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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En attendant l'adaptation de Martin Scorserse au cinéma j'ai eu envie de lire le livre lui-même.
On parle de colonialisme en ce qui concerne la présence politique de la France ou de l'Angleterre dans certains pays, mais on pourrait aussi parler de colonialisme spirituel dans les pays envahi par des missionnaires, tels que le Japon dont il est question ici.
Ce qu'Enzo dénonce, c'est la main-mise des européens sur un pays qui avait déjà sa culture et ses traditions, au nom d' une religion qui, pour convenir à l'occident, n'est sans doute pas adaptée à l'Asie. Tel est l'argument (non dépourvu de fondement) au nom duquel le Shogun veut garder son pouvoir sur le peuple, préférant l'isolement insulaire qui lui donne une toute -puissance absolue. On connaît la capacité d'adaptation des jésuites à leur environnement, mais là ils subirent un échec total, persévérant malgré cela dans leurs convictions de bien faire, fut-ce au détriment d'une population locale qu'ils ne parvenaient pas à aider face aux exactions des shoguns et des samouraïs. Eux-mêmes faillirent y perdre leur âme, se faisant japoniser malgré eux si je puis dire..Comme dit le proverbe, l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Ce livre est très dur vis-à-vis des européens, mais aussi vis-à- vis du système féodal japonais qui se fait d'autant plus violent qu'il se sent menacé. Que peut contre eux une religion prêchant la paix ? Ne vaut-il pas mieux laisser au peuple le soin de résoudre ses problèmes ou de souffrir en silence, sans qu'une intervention extérieure vienne tout compliquer ? la question est plus que jamais d'actualité.
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Le titre peut paraitre simple, mais il cache une grande réflexion que développera le lecteur. Il prendra même tout son sens et nous incitera à réfléchir. Ce livre nous dévoile un pan de l'histoire du Japon du XVII siècle, avec la percussion des chrétiens au Japon. le début de cette oeuvre m'est parue agréable, lente aussi..Mais l'écriture fluide avec une touche très poétique nous permet de nous plonger à cette époque, aux côtés de ces missionnaires au pays du soleil levant, sans nous ennuyer. Mais j'ai été agréablement surprise, happée par l'intensité qui est développée dans le dernier tiers du livre , car on assiste à une scène émotionnellement forte. On ne peut pas s'empêcher de se demander « Et nous, que verrions-nous à leur place ? »
Je le conseille vivement.
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Un livre qui fait réfléchir. On ne tourne pas les pages rapidement, chaque page apportant matière à réflexion.
J'ai particulièrement apprécié l'interrogatoire du missionnaire venu apporter "la bonne parole" par le commissaire de Nagasaki qui veut l'apostasie des prêtres catholiques. Les points de vue s'affrontent, les arguments s'opposent. Qui a tort, qui a raison, qui va l'emporter ?
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Dans ce roman, en grande partie épistolaire, nous suivons un groupe de prêtres, au début du XVIIème siècle, missionnés au Japon pour découvrir ce qu'il est advenu de l'un d'entre eux dont les dernières informations prétendent qu'il a apostasié. En effet, la politique japonaise de l'époque punit tout chrétien découvert et pousse chacun à l'apostasie. Malgré toutes leurs bonnes volontés, nos protagonistes n'échapperons pas à la désillusion face au silence de Dieu en cette contrée qui leur est hostile. Leur arrivée est celle de brigands, en pleine nuit pour ne pas se faire voir. Une nuit qui se fait remarquée par les mots et qui s'avère aussi propre que figurée, représentant l'absence de la lumière de Dieu et les ennemis de leur foi à leurs trousses. Des hors-la-loi menacés et menaçants les chrétiens cachés de par leur simple présence. Des chrétiens qui ont dû apprendre à vivre leur culte en secret et en l'absence de guide. Malgré tout, ces derniers y trouvent un réconfort en voyant en eux une forme de reconnaissance de leur religion, alors qu'ils étaient abandonnés à eux-mêmes jusque-là et victimisés par l'oppression. Des sentiments d'abandon, de détresse et de désespoir que l'on retrouve dans la description des visages et des termes forts et imagés employés et qui sont capables pour certains de sérieusement mettre à l'épreuve leur foi.

Au-delà d'un texte sur la religion, on a aussi affaire à une démonstration du pouvoir politique (convoité par les locaux de haut rang, la voyant alors comme un instrument d'influence), commercial et culturel qui entre en jeu avec elle sous les traits de Inoue, grand seigneur responsable de cette répression et auquel notre personnage aura de plus en plus régulièrement affaire. Petit à petit, c'est le prêtre qui voit sa foi évoluer sans toutefois se perdre complètement (au contraire, il est spirituellement plus conscient) et qui change auprès de l'influence japonaise. Au fil du texte, des termes appartenant à la culture asiatique comme « l'heure du sanglier » apparaissent, symbolisant cette mouvance.

Pour conclure, un très beau texte. Mais un peu redondant par moments. On comprend assez vite où l'auteur veut en venir mais son récit reste fascinant si l'on parvient à s'accrocher. Un style très travaillé, témoin tout comme la forme du récit de la foi chrétienne au Japon. Celle-ci, dans sa globalité, est questionnée, fait appel aux doutes, à sa signification profonde. L'issue finalement inévitable est très intéressante et porteuse d'un message fort.
Lien : https://lenaaupuitsdesmots.w..
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La force de ce livre est sans doute de faire réfléchir chaque lecteur de manière différente. Pour moi: un homme face à une conviction qu'il n'a jamais questionnée et qu'il voit à présent ébranlée par les évènements. Un homme seul qui ne doit son malheur qu'à cette même conviction et qui, sous peine de ne plus trouver de sens à rien, ne peut l'abandonner. Un homme déchiré entre son égo et ses croyances, sa foi et son Eglise.
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Je dois avouer que cette lecture m'a été soufflé par Monsieur Scorsese. Lors d'une interview à la radio, il m'a donné envie de découvrir ce roman en attendant de pouvoir visionné le film. Je ne connaissais ni l'auteur, ni cette partie historique du Japon.
Les missionnaires catholiques n'ont pas seulement évangélisé les indiens d'Amérique, les africains et autres tribus oubliées. Ils sont allés jusqu'au Japon... et oui... il fallait oser mais ils l'ont fait. Mais contrairement à d'autres missions, celle ci ne fut en aucun cas couronné de succès et beaucoup de missionnaires, et de convertis, y ont laissé leur peau. La cruauté des japonnais face aux attaques n'est plus à démontrer mais ici nous découvrons les prémices des sévices qui seront utilisés lors de la seconde guerre mondiale.
Trois prêtres partent à la recherche de Ferreira, un missionnaire exceptionnel qui aurait apostasié (renié sa foi) afin de conserver la vie. Impossible aux yeux de ces missionnaires. Aucune torture ne justifie un tel acte. Alors... que s'est il réellement passé ? C'est ce qu'ils vont tentés de découvrir tout en diffusant la parole de Dieu. Mais le shogun n'a absolument pas cette vision pour son pays. Tout chrétien, qu'il soit japonnais ou missionnaire étranger est un ennemi et il doit absolument apostasié. Il doit fouler l'efumi (le visage du Christ) sinon c'est la mort qui l'attend mais pas une mort douce. Oh non... torture jusqu'au bout.
Cela fait froid dans le dos surtout lorsque l'on prend conscience que ces faits sont réels et qu'ils ont été relatés dans divers courriers. J'ai hâte de voir ce que Martin Scorsese a retiré de ce roman de 260 pages. le prêtre Rodrigues va être confronté au choix le plus difficile de son existence : conserver la vie humaine ou sa foi. Chaque page est souffrance : souffrance du prêtre qui voit tant d'hommes massacrés, souffrance des chrétiens qui doivent dissimulés leur foi, souffrance d'un pays sous le joug d'un shogun impitoyable, souffrance d'un clandestin. Mais chaque mot nous entraine au plus profond de nous même.
Que ferions nous si nous étions Ferreira ou Rodrigues ? Que ferions nous si nous devions choisir la foi ou la vie ? Mais cela pose aussi la question d'imposer à d'autre personnes, peuples notre façon de vivre, de croire, d'être...
Il n'y a qu'un mot : magnifique.
Lien : http://jelisquoi.blogspot.fr..
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En 1614, le shogun Tokugawa ordonne l'expulsion des missionnaires catholiques du Japon. Quelques années plus tard, on apprend à Rome que le Père Ferreira, un missionnaire Jésuite respecté, aurait renié sa foi après avoir passé trente-trois ans dans l'empire du soleil levant. Trois jeunes prêtres portugais de la Compagnie de Jésus, anciens disciples de Ferreira, partent au Japon pour enquêter et poursuivre la mission évangélisatrice. Lorsque le Père Rodrigues est capturé par les autorités nippones, des chrétiens sont arrêtés et torturés pour le forcer à abjurer. Mais le jeune prêtre refuse d'apostasier…

Le roman mêle lettres (pour l'essentiel celles de Rodrigues) et récit à la troisième personne sans numération de chapitres. Ce changement intervient abruptement au cours du roman lorsque Rodrigues est capturé suite à la trahison du chrétien Kichijiro, un des personnages les plus intéressants du roman, souvent comparé à Judas, comme si l'auteur avait voulu marquer par ce procédé narratif le déchirement dans l'âme du jeune prêtre. (p. 122)

Silence est structuré autour de la mission clandestine du Père Rodrigues et de sa quête de Ferreira au Japon. le jeune prêtre, qui s'identifie au Christ, se demandant comment Jésus aurait agi à sa place, marche dans les traces de son ancien professeur et mentor Ferreira, refusant de croire que ce dernier ait pu abjurer sa foi.

Dans ses lettres, Rodrigues parle des villageois qui offrent leur protection aux prêtres catholiques, le plus souvent au péril de leur vie, mais il a alors une très haute opinion de sa mission d'évangélisation menée clandestinement. À ses yeux, c'est lui qui incarne l'héroïsme. Malgré l'humilité de sa condition de missionnaire, sa vision du monde n'est pas exempte d'orgueil.

« Comme l'eau coulait sur son front, le petit se mit à hurler. Il avait des yeux bridés et une tête menue, celle déjà d'un paysan qui, en temps voulu, ressemblerait à celles de Mokichi et d'Ichizo. À son tour, cet enfant, comme ses parents et ses grands-parents, arracherait à la terre son existence de misère face à la mère noire dans cette région désolée et surpeuplée ; à son tour, il vivrait comme une bête et mourrait de même. Mais le Christ n'est pas mort pour la vertu et la beauté. L'héroïsme, je venais d'en prendre la conscience aiguë en cet instant, c'est de mourir pour les déshérités et les pervers. » (page 62)

Cependant, lorsque Mokichi et Ichizo, deux villageois, sont arrêtés puis torturés à mort après avoir refusé de cracher sur un crucifix et de déclarer que la Vierge était une putain, le jeune prêtre va peu à peu apprendre à vivre avec les affres du doute.

« Aujourd'hui, interrompant parfois cette lettre, je sors de notre hutte pour regarder la mer, tombe de ces deux paysans japonais qui ont cru à notre parole. Seul, l'océan indéfiniment s'étend, mélancolique et sombre, et sous les nuages gris ne se dessine même pas une île.

Rien de nouveau. Je sais ce que vous me diriez : ‘'Leur mort n'est pas vide de sens. C'est une pierre qui servira, en temps voulu, aux fondations de l'Eglise, Dieu ne vous envoie jamais une épreuve au-dessus de nos forces, Mokichi et Ichizo sont auprès du Seigneur. Comme les nombreux martyrs japonais qui les ont précédés, ils connaissent à présent une joie éternelle.'' Moi aussi, bien sûr, j'en suis convaincu. Pourquoi alors la douleur tenaille-t-elle encore mon coeur ? » (pp. 95-96)

Rodrigues ne trouvera nulle consolation dans la prière. « Comme il n'avait plus de rosaire, il entreprit de réciter ses Ave et ses Pater sur les doigts de la main mais, comme l'eau ne passe pas des lèvres scellées par la maladie, la prière demeurait vide et creuse sur les siennes. » (p. 133)

Quels sens peuvent encore avoir les prières si personne n'y répond ?

« Que veux-je dire ? Je ne le comprends pas bien moi-même, je sais seulement qu'aujourd'hui, tandis que pour la gloire de Dieu, Mokichi et Ichizo ont gémi, souffert et rendu l'âme, je ne puis supporter le bruit monotone de la mer obscure rongeant le rivage. Derrière le silence oppressant de la mer, le silence de Dieu… le sentiment qu'alors que les hommes crient d'angoisse, Dieu, les bras croisés, se tait. » (p. 96)

La mer devient le tombeau de ces deux hommes. Liés à des arbres disposés en forme de croix au bord de l'eau, parodiant ainsi sinistrement la crucifixion, les corps de Mokichi et Ichizo sont submergés par les flots à marée haute chaque nuit. Leur supplice dure trois jours. Leurs cendres sont ensuite répandues à la surface des eaux où le souffle de Dieu a cessé de souffler depuis le Commencement.

Et si le paradis perdu était un enfer retrouvé ?

« Et soudain résonna en moi le mugissement de la mer tel que nous l'entendions, Garrpe et moi, dans notre cachette solitaire. le bruit de ces vagues, roulant dans l'ombre, comme un tambour voilé, le bruit de ces vagues, déferlant sans raison, la nuit durant, refluant et brisant à nouveau au rivage. La mer implacable qui avait baigné les corps de Mokichi et d'Ichizo, la mer qui les avait engloutis, la mer qui, après leur mort, se déroulait à l'infini, pareille à elle-même. Tel le silence de la mer, le silence de Dieu. Silence sans démenti. » (p. 107)

Le cheminement du doute gagne l'esprit du prêtre en proie à une souffrance inhumaine face à cette barbarie à visage divin. Mokichi et Ichizo, deux simples villageois illettrés, pour qui les mystères de la messe demeuraient impénétrables, ont préféré sacrifier leur vie au nom de leur foi en l'Eglise de Rome. Leur martyre héroïque ébranle Rodrigues au plus profond de lui-même jusqu'au blasphème ultime. Et si Dieu n'existait pas ?

« Si Dieu n'existe pas, comment l'homme pourrait-il supporter la monotonie de la mer et sa cruelle indifférence ? (Mais en supposant… je dis bien en supposant.) Au plus profond de mon être, une autre voix murmurait pourtant. En supposant que Dieu n'existe pas…

Terrifiante idée ! S'il n'existe pas, tout est absurde. […] le plus grand crime contre l'Esprit, c'est le désespoir, mais du silence de Dieu je ne pouvais sonder le mystère. » (p. 108)

Quelques pages plus loin, Rodrigues écrase un coquillage entre ses mains : « En portant un à son oreille, il écouta le faible mugissement étouffé sortant des profondeurs. Un noir frisson d'horreur secoua alors tout son être et il pulvérisa dans sa paume la coquille et son sourd écho de vagues. » (p. 145) le prêtre éprouve un frisson d'horreur parce qu'il comprend qu'il est lui-même comme cette coquille vide sans la grâce de Dieu. Dans la solitude de son être, replié sur le néant, les prières, virant parfois en imprécations, tournent au soliloque existentialiste, accompagnant l'homme d'église dans cette chute, comme le héros de la Chute de Camus, soliloquant sans fin, dans le huis clos de sa condition de mortel, conscient de sa finitude et de l'absurdité de sa mission, jusqu'à la nausée.

« Pourquoi nous avez-vous si totalement abandonnés ? pria-t-il d'une voix éteinte. Pourquoi avez-vous laissé à ses cendres une ville bâtie à votre intention ? Alors même que ces malheureux étaient jetés hors de leurs foyers, ne leur avez-vous pas donné du courage ? Avez-vous simplement gardé un silence pareil à celui des ténèbres qui m'entourent ? Pourquoi ? Donnez m'en au moins la raison. Nous ne sommes pas des hommes comme Job, mis à l'épreuve par des ulcères. Il y a une limite à notre endurance. Ne nous imposez plus d'autre souffrance. » (p. 148)

Il est un ordre religieux (ne me demandez pas lequel, j'ai oublié) pour lequel à l'occasion des voeux prononcés par le novice, celui-ci répond après leur longue énumération (pauvreté, chasteté, etc.), « non par mes propres forces », indiquant par là que, sans la grâce de Dieu, il n'est qu'une pauvre et faible créature. Rodrigues fait l'apprentissage de ce monde privé de la grâce de Dieu, dans lequel l'homme ne peut compter que sur lui-même et porter seul sa croix.

« ‘'Ainsi on en est venu là…''

Il frissonna en étreignant les barreaux.

‘'Ainsi on en est venu là…''

Son désarroi, pourtant, n'était pas provoqué par l'événement, mais par la tranquillité de la cour, le chant de la cigale, les ailes palpitantes des mouches. Un homme était mort. Et le monde demeurait immuable, comme si rien ne s'était passé. Quoi de plus démentiel ? Etait-ce là le martyre ? Pourquoi gardez-vous le silence ? » (p. 183)

Contrairement à son mentor qui a choisi d'apostasier pour sauver des vies, Rodrigues tente jusqu'au bout de rester fidèle à sa foi. le roman tire l'essentiel de sa force de cette lutte permanente qui se livre dans l'âme torturée du jeune prêtre jusqu'aux confins du doute et de la déréliction.

« N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix mais bien le glaive [….] », annonce Jésus (Matthieu 10, 34), ce glaive qui ne représente pas l'arme d'une guerre d'irréligion que livrent les autorités nippones aux chrétiens qu'elles persécutent impitoyablement, faisant des milliers de victimes (dommages collatéraux de la mission d'évangélisation en terre païenne ?), mais symbolise le combat intérieur que livre l'homme au plus profond de son être, chaque jour de sa vie, pour lui donner un sens, et ce, jusqu'à sa mort.

Que vous soyez croyant, athée ou agnostique, Silence vous donnera à réfléchir au sens d'une existence lestée par le poids du doute et de la souffrance.

Le triste lot de l'humanité.
Lien : https://chroniquesdesimposte..
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La misère des pauvres au japon, tel que le récit nous la raconte, puanteur des bouches édentées, effluves nauséabondes, précarité de la vie, était-elle différente de la misère des pauvres en Europe ? Avons-nous besoin des dogmes d'une église, de ses sacerdoces, et même de la foi, pour prendre soin des autres êtres humains ?
Endo Shusaku, avec l'écriture de « Silence », s'est confronté à une interrogation corrosive. Une réflexion qui dépasse le cadre de la chrétienté. Avoir des valeurs et agir en accord avec ses valeurs, c'est une forme de vie. Mais, prosélytisme et martyre, n'est-ce pas provoquer le pouvoir et l'affronter ? Les plus faibles et les plus démunis ne sont-ils pas ceux qui sont massacrés en premier ? le prêtre doit-il renoncer à la dimension politique de son engagement ? Et si la divinité catholique n'était qu'un dieu de plus pour les fidèles japonais ? Et si dieu n'existe pas ?
Les personnages du livre ont conscience de la valeur de la vie, et ce n'est pas tant la souffrance qu'ils craignent. L'anéantissement est un possible qu'ils ne peuvent évacuer. Pour le gouvernement japonais de l'époque, se fermer aux européens, c'était préserver sa souveraineté et repousser l'éventualité d'une implantation occidentale. La croyance en dieu est-elle la seule foi qui puisse fonder des valeurs humaines ?
Dialogue interrompu entre des sociétés qui ont une conscience aiguisée de la pratique du pouvoir. Un roman sobre et radical, aux limites de la pensée religieuse. Et, quel silence… (Pierre)
Lien : http://www.bnfa.fr/livre?bib..
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Japon, 1614.
Le shogun chasse les missionnaires catholiques et persécute les catholiques japonais.
Malgré les risques encourus, deux missionnaires jésuites portugais gagnent le Japon pour soutenir leurs frères et enquêter sur le père Ferreira qui, dit-on, aurait apostasié sous la torture.
Très vite, les sévices et tortures subis par les catholiques ébranlent la foi de ces missionnaires…

Avis :
Ce roman historique et épistolaire évoque avec pudeur le doute de ces hommes de Foi sur la légitimité de leur mission lorsqu'elle est vouée à l'échec.
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
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Je ne connaissais pas cette partie de l histoire du Japon et j ai vraiment apprécié cette lecture qui m a fait découvrir ce pan de l histoire de la christianisation ratée au Japon. Certains passages peuvent être dur à lire mais l histoire des hommes a souvent été faites dans la violence
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