Louis XIV et le Pays Basque

Le fait est que villes et villages du Pays Basque résonnent encore des noms des illustres figures qui y séjournèrent au milieu du "grand siècle". Il n'est que de jeter un œil sur une carte de la ville de Saint-Jean-de-Luz pour s'en rendre compte. La place est devenue "Place Louis XIV", la maison Lohobiague est devenue "Maison de Louis XIV", Joanoenea est devenu "Maison de l'infante" et elle est éponyme du quai qui la jouxte ; en son arrière serpente la rue Mazarin. Les rues baptisées du nom d'un corsaire, d'un armateur ou d'un militaire de l'époque sont nombreuses, de même que les noms des commerces, et le grand parc de la ville prend encore le nom de la maison du corsaire Duconte. La renommée de telle pâtisserie tient dans le fait que le Roi-Soleil en goûta les macarons en 1660, celle de l'église ne tient presque que dans le souvenir du mariage, et la seule incongruité pourrait être qu'une "rue de la République" se fût imposée à proximité immédiate du portrait géant de Louis XIV, dominant la place.

Paradoxe de l'évolution des représentations collectives, on célèbre tout autant la Révolution française émancipatrice des hommes et des femmes que la figure la plus emblématique du régime qu'elle abolie en 1789. Faute probablement d'une formation scolaire apprenant à aiguiser le regard face au passé, les grands hommes de l'histoire, selon les sondages, demeurent indistinctement en France un général devenu président de la république, un empereur conquérant, ou un monarque absolu.

C'est une méthode de recrutement fondée sur l'engament volontaire, qui tourne la plupart du temps au ratissage pur et simple : le fonctionnaire royal fait boire les hommes jusqu'à l'ivresse et obtient ainsi leur assentiment. Cette pratique est en grande partie liée aux difficultés de recrutement mais aussi à une vision très méprisante des élites militaires vis-à-vis des hommes de mer, considérés comme violents, paresseux et ivrognes. Ils sont jugés à l'image de la mer elle-même, dépréciée par les sociétés modernes et jugée dangereuse, source de vices et d'instabilité.

La singularité basque n'est qu'une déclinaison locale du très classique équilibre entre "mêmeté" de toutes les sociétés rurales de l'époque et écheveau des particularismes propres à chacune d'elles.

La lecture du sujet pourrait évidemment être différente, c’est le propre de la science historique.