Guy-Roger Duvert est un auteur dont je découvre toujours avec grand plaisir ses nouveaux écrits, car il a un style vif, fluide et visuel qui fonctionne avec moi. Quel que soit le livre, j'imagine toujours aisément les personnages évoluer au fil du récit et traverser toutes sortes de décors futuristes incroyables. Lorsqu'il y a de l'action, on a réellement l'impression d'y être ! Ainsi, j'ai systématiquement l'impression d'avoir un film sous les yeux. « Eschaton » ne fait pas exception : en quelques pages, on s'imagine aux côtés de Casey. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la vie de ce musicien-compositeur va être mouvementée, en particulier suite à la rencontre avec Lucius…
Casey est un homme talentueux et reconnu pour son art : quarantenaire solitaire et sans famille, il conçoit de la musique pour des jeux vidéo dans sa grande villa. Bien que ce ne ce soit pas le sujet principal, j'ai apprécié les réflexions de l'auteur sur la place de la musique aujourd'hui, notamment le classique et le symphonique : la plupart des jeunes ont découvert ces genres musicaux grâce à des jeux et à des films.
Maintenant, ce style musical prend de plus en plus de place auprès du public. Ce n'est plus réservé à « l'élite ». Étant grande consommatrice de jeux vidéo, je ne peux qu'affirmer l'importance que j'accorde à une bande son. Il suffit de prendre les derniers Assassin's Creed : j'ai dévoré leur BO pendant des mois… Et c'est sans parler celle de The Witcher III que j'écoute quotidiennement ! Pour ces raisons, je reconnais avoir été charmée par l'univers dans lequel le personnage principal a évolué au début du livre.
Remarqué grâce à son art, Casey va être contacté par une entreprise mystérieuse qui va lui annoncer une terrible nouvelle : dans peu de temps, les Hommes vont mourir. C'est la fin du monde. Afin de préserver l'humanité, cette entreprise possédant une technologie de pointe va proposer au musicien de copier son âme dans une simulation. Ainsi, même si son corps meurt, son double (disposant de son esprit, de ses souvenirs et de ses compétences) va continuer de survivre dans une sorte de réalité virtuelle. Quand la
Terre sera de nouveau habitable, les clones seront réintroduits et pourront reprendre leur vie. de ce fait, Casey ainsi qu'une poignée de sélectionnés vont constituer l'un des derniers espoirs de l'humanité. Sur le papier, l'idée est alléchante et bien pensée… Mais également glaçante ! J'avoue avoir eu plusieurs réflexions autour des thématiques abordées par l'auteur, en particulier sur l'élitisme, la technologie avancée, l'écologie, l'effondrement, la famille/les proches, ce qui nous suivra après la mort, ce que l'on apporte aux gens, ce que l'on ferait s'il ne nous resterait plus longtemps à vivre, etc. Ce roman d'anticipation m'a donc permis de réfléchir sur moi-même, mais également sur le futur avec toutes les complications écologiques qui surviennent de plus en plus…
Le concept du monde virtuel n'est pas nouveau toutefois, il a été développé à merveille. J'ai pris plaisir à suivre le second Casey dans le Framework. D'ailleurs, l'univers dans lequel il évolue m'a rappelé « Upload », une série Amazon qui m'a séduite l'année dernière. Ici aussi, il est question d'esprits de personnes ayant été intégrées à une simulation. Elles sont réunies dans un hôtel que l'on peut personnaliser à sa convenance. Dans ce one shot,
Guy-Roger Duvert laisse son héros échanger avec d'autres individus, qu'ils soient d'anciens humains ou des intelligences artificielles. Casey va alors réaliser que ce paradis est loin d'être parfait… Une fois encore, j'ai aimé les discussions entre les différents personnages, notamment sur la future cohabitation des résidents. La
Terre a été détruite par l'Homme… Pourquoi ce nouveau monde virtuel serait-il épargné ? J'ai également été séduite par le mystère qui va peu à peu entourer cet endroit virtuel.
Que la narration soit du côté du Casey sur
Terre ou du côté du Casey du Framework, le rythme a été bien géré. La tension ainsi que l'action seront particulièrement présentes dans le monde réel, puisque le musicien et Eve, sa petite-amie journaliste, vont mener des recherches pour retrouver la société qui a copié le compositeur. Cette enquête sera dangereuse, mouvementée et à perdre haleine ! Je me suis régalée à voyager aux quatre coins du monde, notamment dans les zones hostiles de cette planète chaotique… L'un des seuls reproches que je pourrais finalement faire concerne la prévisibilité du scénario : certains twists et le dénouement étaient vraiment attendus… Cependant, l'ensemble se lit avec plaisir. En débutant cet ouvrage, je cherchais un titre de SF dynamique, simple, divertissant comportant des réflexions sur notre monde. « Eschaton » a répondu à ces attentes. Si vous préférez un titre de
Guy-Roger Duvert qui développe davantage l'univers ou les personnages, orientez-vous plutôt vers sa saga «
Outsphere » ou son one-shot/film «
Virtual Revolution 2046 ». Merci encore à l'auteur pour la découverte !
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