AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,49

sur 465 notes
“Je voudrais la connaître, savoir comment elle est, puisqu'elle a su te prendre, puisqu'elle a pris ma place, juste voir et comprendre tout ce que je ne suis pas” chantait, jalousement, Patricia Kaas.

L'Occupation est un court texte de la Prix Nobel de Littérature française Annie Ernaux, paru en 2002. L'écrivaine poursuit son oeuvre autobiographique, notamment celle de sa vie sentimentale, dans la continuité de Passion simple, paru en 1996. Les parallèles sont assez forts entre ces deux oeuvres. Ernaux s'empêtre dans des histoires d'amour passionnelles et sans avenir avec des hommes, plus jeunes et vaguement indisponibles, sorte de schéma qu'elle répète (jusqu'à son dernier livre “Le jeune homme”) de son propre aveu: “un garçon jeune, impécunieux, avec une femme plus vieille gagnant bien sa vie.”

“Il me fallait à toute force connaître son nom et son prénom, son âge, sa profession, son adresse.”

J'ai le sentiment que Ernaux construit son oeuvre avec le souci d'en dire le moins possible ou de dépersonnaliser au possible. C'est assez flagrant quant au contexte, au portrait des personnages, on ne peut les reconnaître, ils sont à peine esquissés, rien n'ancre véritablement le récit dans un espace-temps un peu précis, un peu détaillé. Alors certes, il ne faudrait pas qu'on puisse identifier les personnes du livre, qui existent dans la vraie vie, mais je crois que c'est aussi pour permettre au lecteur de s'incarner plus facilement, à chacun(e) de voir l'homme brun ou blond, la femme rousse ou petite, la maison, les rues, les cafés avec ses propres souvenirs et son imaginaire, un peu comme si nous lisions notre propre journal intime ; Ernaux déclara d'ailleurs : “écrire sur soi, c'est écrire sur les autres.”

“Dans cet évidement de soi qu'est la jalousie, qui transforme toute différence avec l'autre en infériorité, ce n'était pas seulement mon corps, mon visage, qui étaient dévalués, mais aussi mes activités, mon être entier”. Ernaux explore ce sentiment finalement assez commun que nous sommes amenés à ressentir et parfois, à susciter plus ou moins consciemment ou volontairement. Ici, c'est une jalousie qui arrive après la rupture, quand la personne, qu'elle a pourtant quitté, trouve quelqu'un d'autre. Ernaux devient maladivement curieuse de cette autre femme et le tourment la ronge, l'obsession, l'occupation, les excès de confiance ou au contraire de dévaluation d'elle-même, la comparaison, tous ces états psychiques affolent l'électrocardiogramme de ses émotions et de son estime d'elle-même.

“Dans l'incertitude et le besoin de savoir où j'étais, des indices écartés pouvaient être réactivés brutalement. Mon aptitude à connecter les faits les plus disparates dans un rapport de cause à effet était prodigieuse.”

Il y a une forme d'impudeur dans la jalousie, l'écrivaine utilise souvent l'analogie avec la folie, et c'est vrai, la jalousie nous fait faire des choses insensées. Appeler un numéro et raccrocher lorsqu'on entend une voix qui dit “allo” à l'autre bout du fil, épier, espionner, mener l'enquête. Pour trouver quoi ? qui ? Repasser en boucle, laisser l'esprit être totalement colonisé par une rengaine envieuse, d'une affreuse banalité dont on se pensait à l'abri.

Comme très souvent, j'en reviens à Roland Barthes qui, dans Fragments d'un discours amoureux, dessine les enjeux pratiques de la jalousie : “Comme jaloux je souffre quatre fois : parce que je suis jaloux, parce que je me reproche de l'être, parce que je crains que ma jalousie ne blesse l'autre, parce que je me laisse assujettir à une banalité : je souffre d'être exclu, d'être agressif, d'être fou et d'être commun.”

L'écriture de soi, la recherche d'une authenticité, dans l'autobiographie plus que dans le roman, doit se faire au prix d'une lumière parfois peu reluisante de la personne de l'écrivain. Annie Ernaux écrit ainsi : “La dignité ou l'indignité de ma conduite, de mes désirs, n'est pas une question que je me suis posée en cette occasion, pas plus que je ne me la pose ici en écrivant. Il m'arrive de croire que c'est au prix de cette absence qu'on atteint le plus sûrement la vérité”. Lorsqu'on lui citera cette phrase lors d'une conférence, quelques années après L'Occupation, l'écrivaine française dira : “oui, j'ai une forme d'indifférence profonde au jugement d'autrui.”

“Ecrire pour moi c'est descendre” déclarait encore en interview Annie Ernaux. Avec L'Occupation, elle descend doublement à la fois comme personnage, car la jalousie nous fait tomber bien bas, et surtout comme écrivaine. Derrière tout cela, il y a l'écriture, comme une consolation dernière, comme une sorte de rétribution, de remise à l'équilibre entre la souffrance de la femme et le gain de l'écrivaine qui a enfin une histoire à raconter, un prétexte à écrire, à créer.

Car, la vie, même la plus charnelle, la plus intime, la plus douloureuse, c'est encore la promesse d'un texte à naître : “J'ai tout attendu du plaisir sexuel, en plus de lui-même. L'amour, la fusion, l'infini, le désir d'écrire.”

Qu'en pensez-vous ?
Commenter  J’apprécie          847
Après la lecture de ce deuxième épisode de la vie amoureuse d'Annie, je note qu'Annie a une préférence pour les hommes plus jeunes qu'elle. Annie a bon goût.

Proust est, sans aucun doute, celui qui a le mieux disséqué la jalousie. Lire Un amour de Swann c'est connaître exhaustivement les effets de ce sentiment un peu honteux que nous avons forcément tous ressenti. Alors Annie peut-elle avec 76 pages apporter quelque chose de neuf à ce qu'a écrit magistralement le grand Marcel ?

Je réponds oui sans hésitation. Car Annie est une femme et Marcel pas (si, si), ses préoccupations, son ressenti sont ceux d'une femme, et si amour et jalousie concernent autant les hommes que les femmes, ils sont vécus différemment selon que l'on soit l'un ou l'autre.

D'où l'intérêt de ce livre qui creuse, cherche, avoue pourquoi et comment une femme, amoureuse (ou pas), ne souffre pas que l'homme qu'elle a délaissé s'intéresse à une autre. Je trouve cela très féminin et pas du tout masculin. Peu d'hommes, qui plaquent une femme, se préoccupent de qui leur succède, ils ont souvent trop de mal à rompre (avec leurs habitudes) pour regarder en arrière quand ils y parviennent.

Je continue avec plaisir la découverte de l'oeuvre d'Annie E, probablement parceque j'aime la liberté et l'impudeur cathartique de son double littéraire, qualités précieuses à mes yeux, moi qui suis un peu empêtrée.
Commenter  J’apprécie          578
Si j'ai beaucoup apprécié les livres d'Annie Ernaux comme "la place" ou encore "les armoires vides", je suis en revanche très déçue par "l'occupation" qui , pour moi, n'apporte rien.
Elle relate ce qu'elle vit et ressent lorsqu'elle apprend que son ancien amant, qu'elle a quitté, refait sa vie.
Elle décrit les faits de façon crue, abrupte ce qui m'a laissée de marbre. La jalousie qu'elle ressent est tristement banale et comme elle a pris le parti de ne pas analyser mais simplement d'exposer les faits, je n'ai trouvé aucun intérêt à ce livre. Suis-je passé à côté ? ou est-ce uniquement un livre ego centré ?
Commenter  J’apprécie          443
Curieux roman d'un envoûtement, « L'occupation » est l'analyse distanciée et surprise de la jalousie d'Annie Ernaux pour la nouvelle compagne d'un homme qu'elle avait pourtant pris l'initiative de quitter.

Annie Ernaux parle de jalousie, mais le terme d'obsession conviendrait mieux tant l'idée, l'image de cette femme prend de place dans son corps, dans sa psyché : « Cette femme emplissait ma tête, ma poitrine et mon ventre, elle m'accompagnait partout, me dictait mes émotions. En même temps, cette présence ininterrompue me faisait vivre intensément. Elle provoquait des mouvements intérieurs que je n'avais jamais connus, déployait en moi une énergie, des ressources d'invention dont je ne me croyais pas capable, me maintenant dans une fiévreuse et constante activité. J'étais, au double sens du terme, occupée. »

La souffrance surgit rapidement de cette occupation, et celle-ci devient une manifestation pour Annie Ernaux d'une dévalorisation d'elle-même, un rappel de son statut social inférieur, comme si cette femme réussissait là où elle a échoué, sur les plans intellectuel comme sexuel. Comme une version d'elle même en mieux.

Pour se libérer de cette emprise, Annie Ernaux va donc utiliser l'écriture pour explorer la jalousie, ce désir presque volontaire de se faire mal en appuyant sur ses faiblesses, mais aussi sur ce qu'elle produit aussi sur celui qui en souffre : l'imagination et la jalousie rendent méchants, égoïste, indifférent aux émotions des autres.

Mais l'écriture plate d'Annie Ernaux lui permet d'échapper au jugement d'elle-même, qui n'est pas l'objectif de son texte. Il s'agit d'aller au plus près de sa vérité de manière distanciée (à partir du moment où l'autrice parle de ses sentiments, c'est comme s'ils ne lui appartenaient plus, n'étaient plus un reflet d'elle), de comprendre ce qui a pu motiver un comportement, des réactions qu'elle avait pensées autrefois excessifs chez les autres et dont elle se rend compte pouvoir être capable, de donner une matérialité à sa jalousie, de la faire exister comme quelque chose de tangible.

Et c'est toute la force de cette écriture que de permettre au lecteur, en ne s'attachant pas à Annie Ernaux, de ne pas la juger, de la comprendre, de recevoir son texte tel qu'il est, dans sa crudité.
Un roman que j'ai trouvé touchant dans son authenticité et dans son honnêteté.
Commenter  J’apprécie          293
Pour paraphraser mon cher Brel:
« Comment tuer l'amante de mon homme,
Quand on a été élevée ….dans la littérature ».
Eh, bien, en écrivant un livre!

L'occupation, je voulais absolument lire ce très, très, court récit, suite à la passionnante analyse qu'en fait Élise Huguenin-Lévy dans son livre « Projections de soi » et à sa comparaison avec l'adaptation cinématographique « L'autre ».

L'occupation, ce mot à la connotation d'envahissement d'un territoire par l'ennemi. Quel mot bien choisi pour décrire la possession, ou l'envoûtement, d'ailleurs la narratrice dit à un moment qu'elle était « maraboutée ». L'envahissement de l'esprit de l'autrice, une femme qui après avoir pris ses distances avec son amant pour une histoire d'amour dont elle estime qu'elle ne peut s'inscrire dans la durée, se trouve prise dans un état de jalousie aliénant lorsque son ex-amant (plus jeune qu'elle) lui apprend qu'il vit une nouvelle liaison avec une femme du même âge qu'elle, quarante-sept ans.
Ah, l'étonnant cerveau que nous avons, nous nous lassons de l'être qui est avec nous et nous sommes incroyablement malheureux s'il nous quitte.

La façon très visuelle, le rythme des phrases, le choix des mots, tout concourt ici à nous faire vivre l'état psychique de la narratrice. Car c'est une sorte d'obsession, d'obnubilation, qui nous est décrite, un envahissement de tout l'être par la vie fantasmée de celle qui partage le lit, les nuits d'amour, les repas, bref la vie, de son ex. Cette jalousie est terrible, destructrice, on y ressent à quel point cet état est violent et pourrait, la narratrice l'avoue, conduire au meurtre. C'est malheureusement ainsi que ça peut se terminer.
A part, que dans la vraie vie, ce sont des majoritairement des hommes qui s'en prennent à leur ex-femme, et non à son amant.
A part, que c'est, je crois, mais je peux me tromper, un sentiment majoritairement féminin que la jalousie à l'égard de celle qui vous a remplacé dans le coeur d'un homme.
Et à part que Madame Ernaux réalise jusqu'à quel point elle est en train de sombrer, et qu'elle va s'en sortir. La fin me fait penser à la guérison subite d'un épisode de fièvre, à la disparition d'une rage de dents.

Voilà un texte intense, qui dit en peu de pages la jalousie, dans un style bien différent de celui de Proust dans Un amour de Swann, ou dans La prisonnière, (on sait qu'Annie Ernaux est une grande admiratrice de Proust) mais on y retrouve le même envahissement de l'esprit qui atteint la personne atteinte de jalousie..

Ce qui est aussi admirable dans ce texte, c'est l'économie de mots, de phrases, mais toujours la justesse de l'écriture.
Ça me fait penser à d'autres écrivains minimalistes, Hemingway ou Carver, Raymond Carver qui a écrit:
« Les mots, c'est finalement tout ce que nous avons, alors il vaut mieux que ce soit ceux qu'il faut et que la ponctuation soit là où il faut pour qu'ils puissent dire le mieux possible ce qu'on veut leur faire dire. »
Et dans un autre registre, Miles Davis: « Pourquoi jouer tant de notes alors qu'il suffit de jouer les meilleures? »

En conclusion, un récit saisissant, qui se lit vite, qui n'a pas la dimension sociologique de la place, Une femme, et surtout Les années, et donc, à mon avis, n'est pas au niveau de ces livres.
Mais quand même un « bijou littéraire », qui mériterait, mais peut-être est ce le cas, d'être étudié au lycée.
Commenter  J’apprécie          297
Après l'attribution du prix Nobel a une femme, une française qui plus est... je me devais de lire une partie de son oeuvre. Surtout vu les critiques qui ont déferlées sur ce choix.

J'avoue avoir beaucoup entendu parlé d'elle mais je repoussais sa lecture...

Et bien je me suis lancée et vu que ses livres sont très courts, leur lecture est rapide.

L'occupation : une histoire de la jalousie et de ce qu'elle fait faire. 39 pages. C'est le temps qu'il faut à Annie Ernaux pour faire l'autopsie de le jalousie née post rupture, de la jalousie résultant de ce qui n'est plus par son propre choix.

Toute l'ambiguïté de l'être humain qui veut ce qu'il n'a plus et qui n'en voulait pas quand il l'avait.
Un bon livre. Il a fait écho à un livre de Elena Ferrante sur la douleur de la rupture que j'avais trouvé très dur dans lequel la femme, quittée, s'enfonçait dans la folie. Ici il s'agit d'une autre folie... mais de fllie/ obsession quand même.

Mon abcderaire de mots inconnus ou dont la définition n'était pas si claire pour moi. 5 en 39 page, pas mal. Dont phatique complètement inconnu pour moi.

F comme Flaccidité. État de ce qui est flasque.

I comme Ignexpugnable. Qu'on ne peut prendre d'assaut.

P comme Phatique. Se dit de la fonction du langage lorsque celui-ci ne sert pas à communiquer un message, mais à maintenir le contact entre le locuteur et le destinataire.

R comme Réplétion. État d'un organe (humain) rempli, plein.

S comme Sujétion. Situation d'une personne astreinte à une nécessité ; obligation pénible, contrainte.
Commenter  J’apprécie          244
Encore un petit texte mais très important pour comprendre le mécanisme littéraire lors d'une rupture amoureuse. Son mécanisme qui l'a enfermée mais aussi sauvée.
L'occupation ; celle de sa tête malade et folle de douleur après une séparation.
Mais ce qui est incroyable, (fichu cerveau...) c'est que c'est depuis que l'homme, l'Autre, lui apprend qu'il a rencontré une femme, qu'elle devient folle, littéralement.
C'est depuis l'annonce de la rencontre avec cette femme qu'elle devient obsessionnelle.
Et c'est là que le titre choisi, l'occupation, prend tout son sens. Car elle est possédée, folle (thème récurrent chez Ernaux), et devient le jouet bringuebalant d'une histoire qui n'est plus la sienne. Elle est occupée, ses pensées sont délirantes, et cette occupation lui prend tout son temps. Elle est quelque part rattachée à cette inconnue.
N'omettons pas une grande souffrance, douleur et jalousie morbides.
Alors qu'elle vivait sa rupture bien tant que mal, elle souffre le martyr, et n'a qu'une obsession : connaître tous les détails, physiques mais aussi intellectuels de cette femme.
Pour cela, elle usera de stratagèmes, de pièges, et de moyens limite adolescente, pour apprendre comment est cette femme.
Comme à chaque fois chez Ernaux, je suis époustouflee par son honnêteté intellectuelle, sa lucidité sur elle mais aussi chez les autres. Il n'y a pas de fiction, non, c'est la réalité crue qu'elle nous offre avec ce livre.
Elle a été pénétrée, occupée un certain moment et puis, comme souvent chez elle, elle guérit grâce à l'écriture.
Décidemment, cette femme est une grande amoureuse en fait, une passionnée.
Bienvenue au club.

PS : je vais peut-être me faire étriper par les "fans" de ma chère Duras, mais plus je lis Ernaux, plus je retrouve des formes d'écriture semblables à toutes les deux. Des thèmes identiques également.
Du coup, je suis doublement heureuse ; et de lire Ernaux et de relire Duras.


Commenter  J’apprécie          230
Deux remarques après la lecture de L'Occupation dans le cadre de mon intégrale chronologique Annie Ernaux de cet été 2023.

D'abord la façon dont plusieurs livres d'Ernaux se répondent à distance dans le temps. Impossible en effet de lire L'Occupation sans avoir en tête Passion simple. Après la passion, qu'est-ce qu'il y a ?

Eh bien la passion ! Sauf qu'Ernaux nous la raconte lorsqu'elle n'est plus partagée et que la jalousie de celle qui a pris sa place auprès de l'être aimé, l'a remplacé. Quand la fin de la passion devient aussi obsédante que la passion le fut elle-même.

L'auteure écrit sa rage contre l'autre, déclinée dans tous les détails du quotidien (souvenez-vous, Mitchell « Il y a toujours un coin qui me rappelle… ») comme on planterait des aiguilles dans une poupée pour l'envoûter et la punir.

Et puis aussi souligner comme à nouveau, elle donne dans l'Occupation les clés de son oeuvre, loin de la simple autofiction qui lui est parfois – et à tort – reproché : « Transformer l'individuel et l'intime en une substance sensible et intelligible que des inconnus, immatériels au moment où j'écris, s'approprieront peut-être. »

Si l'écriture comme catharsis n'a certes rien d'original, son approche détachée du « moi » et avec le recul nécessaire pour tenter d'en approcher tous les angles - même les moins glorieux – marque la « patte » de l'oeuvre d'Ernaux.

« Écrire a été une façon de sauver ce qui n'est déjà plus ma réalité, c'est-à-dire une sensation me saisissant de la tête aux pieds dans la rue, mais est devenu “l'occupation“, un temps circonscrit et achevé. »
Commenter  J’apprécie          220
L'occupation, c'est une crise de jalousie. C'est tout ce qui se passe dans la vie d'une femme quand elle se rend compte que l'homme qu'elle a délaissé et largué, refait sa vie avec une autre. C'est l'histoire de tous les subterfuges qu'elle inventera pour tenter d'apprendre des choses sur cette "rivale" qui n'en est même pas une. C'est aussi le temps de guérir grâce aux mots.Le besoin d'écrire pour se sauver...
Commenter  J’apprécie          220
Après plusieurs années de liaison avec W., elle le quitte. Il est temps de mettre un terme à cette relation sans lendemain. Il n'y a plus de folie, ni de surprise, pas d'avenir ensemble. Alors ils se séparent dans de bonnes conditions, sans cris, ni larmes, ni regrets. Et, ils maintiennent de bons contacts.

Puis, au bout d'un certain temps, W. s'installe avec une femme. C'est une histoire sérieuse où il est question de projets, de construire une vie à deux. A son ancienne maîtresse, il ne dit rien, même pas son prénom. Alors, un drôle de sentiment l'envahit, elle. Il s'agit de la jalousie.

Elle ne pense qu'à cette femme, tout le temps. C'est une obsession, comme si elle était entrée en elle. Ce sentiment est de plus en plus pesant. C'est une sensation désagréable. Elle le ressent comme une occupation.

Dans ce court texte, Annie Ernaux parle de séparation puis d'une sorte d'envahissement de tout son être. Qui est cette femme qui l'a remplace ? Comment est-elle et que fait-elle dans la vie ?

Alors, elle enquête et le lecteur l'accompagne dans cette recherche d'informations. On se déplace avec elle, on pose des questions, on veut comprendre cet état obsessionnel et surtout, comment s'en débarrasser.

Après avoir déjà lu plusieurs textes de l'écrivaine, j'ai aimé découvrir celui-ci aux airs autobiographiques, dans lequel elle aborde la relation amoureuse, la relation intime, la séparation et la solitude.

Dans un style épuré, aux phrases courtes et avec une plume incisive, Annie Ernaux parle de jalousie et de toutes les émotions envahissantes qui font suite à une rupture et à la perte de repères.

Un roman percutant !

Lien : http://labibliothequedemarjo..
Commenter  J’apprécie          210




Lecteurs (1018) Voir plus



Quiz Voir plus

L'occupation (Annie Ernaux)

Combien de temps a duré la relation entre la narratrice et W. ?

2 ans
4 ans
6 ans
8 ans

10 questions
6 lecteurs ont répondu
Thème : L'Occupation de Annie ErnauxCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..