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sur 2234 notes
Avec le temps, va, tout s'en va
Pour moi c'est une relecture, et je me souviens parfaitement de cette découverte en 2008 et de cette phrase liminaire qui cingle le lecteur : « Toutes les images disparaîtront. »
Comme pour tout grand livre, grand écrivain, une relecture c'est faire de nouvelles découvertes en restant éblouie.
Plus d'un demi-siècle défile sous nos yeux, et si comme moi vous n'êtes pas de la génération de l'auteur, et si vous prenez le train en marche vous vous sentirez concernés par cette mémoire de l'intime vers l'universel, ce « moi » ou « soi » intégré à la marche du monde.
Réminiscences des tablées familiales :
« On vivait dans la rareté de tout. Des objets, des images, des distractions, des explications de soi et du monde, limitées au catéchisme et aux sermons de carême… »
Toujours fascinée par ce fil rouge qu'est la lucidité d'Annie Ernaux sur son époque, sur le monde et ce travail sur l'écriture, l'emploi de l'imparfait, du « on » parfois du « elle ».
Le rythme des phrases qui vont à la ligne sans faire précéder d'un point et sans la majuscule, fait que le temps s'écoule, qu'il glisse avec ses évolutions inexorables qui nous entraîne avec lui.
« Dans le cours de l'existence personnelle, l'Histoire ne signifiait pas. On était seulement, selon les jours, heureux ou malheureux. »
L'évolution se fait dans la manière dont le corps est appréhendé, celui des femmes particulièrement, le langage des origines, famille, milieu social, les modes de consommation, l'arrivée de la publicité, du marketing, des médias.
L'écriture est précise, il n'y a pas de place à l'enveloppement, il peut y avoir de la brutalité à dire, pas de préciosité dans l'écriture.
Les années, est un livre précieux pour dire le travail, la création littéraire, souvent un clef éclairant les ouvrages précédents.
C'est un livre unique dans la manière qu'il a d'ouvrir le temps et non pas de clore ces années-là.
C'est un livre à partager avec sa descendance car il éclaire le chemin.
Annie Ernaux explore le temps jusqu'à la moelle, en se dévoilant, se mettant à nu.
En conclusion reprendre les mots de Pierre Desproges :
« S'il vous plaît, continuez d'exister et d'écrire des livres. Vous êtes l'Écrivain. »
Même si ce dernier n'a pas pu lire ce livre, ce sont des mots qu'il a écrits après la lecture de la Place et Une Femme
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/01/30/les-annees/

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Allais-je enfin trouver le livre qui me réconcilierait avec l'écriture de Annie Ernaux ?
J'ai remonté le temps vers mon enfance avec parfois un sourire aux lèvres ou alors un sentiment d'effroi. J'ai vu ma vie défiler. Tout y est raconté.
On va de l'arrivée du Formica et des conserves à l'éducation des filles, en passant par l'Eglise, souveraine et régente de nos vies.

L'éducation des filles … , les garçons poussent tout seuls comme les mauvaises herbes, la condition des femmes, le rôle des femmes quand elles en ont un, sujet de prédilection de ce livre, et je devrais dire de cette autobiographie et on ne peut que constater que si tout bouge, évolue très vite, les femmes ne sont pas concernées et dans l'écriture de Annie Ernaux, on ressent bien ce mépris qu'elles suscitaient. le trait est souvent un peu forcé avec beaucoup d'amertume, mais il n'en demeure pas moins réel.
Une chose est certaine, chez Annie Ernaux le sexe est prépondérant et elle en parle de manière très crue.
"Monter en ville, rêver, se faire jouir et attendre, résumé possible d'une adolescence en province." est un raccourci triste et désobligeant
Elle écrit très haut les maux qui parfois se chuchotent, mais plus souvent se taisent. À sa manière, elle oeuvre dans l'ouverture des esprits et elle raconte très bien ces années où le maître mot était moralité.
À travers des souvenirs personnels et une histoire collective, Annie Ernaux relate toute une époque en un condensé à la fois social, économique et politique. Elle nous raconte sa propre révolution au milieu de cette révolution culturelle. C'est sa révolution à elle seule.

Avec Annie Ernaux, nous sommes de la même génération à quelques années près et je n'ai pas aimé voir défiler ma jeunesse dans cette froideur et cette tristesse. J'ai arrêté cette lecture avant la fin car je considère malgré tout faire partie de cette génération qui a eu une jeunesse dorée. Rien n'était acquis mais on croyait encore au possible.

Ce livre est tout sauf révolutionnaire.
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Quoi de mieux pour découvrir la plume d'une autrice qu'une oeuvre purement autobiographique ? Paradoxalement, Annie Ernaux réussit à rendre son vécu universel grâce à des moments historiques marquants. Ce sont les expériences vécues par toutes personnes, vivant à l'époque décrite, qu'elle décide de nous raconter dans son livre. Parler de soi pour parler de l'autre, du commun, et inversement. C'est un regard particulier et intéressant qu'elle nous propose, ici, sur elle-même et sur le monde. le résultat est plus qu'étonnant.
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Annie Ernaux , Les Années, ou le souvenir des choses passées, toutes les nuances de la prose d'Ernaux, tous ses arrêts et reprises, ses changements de rythme et de ton, ses bavardages, ses silences.
Elle montre qu'il est possible d'écrire personnellement et collectivement, situant sa propre histoire dans l'histoire de sa génération
Le livre couvre la période allant de la naissance de l'auteur en 1940 à 2006, et passe de son éducation ouvrière en Normandie à ses années d'enseignement de la littérature française dans un lycée, vivant dans la banlieue parisienne de Cergy, élevant deux fils et finissant par divorcer. Mais ce n'est pas une simple autobiographie; il est plutôt dit dans un nous choral, qui passe parfois à la troisième personne, de sorte que l'auteur apparaît comme elle. 
Ce faisant, Ernaux met fin (espérons-le une fois pour toutes) à l'idée que les mémoires de femmes portent sur le petit, le domestique. 
Elle montre qu'il est possible d'écrire à la fois personnellement et collectivement, situant sa propre histoire dans l'histoire de sa génération, sans jamais confondre les deux. Elle réfléchit au livre qu'elle est en train d'écrire alors même qu'elle l'écrit, se résolvant : Il n'y a pas de « je » dans ce qu'elle considère comme une sorte d'autobiographie impersonnelle. Il n'y a que 'un' et 'nous', comme si c'était maintenant à elle de raconter l'histoire d'autrefois.
"Ce sera un récit glissant", écrit-elle, "composé dans un temps continu incessant, absolu, dévorant le présent au fur et à mesure." 
Il est composé de ses propres souvenirs, d'événements historiques, de bribes de culture populaire, d'argot, de notes sur les transformations subtiles de la culture. On rencontre la guerre d'Algérie, Sartre et De Beauvoir, "Les Amants d'un jour" d' Edith Piaf (qui "nous ont donné la chair de poule"), la fondue bourguignonne, Le Bonheur d' Agnès Varda , mai 1968 , le manifeste pour le droit à l'avortement des 343 salopes, menace nucléaire, explosion de la consommation, chômage, immigration, progrès de la technologie. 
Ernaux capte l'ineffable passage du temps, qu'elle superpose comme des « palimpsestes », afin d'exprimer la « dimension vécue de l'histoire » et, peut-être plus crucial encore, de « donner forme à son absence future ».
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Une femme dans le temps
Annie Ernaux nous raconte sa vie en la resituant sans cesse dans le mouvement de l'histoire collective. Un récit qui donne à sentir la profondeur de la mémoire et le passage du temps, de la Seconde Guerre Mondiale aux années 2000. Poignant et très beau.
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Je ne sais pas trop s'il m'est possible de donner mon avis sur ma lecture de "Les années" tant je suis fan de l'écriture d'Annie Ernaux ! Je manque donc forcément d'objectivité. Mais en même temps est-on jamais objectif face à une lecture ? Surtout une lecture comme celle-ci qui tresse les fils du temps en y accrochant des images, photos jaunies ou réminiscences ; des gens, la famille, les inconnus, les "célèbres" ; des conversations ; des instants ; toute une vie.

Il s'agit d'un roman autobiographique sans que cela soit un roman ni une autobiographie. Il s'agit du passage des années entre l'immédiat après-guerre et aujourd'hui. Des années qui sont à la fois inscrites dans la mémoire collective et dans celle, personnelle, de l'auteur. Ce jeu entre proximité intime et distance impersonnelle instaure une profondeur de champ cinématographique dans laquelle chaque lecteur peut projeter ses propres souvenirs.
Le temps trouve toute sa mesure dans cette démarche qui met la mémoire au coeur de la réflexion, et d'une manière plus profonde encore, qui pose finalement la question de l'être.

L'écriture d'Annie Ernaux nous révèle nos propres secrets, notre propre condition, dans un murmure qui constate plus qu'il n'analyse. Et c'est de tout cela que surgit l'émotion, la puissance, le rayonnement du roman.
Comment puis-je parler objectivement d'un roman d'Annie Ernaux ? Je ne le peux pas car son roman, celui-là comme les autres, fait partie de ce qui m'est essentiel, vital, de ce souffle qui me fait avancer de manière moins tâtonnante. Et de ce qui me fait aimer toujours davantage les mots, les livres, les gens et la vie. Tout simplement.
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Les Années : Annie Ernaux : Comment donner une idée de ce livre ? Une évocation de souvenirs à l'aide de photos, prises à quelques années de distance dans les lieux de son enfance, en Normandie. . A partir des années 1940, raconter le mode de vie quotidien,, les habitudes, l'environnement, la façon de penser, de s'exprimer d'une jeune écolière, d'une lycéenne, d'une étudiante qui va quitter sa famille, issue d'un milieu modeste. Puis elle va mener sa vie de jeune femme, professeur après de brillantes études, loin de sa famille où elle reviendra les fins de semaine pour renouer avec ses parents.
Chaque photo raconte les changements vestimentaires
reflets de la mode, les habitudes de vie, qui façonneront la personnalité de cette jeune femme.
Le fil des actualités , marquera les événements, l'on vivra à travers l'auteure, les faits, les changements d'époque, les influences subies.
A partir des années cinquante nous seront remis en mémoire les années vécues par les différents régimes politiques et leurs conséquences
Les changements de mode de vie pour le Français de classe moyenne traversés par quatre générations, L'évolution de la jeunesse,l'adolescence, les habitudes sexuelles, les règles de conduites auxquelles sont soumises les jeunes filles et les femmes jusqu'à leur libération avec la pilule anticonceptionnelle, l'avortement légalisé, le travail des femmes, le crédit, l'accès à la grande consommation, la voiture, la famille, les enfants, plus tard encore, le divorce, tous ces événements relatés avec justesse, et précision, font que j'ai apprécié avec beaucoup d'intérêt ce récit-mémoire, les souvenirs,l'album-photos.
Un livre intelligent, original par la présentation nouvelle de raconter une histoire collective et personnelle à la fois.
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Les années, c'est une autobiographie personnelle, mais c'est aussi une biographie collective, et par là, peut être un document sociologique. Elle y parle d' événements politiques, sociaux, mais aussi de littérature, de cinéma.
Annie Ernaux s'y raconte à travers ses photos, ses souvenirs, son histoire, mais aussi L Histoire qui l'a marquée entre 1941 et 2006. Elle narre la construction d'elle même à travers le contexte de l'époque, l'évolution de la société.
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J'étais partie avec un léger a priori sur ce livre mais je dois l'avouer: j'ai adoré.
L'autofiction est fondée sur les différentes photos d'elle que l'auteur égrène, depuis son enfance à aujourd'hui, et qui déclenchent le souvenir de l'époque choisie, d'événements marquants à l'échelle nationale, internationale ou personnelle.
Par le récit, Annie Ernaux fait le portrait d'une époque (et, en filigrane, celui de sa propre vie). le mode narratif choisi est assez original: c'est le pronom "elle" qui prédomine, donnant un aspect très distancié et presque impersonnel à l'histoire. Mais c'est là tout l'intérêt de ce choix: on se reconnaît dans ce qu'elle raconte, quelle que soit l'époque, dans ses combats d'enfant, d'adulte ou même de femme (le droit à l'avortement, la parité et tutti quanti). le style est très fluide, et le livre se lit presque tout seul: les quelques listes interposées font effet de pause et d'instantané de l'époque. Même si, sur la fin, le roman perd un peu de l'euphorie initiale, il n'en garde pas moins de saveur, puisqu'il incarne parfaitement notre époque, emprunte de lassitude.
Une très belle découverte donc, à mi-chemin entre l'autobiographie et le roman vaguement historique, un très beau portrait servi par une plume une efficace, et un ouvrage que je recommande chaudement tant il peut s'adresser aux personnes nées entre 1940 et 2000!

Lien : http://0z.fr/mA07a
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Cela tient de l'autobiographie, de l'analyse factuelle, du feuilletage d'un album photo. L'auteure oscille entre un « on » qui généralise les souvenirs de décennies allant des années 40 aux années 2000.
Il y a un parfum de nostalgie à l'évocation de réclames, de tubes, d'évènements historiques.
Mais on se retient d'être trop ému : le style sert de garde-fou et contient les émotions.
Annie Ernaux se livre à un exercice loin d'être évident en étant la matière du livre et en ne figurant pas avec « je ». Elle a consigné dans des agendas des notes tout au long de sa vie et a continué sur plusieurs années. Son ambition : écrire sur le destin des femmes.
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