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Battlefields - Intégrale tome 3 sur 2

Russ Braun (Illustrateur)Carlos Ezquerra (Illustrateur)
EAN : 9781606904749
144 pages
Edition Dynamite (06/05/2014)
5/5   1 notes
Résumé :
Two riveting tales of war, as only bestselling graphic novelist Garth Ennis can deliver! In "The Green Fields Beyond," veteran Sergeant Stiles leads the Tankies on the killing fields of Korea during the Chinese spring offensive of 1951. It's British steel against massed Communist hordes, as our heroes are cut off and outnumbered ten to one! In "The Fall and Rise of Anna Kharkova," the USSR's pilot heroine flies straight into trouble as her aircraft is shot down behi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome regroupe 2 histoires, précédemment parues dans 2 recueils indépendants.

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- The green fields beyond - Il s'agit d'une histoire complète initialement parues en 3 épisodes en 2012/2013. le scénario est de Garth Ennis, les dessins de Carlos Ezquerra, l'encrage d'Hector Ezquerra et la mise en couleurs de Tony Aviña. Cette histoire met en scène le sergent Stiles qui était le personnage principal de Tankies, le tome 3 de la série "Battlefields". Les faits principaux le concernant sont rappelés au cours du présent récit.

L'ensemble des 3 épisodes raconte une unique histoire, se déroulant sur 3 jours à la fin d'avril 1951, pendant la guerre de Corée (1950-1953). Chaque épisode est précédé d'un texte introductif d'une page qui développe un élément de contexte sur le conflit : (1) le début du conflit et la prise de position de la vingt-neuvième brigade d'infanterie des forces britanniques sur la colline 235, (2) l'historique du régiment Gloucester et le fusil Lee-Enfield de calibre 303, (3) le régiment de cavalerie des Hussards irlandais et le tank de modèle Centurion.

Stationné près de la rivière Imjin, le sergent Stiles accueille dans son équipage de char une nouvelle recrue : Frankie Robinson, le frère d'un ancien camarade combat qu'il avait sauvé des flammes. Pour lui faire prendre conscience des réalités de cette guerre, Stiles décide d'emmener Robinson faire une reconnaissance de nuit à pied. Ayant perdu son chemin, ils finissent par atteindre le camp retranché du régiment Gloucester qui a reçu l'ordre de tenir sa position coûte que coûte. Là ils ne leur restent qu'à participer à la défense du camp contre l'attaque d'une horde de soldats ennemis.

Au travers des oeuvres précédentes de Garth Ennis, le lecteur a découvert un féru d'histoire des guerres du vingtième siècle que ce soit dans les premières histoires "Battlefields", dans les War Stories (War Stories Vol. 01 & War Stories Vol. 02), ou intégrées dans des récits dédiés à des personnages tels que le Punisher (Valley Forge, Valley Forge), Nick Fury (My war gone by), ou même The first flight of the Phantom Eagle. Ennis a également expliqué que son approche de ce type de récit avait été fortement influencée par Charley's War de Pat Mills et Joe Colquhoun, c'est-à-dire un conflit raconté du point de vue du trouffion ou ici du premier niveau hiérarchique, sans forcément donner le point de vue de l'ennemi.

Effectivement pour ces batailles, l'opposant (coréens et chinois) est composé d'une multitude de soldats anonymes, massacrés par dizaines, réduits à l'état de simple chair à canon. À la question de Robinson qui s'étonne de voir l'ennemi charger vers une mort certaine, Stiles répondra laconiquement que s'ils ne chargeaient pas, ils seraient certainement abattus par d'autres soldats de leur propre régiment. Ce sera la seule forme d'humanisation de l'ennemi. Néanmoins ce récit (comme les autres cités plus haut) est aux antipodes de la glorification de la bravoure au combat, ou du courage viril, encore moins de l'honneur ou de la suprématie morale des vainqueurs.

Il n'y a aucune gloire à attendre dans cette boucherie où la survie doit plus à la chance qu'à un quelconque art de la guerre ou du combat. La vie humaine n'a aucune valeur (soldats écrasés sous les chenilles des tanks), l'atteinte d'un objectif militaire est privé de tout sens (le sacrifice du régiment de Gloucester pour tenir une colline). Dans cet univers exclusivement masculin, émergent les valeurs du sergent : bien faire son travail, faire son possible pour aider son voisin à survivre. Il n'y a pas non plus d'esprit de rébellion, mais une conviction de la nécessité d'apporter sa contribution au conflit. Pire encore, le sergent Stiles a fait l'expérience du retour à la vie civile après la seconde guerre mondiale et il sait que sa vie ne sera pas meilleure de retour au pays.

Garth Ennis s'est à nouveau surpassé dans les accents des personnages (en particulier celui de Stiles, à la fois savoureux et un défi de lecture, mais payant : le lecteur croirait l'entendre parler), dans les moments d'une intensité effroyable (usage d'une bombe au napalm, massacre de soldats). Il bénéficie d'illustrations très professionnelles, de qualité constante du début jusqu'à la fin, avec un souci de l'authenticité et de la véracité historique (uniformes, armements, véhicules…). Carlos Ezquerra utilise un style réaliste sans être photographique, rehaussé par l'encrage appliqué de son fils Hector. Les Ezquerra père & fils évitent les poses propres aux BD d'action à la gloire de la testostérone, pour s'appesantir sur la violence aveugle des armes, les postures banales des soldats, la boucherie et le gâchis insensé en vies humaines. Ils réussissent à trouver des mises en scènes pour les séquences de dialogue, qui soient crédibles sans être fades. Lorsque le scénario l'exige, ils conçoivent des visuels plus sensationnels (marée humaine déferlant vers la colline 235, feu inextinguible du napalm, grappe de soldats recouvrant un tank, etc.). Ils restent au service du scénario, sans apporter une vision artistique qui le bonifie, mais en étant à la hauteur des contraintes de véracité historique, et avec un regard adulte qui ne dénature pas l'histoire.

Pour cette deuxième histoire des Tankies, Garth Ennis immerge le lecteur dans la bataille d'Imjin (avril 1951), au plus près des soldats anglais, sans une once de romantisme ou de glorification de la guerre. Carlos et Hector Ezquerra réalisent des planches à la hauteur des nombreuses exigences du scénario, évitant également le piège de la glorification de ces actions.

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- The fall and rise of Anna Kharkova - Il s'agit du huitième récit écrit par Garth Ennis dans le cadre des champs de bataille (Battlefields). Cette huitième histoire de la série Battlefields comprend les 3 épisodes initialement parus en 2013, dessinés et encrés par Russ Braun, mis en couleurs par Tony Aviña.

Le premier épisode débute en 1944 alors qu'Anna Kharkova et Meriutsa (surnommée Mouse) ont décidé d'élargir la nature de leur mission de protection aérienne de leur camp, en s'aventurant au dessus des lignes ennemies allemandes. le moteur de Kharkova cale, elle est faite prisonnière par les allemands et finit dans un camp de prisonniers, où ses blessures sont soignées par Chris Cohen un médecin anglais. Deuxième épisode, en 1951, Meriutsa est devenue major et elle sert de conseil expert pour le compte des chinois qui entraînent des nord-coréens. Elle est assistée par Anna Kharkova. Troisième épisode, en 1964, Kharkova et Meriutsa ont été déportées dans un goulag. Mouse est malade, et Kharkova est assignée aux tâches de ménage pour le compte de l'officier du camp, le major Merkulov.

Il s'agit de la troisième histoire que Garth Ennis consacre au personnage d'Anna Kharkova, après Night witches (2008, Battlefields 1) et Motherland (2010, Battlefields 6). Il a choisi une structure de récit particulière, chaque épisode se déroulant à une année différente. Cette construction offre 2 modes de lecture : considérer chaque époque comme une unité, ou considérer le récit dans son ensemble comme l'histoire d'Anna Kharkova.

En tant que témoignage (ou plutôt reconstitution) d'une époque, chaque épisode est l'occasion pour Ennis d'évoquer une facette d'u conflit armé, mais aussi le poids de l'idéologie politique d'un régime. Ainsi dans le premier épisode, le sort de Kharkova permet de voir la vie dans un camp de prisonniers (uniquement dans l'infirmerie de fortune), pendant les derniers mois de la guerre. Les discussions entre Kharkova et le docteur Cohen font apparaître comment ces 2 individus partageant le même sort (prisonnier, privé de perspective d'avenir) sont conditionnés par leur lieu de naissance et l'idéologie politique de leur pays. L'habilité d'Ennis est de savoir montrer comment la vision de la réalité d'un individu est formatée et orientée par la société dans laquelle il vit. Son niveau d'habilité est d'autant plus impressionnant, que les dialogues semblent naturels, comme une conversation d'échanges de points de vue, entre 2 individus ayant passé beaucoup de temps ensemble par la force des choses. Les paroles de l'une et de l'autre portent également la personnalité de l'interlocuteur, entre la conviction honnête d'Anna et la retenue découlant de la bonne éducation de Chris Cohen.

De la même manière, le deuxième épisode évoque en filigrane les relations équivoques entre les russes et les chinois pendant la guerre froide. À l'issue de sa libération du camp de prisonniers allemands, Kharkova est passée en cour martiale. Cette séquence permet de voir le décalage entre les actions de Kharkova (désobéir à un ordre de mission), ses intentions, et l'obéissance qu'elle doit à sa hiérarchie, les règles implicites de fonctionnement de la structure militaire.

Dans le troisième épisode, le lecteur contemple la réalité du dénuement de la vie dans un goulag, ainsi que sa futilité et l'absence de sens de cette situation. Il contemple également comment les individus ne sont que des anonymes dans le fonctionnement de la société. Les hauts faits de Kharkova pendant la seconde guerre mondiale sont oubliés depuis longtemps par une structure sociale dont les objectifs ont changé. Les espoirs de gloire du major Merkulov se révèlent tout aussi illusoires parce que les dirigeants ne sont plus les mêmes et qu'ils favorisent d'autres individus. En 3 petits épisodes, Garh Ennis met en scène que l'individu ne doit pas s'attendre à une reconnaissance de la part d'une structure sociale ou politique.

Il est aussi possible de lire ce récit, comme l'histoire d'Anna Kharkova. Ennis dépeint une femme au caractère affirmée, courageuse, dont l'existence prend un sens du fait de la possibilité de piloter un avion. Il s'agit d'une histoire tragique, sans pathos exacerbé, sans beaucoup d'espoir non plus, un drame poignant.

Comme pour les 2 premiers tomes consacrés à Anna Kharkova, les dessins de celui-ci sont également réalisés par Russ Braun, collaborateur régulier d'Ennis (en autres sur la série "The Boys", par exemple Over the hill with the swords of a thousand men). Il est possible de buter sur le manque de finesse des expressions des visages, ou sur la finition des dessins qui évoquent par certains cotés plus des crayonnés qu'un encrage. Il est possible aussi de constater que Braun dessine des individus avec des morphologies normales, que les expressions sont variées (à défaut d'être suffisamment mesurées). Les décors manquent un peu de substance, mais ils sont réalistes et plausibles. le lecteur aurait aimé que les représentations des avions soient dans une veine plus photoréaliste, plutôt que réaliste avec un degré de simplification trop important, tout en restant trop descriptif (sans réel parti pris esthétique). Mais cette impression liée à la surface des dessins est compensée par une direction d'acteur et une mise en scène efficaces, ainsi que le souci de l'authenticité des éléments militaires (avions, véhicules, uniformes, armes). de scène en scène, les dessins de Braun prouvent également qu'il porte un regard très humain sur les personnages, presqu'attendri. Il trouve le point d'équilibre entre provoquer l'empathie et la sympathie du lecteur, sans en faire des figures héroïques primaires.

De prime abord la structure du récit peut désorienter le lecteur, 3 époques différentes et plusieurs directions narratives (l'approche très restreinte d'un conflit, l'individu façonné par son environnement idéologique, la vie d'Anna Kharkova). Il faut un peu de recul après avoir lu la dernière page pour se rendre compte du niveau d'ambition d'Ennis, et de la facilité narrative avec laquelle il combine ces 3 thèmes pour un récit aussi facile à lire que pénétrant.
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C'est devenu un rendez-vous incontournable de l'année en terme d'infos sur le futur planning de l'année : les Big News sont de retour ! Et pour la première fois, pour ces "Big News 2024" qui couvrent la période juin-septembre, Aurélien & Émile vont revenir à l'oral sur certaines des annonces les plus excitantes de la galaxie comics. Pourquoi un format plutôt qu'un autre ? C'est quoi l'idée derrière la Deadpool Versus Collection ? Quand se déroule la Phase III de la Haute République ? C'est qui le plus fort entre Garth Ennis et Jeff Lemire ? Toutes ces réponses et bien d'autres encore vous attendent ici !
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