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sur 299 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est à une histoire de passion qu'Olivia Elkaim nous invite. Et, ma connaissance de Modigliani s'arrêtant à ses tableaux les plus célèbres, c'est l'occasion de découvrir ce personnage hors du commun.

De cette année 1916 au 25 janvier 1920, Olivia Elkaim met sous nos yeux le Paris des artistes, ce groupe incroyable composé d'Amedeo Modigliani, Chaïm Soutine, Pablo Picasso, Juan Gris, Moïse Kisling, Manuel Ortiz de Zarate, mais également Utrillo, Cendrars, Matisse, Cocteau, Satie, Jacob, Breton, Appolinaire, Brancusi ! Rien que de les citer, on est transporté dans un autre monde… Dans ce Paris de la Première Guerre mondiale et de la grippe espagnole, dans lequel, pourtant, une incroyable ébullition artistique a réussi à se maintenir…

Vie de bohême, certes, pour tous ces immenses artistes dont beaucoup ne connaîtront la gloire qu'après leur mort, mais après avoir bouffé de la vache enragée toute leur existence. À quelques exceptions près, devenus riches de leur vivant, la plupart tirent le diable par la queue ; ils boivent autant pour réchauffer leurs corps maltraités que pour oublier leurs souffrances. Si le critique et marchand d'art, Léopold Zborowski, fait en sorte qu'ils disposent d'un toit et du minimum vital, c'est souvent lui qui tirera finalement le plus gros profit de leurs oeuvres…

Olivia Elkaim décrit bien l'attirance irraisonnée qui rapproche Jeanne et Amedeo, sans masquer, dès le départ, le caractère tragique de cette passion, qui va les consumer tous les deux.

Mais ce qui est peut-être le plus intéressant, dans ce récit, c'est l'évolution parallèle et inverse de trois autres personnages, Achille et André, d'un côté, Eudoxie, de l'autre. Alors qu'Achille semble, au départ, profondément humain, disposé qu'il est à laisser sa fille exprimer son goût pour la peinture, il devient, comme André, de plus en plus rigide dans sa posture. Jusqu'à renvoyer, pour André, l'ouvrier qui a trouvé le corps de sa soeur : il ne veut pas qu'elle soit ramenée chez ses parents !

Eudoxie, elle, suit le chemin inverse. Bigote, coincée, incarnation de la morale bourgeoise au début du livre, elle finit, petit à petit, par trouver la voie pour accompagner sa fille sur le chemin qui est le sien. L'amour, chez elle, finit par l'emporter, ce qui est très émouvant, car on imagine à quel point il doit être difficile, pour une mère, de voir sa fille suivre un tel parcours.

La plume d'Olivia Elkaim est d'une netteté, d'une pureté, presque, tout à fait intéressante. La ligne reste claire, même lorsque la situation de Jeanne devient compliquée. Elle est presque tranchante. Et, et c'est mon principal regret, la description de cette passion reste, de mon point de vue, clinique. Froide. Presque extérieure, même si nous vivons l'histoire du point de vue de Jeanne. On voit la folie, on ne la ressent pas. On observe l'emballement, mais on ne le vit pas. On décrypte, on observe, on ne partage pas. Alors, si cela permet de s'ntéresser aux personnages annexes, comme Achille, André et Eudoxie, ce qui a son intérêt, cela m'a donné l'impression de rester spectateur de l'essentiel, de la vie.

J'ai apprécié ce livre, bien écrit, bien construit. Il plaira certainement à tous ceux qui veulent en apprendre davantage sur Modigliani, et se replonger dans ces années incroyables pendant lesquelles la guerre ne parvenait pas à brider la créativité des artistes parisiens, avant que les combats et la grippe espagnole ne viennent briser ces destins incroyables. Pour moi, il y a seulement manqué un peu de chair, pour m'emporter dans ce tourbillon…
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Jeanne Hébuterne était peintre. Elle rencontre Amedeo Modigliani, deviendra sa muse, son amoureuse … de 1917 à 1920. Elle était jeune, talentueuse et très belle. Il était son aîné de plusieurs années et la maladie à sa porte. Ce roman raconte l'histoire de Jeanne, et sa vie avec le “prince de Montparnasse”.

Je ne connaissais pas Jeanne Hébuterne. Et puis, je suis tombé sur une de ses photos. J'ai voulu savoir qui elle était. Il semble que ses peintures étaient belles et cette femme énigmatique. Son talent a malheureusement été oublié au profit de celle de son compagnon. Ce roman nous raconte bien la période dans laquelle elle, et plusieurs autres artistes, ont vécus. Une femme à découvrir.
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Avant de lire ce roman, je ne connaissais rien sur la vie de Modigliani. On y voit la passion dévorante de Jeanne Hébuterne, fille d'une famille bourgeoise catholique, qui s'éprend de ce peintre.
Ce roman est vraiment une magnifique description d'une passion amoureuse. Cedt aussi le récit d'un rejet familial. Comme quoi, les moeurs ont changé et c'est tant mieux. C'est une superbe fresque de Paris durant les années de guerre.
Une fois que vous allez terminer ce roman, allez voir les tableaux de Modigliani
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Depuis quelques années maintenant, j'ai une passion toute particulière pour Modigliani. Ses portraits, étranges et mélancoliques, me touchent et m'intriguent. Si un tableau de Modigliani se trouve dans un musée où je suis, je vais tout faire pour y passer devant plusieurs fois. Et quand un livre parle de lui, je ne peux me résoudre à l'ignorer. J'avais vaguement lu le résumé de ce livre, j'ai vu qu'il parlait de Modigliani, j'ai su qu'il allait m'intéresser. Mais ça, c'est le sujet. Combien de livres abordent des thématiques qui nous passionnent, mais nous laissent indifférent ou consterné. Ça aurait pu être le cas avec Je suis Jeanne Hébuterne, mais ça ne le fut pas. de sujet passionnant, ce livre s'est transformé au fil des pages en un roman haletant et dévorant. Une belle réussite !

Jeanne a dix-huit ans, vit chez ses parents, étudie la peinture à l'Académie Colarossi. Une vie simple de jeune bourgeoise, peu ébranlée par les contingences matérielles. Un jour elle voit une masse s'approcher, dans les escaliers, puis se transformer en une silhouette d'homme. Écharpe rouge à grosses mailles de laine, pantalon, gilet et veste de velours marron. Il est élégant, mais tout maculé de peinture jaune. Et sous des sourcils fournis perce un regard noir impérieux. Elle a fait la rencontre d'Amedeo Modigliani. Elle est foudroyée sur place. D'abord par son regard, puis par la passion. Celle-ci même qu'elle a toujours voulu fuir. « D'habitude je fuis l'amour.
Qu'un homme m'approche, vante ma peau diaphane et les nattes cuivrées qui descendent à mes genoux, et je lui tourne le dos. » Conditionnée par son frère et ses parents, ce qu'elle sait de l'amour est surtout sa fugacité et ses chagrins. Ses travers et ses malédictions. L'inconstance des sentiments, Jeanne ne l'a jamais expérimentée, non, elle l'a lue dans les romans. Elle aime converser avec les statues, « les bronzes monumentaux de Rodin comme les reines sans lustre du jardin du Luxembourg. » Mais cet artiste l'a déjà animée d'une chose brûlante et vibrante. Ces sentiments malades, elle n'en veut pas, elle veut les jeter au loin, les éteindre. Elle détourne désormais son chemin pour ne plus croiser cet artiste bohème qui la transperce, évite soigneusement les lieux qu'il fréquente. le silence de sa famille et l'amour pesant de son frère l'ont faite esquiver ce « bandit ». Mais aussi sa peur de l'incandescence, tenace au ventre, encore plus à l'esprit. Des hommes elle ne connaît rien, mais ne veut pas plus en connaître. Tout amour se finit dans le malheur. Et de toute façon, comme fera-t-elle pour faire accepter ce Modigliani à sa famille ? C'est peine perdue. Son frère ne considère que les peintres classiques. Chardin, Rembrandt. Il allait dans les salons, dans les galeries de la Rive droite, mais en revenait muet. Comment pourra-t-il tolérer un peintre qui déforme l'esthétisme ? Un peintre qui s'élève contre les bourgeois encalminés dans leur chemise de nuit. Un peintre qui plus que la gloire, cherche à déchoir le monde.

« Parfois, la nuit, mes poumons et ma bouche s'emplissent d'un flot salé dont le goût morbide persiste plusieurs heures après mon réveil. de quels tréfonds viennent ces pensées ? Dans quel abîme se logent-elles ? Je les fuis, mais elles persistent. Je me tâte, me retourne, guette une présence, à droite, à gauche. Je cours, mes jambes me dérobent. Parfois, je tombe à genoux. Je voudrais disparaître. Disparaître. »

D'une plume incisive, Olivia Elkaim expose à vif l'histoire d'une passion, d'abord réprimée puis pleinement consommée. Elle fait apparaître une Jeanne désemparée face à la vie et ses surprises, comme un chat apeuré, mais à la fois attiré par l'inconnu. Une Jeanne fébrile, qui découvre le Paris de la nuit, Montmartre et ses artistes. Soutine, Picasso, Apollinaire, Kiki de Montparnasse, le Bateau Lavoir. Une Jeanne qui va vivre le nez dans l'écharpe de Modigliani. La romancière mêle les pensées soudaines de Jeanne, ses réflexions aux les évènements qui la feront quitter son cocon familial pour rejoindre Modigliani. Dans ce roman, tout semble être en désordre, tout semble s'entrechoquer. le lecteur est soumis aux impulsions de Jeanne. Il tâtonne, s'emmêle dans le style tentaculaire d'Elkaim, cherche l'éclaircie et arrive finalement une bouffée. Cette lecture déroute. Mais tout se met en place et l'histoire avance, par soubresauts, nous emporte. Mais c'est aussi un beau texte sur la création et sa proximité avec la passion. Amenées en filigrane, toutes les figures du Paris artistique de l'époque traversent ce roman et alimente par un ou deux mots les questions que se pose Jeanne sur sa propre pratique artistique ou celle qu'elle observe chez Modigliani. L'écriture d'Elkaim déstabilise parfois, car elle se veut directe en tranchant dans l'immédiat, mais se fait cristalline à l'approche de la fin des phrases, de la fin des séquences, des chapitres. Elkaim prend des blocs de texte qu'elle taille pour donner forme à un roman où les pensées de Jeanne claudiquent, déboussolées. Une histoire aussi traversée par la voix du frère. Suivie par l'ombre de Modigliani et Jeanne. Un livre entre fuite et imminence.
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Je ne connaissais pas du tout l'histoire de Jeanne Hébuterne (1898-1920), dernière compagne du peintre Amedeo Modigliani (1884-1920), et j'avais hâte de découvrir ce roman dans le cadre du Prix Points et des lecteurs de la librairie Mots En Lignes ! L'incipit a quelque chose de frappant et sa formulation fait penser à celui de "L'Étranger" (1942) de Camus : « Hier soir je suis tombée amoureuse d'Amedeo Modigliani. » (p. 7). Nous sommes en décembre 1916, ils se sont rencontrés au détour d'un escalier de l'Académie Colarossi et la vie de Jeanne Hébuterne portera désormais le sceau de cet amour maudit.

La langue douce et rêveuse avec laquelle Olivia Elkaim nous parle de l'amour qui grandit dans le coeur de Jeanne se brise violemment contre la personnalité tyrannique de Modigliani. S'il côtoie les plus grands (Soutine, Picasso, Foujita , Cendrars, Cocteau…), il ne connaît pas encore la célébrité et se noie dans l'alcool. Sa confiance en lui est épatante, écrasante et il décide de posséder la jeune femme qui y trouve l'occasion d'échapper à une famille mortifère et dont la vie est rythmée par les lettres qu'André, le frère de Jeanne, leur envoie du front.

La solitaire étudiante en Arts se mêle alors à la foule bigarrée, bohème et transgressive de Modigliani. Je ne me risquerai pas à suggérer quoi que ce soit quant à la santé mentale de Jeanne Hébuterne mais sa fragilité est évidente. Elle ne s'aime pas et se découvre pourtant la muse d'un artiste incroyable jusqu'à se laisser dévorer par cet amour abusif et dangereux. On veut lui crier de fuir et la tirer par le bras mais on assiste à son naufrage qui a, à ses yeux, les couleurs de la passion et de la liberté.
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Ce roman roman-biographique historique décrit très bien le milieu des artistes dans le quartier Montparnasse à Paris. La vie et le milieu social de Jeanne n'est pas sans rappeler l'héroïne du roman "le bal des folles" de Victoria Mas" J'ai appris beaucoup d'anecdotes concernant Modigliani, Soutine et Picasso. Ce livre est très bien documenté mais il me manque pour lui donner une véritable caution historique d'avoir les sources bibliographiques qui a permis à Sonia Elkaim d'écrire ce magnifique livre très touchant.
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Une belle biographie de la muse d'un peintre. Comme d'autres elle est restée dans l'ombre. Son amour pour le peintre annihilera toute objectivité, toute émancipation. Malgré les efforts des siens elle ne reviendra pas à la raison. Les frasques du peintre maudit, la retenue de Jeanne Hébuterne contrastent mais ces deux êtres que tout oppose semblent comme aimantés.
Une folle passion destructrice.
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Jeanne Hébuterne nous entraîne dans les pas des plus grands peintres parisiens du début du 20ème siècle. Son histoire d'amour avec Modigliani débute par un joyeux kidnapping et se délite dans la déchéance physique et morale.
Olivia Elkaïm raconte avec justesse l'histoire de cette jeune fille bourgeoise et amoureuse. Alors qu'elle n'a normalement/socialement pas le droit de choisir sa vie, Jeanne se lance à corps perdu dans une liaison contre-nature: un juif, plus âgé, bohème, sans le sou.

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Amour passionnel fusionnel impossible
Très beau roman lu en une traite
La couverture est très belle et m a donné envie d approfondir l'univers de Modigliani
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Jeanne Hébuterne est une artiste peintre du siècle dernier, morte très jeune. Si son nom est passé à la postérité, c'est principalement en raison de la relation amoureuse qu'elle entretenait avec le peintre Amadéo Modigliani.

A l'âge de 19 ans, Jeanne Hébuterne quitte sa famille pour s'installer (très pauvrement) avec Modigliani. Elle met au monde une petite fille, que l'artiste ne reconnaîtra jamais. Rejetée par sa famille, subissant sa maternité et n'ayant aucune envie de s'occuper de l'enfant, Jeanne vit sa passion sans se soucier du "qu'en dira t'on". Elle peint, soutient Modigliani, lui sert de modèle et lui pardonne ses manquements. Son frère et son père se montrent très durs envers la jeune femme. Seule sa mère la soutient et semble la comprendre. Grâce à elle, Jeanne ne meurt pas de faim et de froid. Elle mourra toutefois très jeune, de façon tragique.

Le roman est écrit à la première personne. Jeanne nous raconte la vie qu'elle mène, une vie qu'elle sacrifie à un artiste qui se volatilise régulièrement, la laissant seule. Modigliani n'a pas le beau rôle dans ce roman. A sa décharge (mais cela n'excuse pas tout), il souffre d'un manque de reconnaissance de ses contemporains et d'une santé qui se dégrade. Jeanne est victime du sort réservé aux femmes de l'époque. Vouées à la maternité, sans aucun contrôle de leur fécondité, les femmes-artistes n'ont aucune légitimité et pas d'autre choix que de vivre dans l'ombre d'un homme.

Ce court roman est avant tout un hommage à une femme en avance son temps, qui a eu la malchance de vivre à une époque où les femmes ne pouvaient pas s'accomplir en dehors du cadre familial. Nous ressentons au travers de la plume délicate de l'auteure le mélange de force et de vulnérabilité de la jeune femme. Jeanne a préféré une vie courte mais intense à une vie conventionnelle qui l'emprisonnait. Nous découvrons aussi dans cet ouvrage ce qu'était une vie d'artiste non reconnu : la misère, la faim, le froid. Après cette lecture, je regarde autrement l'oeuvre de Modigliani et je suis ravie d'avoir découvert celle de Jeanne.

C'est un livre intéressant, bien écrit. J'aurais juste aimé quelques dizaines de pages supplémentaires.
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