Je ne sais pas pourquoi j'ai voulu lire ce livre.
Sans doute le renom de l'autrice m'a fait oublier le sujet.
Parce que plus que l'écriture qui est terriblement bonne, plus que la qualité de narration d'
Eve Ensler, plus que cette manière de faire parler un mort, c'est le thème de ce livre qui reste.
Un homme, géniteur plus que père, raconte à sa fille pourquoi et comment il est devenu un être narcissique, déviant. Un profanateur.
Comment de figure paternelle adoré, même s'il n'avait jamais voulu devenir père que pour toucher l'éternité, il est devenu « l'Homme Ombre ».
Une histoire horrible qui ne laisse pour moi aucun doute sur le manque d'humanité et la folie de cet homme.
Si lui cherche des explications, des justifications, presque des excuses, moi je ne lui en trouve aucune.
Au contraire, je n'ai eu que rage et haine pour lui.
Le destin de la pauvre Evie passe après lui, après son histoire, après ses envies, ses doutes et ses craintes à lui.
Comme elle n'a jamais été que l'objet de son bourreau, son corps, son coeurs et son destin n'ont pas la chance d'être plus qu'un élément secondaire dans cette histoire.
C'est en cela aussi que je trouve ce livre touchant, bouleversant.
Même dans sa narration, dans cette lettre d'excuses qu'elle aurait tellement mérité de recevoir (bien que pour moi il ne peut y avoir ni excuse ni
pardon), il y a d'abord lui et ensuite elle.
Comme il a dû être pénible à
Eve Ensler d'écrire ce texte.
J'ai ressenti comme encore aujourd'hui elle est la victime silencieuse de cet être abjecte.
« Peut-être la seule possibilité de dissolution réside-t-elle dans ce que tu m'as sommé de faire : sonder la nature exacte des torts infligés, faire de mon mieux pour comprendre comment mon comportement t'a affecté, et admettre que cet exercice me permettra d'être de plus en plus honnête, ce qui te rendra libre. »
Vraiment ?
Je ne sais, je ne peux pas comprendre.
Simplement, j'espère que cet exercice terrible a pu lui apporter un plus de pouvoir sur son histoire.