Augustin, écrivain en mal d'écriture retourne à Husum dans le nord de l'Allemagne, pour tenter de trouver le lieu exact et tout l'environnement où
Siegfried Lenz a situé son roman «
La leçon d'allemand »
« J'ai tellement aimé ce livre que j'aimerais habiter dedans, y entrer et ne plus en sortir. Est-ce que vous pouvez comprendre une telle chose ? »
Oh oui, on le comprends. Et c'est pourquoi j'ai eu envie de lire «
Echapper », alors que je n'avais rien lu de
Lionel Duroy, simplement attirée par cette quête de l'auteur sur les lieux où est censé se dérouler le magnifique livre de
Siegfried Lenz «
La leçon d'allemand » dont la lecture m'avait moi-aussi envoutée.
Toutefois, si Augustin tente dans un premier temps de faire coller à tout prix la réalité qu'il découvre avec celle du livre qui l'avait enthousiasmé, il doit se rendre à l'évidence, il ne fera pas se rejoindre ce qu'il a vécu à travers «
La leçon d'allemand » et ce qu'il vit au cours de son voyage.
En échappant à «
La Leçon d'allemand », il échappe aussi au souvenir douloureux de sa séparation avec Esther sa seconde femme dont il a deux enfants, qu'il a profondément aimé mais avec laquelle il a fini par se sentir étouffé.
« — Les gens censés nous aimer sont souvent ceux qui tentent de nous empêcher de vivre… » constate-t-il, que ce soit une femme, des parents, des enfants.
Il va lui être offert autre chose que ce qu'il croyait être venu chercher. Ne trouvant pas autour de Husum en Allemagne la maison du peintre Emil Nolde, qui a inspiré
Siegfried Lenz, il retourne alors à Møgeltønder au Danemark où se trouve, dans la dernière maison occupée par le peintre, le musée à sa mémoire. Il finit par s' installer pour six mois dans une maison qu'il trouve à louer où il se sent bien, enfin chez lui, libre : « Je m'entends murmurer quelque chose d'inaudible, qui pourrait être un remerciement au Ciel, si je croyais encore en Dieu, pour la grâce de cet instant : pour le son de la grêle sur la marquise, pour le spectacle du jardin clôturé d'une haie d'aulnes, rempart contre le vent, comme on le fait ici, pour l'ivresse qui me gagne à penser que je vais pouvoir me tenir là, sur le seuil de la cuisine, chaque jour, et autant d'heures que je le voudrai, guettant le passage des nuages, celui des oies sauvages, les variations de la lumière, dans quelques semaines les premiers signes du printemps, assis sur une chaise aussi bien et un livre entre les mains, puisque l'architecte a eu la bonne idée d'établir cet espace pavé protégé de la grêle et de la pluie par cet auvent de verre. »
Il se laisse porter par ses découvertes sur la vie de Nolde à travers des photos anciennes et la correspondance du peintre alors âgé de 80 ans avec Jolanthe, une jeune femme de 26 ans qui deviendra sa seconde épouse mais aussi par les rencontres pour lesquelles il se sent ouvert.
S'ensuit une belle et libre relation amoureuse avec Suzanne, peintre elle-aussi, dont il fait connaissance au musée où elle est employée. Augustin est apaisé, accepte désormais sans trembler ce qui s'offre à lui.
Ce livre m'a plu mais, si les retours sur lui-même d' Augustin s'intègrent bien au récit ils m'ont aussi parfois agacée.
Reste que je ne regrette pas ma lecture en particulier pour la belle évocation de ces régions, où l'eau, le ciel et la terre se confondent, et de leurs habitants.