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sur 462 notes
Lorsque j'ai lu la chronique de Gruz, j'ai cru qu'il s'agissait d'un livre de James Ellroy… ça m'apprendra à lire en diagonale. Mais devant son enthousiasme pour le bouquin, j'ai couru chez le libraire acheter le Carnaval des ombres de R.J. Ellory, oui pas Ellroy.

Michael Travis qui vient d'être promu agent spécial senior du FBI, est envoyé à Seneca Falls pour enquêter seul sur la mort d'un homme.

R.J. Ellory plante le décor d'une petit bourgade du Kansas en 1958 avec son motel, ses deux bars, son chérif et le cirque itinérant qui vient de s'y installer et où le cadavre a été découvert.

Michael n'est pas un homme ordinaire et la première partie du livre nous raconte le début de cette enquête peu ordinaire et, par flash-backs, l'enfance de cet homme tourmenté. L'alternance des ces deux modes narratifs donnent un fabuleux rythme à la lecture, rythme que j'aurais aimé conserver jusqu'à la dernière page.

Mais l'auteur nous plonge ensuite dans le mystérieux cirque diablo et ses personnages inquiétants, le Maigre, la contorsionniste, l'homme aux sept doigts, l'étrange maître de cérémonie et son envoûtante compagne. Leur incroyable représentation est un des grands moments de ce roman, certainement le passage qui m'a le plus ému dans ce livre.

Puis dans la dernière partie, sans doute la plus difficile à lire, Ellory dévoile les lourds secrets de l'agence de Hoover et développe des théories conspirationnistes effrayantes sur les États-Unis de l'après guerre.

Mais le Carnaval des ombres est avant tout l'histoire de Michael, un homme qui a enfoui son passé sous une chape de plomb pour ne plus souffrir et qui, au fil des pages, voit ses souvenirs remonter à la surface, les morts de ses parents et d'une femme qu'il a aimé. Il voit également ses certitudes s'effriter une à une pendant cette enquête hors du commun et le personnage qu'il devient à la dernière page ne ressemble plus beaucoup à l'évaluation d'aptitude psychologique 19-409 de l'agent spécial Travis au début du livre.

Le Carnaval des ombres est un grand roman noir, complexe, intrigant mais pas toujours facile à lire. Néanmoins allez jusqu'au bout, le voyage en vaut la chandelle.
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Le Carnaval des ombres de R.J. Ellory, présentation
En 1958, un agent doit subir une étude psychologique qui va déterminer sa promotion interne.

Sa mère a tué son père alors qu'il avait 15 ans. Il a bâti une stratégie pour ne plus rien ressentir émotionnellement, pour ne pas montrer que son passé l'affecte.

Avis le Carnaval des ombres de R.J. Ellory
Michael Travis est un homme hanté par son père, par Esther, par sa mère, par des mots qui ont été prononcés ou des mots qu'il a imaginés. Il était adolescent lorsque sa mère a assassiné son père, homme violent envers cette femme . Elle a avoué le meurtre avec préméditation, ainsi elle a été condamnée sans circonstances atténuantes. C'est donc un jeune homme meurtri qui a passé une année dans un centre pour enfants où la plupart avaient commis des méfaits. Il sera, pour ainsi dire, sauvé lorsqu'il rencontrera Esther, la femme du cousin de sa mère. Il avait 16 ans et ils vivront une histoire d'amour.

Travis écoute beaucoup, laisse dire et sait se défendre par la parole. Celui en face de lui se croit vainqueur alors que c'est tout le contraire. Travis a fait l'armée, a été recruté par le FBI. Il est un bon élément car il ne met jamais en cause, en doute, les autorités. Il a été promu en tant qu'agent sénior. Il est envoyé dans une petite ville pour une histoire de meurtre, un homme retrouvé sur un cirque. Travis, méthodique, va essayer de mettre tout en oeuvre pour trouver l'identité de cet homme et qui a bien pu l'assassiner. Mais il se rappelle son passé, le meurtre de son père, l'emprisonnement de sa mère et sa vie avec Esther. Est-ce que Travis trouvera des amis, l'amour ? Sera-t-il en paix, enfin, avec lui-même ? Arrivera-t-il à se défaire de cette peur de ressembler à son père ?

Il va découvrir un monde, un univers, qui va bousculer toutes ses convictions. Il va freiner des deux fers pour ne pas se laisser embarquer par ces hommes, ces femmes qui ont un passé, qui tentent de vivre, qui imaginent, qui peuvent rêver mais qui ont également souffert. Ils vont tenter de lui ouvrir les yeux et lui faire comprendre qu'il ne faut pas tout accepter d'une société, d'un gouvernement. Il faut être libre.

Pourquoi Travis a été envoyé dans cette petite ville ? Est-ce réellement une histoire de meurtre ? Est-ce une histoire de contrôle, de manipulation ? Il lui en faudra du temps pour comprendre, pour accepter les échanges et tout ce que cela implique. Il va découvrir un monde différent du sien. Il va comprendre que sa vie n'est pas ce qu'il a mis en place. Est-ce que le cirque et ses membres savent quelque chose dans cette histoire de meurtre ? Ils pratiquent l'illusion. Tous disent que ce qui s'est passé le concerne pour faire éclater la vérité. Travis sera ébranlé au plus profond de lui-même. C'est dur d'accepter tout ce qui est enfoui au fond de soi pour ne pas que cela affecte.

Encore un magnifique roman psychologique qui détaille profondément l'âme humaine. Et pour cela, R.J. Ellory est vraiment très fort. Outre ce portrait d'hommes, de femmes, l'auteur offre une critique contre le racisme. Il offre également une critique de ce que les hommes subissent depuis la nuit des temps, le joug des gouvernements, des guerres, au nom de la loi. Cela entraîne une perte des rêves, de la liberté de penser et de s'exprimer. R.J. Ellory nous explique certains programmes des services secrets, de l'Etat, entre CIA et FBI, mais aussi l'embauche de cerveaux qui ont fait les beaux jours des nazis (infos ou intox ?) qui ne m'étonne, en définitive pas. le style de l'auteur a un peu changé. Il nous avait habitué, lors de ses précédents romans, à appuyer énormément ses phrases par des répétitions. Ce n'est pas le cas ici.

J'ai mis une dizaine de jours à lire ce roman, ce qui est beaucoup pour moi. Mais ce n'est pas une lecture légère. Elle a besoin de l‘attention de son lecteur pour qu'il ne se perde pas dans les méandres des pensées, des actes des uns et des autres.

Normalement, j'ai prévu d'aller voir R.J. Ellory au Festival du Polar à Lyon. En premier, si j'arrive à m'inscrire à la rencontre. Ce qui m'ennuie c'est que les livres personnels sont interdits, pour cause de crise sanitaire. Je ne vais tout de même pas acheter de nouveau ce roman pour me le faire dédicacer. Mais j'aimerais rencontrer, une troisième fois, un des auteurs préférés, très proche de ses lecteurs.
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Heu.....j'ai pas tout compris....
J'ai lu ce gros pavé, long, mais long, très long même.
D'une lenteur décourageante.
J'ai beaucoup aimé la première moitié, mais après, je me suis ennuyée, l'action est quasi nulle, on ne comprend pas réellement quel est le rôle de Travis, je me suis même interrogée sur son état mental, je m'attendais avec un certain plaisir à une fin à la Shutter Island, avec le gars du FBI complètement parano et/ou schizophrène, avec une fin extraordinaire.....
Mais non.
En fait, j'ai un peu honte de le dire, mais je n'ai pas compris ce livre, ni l'intrigue, ni les réactions des uns et des autres.
Pourtant j'aime beaucoup cet auteur, mais là, hermétique fermé à double tour. Et on jette la clé dans le puits.
Pas le courage de récupérer la clé.
Flemme.
Bon et bien je passe à autre chose, un peu "dégoutée"de cette lecture déprimante et laborieuse.
Une déception.
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On ne lit pas un roman de R.J. Ellory, on rentre dedans et on le vit.

Cette fois, il nous emmène au Kansas, fin des années 50, dans la petite ville de Seneca Falls, où les habitants voient d'un mauvais oeil l'arrivée d'un cirque ambulant. Lorsqu'un corps est découvert sous le carrousel, sans aucune piste concernant l'identité de la victime, l'Agent Spécial Michael Travis est envoyé par le FBI pour tirer cette affaire au clair. Pour sa première enquête en solo, il va vite découvrir que les apparences sont parfois trompeuses…

Si le « Carnaval Diablo » vous invite à plonger dans le monde du mystère et de la magie, le véritablement magicien de cette oeuvre se nomme une nouvelle fois R. J. Ellory. Cette capacité à planter une ambiance impossible à lâcher est tout simplement phénoménale ! Proposant à nouveau une belle brique de plus de 600 pages, l'auteur prend tout son temps pour poser son histoire et pour donner vie à des personnages dont il épluche les émotions avec grand brio.

Tout débute par un meurtre étrange qui va pousser l'enquêteur à plonger dans son passé tragique et le forcer à revoir totalement ses convictions. Puis, R. J. Ellory va progressivement s'éloigner du huis clos de Seneca Falls pour voir plus grand et embarquer le lecteur dans les méandres de cette institution dirigée par J. Edgar Hoover

Du grand art !

Du Ellory !
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Monsieur Ellory,

Peut-être que j'ai creusé mon propre trou. Peut-être que je voulais juste être là, à lire votre nouveau roman, et me laisser ensevelir par les émotions. C'est fort les émotions. La peur, le doute, l'émerveillement, l'admiration. C'est terriblement puissant, surtout quand j'ouvre un de vos romans, parce que vous avez la magie en vous et le pouvoir de la transmettre. Quand j'ai pensé à ce nouveau roman, je voulais le coup de coeur. (Oui, je sais, je suis exigeante.) Mais j'y ai cru. Et ça c'est produit. C'était simple, évident même. Vous avez un don. Un don pour écrire des vérités, des histoires, des personnages, des cheminements, des illusions, et des romans noirs fascinants. Il nous vient des réflexions profondes sur la vie, l'amour, la transmission, le pardon et quelques autres émotions complexes qui font de nous, des humains. Et c'est peut-être ce qu'il fait, qu'on peut à nouveau croire en la magie grâce à votre talent. Vous avez l'empathie, l'intelligence empathique même, pour comprendre les gens, leurs travers, leurs singularités, leurs différences, leurs états d'âmes, leurs blessures. Et ce que je trouve incroyable, c'est la force inouïe de votre tolérance. C'est ça qui me touche en plein coeur, et c'est pour ça, qu'à chaque nouveau roman, je sais que quoi il arrive, quoi que vous choisissiez comme thème, période ou personnages, je le sais que vous allez m'éblouir, parce que vous avez cette bienveillance lumineuse en vous et dans votre plume…

Pour en revenir, à cette histoire précisément, j'ai pris une place pour 🎪Le Carnaval Diablo🎪, et j'ai profité du spectacle. Lentement, je me suis laissée embarquer par les illusions, les tours et le charme de cette troupe hors du commun. Tout m'a enchanté. La bizarrerie autant que l'audace, le décalé autant que le génie, le hors-norme autant que l'inattendu, les phénomènes autant que les fantômes. Je ne voulais pas essayer de comprendre pourquoi la magie opérait, je tenais juste à ce qu'elle opère. Je voulais lui laisser toute la place, qu'elle s'immisce dans mon regard et mon esprit, pour que j'en garde que le bonheur d'y avoir participé. de l'avoir vécue, en instantané. de l'avoir laissée me submerger. Et c'était fabuleux…

Mais il y avait aussi Travis, l'agent spécial senior Travis que j'ai suivi, pas à pas, dans ses doutes et ses peurs, dans cette enquête étrange qui le pousse à revoir complètement ses convictions et ses certitudes. Comme si ce cirque ambulant, avait le pouvoir de le désenchanter justement de son état trouble. de se dissocier de son traumatisme grâce à la malice ou le pouvoir féroce de la volonté. Il fallait qu'il se confronte à d'autres modes de vies, de pensées pour déconstruire tout son schéma de croyances. Et petit à petit, un seul drame est le catalyseur pour saisir tout le système nébuleux des services secrets d'Amérique…Nous sommes à Seneca Falls pour une enquête sur un meurtre, et nous finissons avec une levée de voile sur les grands mystères véreux des puissants qui dirigent le monde…Autant dire que c'est grandiose, et très intéressant.

Peut-être que certains aussi, ont creusé leurs propres trous, sont revenus de leurs illusions, ont découvert des vérités qui font mal, ont abandonné des ombres persistantes, ont appris des secrets vertigineux…Que ça leur plaise ou non, ils ont créé leurs vies…J'en suis là de ma vie, à réfléchir sur le pouvoir du corps et de l'esprit, a creusé mon trou, et j'ai découvert le Carnaval des ombres…Et grâce à vous, Monsieur Ellory, j'ai trouvé un Coup de Coeur et de la poussière de magie, qui va réhabiliter pendant longtemps le souvenir de cette excellente lecture.

Bien amicalement,

Stelphique.


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Cette chronique aurait pu être une succession de citations relevées dans « Le carnaval des ombres » tellement RJ Ellory possède cette virtuosité de si justement décrypter les émotions humaines. Les auteurs susceptibles de dépeindre de façon si précise la palette de ces émotions sont rares et précieux. RJ Ellory n'a plus rien à prouver de ses aptitudes de conteur et de cette magistrale aisance qui est sienne de prendre son lecteur par la main pour l'emmener dans son univers. Non seulement ce roman touche en plein coeur grâce au chemin que parcourt Travis, lui qui était tellement sûr de ses croyances, mais l'auteur installe une atmosphère impossible à quitter. On voudrait que la lecture dure toujours et que le mot fin n'y soit jamais apposé. Tels certains autres grands qui suscitent chez moi la même émotion, comme Dennis Lehane ou Stephen King par exemple, je ne comprends pas pourquoi ses romans n'attirent pas les scénaristes cinématographiques. Tout est là pour faire un grand film, digne des plus immersives productions.

RJ Ellory est semblable aux grands vins qu'il faut laisser mûrir et lorsque le plaisir d'ouvrir la bouteille arrive enfin, c'est un véritable régal. Je crois qu'il pourrait m'emporter n'importe où, en écrivant sur n'importe quel sujet que je le suivrais les yeux fermés.

A contrario de la célèbre réplique, « We are not in Kansas anymore », ici nous sommes bien au Kansas, précisément à Seneca Falls en 1958. La période des années 60 aux États-Unis est un terreau extrêmement fertile pour l'écrivain anglais qui s'intéresse aux faits de société et à la politique américaine. Il a déjà écrit sur Kennedy, sur la CIA, sur la Mafia. le voilà maintenant sur les terres du FBI dirigé alors par le troublant J. Edgar Hoover : la plongée est y vertigineuse. L'auteur nous embarque dans les arcanes de cette institution, dévoile les méthodes qui y étaient testées, les projets en devenir d'un être mégalomane soucieux de demeurer dans l'Histoire.

le « Carnaval Diablo » se produit dans cette petite ville. Un cadavre est retrouvé là. le FBI y envoie un seul agent : Michael Travis, 31 ans. Tandis qu'il interroge les habitants ainsi que les membres du cirque que l'on appelle fréquemment des « freaks » puisqu'ils ont des caractéristiques physiques particulières, de nombreux souvenirs remontent à sa mémoire. « Quand il y repensait, c'était comme s'il avait deux types de souvenirs à l'horizon de sa mémoire : ceux d'avant et ceux d'après. Les premiers étaient sombres, les seconds plus sombres encore. »

« Le carnaval des ombres » est un roman d'ambiance illuminé par des personnages solaires qui révéleront chacun leur part d'ombre. Travis en est le personnage principal puisque le voyage que nous propose RJ Ellory est tout en introspection à travers cet homme qui croyait tout savoir de lui-même. Travis est sûr de lui, droit dans ses bottes, a des convictions fortes et des idées bien arrêtées. le FBI est sa maison de coeur, il est entièrement dévoué à sa tâche. Des évènements particuliers vont mettre à mal cette manière de penser, et l'obliger à réfléchir sur ses propres croyances, ce qu'il pensait immuable et pérenne. Par de fréquents retours en arrière, dans le passé de Travis, l'écrivain nous autorise à pénétrer dans son intimité et à éclaircir, grâce à la mention d'évènements particuliers de son enfance, de sa jeune adolescence, de son éducation, de sa cellule familiale, les lents changements qui vont s'opèrer en lui. Son enquête et sa rencontre avec Edgar Doyle vont achever d'ouvrir les portes de la conscience. Trop habitué à « sa propre compagnie », Travis avait mis des barrières autour de ses souvenirs, et c'est lentement, par des cauchemars, des évènements précis et des paroles de vérité que ces barrières tombent progressivement. La vérité trouve toujours un chemin même si l'individu concerné s'efforce de se la cacher. Les questionnements de Travis sont un peu les nôtres : quels souvenirs sont de l'ordre de ce qui nous a été raconté et lesquels sont l'exact reflet de la réalité ? de quoi est faite l'identité personnelle d'un adulte ? Quelle est la part du vécu, de l'enfance, dans la construction de la personnalité ? le voyage intime et privé de Travis a flirté avec le mien, et la grande force de RJ Ellory réside dans le fait qu'il flirtera certainement avec le vôtre aussi. Ce périple ne peut se faire seul, surtout lorsqu'on a décidé de se mentir à soi-même. Il arrive par les autres. Ici, la vérité perce grâce aux « freaks » de ce cirque ambulant, notamment par l'intermédiaire de Edgar Doyle qui endosse le rôle naturel de guide spirituel, celui qui fait ouvrir les yeux et aide à prendre conscience, celui qui force les barrières de l'esprit et en fracture les murs.

Cette propension à l'identification des personnages et à leurs questionnements déclenche la palette des émotions. L'auteur décrit des rites de passage nécessaires lorsque Travis est forcé de sortir de sa zone de confort : le déni, la colère, les tractations avec sa conscience, mais aussi avec les autres, l'acceptation. Il fait le deuil de lui-même, et le lecteur le suit sur ce chemin en faisant lui aussi le deuil du sien. La justesse des réactions catalyse la justesse des émotions décrites. Les personnages deviennent des êtres vivants que l'on côtoie dans la vie réelle, ont une vraie humanité et ne sont plus cantonnés à de simples personnages de roman. le lecteur lui est totalement acteur de sa lecture par son implication émotionnelle. Compassion et empathie.

« Le carnaval des ombres » recouvre le chapiteau de nos propres existences. RJ Ellory y apparaît comme le grand prestidigitateur qui fait voler nos certitudes. Ce texte n'est pas seulement un roman, il met en lumière des principes fondamentaux de questionnement pour qui veut creuser les coulisses de sa propre existence. « Peut-être que la seule chose prévisible dans la vie était son imprévisibilité inhérente. » L'écrivain peut s'enorgueillir de se révéler comme un coach de vie. « Nous sommes responsables de tout ce qui nous arrive, même les choses dont nous pensons qu'elles sont motivées de l'extérieur. La pensée et la faculté de décision sont supérieures à tout le reste. le pouvoir de la pensée est le pouvoir de l'esprit, l'esprit gouverne le corps et le corps fait simplement ce qu'on lui dit de faire. Si vous êtes dans un trou, c'est vous qui l'avez creusé. » Ce roman fera partie des rares livres que je m'autoriserais à relire plusieurs fois, à différentes étapes de la vie, pour en savourer les mots et les conseils de vie. Je remercie les éditions Sonatine de leur confiance.
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Pourquoi avez-vous si peur, agent Travis ?
Michael serait bien en peine de répondre à cette question. Surtout qu'elle en entraîne fatalement une autre : de qui pourrait-il, ou plutôt devrait-il avoir peur ?

Promu agent spécial senior, il se voit confier sa première enquête en solo.
Pour cet homme rien ne compte plus que comprendre. le quoi, le qui, le où et le pourquoi, sont ses moteurs, le respect et l'ordre, ses carburants.
Car il existe une explication. Toujours.
Ou pas ?

Depeché à Seneca Falls il va pourtant se retrouver confronté à une enquête qui va fortement remettre en question toutes ses certitudes.
Et risque même de faire dangereusement vaciller son esprit.
Un cirque ambulant, une troupe étrange, des habitants aux réactions étonnantes et un cadavre retrouvé là sans raison apparente.

RJ Ellory joue une fois de plus avec son lecteur en l'entraînant dans une intrigue subtile et aux multiples ramifications.
Gros bébé de plus de 600 pages, le Carnaval des Ombres pose son histoire en prenant son temps.
Et c'est ce qui en fait son plus grand charme.

Comme souvent, l'auteur ne se contente pas d'offrir une enquête à son lectorat. Pour lui, l'important n'est pas forcément le sujet, mais les êtres qui le composent.
Il va être question de choix et de conséquences.
De pouvoir et de secrets.
De loyauté et d'Histoire.
De souvenirs et de vérités.
À l'échelle d'un homme, d'un groupe, ou même d'un pays entier.

Le romancier aime se pencher sur cet aspect humain, Et nous offre ici un beau spectacle, porté par son imagination (mais pas que !) et servi par sa plume.
La galerie des personnages est étendue sans être trop vaste. Et chacun est si parfaitement créé par l'auteur que nous avons rapidement l'impression de les connaître.
L'atmosphère qui se dégage est, comme toujours avec lui, une réussite époustouflante ! Impossible de ne pas se croire réellement au fond du Texas, en milieu des années 50.

J'ai adoré mes perdre dans cette longue intrigue se déroulant sur un temps assez court.
J'ai adoré apprendre à connaître Michael, Laura, Chas et tous les autres.
J'ai adoré retrouver cette plume exceptionnelle.
Bref, j'ai adoré ce roman.

Du Ellory pur jus !
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🎪Entrez sous la tente du Carnaval Diablo, vous y rencontrerez un nain, un homme maigre, un homme avec trop de doigts et surtout vous y découvrirez un cadavre caché sous un manège...

🎪L'agent spécial Travis est dépêché sur les lieux et chargé de mener l'enquête. Il n'hésitera pas à nous faire des confidences sur sa vie privée, sur son passée rempli de drames. Nous permettant de comprendre qui il est, avec ses convictions et croyances.

🎪En enquêtant, Travis va multiplier les échanges avec les témoins du Carnaval Diablo présents lors de la découverte du corps, ce fameux samedi soir. Ces échanges seront teintés d'impression, de ressenti, de sixième sens et viendront l'ébranler. Lui, l'agent Travis, poli et droit, représentant les règles et l'autorité, face à ces témoins à l'ouverture d'esprit souple et aux idées tout sauf fixes.

🎪R.J Ellory signe un roman noir où la dualité loi / imagination viendra être en confrontation permanente. Une démonstration sur 600 pages du pouvoir de l'esprit, guide total du corps. Tout est une question de perception...
Une lecture dense, d'une richesse foudroyante, extraordinaire !
Ouvrons les yeux !
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R.J. Ellory est un magicien. Je le sais depuis des années, mais à chaque fois je m'étonne à le voir ainsi donner littéralement vie à ses personnages. Son talent est unique, exceptionnel. Je le crie haut et fort, sa modestie dusse-t-elle en souffrir.

Pour le carnaval des ombres, je pourrais empiler les superlatifs à l'infini. Ce roman noir est ambitieux à bien des égards, émouvant au possible, humainement enrichissant, surprenant dans son déroulement, incroyable par l'ambiance qu'il arrive à transmettre.

Oui, la magie transpire tout au long de ce récit, comme jamais dans un livre du Maître du Roman noir.

1958, le fin fond du Kansas, dans une petite ville tranquille que rien ne vient habituellement déranger. Une troupe de cirque ambulant débarque, vue d'un mauvais oeil à son arrivée, avec ses « monstres » de la nature ; l'homme aux sept doigts ou encore l'homme squelette. Mais, dès le premier spectacle, le charme opère, l'envoûtement touche la ville et ses alentours. Jusqu'à ce qu'un mort soit découvert sous le carrousel…

Qui est-il ? Est-ce du ressort de la police locale ou des fédéraux ? L'Agent spécial Travis, fraîchement promu Senior, débarque pour tirer cette affaire au clair. Seul…

Voilà bien une histoire et une ambiance qui résonnent comme du Ellory pur jus. Ses lecteurs fidèles le retrouveront au mieux de son talent dans ce roman dense de 600 pages.

Mais, chacun de ses livres marque sa singularité, celui-ci sans doute encore davantage, avec son atmosphère envoûtante et magnétique.

L'enquête de l'agent Travis va se révéler bien plus déroutante qu'elle n'y paraît. Une investigation sur un meurtre qui va rapidement se transformer en retour vers son passé. En une quête de vérité aussi, le concernant mais également au sujet du contexte tendu et embrouillé des années 50-60.

Travis est pour moi l'un des plus beaux personnages de la formidable palettes de l'écrivain anglais. Mais il n'est pas le seul, beaucoup des personnages secondaires sont proprement inoubliables, marquant l'esprit au possible.

Notre agent du FBI a vécu une enfance très compliquée, violente. Qui aurait pu le détruire complètement. Il s'est au contraire construit sur des bases qu'il a cherché à consolider, la logique, le pragmatisme. Des certitudes. Toutes les armes pour ne pas se laisser envahir et dévorer par un passé pesant.

La rencontre de ces phénomènes de foire va pourtant lui faire remettre en question ses modes de pensées.

Lui qui cache ses émotions, va devoir se dévoiler. le pousser à voir au-delà des choses, des étiquettes. Ses paramètres bougent. Un chemin intérieur pour qu'il se découvre par lui-même. Un travail sur son identité, qu'il ne pensait pas réaliser en se lançant dans cette enquête.

Ces gens du voyage, éléments du spectacle vivant, vont se révéler être des femmes et des hommes complexes, d'une profondeur émotionnelle rare.

Leur rencontre est d'abord une lutte contre les préjugés et la différence. Ils vont rapidement faire perdre ses repères à Travis, et aux lecteurs pareillement, pour les amener à penser différemment. A écouter la différence.

A faire marcher l'imagination et l'intuition, en complément des capacités de réflexion.

Ellory accumule les scènes mémorables, ses personnages inoubliables au service d'une intrigue étonnante, et des passages d'une puissance émotionnelle rare. La rencontre de ces protagonistes fait des étincelles, la magie opère.

Et, à mon grand étonnement, certaines de ces scènes ne dépareraient pas dans un roman de Stephen king, à son meilleur (ce qui pour moi est le compliment ultime). Ce côté magique, cette puissance d'évocation et cette dimension émotionnelle touchent au plus profond, chamboulent.

Et puis, il y a le contexte historique, la guerre froide. Vue de loin quand on vit dans la campagne américaine, mais qui a pourtant des répercutions cachées pour tous les citoyens. Les habitants de Seneca Falls vont ouvrir les yeux sur une réalité terrible.

C'est le temps des prémisses du profilage. Mais aussi des travaux effrayants sur la manipulation mentale. Cette partie du roman s'avère tout aussi passionnante, et sacrément surprenante.

Ce carnaval projette ses ombres et les met à nu, jusqu'à les rendre transparentes. R.J. Ellory réalise un tour de magie, un roman noir sublime, empli de réflexions intenses sur la condition humaine. Magistrale réussite, noire et lumineuse à la fois.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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Je suis un gran fan de cet auteur. Carnival of shadows est ma première tentative en VO. c'est assez facile de faire le pas.
Une fois de plus, une intrigue qui vous embarque jusqu'à la fin. rien de trop à mon avis. Un talent pour raconter les histoires et nous faire vivre les ambiances comme si nous y étions.
Je surveille de près les publications de cet auteur et je tenterai la VO autant que possible.
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