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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après de multiples ouvrages philosophiques, le "philosophe médiatique et cathodique" livre un premier roman . Diantre!
Enfant du petit monde germanopratin, à priori riche de parents , beaux parents , amis célèbres, de cette gauche caviar qui en fait porte bien son nom, le narrateur qui ne sera nommé qu'en dernière page se laisse aller, ouvre les vannes dirais-je prosaïquement.
Un peu comme Y.Moix ou H.Bazin il y a 70ans(Vipère au poingt) il se dépouille de son enfance, une enfance de parents divorcés . Un enfant qui navigue d'un appartement à l'autre, de l'enfer que lui fait subir un beau-père brillant lui aussi mais le battant et l'humiliant sous le rire " de canard" de sa propre mère. Puis l'autre appartement , celui de son père , le paradis. Un père qui lui enseigne que la vie étant trop courte il faut toujours gagner du temps sur celle ci, quitte à faire des erreurs, mais qui a la main leste également.
Ce père , proustien en diable, centré sur lui même et qui pleure sur l'épaule de son fils quand celui ci est reçu à Normale Sup, non pas de joie, mais de regrets de pas avoir pu ou su y accéder lui même. Pour Raphael c'est la rencontre d'un professeur de philo merveilleux, de profs que l'on oublie pas.,
Dans le même temps, Raphael aperçoit un jour son reflet dans la vitre d'un train et constate qu'il est beau.Et il va en profiter, beaucoup d'amourettes pour ce manipulateur sans vergogne qui ne s'épargne pas lui-même.
Mais également très jeune il se retrouve marié sans en avoir apparemment été l'acteur n°1 : ses père et beau père (Jean Paul, et BHL) étant les meilleurs amis du monde.
A partir de là, il laisse voir un autre aspect de lui-même, et c'est on le suppose avec sincérité, certes sa méchanceté et son cynisme sont éblouissants, mais maintenant ce n'est plus un enfant qui s'exprime , et les moqueries sarcasmes déversés sur tous ses proches deviennent vulgaires.
Son ex beau père et son épouse, leurs amis, voire son père sont ridiculisés à outrance (quoique). Il ne lui était même pas indispensable de travestir les prénoms, chaque personnage se reconnaît à grands traits. Mais là où peut-être la bascule se fait , c'est quand il parle de son ex-épouse, Justine L. Il me semble qu'un "honnête homme" au sens propre du terme, fusse-t-il sorti du marigot germanopratin ne devrait pas être obscène à ce point. Autre facette non exploitée: aigri peut-être?
Puis apparaît la Lumière, amie de son père, sous les traits d'une merveilleuse italienne , avec qui il connaîtra vraiment l'amour... Pour un temps, mais si je comprends bien la dernière page, bien plus tard il pourrait y avoir un autre ouvrage.
C'est un ouvrage étrange que j'ai apprécié, une auto-fiction certes, drôlement bien écrit( 77 petits chapitres mâtinés de réflexions philosophiques)des références aux lectures d'enfance, comtesse de Ségur par exemple., une mise à nu courageuse , mais attention aux éclaboussures!
Mais j'y pense, ce quadragénaire a lui-même si je ne me trompe 4 garçons issus de 4 lits différents, donc susceptibles de subir des beaux-pères, voire plusieurs capables du pire également , cela effleure t-il la psyché de ce bel homme au sourire carnassier?
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« Je n'étais pas, je crois, ce qu'on appelle un « enfant battu ». Que resterait-il aux vraies victimes ? » écrit Raphaël Enthoven, minimisant la violence qui marqua les premières années de son existence. Pourtant, des gifles et des insultes, il en prend quasi quotidiennement de la part d'Isidore alias le Gros, son beau-père, le mari de sa mère qui ne prend jamais sa défense préférant exorciser cette brutalité en faisant résonner un rire de canard tonitruant. Accessoirement, elle a aussi « la main leste » et l'injure facile. Un jour, ne supportant plus les brimades et les coups, vainquant sa peur, il se révolte contre les injustices. le résultat est immédiat : il va vivre chez son père. « C'est tout ce que j'espérais » confie-t-il. Il déchantera vite. L'accueil de la belle-mère, pourtant si gentille lorsqu'il n'était que de passage le week-end, est plus que mitigé. Quant au père, snob (la scène où il tente de transformer son employée de maison, l'impayable Mafalda, en butler portugais est drôlissime), narcissique, pleurnichant toujours sur son sort et que le narrateur compare à Gustave Courbet (peut-être à cause de son autoportrait « Le désespéré »), il dévoile les détails de sa vie privée à son rejeton et ne se prive pas, de temps à autre, de le talocher.
En réaction, il devient insolent, un brin con et se promet de « ne jamais souffrir d'amour. Quitte à ne pas aimer », atterré par le vaudeville qui se déroule sous ses yeux. Il découvre aussi, en observant son reflet dans la vitre d'un train, qu'il est beau. C'est ce constat, et avec lui une collection de conquêtes féminines, qui lui donnera l'assurance qui lui faisait défaut.
Contrairement à beaucoup d'avis qui ont stigmatisé le nombrilisme de l'auteur, j'ai plutôt bien aimé ce « roman », sorte de confession d'un enfant issu d'une famille d'intellos parisiens de gauche qui est, comme toutes les autres familles, habitée par les mêmes passions tristes. J'en ai apprécié l'écriture, souvent éructante, l'humour vache, l'autodérision (il se compare à un « Don Juan kantien »), les digressions sur ses lectures (entre autres, le magnifique « Mon bel oranger » qui a ému des milliers d'enfants et leur a donné le goût des livres), les philosophes mais aussi les « films de merde » (« Rocky me donnait du courage » confesse-t-il) qui l'ont construit ainsi que les professeurs (« Monsieur Castaing (…) que j'aimais comme un père choisi ») qui ont fait de lui le passeur d'idées et l'observateur de notre société qu'il est. On sent que « Le temps gagné » l'a libéré, apaisé et permis, une fois adulte, une forme de réconciliation avec les siens
En revanche, j'ai trouvé ignobles les pages qu'il a écrites sur une certaine Faustine qui n'est autre que Justine Lévy, la fille de BHL, qu'il a épousée « à contrecoeur » sous prétexte que leurs pères étaient les meilleurs amis du monde. Même s'il s'agit d'une réponse à « Rien de grave », ce règlement de compte ne l'honore pas.

EXTRAITS
- Changer de vie ou changer d'avis, c'est changer de déception.
- le réel est d'une étoffe que les mots n'arrivent pas à saisir.
- le temps retrouvé n'est pas un retour en arrière mais l'immuable émotion d'un souvenir du présent.
- Se marier, c'est s'offrir une déception pour le prix d'une fête.
- Nous étions socialistes. On produisait de la synthèse comme la peau fabrique de l'eczéma.
- Ma connerie à moi, c'était la chasse aux cons. J'étais l'esclave de ma liberté.
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Je n'ai pas lâché ce livre autobiographique qui se lit comme un roman. J'ai souffert avec ce petit garçon et la maltraitance de son beau-père et de sa mère, son père fait de son mieux, mais pense surtout à lui.
Je pense que Enthoven avait le besoin viscéral d'écrire ce livre pour lâcher son malheur d'enfant incompris pour enfin vivre pleinement sa vie d'adulte
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C'est bien écrit, c'est parfois drôle, et semble sincère. On peut comparer avec sa propre enfance, sa propre éducation. Par exemple le père commente avec son fils les mauvais films que son fils adore au lieu de les lui interdire, ce que mes parents auraient fait. A 12 ans je me suis prise de passion pour les romans d'amour l'eau de rose et revues style nous deux, ma mère m'a grondée et les a mis à la poubelle, ce qui est idiot, enfin c'est ce que j'ai pensé...
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