Il vaut mieux avoir lu Tout autour du monde et autres histoires avant d'entreprendre la lectu
re de ce tome. Ce dernier regroupe 3 numéros spéciaux de Planetary parus en 2000, 2002 et 2003.
Dans le premier épisode, les membres de Planetary (Elijah Snow, Jakita Wagner, the Drummer) sont amenés à combattre une invasion extraterrestre et même extra-dimensionnelle tout évitant de se faire remarquer par les membres de
The Authority (Jenny Sparks, Apollo, Engineer, Midnighter, équipe créée par
Warren Ellis et dont il a écrit les premières aventures dans Authority). Elijah Snow évoque également une visite rendue à un écrivain au racisme garanti d'époque, ayant été le témoin d'incursion de créatures impossibles dans notre réalité (bel hommage honnête à
Howard Philips Lovecraft).
Ce premier épisode est illustré par
Phil Jimenez, un dessinateur fortement influencé par George Perez. Pour l'occasion, il modifie son style de manière à évoquer celui de
John Cassaday, le dessinateur attit
ré de la série Planetary. le style est précis et détaillé et la mise en couleurs est réalisée par Laura Martin la metteuse en couleur de la série Planetary, ce qui accentue encore la ressemblance avec les épisodes dessinés par
John Cassaday.
Dans le deuxième épisode,
Warren Ellis adopte un point de vue original : Bruce Wayne, Diana Prince, et Clark Kent tente de se rebeller contre les agissements de Planetary qui jugule systématiquement toute manifestation paranormale avec toute la force requise pour que la solution soit définitive. Il s'agit donc de variations de type elseworld ou "what if" de ces 3 héros.
Cet épisode est illustré par
Jerry Ordway, un dessinateur fortement associé à l'univers DC dans les années 1980. Ses dessins ne ressemblent pas à ceux de
John Cassaday, mais il s'est appliqué et a pris le temps nécessaire pour fignoler ses illustrations.
Dans le troisième épisode, Planetary doit trouver le moyen d'arrêter un homme sous l'emprise de terribles crises qui le font basculer d'une réalité à une autre, sans aucun contrôle. Ces crises s'enchaînent à un rythme très rapide dans des variations d'une rue de Gotham baptisée Crime Alley. Un mystérieux homme masqué surgit pour rétablir l'ordre ; il a une curieuse apparence et une cagoule avec une cape qui évoque une chauve-souris.
Cet épisode est illustré par
John Cassaday. On retrouve le dessinateur habituel de Planetary pour le meilleur (un sens graphique original et efficace) et pour le pire (les scènes de dialogue avec une seule tête et un phylactère, sans décors, dans une case de la largeur de la page et photocopiée à gogo). Il a visiblement pris beaucoup de plaisir à reproduire le style des différentes incarnations de Batman :
Bill Finger, la série télé avec Adam West,
Neal Adams et
Frank Miller.
À la lecture, la raison pour laquelle
Warren Ellis a choisi de fai
re de ces histoires des numéros spéciaux devient évidente. Il s'écarte de la thématique du reste de la série (rendre hommage aux sources des superhéros) pour confronter l'équipe de Planetary à des superhéros actuels. Ainsi, par contraste avec
The Authority, Planetary apparaît vraiment comment une équipe dédiée aux missions confidentielles, dans l'omb
re des actions officielles de Jenny Sparks et son équipe. le deuxième épisode est encore meilleur puisque Planetary apparaît comme les méchants de l'histoire persécutant et exterminant les êtres dotés de pouvoirs extraordinaires. Et le dernier épisode où il ne se passe pas grand-chose est à la fois une leçon magistrale d'histoire sur Batman à travers les époques (et par là même une déclaration d'amour aux différents créateurs qui l'ont réimaginé), mais aussi une preuve irréfutable de la capacité de ses personnages à survivre aux modes et à s'adapter pour évoluer (thème de la pérennité des créatures de fiction souvent développé par
Neil Gaiman,
Grant Morrison ou
Alan Moore).
Effectivement ces épisodes sortent du cad
re de la série de référence, effectivement ils ne servent pas à développer le mystère qu'est Elijah Snow, mais ils n'en sont pas moins remarquables et divertissants, tout en restant intelligents et en constituant un commentaire ludique sur les superhéros.