Ouvrage sociologique pointu s'adressant aux lecteurs motivés. le livre est une thèse "quasi retranscrite" selon l'aveu même de l'auteur, ce qui donne le ton. Opus truffé de références, juridiques entre autre, sur le long cheminement du concept, indéfini selon l'auteur, de la "dépendance" associé au grand âge.
La thèse est séduisante, elle démonte les forces à l'oeuvre et les mécanismes stigmatisant d'une association abusive de la dépendance et de la vieillesse. A partir d'une absence de conceptualisation (qu'est ce que la dépendance ?), une série d'experts autoproclamés sortent le vocable du langage courant, élaborent des outils de mesure qui définissent ce qu'ils doivent mesurer. Le politique prend le relais en commandant des études statistiques de grandes ampleurs et finit pas sédimenter la dépendance dans un loi. La presse finissant le travail par une suite d'articles grands public. Et voilà la dépendance qui concerne tout le monde collé comme un étiquette aux petits vieux, avec la dévalorisation qui s'en suit.
L'ouvrage est très précis et convainquant. Il débouche tout naturellement sur l'abrogation de tout critère lié à l'âge. Une personne qui ne sait pas ou plus vivre seule se retrouve dans le registre des personnes en situation de handicap, dont le concept correspond effectivement. Voilà donc une situation insolite ou un "champ", celui de la vieillesse abusivement rassemblée dans la dépendance, frappe à la porte d'un autre "champ", celui du handicap. L'auteur ne le dit pas mais un prolongement visionnaire consisterait à réunir les forces de ces deux champs, et d'autres, sous le vocable de vulnérabilité. Voilà qui donnerait plus de force aux personnes vulnérables, quelque soit leurs âge.
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