Florence Ehnuel «
Saisons russes», publié chez Stock (ISBN : 978-2234063129)
Dans le quotidien «Le Monde» fut publié une chronique indiquant que l'auteur (oups ! dans «Le Monde», gazette conformiste de la gauche caviar, on écrit maintenant «auteure», avec un «e» final pour désigner les auteurs féminins, ça fait branché) avait ceci d'exceptionnel qu'elle parvenait à insérer en toute simplicité sans pudibonderie ni affèteries des scènes de sexe dans son texte littéraire. N'ayant que très peu d'intérêt pour la littérature dite «érotique» dont j'ai vérifié qu'elle est en général profondément rasoir (au bout de trois lignes, on ne sait déjà plus où se trouvent les jambes et les bras de quel protagoniste), je me suis dit qu'il fallait tout de même vérifier si par hasard...
Eh bien, non, il n'y a pas eu de miracle. Principalement parce que ce roman ne comporte - si ma mémoire est bonne - en tout et pour tout que deux ou trois paragraphes de scènes «osées» vites expédiées : une fois de plus, le pôvre critique du «Monde» se focalise sur un aspect qui n'est pas l'aspect principal du texte, uniquement pour faire un scoop bobo-branchoss.
Ceci étant, je ne regrette pas cette lecture, car l'idée est effectivement originale : montrer que l'apprentissage d'une langue nécessite d'incorporer d'emblée la dimension physique, charnelle, sensuelle de cette langue me semble d'une justesse frappante, et l'auteur le fait relativement bien au début de son récit. Là où notre auteur échoue cependant, c'est à rendre crédible le glissement progressif vers une liaison plus ou moins érotique «réelle» (sachant qu'on est dans un roman, hein !).
L'héroïne découvre qu'elle a besoin de prendre ses cours en se dénudant complètement, puis en dénudant également son cher professeur Iouri, puis en se frottant contre lui, mais cela n'ira pas plus loin, car elle se découvre finalement amoureuse de son amoureux, un certain Pierre, vers lequel elle retourne.
Notons au passage que - lieu commun de notre littérature actuelle - l'héroïne est mère de deux enfants, sans que le père de ceux-ci ne soit le moins du monde mentionné : ces angelots sont tombés du ciel.
Bref, son texte, plus proche de la nouvelle que du roman, reste bien propret, convenable et finalement sans grande profondeur.
Divertissant (c'est déjà pas si mal).