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Récit incroyablement bouleversement et d'une intensité rare, voici l'histoire d'une enfance ravagée, d'un corps démoli jusqu'à l'absolue douleur. L'autrice, réputée pour son engagement féministe, revient avec une sincérité éclatante et une brutalité justifiée sur les sévices commis par son père durant des années et duquel elle n'obtiendra jamais d'excuses.

Eve Ensler compose courageusement une autofiction à travers laquelle elle imagine les mots espérés, les raisons et les regrets des abus physiques, moraux et sexuels qui ont jalonné son enfance et son adolescence. C'est un texte fracassant, un sermon de cent trente-sept pages qui ne laisse place à aucun souffle, sinon celui de l'horreur qui brise le silence. Pour autant, il règne dans ces lignes une grande sensibilité, la voix d'une femme rompue mais déterminée par sa liberté et le désir de, sinon justifier, comprendre l'origine du mal et des mécanismes de prédation de son père puis des hommes en général.

Cette lettre fantasmée n'est pas un affront, c'est un acte de bravoure, une alternative à la colère qui étouffe, à la honte qui ruine. C'est un pamphlet salvateur pour l'autrice et pour toutes les femmes qui n'ont et n'obtiendront jamais de pardon. L'écriture est alors son champ d'action, le moyen de prendre le contrôle sur la domination et de panser les plaies. C'est magistral et indispensable.
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On a entendu parler en France pour la première fois de la dramaturge Eve Ensler en 1996 avec "Les Monologues du vagin".

Au milieu des années 90, Eve Ensler, qui avait fait parler d'elle aux USA grâce à des revendications féministes affirmées, décide en effet de s'attaquer à un tabou :à partir du témoignage sans tabou de 200 femmes sur la part la plus intime de leur identité sexuelle, elle a l'idée de faire parler les femmes de leur « vagin » mais surtout de la manière dont elles se le représentent, comment elles l'ont « découvert » et de la liberté qui leur est laissée d'en user et de l'assumer...

Une pièce qui aura un retentissement planétaire incroyable,et qui dans de nombreux pays comme en France aura été joué des milliers de fois, souvent par des personnalités féminines reconnues et qui plus de 20 ans avant me too aura contribué à poser les premières germes de la libération de la parole des femmes.

En ce début d'année 2020, La France a eu des nouvelles de cette icone féministe toujours très médiatisée aux USA avec la publication chez Denoël- qui avait déjà publié les monologues du vaginPardon.

Dans ce terrible cri du coeur, on apprend qu'Eve Ensler a connu une enfance terrifiante, totalement détruite par un père monstrieux, incestueux jusqu'à ses 10 ans, puis après violent et l'humiliant à chaque occasion. Trente ans après la mort de ce dernier, elle décide d'écrire à sa place la lettre de pardon que son bourreau ne lui aura jamais adressée de son vivant et qu'elle aura attendue en vain pendant de longues années .

"Comment est ce que cela a commencé? Je sais que c'est pour toi crucial. Comment quelqu'un déborde t-il les frontières de ce qui est permis? Comment transgresse t- i un tabou codé dans notre ADN collectif? La réponse c'est lentement peu à peu. Je te rappelle que je me targuais d'être un homme très moral. Je disais scrupuleusement la vérité."



Dans ce texte court mais qu'on lit d'une traite en retenant son souffle, on comprend à quel point Eve Ensler a eu besoin du pouvoir catarshitique de l'écriture pour enfin se libérer de son bourreau et de la honte et du dégout d'elle même que ce prédateur lui avait inoculé

Comment panser ses plaies lorsqu'on a été victime de tels abus ? Pourquoi les hommes ne savent pas s'excuser du mal qu'ils ont fait aux femmes?

Si le foudroyant récit d'Eve Ensler ne nous donne pas toutes les clés à ces question sfondamentale, et nous laisse avec nos doutes et l'horreur de cette violence domestique, ce texte terriblement dur mais o combien salutaire permet de mieux comprendre le mécanisme de prédation et comprendre l'origine de l'engagement féministe de son auteur puisqu'elle a fait de sa rage d'enfant violée et violentée la source de son indispensable combat .


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Eve Ensler livre un témoignage poignant et bouleversant sur son enfance auprès d'un père abusif.

A la mort de son père, la narratrice, qui aura attendu toute sa vie des excuses ou explications sur les attouchements et les coups qu'il lui a fait subir, décide de rédiger la lettre de demande d'un pardon qu'elle aurait aimée recevoir de son bourreau.
Elle décrit ainsi la propre enfance de son père, mal aimé et malheureux et le mariage de convenances entre ses parents. Réalité ou fantasme, elle raconte comment celui qui allait devenir le maître de ses tourments l'a dans un premier temps adulée, quand elle était enfant. Puis, le récit bascule dans l'horreur lorsque cette adoration vire rapidement à des attouchements pervers puis à des coups et des moqueries.

J'ai été plusieurs fois mise à mal pendant ce récit, tout comme la narratrice. L'auteure nous fait entrer dans son intimité et se met à nu, surtout lorsqu'elle se raconte à travers les yeux de son père, sur ses errements quand elle parviendra enfin à quitter le foyer familial.
La puissance des mots s'exprime ici dans la violence crescendo qui s'installe au sein de cette famille. Malmenée par son père, dénoncée par ses frères et soeurs, ignorée par sa mère, rien n'est épargné au lecteur sur le sort de cette enfant.

Un pamphlet, écrit par un bourreau contre les bourreaux.
Une vision des maltraitances d'un point de vue fantasmé mais d'autant plus pesant que cette pensée s'envisage de façon réaliste.
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Comme elle le dit dans la bouche de son père, la colère est un poison que tu prépares pour un autre mais que tu bois toi même. Et ce livre ressemble à ça. Une tentative d'accorder un pardon à son père afin de cesser de s'empoisonner par sa colère.

Et c'est révoltant, parce qu'à la lecture de ce livre, il semble évident que ce salopard ne mérite aucun pardon. Il est mort et que sa dépouille pourrisse rongée par les vers.

Mais notre fonctionnement semble ainsi fait que les rancunes nuisent plus aux victimes qu'aux coupables… C'est nul !

Mais cela fait de ce livre insoutenable un témoignage bouleversant.
Lien : https://www.noid.ch/pardon/
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J'ai également lu ce livre d'une traite. j'en sort bouleversé.
Même en sachant que ce type de comportement existe, ce témoignage me donne froid dans le dos. Mais comment peut-on ......
Je suis assez d'accord qu'il est à lire par les victimes que lorsqu'elles le sentent.
Mais pour moi, ce livre devrait être lu par tous comme celui de Vanessa Springora. Leur description de la personne "prédateur" est vraiment instructive.
Beau courage de cette auteure.
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La violence appelle la violence. Un enfant malmené se construit avec déviance et parfois se transforme en bourreau à son tour. Je remercie tous ces professionnels, de soin notamment, ayant véhiculé pendant des années (certains encore maintenant) que les enfants se dressent, doivent abandonner leur moi, se soumettre pour vivre en société. Pardon pour eux, à tous ces enfants qui subissent et font subir à leur tour ces agressions qui se passent de génération en génération aussi aisément qu'un nom de famille. Pardon à vos futures progénitures, si résilience n'est pas trouvée. Pardon pour ceux qui continue d'alimenter une violence sous-jacente et la justifie au nom de la sacro-sainte éducation. Pardon pour les témoins passifs et complice.

Certains témoignages alimentent l'âme plus que d'autres. On retrouve dans ce texte une introspection littéraire forte et remuante. Une grande analyse sobre et affûtée de la personnalité d'un père prédateur. Un récit douloureux mais combatif. Il imagine une demande de pardon qui n'est jamais arrivé, il tente de panser les plaies. Il est certainement plus doux d'imaginer les remords, le repenti que de ne voir que la laideur obscène. Imaginer que le tortionnaire reconnait la cruauté et l'insensibilité, c'est retrouver un peu de son humanité, reprendre possession de son corps et de ce qui lui appartient encore. Malheureusement ce n'est qu'un songe et les songes se dispersent loin des réalités frelatée.

Je ne crois pas en la capacité de contrition de celui qui est passé à l'acte, je crois à celui qui résiste, mais celui qui détruit un enfant, a fortiori son enfant dépasse le dicible et ne peut plus faire illusion, il succombe à ses démons et ne peut a priori pas en revenir. Il semblerait en effet qu'aucuns pédocriminels qui soit passés à l'acte ne guérissent jamais, en tout cas aucune étude ne le prouve, ne l'atteste. Je ne crois pas en leur capacité de repentance mais je crois en la capacité de l'accompagnement et de résilience des victimes et c'est bien là à mon sens, qu'il faut tabler.
Pour éviter l'affront de la non reconnaissance des blessures il faut prévenir, soigner lorsque agression il y a lieu pour éviter l'éternel reproduction.

Un dernier Pardon Eve, pour ce père immonde, cette mère complice et pour cette enfance détruite. Et un grand merci pour ce livre courageux et rédempteur.


Lien : https://unmotpourtouspourunm..
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Eve Ensler avait 5 ans quand son père a commencé à l'agresser sexuellement la nuit alors qu'elle était dans son lit. Ensuite, cette violence sexuelle s'est transformée en violence physique, son père l'a battue, prenant plaisir à l'étouffer et à la fouetter à coups de ceinture. En grandissant, elle a souffert de terreurs nocturnes, de troubles du comportement alimentaire, développé des tendances suicidaires et a commencé à boire. Finalement, elle s'en est sortie tant bien que mal et, en 1996, elle a écrit "Les monologues du vagin", l'une des pièces de théâtre les plus célèbres du XXe siècle. Mais avant cela, son père a fait tout ce qu'il pouvait pour l'humilier et la détruire. Son objectif était de « (l)'abolir, (l)'éradiquer, (la) punir ». Bien qu'Eve Ensler savait qu'il ne le ferait jamais, elle a attendu qu'il s'excuse. Même après sa mort, elle a continué d'attendre. Jusqu'à "Pardon".
"Pardon" contient les mots qu'Eve Ensler avait besoin d'entendre sortir de la bouche de son père, ceux qu'il aurait dû lui dire pour lui permettre de guérir et de se libérer du passé. Ce n'est pas un livre bien épais, mais il est d'une lourdeur insupportable. le texte est présenté comme une lettre fictionnelle du défunt Arthur Ensler à sa fille « Evie » depuis une sorte de vide au-delà de la tombe, flottant « sans attache, à la dérive ». Il décrit crûment les atrocités qu'il a commises, il avoue la faiblesse qui l'a rendu si cruel et reconnaît les dommages qu'il a causés à l'esprit vulnérable et au tendre corps de sa fille. Il est un narrateur éloquent et répugnant. J'ai énormément de respect pour le courage, l'empathie, la compréhension et la détermination dont fait preuve Eve Ensler dans cette plongée au plus profond de ses souvenirs les plus horribles pour en ressortir plus forte. Ce livre est son salut, mais n'est-il pas illusoire de penser qu'il motivera les agresseurs à « faire (leur) examen de conscience en profondeur, à reconnaître (leurs) méfaits (...) et demander pardon » ? C'est en tout cas le souhait légitime et bien compréhensible d'Eve Ensler. Un livre nécessaire et bouleversant.
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J'ai lu d'une traite ce livre à la fois terrible et touchant. Il possède plusieurs niveaux d'analyse et je le relirai. Un livre à lire si on a été victime et que l'on sent que c'est le moment.
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Âmes sensibles s'abstenir. C'est un livre que j'ai aimé mais qui est dur, sur les violences sexuelles, incestueuses, physiques, leurs conséquences, la difficile reconstruction ensuite. Par son travail Eve Ensler ouvre la porte aux souffrances cachées, à leur expression, la recherche d'un pardon, je me demande après coup si c'est pour elle ou pour lui. C'est un témoignage poignant qui nous fait percevoir le vécu de ce type de violence, y compris les nombreuses questions qui restent sans réponse.
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Je ne sais pas pourquoi j'ai voulu lire ce livre.
Sans doute le renom de l'autrice m'a fait oublier le sujet.
Parce que plus que l'écriture qui est terriblement bonne, plus que la qualité de narration d'Eve Ensler, plus que cette manière de faire parler un mort, c'est le thème de ce livre qui reste.
Un homme, géniteur plus que père, raconte à sa fille pourquoi et comment il est devenu un être narcissique, déviant. Un profanateur.
Comment de figure paternelle adoré, même s'il n'avait jamais voulu devenir père que pour toucher l'éternité, il est devenu « l'Homme Ombre ».
Une histoire horrible qui ne laisse pour moi aucun doute sur le manque d'humanité et la folie de cet homme.
Si lui cherche des explications, des justifications, presque des excuses, moi je ne lui en trouve aucune.
Au contraire, je n'ai eu que rage et haine pour lui.
Le destin de la pauvre Evie passe après lui, après son histoire, après ses envies, ses doutes et ses craintes à lui.
Comme elle n'a jamais été que l'objet de son bourreau, son corps, son coeurs et son destin n'ont pas la chance d'être plus qu'un élément secondaire dans cette histoire.
C'est en cela aussi que je trouve ce livre touchant, bouleversant.
Même dans sa narration, dans cette lettre d'excuses qu'elle aurait tellement mérité de recevoir (bien que pour moi il ne peut y avoir ni excuse ni pardon), il y a d'abord lui et ensuite elle.
Comme il a dû être pénible à Eve Ensler d'écrire ce texte.
J'ai ressenti comme encore aujourd'hui elle est la victime silencieuse de cet être abjecte.
« Peut-être la seule possibilité de dissolution réside-t-elle dans ce que tu m'as sommé de faire : sonder la nature exacte des torts infligés, faire de mon mieux pour comprendre comment mon comportement t'a affecté, et admettre que cet exercice me permettra d'être de plus en plus honnête, ce qui te rendra libre. »
Vraiment ?
Je ne sais, je ne peux pas comprendre.
Simplement, j'espère que cet exercice terrible a pu lui apporter un plus de pouvoir sur son histoire.
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