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sur 449 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Fidelis Waldvogel, boucher allemand débarque à New York avec deux valises.
La première est remplie de saucisses fumées, l'autre des couteaux de boucher.
Fidelis traverse les Etats-Unis, nous sommes à la fin de la première guerre mondiale.
Il n'ira pas plus loin que le Dakota du nord; la petite ville d'Argus va bientôt vivre au rythme " de la chorale des maîtres bouchers ".
Mon premier roman de Louise Erdrich m'a quelque peu désorienté, en fait le héros du roman n'est pas celui que l'on croit.
Le narrateur ou la narratrice on ne sait trop nous raconte le quotidien à travers des personnages hauts en couleurs.
Bien sur il y a Fidelis et sa boucherie, sa femme Eva, Delphine l'acrobate, Cyprian son partenaire, Clarisse la croque-mort, Roy l'alcoolique....
Impossible de les citer tous mais l'ensemble est détonnant. Des personnages sortent du lot comme Delphine; comment ne pas l'aimer tant son aura éclaire le roman. Elle a un coeur énorme Delphine, toujours prête à rendre service, soigner son vaurien de père, aider Fidelis à la boucherie, son amour malheureux, ses questionnements au sujet de sa mère qu'elle n'a pas connu.
Malgré ses moments de faiblesse Delphine est forte, elle sait ce qu'elle veut.
J'ai aimé Delphine pour toutes ces raisons.
On suit " la chorale des maitres bouchers " comme si on lisait une chronique dans un journal local ceci n'est pas péjoratif. La fin du roman ne vous laissera pas insensible tant le dénouement est surprenant. Un grand roman pour une première découverte. Louise Erdrich m'a convaincu, elle a un talent de conteuse énorme, que faire d'autre que de la suivre à travers ses prochains romans.
" Nos chants parcourent la terre. Nous chantons les uns pour les autres. Jamais une seule note n'est perdue et aucun chant n'est inédit. Ils viennent tous du même endroit et datent d'un temps où seules les pierres hurlaient".

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« La chorale des maîtres bouchers » est un grand roman comme aurait pu l'écrire un John Steinbeck, le même talent, la même façon d'inventer des personnages auxquels on s'attache, des gens emportés par leur tempétueuse destinée et pour lesquels rien ne leur sera épargné. Ainsi :
« J'ai loupé Dieu, songea-t-elle. Pourtant, je ne me suis pas raconté d'histoires. Je continue à croire que Dieu est un butor alcoolique qui n'a plus pensé au monde depuis qu'Il l'a créé. Autrefois un génie, oui, je le lui accorde, mais un artiste d'une insouciance suprême qui expédie en enfer Ses tableaux et Ses sculptures les plus extraordinaires, Ses oeuvres vivantes les plus exquises, et laisse le diable chier dessus ».
Traduction d'Isabelle Reinharez.
Editions Albin Michel, le livre de poche, 568 pages.
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Il y a un plaisir rare, unique, indescriptible à tomber amoureuse d'une écriture, d'un ou d'une auteur.e. Encouragée par quelques chroniques très positives je me suis empressée d'acheter ce roman et j'attendais le bon moment pour le caser dans les divers challenges de cette année 2021. Dès le premier chapitre j'ai su que j'allais plonger avec délice dans l'univers de Louise Erdrich.

Cette chorale mentionnée dans le titre n'est pas le sujet de cette histoire, pas plus que l'histoire de Fidelis, rescapé de la Première Guerre mondiale qui s'établit dans un petit bourg du Nord Dakota faute d'argent pour rejoindre la Californie. C'est en fait le destin de Delphine, native d'Argus, fille du poivrot du village, orpheline de sa mère dès la naissance. Et autour d'elle c'est toute une communauté variée qui s'anime, vit, aime, meurt, se jalouse, avance en dépit des coups du sort, au gré des hasards de la vie. On se sent complètement intégré dans la vie de cette communauté dont on suit l'évolution entre 1920 et 1950.

Louise Erdrich m'apparaît comme une formidable conteuse. Chaque fait, chaque personnage est l'objet d'une description fouillée, précise, complète. Qu'il s'agisse des gens, des paysages, des anecdotes, chaque récit, passage est d'une délicatesse et d'une précision remarquables. Personnage principal ou secondaire, chacune des personnalités évoquées nous touche. Car cette délicatesse s'étend également à la manière de décrire les sentiments forts, fugaces ou persistants, qui saisissent, animent, tourmentent les personnages.

J'ai parcouru avec délice, envie, impatience, plaisir les 16 chapitres de ce roman, me laissant surprendre par la fin que je n'avais pas vue venir. J'ai été passionnée par cette vie simple et en même temps si complexe. le style doux de Louise Erdrich, avec ses fulgurances poétiques, rend avec justesse tout ce qui fait le sel de la vie : ses doutes et ses certitudes, ce mélange d'amour et de haine que chacun peut ressentir, ces questions qui nous taraudent, quelle que soit l'époque ou le lieu.

Est-ce parce que l'auteure a puisé dans sa vie et ses origines quelques aspects de son roman qu'il m'a paru si juste ?

Une première rencontre avec cette auteure qui me donne envie de lire toute son oeuvre.
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Magnifique saga familiale, des immigrés allemands dans les plaines de l'Ouest américain.

Après la Première Guerre mondiale, un jeune boucher allemand débarque à New York. Il n'a dans ses valises que ses saucisses et ses couteaux. Il a le projet de se rendre sur la côte ouest, mais faute d'argent, il s'arrêtera quelque part au Dakota. Son métier lui permettra de faire venir sa femme et son fils. La vie continuera avec les enfants du couple, avec des deuils et des joies, à travers les crises et les guerres du vingtième siècle.

La Chorale mentionnée en titre n'est cependant pas un élément majeur du roman. le jeune boucher chante avec un choeur d'hommes du village, c'est pour lui un loisir et un facteur d'intégration dans la communauté, mais le chant lui-même ne prend pas une grande place dans le texte.

C'est un roman très riche. Au-delà de la vie de l'immigrant Fidelis, chacun des personnages peut arriver à l'avant-plan, et le roman devient alors son histoire. Que ce soit Éva, la femme du boucher, Delphine qui la soigne pendant sa maladie, ou encore les fils qui prendront des chemins bien différents, ce sont des portraits de figures complexes avec une belle profondeur d'émotion.

L'auteure Louise Erdrich est vraiment un de mes coups de coeur de l'année!
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A la fin de la première guerre mondiale, Fidelis Waldvogel, un jeune allemand, décide de partir vivre aux Etats-Unis, notamment pour mettre des milliers de kilomètres à ses récents sombres souvenirs. Sa valise ne contient que quelques maigres affaires, des saucisses et ses couteaux de boucherie, hérités de son père. Il sera bientôt rejoint par sa femme Eva et leur fils en Dakota du Nord.
A force de travail, il parvient à ouvrir sa boucherie mais également à créer une chorale dont les membres sont des hommes de la ville où il a posé sa valise : Argus.
Mais, ne vous attendez pas à un récit sur des hommes bourrus qui évoluent autour d'une chorale et fondent de douceur en entonnant le premier couplet. le chant est même un sujet à la note mineure dans ce roman. Je l'ai plus compris au sens métaphorique. Car la chorale tient surtout à une sorte de communion, à un groupe dont les membres ont des voix aux tessitures différentes mais qui, avec le temps, des efforts et quelques concessions, peut réussir à faire un chant pas trop discordant. Ce roman parle plutôt du coeur (choeur) des Hommes, pour ne pas dire de celui des femmes, tant elles tiennent une place prépondérante dans cette histoire.

Cette saga familiale coure sur une trentaine d'années autour de portraits finement ciselés. Rapidement, on se rend compte en effet que ce n'est pas simplement l'histoire du parcours d'un jeune homme qui quitte son pays pour essayer de vivre le rêve américain. Les personnages qui prennent place, au fur et à mesure, autour du boucher à la belle voix sont tout aussi importants : que ce soit les deux plus merveilleuses, sa femme Eva et Delphine l'acrobate, ou encore Cyprian le compagnon de cette dernière, également acrobate, sans oublier le père de Delphine, Roy, un tantinet alcoolique…

En peignant avec précision et sensibilité tous les aspects qui composent cette période et le quotidien des différents protagonistes, l'auteure réussit à nous plonger dans la vie de ces personnages et à en faire une saga époustouflante : que ce soit au niveau économique et historique durant cette période de l'entre-deux-guerres, avec pour toile de fond la grande dépression ; au niveau sociologique où elle n'oublie pas, bien entendu, de dessiner des portraits d'amérindiens (sa mère est d'origine amérindienne et son père est germano-américain). Et, ce qui est le plus intéressant sans doute, c'est l'aspect psychologique lorsqu'elle fouille et triture dans les âmes et le coeur. Les descriptions aussi bien de l'Amérique, de la petite ville d'Argus que des protagonistes sont profondes, délicates et bien souvent emplies d'une réelle poésie. Et pour le coup, on peut entendre de la musique à travers les pages de ce roman.
Elle dépeint ses personnages avec subtilité, parfois tendresse, tout en nuance de gris, avec pour certains(es) des éclats lumineux évidents. Elle les dépeint avec une histoire, un passé, des fêlures, des espoirs. On est pris dans le tourbillon de leur vie, dans ces histoires d'amour, ces drames et ces joies. On s'attache à chacun d'entre eux, éprouvant pour eux toute une palette d'émotions…

« La chorale des maîtres bouchers » est un de ces grands romans qui nous rappelle pourquoi on aime tellement la littérature. Son auteure est une conteuse talentueuse qui, au travers de ses personnages, nous conte l'histoire de l'Amérique. J'ai découvert avec plaisir sa superbe plume et elle m'a rappelée ses grands romanciers américains comme Steinbeck.

Petite dédicace à ma libraire qui m'a conseillée ce roman de Louise Erdrich. Je n'avais encore jamais osé ouvrir un de ses romans. Et pour ce roman plus précisément, j'avais quelques appréhensions au vu du titre. Très belle pioche et ce n'est sans aucun doute pas la dernière. Après cette chorale, je me plongerai bien dans le silence du vent….

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De retour du premier conflit mondial, Fidelis Waldvogel, boucher de son état, épouse Eva, la fiancée enceinte d'un ami mort au combat. Et parce qu'il a vu un pain parfait en provenance d'Amérique, il quitte son Allemagne natale pour tenter sa chance dans ce grand pays capable d'une telle perfection. Il emporte avec lui une valise pleine de couteaux et de saucisses qui lui permettront de se nourrir et de payer son voyage. C'est à Argus, dans le Dakota du Nord, qu'il va s'installer, ouvrir sa boucherie et accueillir sa famille. La bonne et douce Eva va lui donner d'autres enfants, tenir son commerce et se lier d'amitié avec Delphine, fille de Roy un alcoolique notoire et qui vit maritalement avec Cyprian, un acrobate de cirque.

Autour de Fidelis le héros plutôt taiseux et taciturne de ce roman, c'est toute une galerie de personnages dont Louise ERDRICH nous fait le récit. Les premiers chapitres sont un peu fastidieux, le temps que tout se mette en place et quon fasse connaissance avec tout le monde. Mais une fois qu'on est embarqué dans l'histoire, c'est tout simplement magique! Les petits riens de la vie quotidienne se mêlent aux grandes douleurs de la guerre, les secrets et les non-dits se révèlent peu à peu, les joies succèdent aux tragédies. C'est l'histoire d'hommes et de femmes faits de chaire et de sang qui luttent pour un peu de bonheur ou simplement pour mener une existence paisible. Il y a de l'amour, de l'amitié, des instants de bonheur et des malheurs tragiques. Ce sont trente années qui défilent sans qu'on ne voit le temps passer. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman et je le conseille à quiconque a envie de passer un bon moment à Argus pour suivre une histoire riche et foisonnante.
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Je l'ai lu d'une traite. le libraire qui me l'a conseillé m'avait dit que ce livre ne parlait finalement que peu de la chorale elle-même, mais qu'en revanche, il fallait voir chacun des personnages comme une des voix du chant que constitue l'histoire. Chacun des personnages est en équilibre avec les autres et contribue à l'harmonie de l'ensemble. J'adhère tout à fait à ce point de vue et j'ai eu une sorte de révélation, quand j'ai compris, à la fin du livre, le personnage « d'un pas et demi ». Pour moi, « un pas et demi », c'est le chef d'orchestre, qui donne, en toute discrétion (comme la photo floue de la « mère » de Delphine), le rythme de l'histoire. Un rythme enlevé : un pas et demi, cela me fait penser à « noire pointée, croche », en musique, qui est un rythme syncopé, très dansant. le nom, lui même, « un pas et demi », fait penser à une danse. Un pas et demi arpente les pages et donne le rythme. En musique aussi, autant que les notes, les silences sont importants. « Un pas et demi » fouille les poubelles, connaît la nuit et les secrets, les silences des personnages. Elle connaît toute la partition dans son entier. En sus de faire le lien entre tous les personnages, elle seule est capable de faire le lien entre l'obscur et la lumière, entre les morts et les vivants. Et sa mort, à la toute fin de l'histoire, résonne comme un point d'orgue :
«….Nos chants parcourent la terre. Nous chantons les uns pour les autres. Jamais une seule note n'est perdue et aucun chant n'est inédit. Ils viennent tous du même endroit et datent d'un temps où seules les pierres hurlaient. Un Pas-Et-Demi fredonna dans son sommeil et plongea plus profondément dans sa mélodie, le tas d'une chiffonnière où s'amoncelaient les couplets pour faire sa cour, la sagesse des chasseurs, les propos des colporteurs ou les mots qui fusaient d'un brin d'herbe, d'un lambeau de nuage ou d'un os de jarret de porc prophétique, dans un monde où les bouchers chantent comme des anges. »
Je l'ai lu il y a plusieurs années, mais ce livre résonne encore en moi. Chacun des personnages est attachant et est allé rejoindre ma grande famille de compagnons imaginaires.
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.Louise Erdrich nous offre une chronique familiale au personnages hauts en couleurs. Parfaite image du « melting pot » américain ,Argus dans le Dakota du Nord voit arriver la famille Waldvogel (le bien nommé) ,elle va y croiser la famille Watzka d'origine polonaise et leurs destins vont s'entrelacer . Les personnages masculins , Fidelis le boucher chanteur, Cyprian l'acrobate amérindien (tous les deux cabossés par la guerre de 14) ,le shérif Hock, amoureux transi sont des caractères fortement dessinés .Mais que dire des femmes ! Clarisse la séduisante et létale croque-mort , « Tante » la bigote venimeuse, « Un-pas-et-demi » la chiffonnière et surtout Eva et Delphine les deux piliers de leur famille ,devenues amies . On travaille , on chante ,on s'aime (non sans mal) ,on meurt aussi . Louise Erdrich est une formidable conteuse et crée tout un monde attachant , cruel et poétique . J'ai pensé à Garcia-Marquez en lisant cette chronique et Argus vaut bien Macondo
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Quelle lecture! Je me suis laissée portée par cette belle saga familiale où la parole qui se fait histoires, réelles ou inventées ou encore rêvées, se manifeste aussi par ses silences. J'ai apprécié cette écriture sensible et porteuse de voix multiples qui traversent le temps et l'histoire, l'espace et les continents et m'a portée vers un sens à découvrir, une motivation à percevoir alors qu'elle s'esquisse à peine pour le personnage.
Jamais jusqu'à présent je n'ai aussi bien perçu la relation qui peut s'établir entre une écriture -même traduite, puisque le traducteur/la traductrice est sensé(e) nous le rendre sensible- et le vol d'un oiseau. Un plaisir de lecture incroyable!
Cette lecture intervient, pour moi en parallèle avec celle du petit livre - très dense- d'Alberto Manguel, le Voyageur et la tour, le lecteur comme métaphore (Actes Sud, 2013). Je ne peux donc m'empêcher d'établir des liens, des connections qui pour moi ont du sens.
Depuis si longtemps, les oiseaux ont une place exceptionnelle pour moi. C'est ce petit livre de la collection Rouge et or, Tombée du ciel de Henry Winterfeld puis Jonathan Levingston le goélan de Richard Bach qui en sont à l'origine, et les ramifications sont multiples car elles ont fait de moi ce que je suis intrinsèquement, une lectrice voyageuse.
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Ce livre est une magnifique histoire d'amour.
Entre Europe et Amérique des années 20 au années 50, on suit l'histoire de Fidelis Waldvogel un jeune soldat qui part pour l'Amérique après la Première Guerre Mondiale avec sa valise de couteaux et de de saucisses. Il est issu d'une famille de maîtres bouchers. Il va s'installer à Argus, une petite ville du Dakota Nord. Sa femme Eva et son petit garçon Franz viendront le rejoindre, ensemble ils ouvrirent une boucherie et Fidelis créera une chorale avec quelques hommes du village. Ensuite ils eurent trois autres garçons, Markus et les jumeaux Emil et Erich. Mais la grande aventure des Waldvoogel ne va également commencer avec leur rencontre avec un couple improbable : Delphine et Cyprian...
Un livre plein d'émotion et de tendresse, on y croise de nombreux personnages qui sont souvent attachants, parfois surprenants. On découvre le Dakota du Nord à travers de belles descriptions de paysages. Et à travers ces histoires poignantes, l'auteur évoque de nombreux thèmes comme l'amour, l'amitié, la mort, l'intégration, les racines, la maternité, le non-dit et l'absurdité des guerres. Une très belle lecture et je vous conseille de découvrir ce livre.
Lien : http://aproposdelivres.canal..
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