Chaque fois que je le lis, je suis comme un palmipède hétéro, une colchique dans un pré, je retrouve mes repères, je me fais boussole et quatre saisons. Parce qu'à pousser dans le jardin de papa
Ionesco et papa
Beckett, forcément, les mauvaises graines prennent de sales habitudes : une même famille, une même maison, celle du "qui m'aime me suive". Ainsi, pour certains, ça calanche. Pour ma part, ça balance, en faveur du
Fabrice Caro.
La parti-pris de départ est hilarant, l'absurde au rendez-vous, évidemment, on ne va
pas renier ses rognons. C'est finement joué, créatif et cruellement désoeuvré, un abîme sans fond, une philosophie du néant, toujours teintée d'humour. Les clowns sont bien souvent de grands handicapés de la joie.
Fabcaro saupoudre le gâteau de pépites sociales, c'est meilleur que le chocolat mais fait davantage gonfler les globes oculaires. Pareilles à des lames de rasoir, ces pépites écorchent et tranchent dans le vif du sujet. Ça fait mal, mais c'est tellement bon.
Je ne perçois dans cet amas d'arbre en tranches qu'un manque, mais un sacré manque tout de même, qu'il faut bien signaler, une béance dans l'estomac, qui peine sensiblement ses lecteurs assidus : il n'y a jamais assez de pages à se mettre sous la dent ! On vit là une frustration de cuisine moléculaire, un re
pas de verrines, on joue à la dînette !
Non, non et non. J'peux
pas aller devant la préfecture, j'ai tennis, mais vous, lecteurs, manifestez ! Demandons plus. Réclamons tout. Envoyez le rosbif ! On veut du sanglier pendant que le barde pendouille. Fabcaro ne se sirote
pas comme d'autres, il s'avale, s'engloutit, tout d'une traite, sans précaution. On est vite en fringale. Doublez les volumes, cuistot, on en redemande ! Qu'on nous serve du cinq étoiles au prix du sandwich, pardi, ça reste de la bouffe. En tout cas, on se régale de vous, monsieur F.