens d'encenser ma critique ...
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Dans ce récit extrêmement fort, Marguerite Duras dresse le destin d'une famille assaillie par l'administration coloniale.

Une institutrice devenue veuve se voit attribuer une concession au sud de l'Indochine française. Ce terrain lui donne l'espoir d'une vie meilleure. Elle espère donner un avenir à ses deux enfants, Joseph et Suzanne. Rapidement, cette plaine marécageuse isolée s'avère inexploitable. Tous les ans, la grande marée ensevelie la moindre culture. La mère décide de construire un barrage pour faire face aux inondations et sauver ses terres. Face à l'échec de ce projet, la famille sombre dans la pauvreté et cette mère désespérée se rapproche de la folie.

Quand Suzanne rencontre Monsieur Jo, un richissime planteur de la région, la famille perçoit une issue à leur misère. Jusqu'où cette rencontre va-t-elle les conduire ?

Marguerite Duras s'est inspirée de son adolescence pour construire un roman intense avec des personnages attachants mais aussi complexes. L'imbrication permanente entre les membres de cette famille est particulièrement travaillée. Nous percevons la détresse de ces personnages soumis aux promesses déçues de la société coloniale.
Lien : https://memoiresdelivres.fr/
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Un barrage contre le Pacifique n'a rien d'un voyage d'agrément. Marguerite DURAS nous plonge dans le quotidien des colons d'Indochine, une réalité sans faux-semblants, dure, cruelle.

Ce roman, c'est avant tout l'histoire d'un trio : Suzanne d'abord, ce chat sauvage, félin, gracile, la Mère ensuite, un buffle des rizières, ruminant et obstiné et Joseph, la panthèr magnétique et redoutable.

C'est une histoire triste, comme il en est arrivé à tant d'autres avant eux. Loin des clichés idéalisés des métropolitains sur la colonisation. Celle d'une famille qui, poussé par la nécessité, quitte la métropole et décide de placer toutes ses économies dans une parcelle cadastrale pour y cultiver des fruits. Hélas, la Mère, flouée par l'administration coloniale s'est vu attribuée un terrain incultivable. Sa rancoeur, sa haine et son malheur la détruisent et rejaillissent sur ses enfants qui assistent à son naufrage, prisonniers de cette pauvreté imposée.

Nous suivons ainsi un chemin de vie de cette drôle de famille, ou passeront toute une ribambelle de personnages atypiques : Mr. Jo, Carmen, Lina, Agostini. Même si la lecture fut rude, surtout dans sa première partie, j'en garde une impression très forte. La justesse des sentiments qui unit les membres de cette famille pourtant si differents les uns des autres est troublant de vérité. le travail sociologique fournit par l'auteur est également passionnant, notamment sur la vie des indigènes.

Enfin je garderai un souvenir profond de Joseph, ce Dieu vivant dans les yeux de sa soeur, cet être magnétique dont l'aura a su traverser les pages de papier pour me donner l'envie de poursuivre ma lecture.

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On ne peut pas avoir "tout" lu de tous les auteurs et autrices, même dits "classiques". Il y a des "classiques" tellement "classiques" que l'on se demande ce qu'on pourrait encore dire de nouveau ou de réellement personnel à leur sujet. Tel est mon cas pour Duras et Un barrage contre le pacifique. Par conséquent, je serai modestement concise.

Le style de Duras n'est pas encore à son apogée, mais pour le troisième roman de l'écrivaine, il nous offre, dans une sécheresse implacable, à l'image de la vie en Indochine (Vietnam) à ce moment de son histoire, une description brutale de la misère, du désespoir et de l'amoralité (ou immoralité, selon M. Jo (p 154)) qui en découle chez des êtres privés de reconnaissance.
Pour la mère, l'espoir reste le seul espoir, qui s'amenuise dans la dépression. Pour les enfants, c'est l'ennui, l'attente d'un changement, même si c'est de la mort de la mère qu'il viendra.

Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2023/06/14/marguerite-duras-un-barrage-contre-le-pacifique/
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Histoire d'une famille partie en Indochine et qui ruiner par l'exploitation d'une concession non cultivable à cause de l'océan pacifique, et le projet de barrage le long du pacifique, pour éviter la crue de celui-ci. Famille déchirée entre la veuve folle et malade, Joseph le fils incontrôlable et Suzanne la fille simplette et rêveuse pour qui tous les moyens de se sortir de cette galère sont bons, en particulier un prétendant un peu benêt et riche intéressé par Suzanne.

Marguerite Duras décrit la cruauté des horreurs de la société, entre l'opportunisme, l'exploitation des autres, la corruption et la misère humaine, inspiré par l'histoire de sa famille. Qu'importe les péripéties et les actions des protagonistes, ceux-ci restent presque jusqu'à la fin dans la même situation initiale. On ressent tout leur désespoir et leur effondrement moral.



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L'histoire de cette famille de colons dysfonctionnelles est très intéressante. Elle raconte bien la réalité de ces familles envoyées en Indochine pour réussir et qui se retrouvent à défricher des terres qui ne produiront jamais rien.

Marguerite Duras montre bien l'économie de la misère qui se met en place pour les pauvres colons : prêts pour faire pousser des plants qui sont noyés quelques mois plus tard, demandes de remboursement, misère mise en place et, si tu as le malheur de réussir à faire pousser quelque chose, ta terre est volée.

Le personnage de la mère neurasthénique est juste, celui du frère qui veut partir mais que l'amour familial contraint à rester et la fille qui se donne pour sa famille mais sait qu'elle partira… hyper touchants.

Malheureusement, ce livre souffre la comparaison avec L'Amant que j'ai lu juste avant. Il est trop classique à mon goût et un peu mollasson à avancer. Sa lecture est importante et intéressante, hélas elle a été longue et compliquée pour moi.
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C'est le premier livre de Marguerite Duras que j'ai lu. J'étais adolescente et j'ai été marquée par l'histoire de cette adolescente dans un contexte qui m'était exotique. Sa liberté. Sa quête d'identité et sa construction par rapport à l'image de la mère.
Un texte fort.
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