FIN 2 (25.06.99)
les yeux fermés
une sorte de fuite de langue
sans contrôle assez lente
mais continue
sur le même ton
parole seule qui file dévide
on ne sait quel passé
encore sensible
mais sans personne en face
qui puisse saisir
ce qui passe
dans cette bousculade du temps
incapable de rejoindre
on écoute
ce qui ne s’adresse pas
mais doit sans doute être dit
si on pouvait là dans les mots
changer
ce qui est à voir
non
changer non c’est toujours devant
les mots
alors l’oeil
si on pouvait bouger l’oeil
non
de longs visages gris continuent
de revenir et de passer
très lents
si on tentait de se replier
sans mots
il n’y aurait peut-être plus
rien
*
ciel clair soir impeccable
calme
au creux du talon
une veine bat
dans le repos de l’air
c’est tout
"cette glycine
un bonheur"
SEUL 2
(30/05/99)
une peau morte
au mieux tendue dessous
encore
voilà
on continue sur ce qui reste
commun de quoi d'enfance comment
commune
ça va vite jusqu'à sans voir
si vite on se dit c'est pas grave
il en reste assez
et non
garder qui quelle mémoire
au fond dans ce qui bouge
arbres
si long pour monter
et puis coupés
net avec leur odeur partis
leurs écureuils rapides
d'un coup de scie l'enfance
on ne la retrouve plus
à quoi bon
depuis combien d'années déjà l'absence
des passe-crassanes
et pourtant non
bien sûr pour rien mais
quelque chose au moins comme
dire que résiste net sec clair
le goût de cette poire
ou l'odeur de cette résine sur des doigts sales
qui collent
NON 3 (2.05. 99)
si on pouvait dans les mots
changer
ce qui est à voir
non
changer non c’est toujours devant
les mots
alors l’œil
si on pouvait bouger l’œil
non
de longs visages gris continuent
de revenir et de passer
très lents
si on tentait de se replier
sans mots
il n’y aurait peut-être plus
rien
si on pouvait là dans les mots
changer
ce qui est à voir
non
changer non c’est toujours devant
les mots
alors l’œil
si on pouvait bouger l’œil
non
de longs visages gris continuent
de revenir et de passer
très lents
si on tentait de se replier
sans mots
il n’y aurait peut-être plus
rien