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EAN : 9782810007059
L'artilleur (28/09/2016)
4/5   2 notes
Résumé :
L'historien démonte le mythe de la cohabitation pacifique entre les cultures arabo-musulmanes, chrétiennes et juives à Al-Andalus. La période fut en effet marquée par des affrontements entre chrétiens et musulmans et par une grande intolérance entre religions.

L'invasion arabo-musulmane de l'Espagne wisigothique, initiée en 711 pour culminer en 719 avec la conquête de la Gaule narbonnaise, a été l'événement aux conséquences les plus considérables de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Selon Serafin Fanjul, cet érudit arabisant mondialement reconnu – mais évidemment contesté par certains - , les Espagnols balancent entre arrogance et autoflagellation. Après l'exaltation sous Franco d'une « nation de carton-pâte », « nous avons assisté à une renaissance du pessimisme hispanique ». le livre de Franjul se propose de démontrer que cette Espagne musulmane qui aurait été riche de la présence de trois cultures (musulmane, juive et chrétienne) cohabitant harmonieusement entre elles, n'est qu'une construction mythique édifiée à partir du XIXème siècle. Fanjul ne nie nullement que l'Espagne a été le produit d'apports divers, de pensées et d'influences multiples ; mais il assure que le pouvoir en place d'Al-Andalus assurait la prééminence de la culture musulmane en maintenant un régime proche de celui de l'apartheid, dans l'oppression des populations soumises (p. 432). On a bien compris que sur un sujet aussi brûlant tout doit être argumenté. Fanjul s'y efforce de façon souvent convaincante, car il ne glorifie rien. L'ouvrage a, paraît-il, été raccourci. Ouf !!! Et pourtant. Les longues discussions des thèses de ses détracteurs (principalement espagnols) alourdissent le livre et le rendent souvent indigeste. le chapitre sur l'origine du flamenco permet à notre auteur de dénoncer les stéréotypes propagés par des zélateurs incultes et pleins d'aplomb. Il le fait en polémiste, et néanmoins avec discernement. Ainsi à Mahmoud Guettat, cet écrivain auquel il s'oppose pourtant, Fanjul reconnait le mérite d'avoir admis que « les influences arabes sont un problème de croyance et non d'analyse ».
Tout cela est bien beau, mais on voudrait arriver plus vite à l'essentiel. On y arrive dans le chapitre où Fanjul analyse l'idéalisation d'Al-Andalus. Il rappelle là par exemple que la condition de la femme d'Al-Andalus, très proche de celle des femmes d'orient était sévèrement limitée. Averroes, ce grand philosophe arabe du XIème siècle, admettait lui-même que « l'état de servitude des femmes a détruit en elles la faculté de parvenir à de grandes choses. »
L'arabisation et l'islamisation d'Al-Andalus se sont produits grâce aux moyens de coercition habituels à l'époque : la pression des impôts, les interdictions et persécutions sporadiques, la définition de normes qui rendaient la cohabitation très difficile aux minorités soumises ; processus renforcé jusqu'au XI siècle par l'immigration lente d'Arabes venus d'Orient. L'humiliation des dhimmis est admises comme normale par les maîtres d'al Andalus. La cruauté des razzias et des dévastations remplissent avec inconscience les chroniques arabes de l'époque.
Pessimiste Franjul, quand il estime que « les communautés, dès qu'elles ont la force suffisante pour le faire, tentent de s'imposer et d'éliminer les groupes concurrents » ? L'exemple récent des déchirements de la Yougoslavie semble confirmer ses doutes sur une harmonie naturelle. On a raison d'affirmer que la cohabitation des cultures et des religions est un idéal auquel il est difficile de renoncer ; mais qu'il faut prendre conscience de la longueur du processus qui y conduit.
En résumé, un livre intéressant, sans tabou, qui interroge et questionne tout autant qu'il affirme et dont les conclusions dépassent le cadre même d'Al-Andalus.
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Un livre érudit qui offre sa propre lecture de l'Histoire, le choix des références dans ce type de sujet complexe permettent une relecture orientée vers ce qui est actuellement dans l'air du temps, c'est-à-dire, la dislocation des unités culturelles et la recherche de la pureté identitaire dans une virginité historique à jamais perdue à cause d'un bouc émissaire qui se trouve toujours venu d'ailleurs.
Les passage sur l'origine du flamenco illustrent bien cette nostalgie et ces incertitudes..
Les Mythes existent parce que la réalité culturelle qu'ils ont opéré dans les sociétés a pu laissé une trace mémorial dans l'imaginaire collectif .....
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'échange interculturel d'idées et l'élargissement des horizons entre chrétiens et musulmans désignaient essentiellement, selon les termes de Francisco Garcia Fitz, une appropriation pratique des connaissances de ceux qui avaient été soumis, n'indiquant pas du tout une reconnaissance de leurs valeurs religieuses ou morales, c'est -à-dire une appréciation positive de l'autre. (...) Contrairement aux Wisigoths, qui s'assimilèrent, par la langue, la religion, les lois, la littérature et la philosophie, à la romansté (examinée en profondeur par Rémi Brague, dans "Europe, La voie romaine"), les conquérants musulmans ne s'assimilèrent pas aux civilisations qui les avaient précédés. Ils s'approprièrent partout leur savoir et leurs techniques pour être en mesure de les remplacer, au moyen d'un certain nombre de coutumes sociales et familiales efficaces, reposant sur une base religieuse, qui bouleversèrent inexorablement la culture et la démographie jusqu'à les faire disparaître. Cela avait été le cas pour la Perse zoroastrienne, l'Empire gréco-romain chrétien au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie Mineure (l'actuelle Turquie), le royaume indo-bouddhiste du Sind (dans l'actuel Pakistan). C'est ainsi que disparut de même le royaume chrétien wisigoth en Espagne.

Dario Fernandez-Morera, "The Myth of the Andalusian Paradise", op. cit.
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