Une première lettre ouverte envoyée à Dieu avait apporté à son auteur abondance de réponses.
Il paraissait donc inévitable, question d'équilibre, de rendre la pareille au diable ...
Mr
Robert Escarpit y tutoie le diable, se permettant même de l'appeler mon ami.
Ce qui paraît tout de même suspect !
C'est que Mr Escarpit ne semble croire ni à dieu, ni à diable.
Mais tout de même se paie ici le luxe de s'en moquer.
Le diable, nous dit
Robert Escarpit, entre petits calculs et grands desseins dégonflés, est aussi mauvais lecteur qu'écrivain.
Mais qui est-il vraiment pour avoir réussi à passer avec l'humanité toute entière un véritable marché de dupes ?
La société aurait été bâtie pour assouvir ses desseins ?
Il aurait inventé le capitalisme ?
Tout ce qui vacille, qui tremble, tomberait-il dans son sac ?
Entre érudition et humour, cette lettre ouverte est pleine de références à
Bernard Shaw,
Goethe,
Anatole France, à Bergson, Swift,
Descartes,
Kipling et quelques autres grandes plumes de la littérature.
Mais, je soupçonne Mr Escarpit d'avoir écrit cette lettre à l'intention de ses frères humains plutôt qu'à un diable dont il semble ricaner.
C'est que l'humanité, pour
Robert Escarpit, est plus attachée au diable qu'à dieu.
"Lettre ouverte au diable" est un essai brillant, intelligent.
Le ton est léger, mais le propos est plus puissant qu'il n'y paraît, quelque peu subversif même.
Il faut rendre à César ce qui est à César.
Et,
Robert Escarpit fait ici la part de ce qui appartient au diable dans l'histoire récente de France : la troisième république et Thiers son sinistre pantin , le colonialisme, mai 68 où rien n'a vraiment fini puisque rien n'avait vraiment commencé ...
De digressions en transgressions,
Robert Escarpit aborde la vieille maladie des universités, le racisme anti-jeune et son frère jumeau anti-vieux, l'enfance, l'adolescence, et la paresse ...
Merci Mr Escarpit pour ces quelques lignes sur la paresse du mauvais élève qui lit.
Car le diable ici se cache dans les détails.
Il n'est pas toujours tapi là où on l'attend.
La lecture de cet essai est un véritable plaisir, un plaisir toujours d'actualité, un plaisir dont on extrait réflexion, intelligence et sourire ...